Reconstruction, adieu, reconstruction, adieu, reconstruction, adieu.
Tels étaient les deux maîtres mots des Dallas Mavericks pour la saison 2018 – 2019. Alors que la franchise sortait d’une saison 2017 – 2018 absolument immonde, avec 24 petites victoires au compteur, on se dit qu’elle ne pourrait de toute manière pas faire pire. D’autant plus qu’à la draft, les Mavericks ont réalisé un véritable tour de force en réussissant à attirer dans leur filet la jeune pépite slovène, Luka Doncic, alors même qu’ils ne possédaient que le pick numéro 5.
Dès lors, l’objectif (clairement affiché) de Dallas pour la saison 2018 – 2019 était de se remettre sur de bons rails, en associant son prometteur rookie au sophomore Dennis Smith Jr, ainsi qu’à l’expérimenté DeAndre Jordan dans la raquette.
Et alors que la saison battait son plein, avec des résultats en dent de scie (les Mavericks étaient capables de battre la Dream Team 1992 à domicile, mais pouvaient également perdre contre les U11 de Mandelieu-la-Napoule à l’extérieur), l’optimisme commençait à être de mise du côté de la franchise bleue du Texas. Non seulement Luka Doncic se révélait encore meilleur qu’escompté, mais en plus la franchise est parvenue à boucler le transfert d’une seconde star, Kristaps Porzingis. Exit Dennis Smith Jr et DeAndre Jordan, envoyés tous les deux du côté de la Grosse Pomme, et bienvenu au Texas pour Kristaps Porzingis (pourtant grièvement blessé), qui emmène dans sa valise Tim Hardaway Jr et Courtney Lee.
La saison se termine sur un bilan plus que moyen, avec 33 victoires et 49 défaites, la faute notamment à un mois de Mars excessivement mal géré (3 victoires et 12 défaites) et à un effectif intégralement chamboulé en cours de saison. Voilà pour le début de la reconstruction.
Pourtant, ce que l’on retiendra ad vita eternaem de cette fin de saison, ce n’est pas une nouvelle campagne de playoffs ratée. En effet, à l’occasion de la dernière rencontre de la saison régulière, Dirk Nowitzki, légende absolue de la franchise (et de la NBA), écrivait la dernière page de sa riche Histoire avec les Mavericks. Une retraite qui a tout éclipsé dans le cœur des fans de Dallas. A juste titre. Fichus adieux.
Depuis, Luka Doncic a été élu rookie de l’année, et les Mavericks entament désormais le second volet de leur prometteuse reconstruction. Cela passait, notamment, par une gestion opportune de la période estivale.
Résumé de l’été
L’été des Mavericks s’est déroulé sous le signe de la continuité. La priorité n’a donc pas été donnée au recrutement de nouveaux joueurs, mais bel et bien à la prolongation des membres déjà présents dans le roster la saison dernière.
Ainsi, ce sont cinq joueurs qui se sont vus offrir une prolongation contractuelle. Tous ont déjà eu – ou vont avoir – une large place dans la rotation de Rick Carlisle.
La direction n’a d’ailleurs pas tardé à dégainer l’oseille. Dès l’ouverture de la free agency, le 1er juillet, c’est un contrat maximum, de 5 ans et 158 millions de dollars, qui a été posé sur la table de Kristaps Porzingis. Le géant Letton, gravement blessé depuis le mois de février 2018 (rupture des ligaments croisés), est désormais considéré comme le fer de lance du projet des Mavericks, aux côtés de Luka Doncic. Rappelons qu’avant sa blessure, Porzingis évoluait à un niveau all-star (qu’il a été, en 2018), avec plus de 22 points et 6 rebonds. Reste désormais à voir si la licorne sera en mesure de retrouver son niveau d’antan. Si tel est le cas, le contrat qui lui a été proposé semble on ne peut plus logique.
Si la prolongation de Porzingis est – bien entendu – la signature phare de l’été des Mavericks, d’autres joueurs importants se sont également vus proposer de passer encore un peu de temps au sein de la franchise texane. Dans un premier temps, Dwight Powell a profité de l’ouverture de la période des transferts pour activer sa player option à 10 millions la saison, avant de conclure un contrat de 3 ans pour 33 millions de dollars. Un contrat plus qu’honnête pour le joueur, qui a su se révéler très important l’an dernier, en réalisant la meilleure saison de sa carrière (meilleur offensive rating de la Ligue). En somme, les deux parties peuvent s’estimer satisfaites du deal.
Dwight Powell avait à peine refermé la porte du bureau du General Manager que Maxi Kleber y entrait, pour signer sa prolongation de 4 ans et 35 millions de dollars. En une journée, les Mavericks ont assuré leur futur dans la raquette, puisque les trois joueurs évoluent, sur le papier, au poste d’ailier-fort. Dans les faits, il y a fort à parier que Porzingis soit le pivot titulaire de Dallas à compter du mois d’octobre.
Deux jours plus tard, c’est au tour de Dorian Finney-Smith de venir renforcer la raquette texane, avec un contrat modeste (3 ans et 12 millions de dollars). Le jeune ailier-fort, particulièrement apprécié par les fans, sort lui aussi de sa saison la plus aboutie (7,5 points et 5 rebonds et 24 minutes).
Enfin, c’est avec une joie non mesurée que les aficionados des Mavericks ont appris la resignature de J.J Barea, joueur légendaire de la franchise, freiné par une grave blessure la saison dernière (alors qu’il était tout simplement excellent, comme c’est très bien expliqué ici). Signé au minimum vétéran, celui qui est le dernier rescapé du titre de 2011 pourra jouir d’une fin de carrière dans sa franchise de toujours.
Voilà pour les prolongations de contrat. De là à dire qu’aucun joueur n’est venu renforcer l’effectif, il y a un pas de géant qui ne sera pas franchi. En effet, on compte dans les rangs des Mavs trois nouveaux joueurs qui, s’ils évoluent au meilleur de leurs capacités respectives, devront faire le plus grand bien dans le roster.
Ainsi, les postes de guard sont renforcés par la venue de Seth Curry – frère de – qui retourne au bercail après une saison réussie du côté de Portland. Excellent shooter (45 % derrière l’arceau la saison passée), la venue du cadet de la fratrie Curry sent le bon coup à plein pif, avec un contrat de 4 ans et 8 millions la saison. Autre poste, autre gabarit, avec la signature de la coqueluche de la NBA, Boban Marjanovic, qui quitte les Sixers pour poser sa grande carcasse du côté de Dallas. Au-delà de composer une raquette absolument disproportionnée avec Porzingis (2m21 et 110 kilos pour la licorne lettone, 2,21 et 132 kilos pour Boban), Marjanovic pourra martyriser la raquette adverse pendant une dizaine de minutes, pour le plus grand bonheur de l’American Airlines Center. Le tout pour 7 millions sur deux saisons.
Last but not least, Delon Wright arrive dans le Texas via un sign and trade plutôt inspiré. Les Mavericks ont lâché deux seconds tours de draft pour s’offrir les services de l’ex-meneur des Grizzlies, qui a conclu un deal de 3 ans et 29 millions de dollars. Il sera en concurrence avec Jalen Brunson sur le poste de meneur, poste qui, sur le parquet, sera de toute manière dévolu à Doncic.
Au-delà de la free agency, l’été de la NBA est également rythmé par la draft. A ce petit jeu, les Mavericks ne possédaient pas de choix au premier tour, celui-ci ayant été transféré aux Hawks l’an dernier, dans le cadre de l’échange Luka Doncic – Trae Young. Avec ce pick, les faucons ont choisi Cameron Reddish en 10ème position. Les Mav’s, quant à eux, disposait du 45ème choix, et ont sélectionné le jeune Isaiah Roby, tout droit venu du Nebraska. Signé pour quatre saisons, Roby tentera de se faire une place dans la rotation au poste d’ailier.
Signalons enfin que les Mavericks étaient initialement inclus dans le trade à 3 qui devait envoyer Jimmy Butler du côté du Heat. Dans le cadre de ce transfert en triangle, la franchise floridienne n’était cependant pas sur la même longueur d’onde que Mark Cuban, le propriétaire des Mavericks. Tandis que le Heat comptait envoyer le meneur all-star Goran Dragic du côté de Dallas, Cuban espérait plutôt récupérer Kelly Olynyk et Derrick Jones Jr. Le désaccord n’a pu être réglé, et Butler a terminé au Heat dans un transfert à 4 équipes, au sein duquel les Mav’s n’ont pas pris part.
Les Mavericks ont donc connu un été chargé et satisfaisant, bien que finalement peu agité. Voyons désormais si le roster, bâti autour de deux jeunes stars européennes, est suffisamment armé pour accrocher une place en post-season l’an prochain.
Roster
Meneur : J.J Barea, Jalen Brunson, Delon Wright,
Arrière : Ryan Broekhoff, Antonius Cleveland, Seth Curry, Tim Hardaway Jr, Courtney Lee, Josh Reaves
Ailier : Luka Doncic, Justin Jackson, Isaiah Roby
Ailier-fort : Dorian Finney-Smith, Maxi Kleber, Dwight Powell
Pivot : Boban Marjanovic, Salah Mejri, Kristaps Porzingis,
Jeu et coaching
La saison dernière, la majorité des indicateurs statistiques étaient moyens. Dallas présentait le vingtième offensive rating (109,4) et le dix-huitième defensive rating (110,7), tout en affichant un rythme de jeu dans la moyenne de ce qui se faisait alors (99 tirs tentés par rencontre, vingtième de la Ligue).
Reste désormais à déterminer de quelle manière les hommes de Rick Carlisle vont évoluer pour cette nouvelle saison. Commençons par enfoncer une porte ouverte : Luka Doncic devrait toucher beaucoup de ballons. Voilà pour l’analyse fine.
La saison dernière, le jeu des Mavericks était déjà énormément tributaire des performances de son jeune rookie. Les chiffres confirment ici l’impression visuelle laissée par le slovène, qui se retrouve en onzième position des joueurs ayant le usage rate le plus élevé de la Ligue. Il avait ainsi la gonfle en main 30,5 % du temps lorsqu’il était sur le terrain. C’est plus que Stephen Curry aux Warriors (30,4 %), que Kawhi Leonard à Toronto (30,3 %) et quasiment autant que Russell Westbrook (30,9 %), pourtant connu pour être un véritable aimant à ballon.
Une nouvelle fois, ce sera donc à Doncic de mettre en place l’attaque des Mavericks. Nouveauté néanmoins, il pourra désormais s’offrir le luxe de combiner avec un pivot dominant. Puisqu’en effet, si Doncic avait quasiment carte blanche en attaque l’an passé (surtout en seconde partie de saison et les départs de Dennis Smith Jr et de DeAndre Jordan), il devra désormais nourrir Porzingis dans la raquette, ou même en-dehors. Sur le papier, cela ne devrait pas poser de problèmes. Dans les faits, on se rend compte que l’attaque des Mavericks risque de souffrir de son manque de spacing. Dans le cinq majeur projeté (confer ci-dessous), on ne retrouve aucun véritable sniper, capable de réellement punir l’adversaire derrière la ligne à trois-points. Parmi les guards, Tim Hardaway Jr possède le meilleur pourcentage de réussite derrière l’arc, avec 34,3 % en carrière. Doncic, quant à lui, tirait à 32,7 % à trois-points la saison passée. Aucun des ailiers-forts de la maison ne s’inscrit véritablement dans la nouvelle ère que connait la NBA, celle des stretch 4, où les intérieurs s’écartent du cercle pour dégainer à longue distance, à l’instar de Brook Lopez, par exemple.
Au final, la “caution trois-points” du cinq majeur des Mavericks sera Kristaps Porzingis, lui qui tournait à quasiment 40 % dans l’exercice lors de sa dernière saison sur les parquets. L’utilisation de pick and pop entre Doncic et Porzingis devrait donc se tailler une part de lion dans les offensives des Mav’s. Au-delà, l’idée de servir Dwight Powell dans la raquette ne doit pas être exclue, lui qui présentait l’an dernier le second meilleur true shooting % de toute la Ligue, juste derrière Rudy Gobert.
Dans la second unit, la problématique du manque de tir à trois-points devrait moins se faire ressentir, puisque Seth Curry et Ryan Broekhoff se débrouillent tous les deux excessivement bien dans le domaine.
Au final, à l’instar de l’an dernier, les Mavericks se concentreront probablement sur le jeu de demi-terrain, eux qui figuraient dans le ventre mou des équipes qui galopent le plus en contre-attaque.
Défensivement, Dallas risque de retomber dans l’un de ses travers les plus fréquents, en souffrant dans la bataille au rebond. L’an dernier, pendant une grosse moitié de saison, DeAndre Jordan faisait le ménage des deux côtés du terrain. Le gros Dédé sera remplacé dans la raquette par un Porzingis qui présente une appétence bien moindre pour la cueillette sous le cercle (7 rebonds de moyenne en carrière pour un joueur de 2m21). Un total qu’atteignait presque Boban Marjanovic l’an dernier chez les Sixers, en 13 minutes de jeu.
Cependant, Porzingis possède tout de même une qualité non négligeable près de son propre panier, celle du contre. Lors de la saison 2017 – 2018, au cours de laquelle il s’est blessé, il présentait le meilleur block % de la Ligue (indicateur qui permet de déterminer combien de tirs sont bloqués par un joueur lorsqu’il est sur le terrain). Il constitue donc une force de dissuasion importante pour tous les adversaires qui voudraient pénétrer dans la raquette. Force partagée d’ailleurs avec ses compères du secteur intérieur.
De manière générale, le secteur défensif semble moins performant que l’an dernier, notamment sur les switchs, puisque plusieurs joueurs ne semblent pouvoir défendre qu’un poste adverse. En la matière, les pertes de DeAndre Jordan et d’Harrison Barnes l’an dernier risquent de se ressentir.
Quel 5 majeur ?
Dirk Nowitzki – Dirk Nowitzki – Dirk Nowitzki – Dirk Nowitzki – Dirk Nowitzki
Et je ne veux rien savoir d’autre.
Au-delà de la vanne, le cinq majeur des Mavericks devrait fleurer bon la jeunesse. Alors que les vétérans présents l’an dernier dans le roster ont disparu, douloureusement (vous l’aurez compris) pour Dirk Nowitzki, moins pour DeAndre Jordan, il faudra davantage compter sur le talent que sur l’expérience pour exister dans la jungle de la conférence Ouest. Sortez les couches pampers et rangez les sonotones, puisqu’à peu de choses près, le cinq de départ des Mavericks devrait ressembler à ceci :
Delon Wright – Tim Hardaway Jr – Luka Doncic – Dwight Powell – Kristaps Porzingis
Le joueur le plus âgé du lot, Dwight Powell, n’était même pas né pour voir les Bulls de Michael Jordan remporter leur premier titre. Le plus jeune, quant à lui, n’a pas connu la ferveur de la victoire de la Coupe du Monde de football 1998. Ceci dit, Luka Doncic s’en cogne probablement, puisqu’il est Slovène. Mais quand même, précisons que la jeune étoile des Mavericks vient à peine de souffler sa vingtième bougie.
Si les postes 3, 4 et 5 semblent verrouillés par Doncic, Powell et Porzingis, Rick Carlisle dispose de plusieurs alternatives sur les postes de guard. Ainsi, il est tout à fait possible que Delon Wright laisse sa place de titulaire à Jalen Brunson, qui occupait le poste à 38 reprises la saison passée. Si Carlisle opte pour la continuité, il rajeunira encore plus son effectif de départ, mais pourra compter sur la connexion d’ores et déjà existante entre Brunson et Doncic, ce qui n’est pas à négliger.
Rappelons que J.J Barea est susceptible d’effectuer son retour en cours de saison, lui qui avait pour habitude de mener la second unit avec brio l’an passé, et qui, s’il laisse définitivement sa blessure derrière lui, devrait glaner quelques minutes au poste de meneur.
Au poste d’arrière, Tim Hardaway Jr semble avoir une longueur d’avance sur Seth Curry, qui, de toute sa carrière, est quasiment toujours sorti du banc des remplaçants (à l’exception de la saison 2016 – 2017, disputée sous les couleurs des … Mavericks). Reste à savoir quel visage THJr voudra bien montrer. Docteur Tim est ainsi capable de scorer 30 points à 45 % au tir, pour conduire son équipe à la victoire. Néanmoins, Mister Hardaway Jr est, quant à lui, un puits sans fond, réussissant tant bien que mal à marquer 3 points à 1 / 12 au tir, conduisant sa franchise dans le mur, ou au tanking. Quoiqu’il en soit, les Mavericks possèdent de la viande sur le poste d’arrière, et si les performances de THJr ne sont pas satisfaisantes, Rick Carlisle pourra très bien s’adapter.
Forces du roster
Les Mavericks semblent posséder deux forces principales. Allez, disons deux et demie.
La principale force de ce roster, c’est qu’il est composé de deux joueurs qui peuvent prétendre à une sélection au prochain all-star game. Deux joueurs qui, si tout se déroule correctement, se partageront le rôle de franchise player. Deux joueurs qui, s’ils parviennent à évoluer ensemble, formeront un énième duo terrifiant dans cette nouvelle NBA.
Ainsi, l’association Luka Doncic – Kristaps Porzingis peut faire peur sur le papier. Le premier, rookie de l’année à la quasi-unanimité l’an dernier, a prouvé qu’il possédait déjà toute la palette de la méga-star. Réalisez que ses statistiques n’ont rien à envier à celles du rookie qu’était LeBron James en 2003 ! Ultra complet, dominateur et clutch, Doncic aura la charge de faire tourner la mécanique Mavericks, et c’est d’ailleurs ce que la franchise peut espérer de mieux. Les résultats et la réussite future de l’équipe dépendent en immense partie de son prodige slovène. Ce que disait @ValWhatif l’an dernier à la même époque est toujours d’actualité : silence, ça pousse (vite) !
A côté de Doncic, les supporters des Mavs espèrent de tout cœur un retour tonitruant de Kristaps Porzingis. Avoir dans ses rangs une gigantesque tige de 2m21, capable aussi bien de distribuer les contres que de planter une filoche à 10 mètres, ça facilite la vie. Alors que cela fait maintenant quasiment dix ans, et le départ de Tyson Chandler, que les Mavs n’ont pas eu un pivot dominant, l’apport de Porzingis dans la raquette pourrait révolutionner le jeu de la franchise de manière non négligeable.
Si Doncic – Porzingis, fait effectivement moins peur que LeBron – Davis, Kawhi – PG13 ou encore Harden – Westbrook, le duo de stars européennes peut, à lui seul, permettre aux Mavs d’améliorer leur bilan.
Remporter plus de matchs grâce à ses stars, c’est bien. Avoir un collectif cohérent autour d’elles, c’est mieux. Ironiquement, si la première force du roster de Dallas semble être ses deux individualités hors normes, la seconde est bel et bien le collectif. Lorsqu’on analyse l’effectif de la franchise de Mark Cuban, on s’aperçoit que tous les postes sont intelligemment pourvus. L’équipe ne semble présenter aucun réel point faible. Certes, le poste de meneur n’est peut-être pas taillé pour les joutes contre les grosses équipes de la Ligue. Néanmoins, la création sera confiée à Doncic, qui a prouvé qu’on pouvait tranquillement lui filer la gonfle. Le poste 4, quant à lui, est tenu par des joueurs de devoir, à défaut d’être occupé par des stars. Sinon, tous les postes sont au-moins doublés, et la second unit devrait en faire baver plus d’une, surtout si J.J Barea avait la bonne idée de revenir rapidement en forme.
Voilà pour les deux forces du roster. Faisons une entorse au titre, pour évoquer l’apport non négligeable de Rick Carlisle dans cette équipe des Mavericks. Entraîneur des Mavericks depuis la saison 2008 – 2009, Carlisle est un coach très expérimenté qui a tout connu : les équipes taillées pour le titre (Indiana 2004, Dallas 2011 …) ou les équipes taillées pour absolument rien du tout à part le tanking pur et dur (Dallas 2018). Et alors qu’il a eu sous ses ordres une palanquée de stars (Chauncey Billups, Ben Wallace, Reggie Miller, Jermaine O’Neal, Dirk Nowitzki et j’en passe), qui de mieux que lui pour exploiter pleinement les talents générationnels de Doncic et Porzingis ? Pas grand monde, et c’est pour cela que le peuple bleu peut espérer.
Faiblesses du roster
Le roster risque de souffrir du défaut de ses qualités.
Nous évoquions plus haut le fait que le retour en forme de Kristaps Porzingis constituerait une plus-value importante sur le niveau de jeu déployé par les Mavericks. A 158 millions les cinq saisons, on espère que les ligaments croisés du jeune Letton ne sont plus qu’un lointain souvenir, et que la licorne va retrouver le niveau qui était le sien il y a quasiment deux ans. Voire mieux, si affinité.
Néanmoins, le présent nous l’apprend encore une fois, ce n’est pas évident pour un basketteur de se remettre d’une telle blessure. D’autant plus lorsque le blessé est un gros gaillard de 2m21 et 110 kilos. L’exemple de DeMarcus Cousins est ici pour nous le rappeler, si besoin est. Certes, le nouveau pivot des Lakers est bien moins longiligne que ne l’est Porzingis (2m11 et 122 kilos sur la balance pour DMC). Toutefois, revenir d’une grave blessure au genou n’est jamais chose aisée, et il ne serait pas étonnant que Porzingis soit mis au repos, notamment lors des back-to-back. Et dans ces cas-ci, les Mavericks risqueront de se retrouver bien démunis au poste de pivot. Boban Marjanovic n’a jamais évolué plus de 14 minutes en moyenne sur un parquet, et Salah Mejri ne semble pas taillé pour emmener une franchise en playoffs.
Ainsi, les résultats des Mavericks seront notamment tributaires de l’état de forme de Porzingis, ce qui laisse une place non négligeable – et peu enviable – au hasard.
Dans un second temps, Dallas risque de naturellement souffrir de l’inexpérience de ses titulaires. Nous en avons brièvement parlé, mais la moyenne d’âge du probable cinq majeur est de 25,2 ans. Ce n’est pas tout, puisque parmi de ces cinq joueurs, aucun n’a véritablement goûté à l’intensité et aux spécificités des joutes de playoffs.
Certes, Delon Wright a connu les finales de conférence sous les couleurs des Raptors en 2016, mais il n’avait alors qu’un rôle minime au sein de la franchise canadienne. C’est toujours mieux que rien, mais cela ne sera clairement pas suffisant lorsque les Mavericks monteront sur le parquet pour disputer un match important contre une équipe expérimentée. Et ce n’est pas ce qui manque au sein de la conférence Ouest (Warriors, Lakers, Clippers, Jazz, Rockets …). Dallas pourra néanmoins se dire que d’autres équipes sont plus ou moins dans la même situation. C’est l’exemple des Kings, bien que ces derniers comptent dans leur rang un champion NBA, Harrison Barnes. Ou alors les Mav’s pourront tenter de suivre l’exemple des Nuggets l’an dernier, beaux perdants en demi-finale de conférence alors que le collectif manquait cruellement de joueurs d’expérience.
Enfin, même si tous les postes sont doublés, certains semblent tout de même manquer de profondeur et de talent. C’est notamment le cas dans le secteur intérieur. Nous l’avons vu, une blessure de Porzingis correspondrait, à plusieurs titres, à un scénario catastrophe pour le poste de pivot. Force est également de constater que le poste d’ailier-fort, si important dans la NBA moderne, n’est occupé que part des joueurs de devoir, qui ne semble pas avoir le potentiel suffisant pour permettre à la franchise de passer un cap.
Le joueur clé : Luka Doncic
Inutile d’en faire tout un pataquès, nous avons d’ores et déjà parlé du phénomène. Les Mavericks ont le luxe d’avoir dans leur rang celui qui pourra, si tout se goupille correctement, dominer la Ligue pendant dix années. Alors qu’il n’a que vingt ans, Doncic possède déjà un vécu incroyable, fort de ses expériences avec le Real Madrid et la sélection nationale Slovène. Il a démontré qu’il pouvait facilement d’adapter au basket d’Outre-Atlantique, en évoluant comme un poisson dans l’eau la saison dernière.
A lui désormais de confirmer les espoirs placés en lui. Attention, la tâche ne sera pas forcément des plus simples. Alors que Nowitzki aimantait des années durant les espoirs du peuple Mavericks, la pression retombera quasi exclusivement sur le jeune Luka, tant sa saison rookie fut prometteuse. Or, quand bien même le jeune est très prometteur, rappelons qu’il n’a que 20 printemps et qu’il serait déraisonnable d’attendre (dans l’immédiat) de lui ce qu’a offert Dirk pendant de nombreuses années.
Au-delà du parquet, il sera intéressant de voir si Doncic aura l’envie / sera capable de se muer en véritable leader de la franchise, rôle qui devrait naturellement lui incomber de par son talent. Lorsqu’on part à la guerre, il est important d’avoir un bon général. Transposons la métaphore, et attendons de voir si, dans les années à venir, Doncic se révélera être un meneur d’hommes de qualité.
La problématique de l’équipe : Wild Wild West
La principale problématique des Mavericks est connue de la plupart des franchises situées à l’Ouest de Milwaukee. Comment exister dans une conférence où six équipes sont susceptibles de truster le podium ? Rarement une conférence aura été aussi bouchée et blindée de talents. Nous l’avons brièvement cité, mais les duos / trios pullulent de ce côté du pays, et on peine à voir comment les Mavericks pourraient décrocher un strapontin pour les playoffs. Dans le meilleur des cas, l’équipe peut être à la lutte pour grapiller le huitième spot, ce qui constituerait alors une performance remarquable. Pour cela, Dallas devra batailler dur avec les Kings, les Wolves et autres Pelicans pour pouvoir ressortir vivant de ce Hunger Games version balle orange.
D’autant plus que la dernière ligne droite sera corsée pour les Mav’s. Le mois de Mars ressemble, sur le papier, à une lente et longue agonie, qui verra les hommes de Rick Carlisle affronter tour à tour : Indiana, San Antonio, Denver (back-to-back), Phoenix, Los Angeles Clippers, Sacramento (back-to-back), Portland, Phoenix again, Houston, Utah et Milwaukee pour terminer l’enfer. Une série de onze rencontres que les Mavericks devront gérer convenablement s’ils souhaitent rester dans le wagon des franchises playoffables.
Néanmoins, rien ne presse du côté de Dallas, et l’absence de playoffs en cette saison 2019 – 2020 ne sera clairement pas vécue comme un traumatisme. Dès lors, l’horizon semble bleu au-dessus de l’American Airlines Center. Comme dirait TF1, par le biais d’un feuilleton à la qualité discutable : Mavericks, Demain vous appartient (peut-être).
Pronostic
11ème à l’Ouest : entre 35 et 39 victoires.
Pour cette rubrique, nous n’allons pas réinventer la machine à cambrer les bananes. Le constat est froid et implacable, et est surtout le même que l’an dernier. L’effectif est bien mieux armé que celui de la saison achevée, mais semble toujours insuffisant par rapport aux véritables armadas de la conférence Ouest. On risque donc de vivre une quatrième saisons consécutives sans playoffs du côté de Dallas, ce qui, comme nous l’avons dit, ressemble à tout sauf à une catastrophe.
Précisons tout de même que la position des francs-tireurs risque d’être excessivement serrée avec celle des pélicans et autres loups bûcherons.
L’avis du compte français : @DallasMavsFr
Quel bilan tires-tu de la saison passée ?
Une saison assez triste au niveau du bilan global et du basket produit par l’équipe, mais extrêmement importante sous d’autres aspects. Elle restera dans les mémoires. On a commencé la saison avec une équipe plutôt sympa au début qui enchaîne plusieurs bonnes perfs, mais tout se verra chamboulé avec les trades de 4 titulaires sur 5 en février. Puis nous nous retrouverons avec une équipe vraiment faible pour finir la saison avec notamment 2 blessés (Barea/Porzingis) qui nous auraient été d’une grande aide.
Mais dans tout ce marasme, deux joueurs ont pris absolument tous les projecteurs et cela sans nous déplaire : Tout d’abord Luka Doncic évidemment, le rookie de l’année, le Wonderboy, celui qui a fait fantasmer toute l’Europe et qui a fait fermer pas mal de bouches aux USA. On a adoré le voir commencer sa carrière si fort à Dallas et il est vrai qu’à lui seul il était une raison de regarder nos matchs. Certains souvenirs sont encore très forts, comme par exemple cette fin de match face aux Rockets où il passe un 11-0 à lui seul pour nous faire passer devant. On a très hâte d’en découvrir plus sur le slovène.
Enfin, l’autre projecteur était rivé sur Dirk Nowitzki, le seul, l’unique. Là c’est beaucoup plus le côté émotionnel qui parle plutôt que le côté basket. Mais voir Dirk évoluer une dernière fois sous nos couleurs c’était vraiment quelque chose de spécial. Profiter de chacun de ses jump-shot, chacun de ses fadeaways, chaque hommage de chaque salle (merci le TD, merci Doc Rivers) et même chacune de ses défenses hasardeuses qu’on aime aussi. Les deux derniers matchs face à Phoenix à domicile et face aux Spurs resteront vraiment gravés dans la mémoire de beaucoup de MFFL. Si je dois retenir un moment de la saison se serait celui-ci : Dirk disant au revoir à SON American Airlines Center devant Bird, Barckley, Schrempf, Pippen et Kemp, mais aussi devant des milliers et des milliers de fans très triste mais aussi extrêmement fier.
Que penses-tu de l’été de la franchise ?
Notre intersaison est globalement satisfaisante, bien qu’elle ne soit pas extraordinaire non plus. Un gros move est évidemment à noter de suite : la prolongation de Kristaps Porzingis pour 5 ans avec un contrat max (petit bémol, la dernière année est une option joueur). C’était l’objectif numéro 1 et il est effectué, c’est une bonne chose. Sinon le trade de DSJ et l’envoi de 2 first-round picks aux Knicks aurait été inutile. On réussit à verrouiller nos 2 jeunes piliers européens autour desquels on souhaite construire sur le long terme. Dans cette optique-là, le front office a été assez intelligent en prolongeant des jeunes joueurs intéressants à des prix discount et très avantageux pour nos finances : prolongation de Powell sur 3 ans pour 33M, Kleber sur 4 ans pour 35,9M et Finney-Smith sur 3 ans pour 12M.
A côté de cela, la signature de Curry sur 4 ans à 32M me plait beaucoup. Avec Luka à la passe, le petit frère de Steph va se régaler en catch-n-shoot. Le pari Boban est peu risqué, seulement 7M sur 2 ans et on sait que c’est un joueur qui peut être extrêmement utile dans certaines situations avec un temps de jeu limité (comme il peut être absolument inutile sur certains matchs). La plus grosse acquisition de l’été se nomme Delon Wright, 28M sur 3 ans pour prendre la place de meneur de jeu. Je demande à voir ce qu’il peut produire car on sait qu’en second unit il peut très bien s’intégrer à l’équipe et apporter beaucoup de positif comme on l’a vu à Memphis ou à Toronto. Néanmoins je reste sceptique sur son apport en tant que titulaire car il aura des sacrés clients en face. On lui demandera surtout d’être très efficace en défense car de l’autre côté du terrain il jouera beaucoup sans le ballon avec Doncic en porteur de balle.
Enfin nous avons resigné notre meneur de poche JJ Barea au minimum vétéran sur 1 an, très bien, s’il se remet de sa blessure c’est parfait. Sinon ce n’est pas grave. Pour conclure, l’intersaison a donc été plutôt réussie, néanmoins il y a un point très décevant, c’est qu’une nouvelle fois nous n’avons pas réussir à utiliser notre cap space (qui était énorme, nous avions de quoi faire venir un contrat max) pour pêcher un gros poisson. Kemba nous a filé entre les doigts, Horford aussi et au final nous avons bouclé le roster avec encore du cap space disponible pour recruter du free agent. C’est donc le gros point négatif de l’intersaison, même si on commence à être habitué aux déceptions lors de la free agency à Dallas.
Quelles sont tes attentes pour la saison prochaine ? Quel scénario te convient pour l’équipe actuelle ?
Pour la saison prochaine, il sera difficile de faire quelque chose à l’Ouest tellement la concurrence sera rude. Il n’est pas si aisé de faire une liste de 8 qualifiés en nous mettant dedans donc nous verrons ce que cela donne, mais je pense que nous pouvons aussi bien finir 6-7ème que 12ème. Aucun stress donc si on ne se qualifie pas en play-offs, ce ne sera pas une saison ratée. L’important est de voir progresser le duo Luka-Kristaps ainsi que les autres jeunes signés sur le long terme à côté. Un scénario où Porzingis ne se blesse pas et où les Mavs se battent pour la 7-8ème place me convient donc tout à fait. Avec au moins 1 sélection au All-Star Game pour Luka et une exceptionnelle cérémonie de retirage du numéro 41. Emballé c’est pesé.