En sortie de la saison 2017 – 2018, terminée en demi-finale de conférence avec le sentiment d’un travail bien accompli, les Pelicans avaient toutes les raisons du monde d”aborder la saison suivante avec le sourire. Il est vrai qu’au-delà de la terrible blessure de DeMarcus Cousins, l’exercice semblait remplir tous les objectifs de la franchise, et même plus.
C’est donc une équipe attendue au tournant et toujours guidée par sa star Anthony Davis que les Pelicans abordaient, avec une ambition nouvelle, la campagne 2018 – 2019. Après quatre victoires initiales (la franchise était alors en tête de la conférence Ouest), un calendrier immonde est venu clouer les pélicans au sol. Cependant, à l’approche de Noël, la franchise affiche toujours un bilan à l’équilibre et semble se donner les moyens de ses ambitions. Anthony Davis se révèle particulièrement pénible pour les intérieurs adverses (28 points, 12,5 rebonds, 4,7 passes décisives, 1,7 interceptions et 2,8 contres à 50% au tir) et le supporting cast fait son boulot correctement.
Sauf que patatras. En début d’année, une rumeur de plus en plus insistante envoie Davis sous les projecteurs des Los Angeles Lakers. Il se murmure même que Magic Johnson serait prêt à faire tapis et à offrir l’intégralité de son roster (toute proportion gardée) pour se payer le luxe d’aligner Davis avec LeBron James. Au final, la rumeur ne s’est pas concrétisée avant la trade deadline. Elle a par contre laissé des traces dans le vestiaire de la Nouvelle-Orléans. En témoigne la fin de saison régulière catastrophique (3 victoires sur les 16 dernières rencontres, et des défaites moches contre les Suns 2x, les Hawks 2x ou encore les Hornets).
Cette saison finalement bien terne se clôture avec un maigre bilan de 33 victoires pour 49 défaites. Un bilan qui permet aux Pel’s de se positionner à la loterie, avec un septième choix projeté. Seulement, nous allons l’évoquer tout de suite, cette soirée du 14 mai 2019 allait définitivement bouleverser l’été et le futur de la franchise Lousiannaise. Dans les grandes largeurs.
Résumé de l’été
Le printemps était à peine installé que l’été des Pelicans commençait déjà. A peine nommé au poste de vice-président des opérations basket de la franchise, David Griffin a rapidement fait parler son mojo. Lui qui avait ramené pléthore de first pick lorsqu’il était en poste du côté de Cleveland, a continué sur sa lancée en décrochant le précieux sésame avec les Pel’s. Ainsi, dès le 14 mai, soir de la loterie, il était possible de dire avec quasi-certitude que l’été des Pelicans allait être ensoleillé.
Même lorsque les cuvées de draft ne sont pas spécialement attirantes, avoir le premier choix n’est jamais négligeable. Alors, lorsqu’un prospect aussi générationnel que Zion Williamson vous tend les bras … Il n’y a pas lieu de méditer bien longtemps.
Avant de parler de la draft des pélicans, évoquons ensemble l’immense dossier qui traînait dans les couloirs de la franchise depuis le mois de février. Ce n’était un secret pour personne, Anthony Davis voulait quitter la Nouvelle-Orléans pour étrenner le rutilant maillot pourpre et or des Lakers. Lors de la trade deadline, la franchise de la cité des Anges avait d’ailleurs tenté le tout pour le tout pour ramener Davis à Hollywood le plus rapidement possible. Que nenni, avait répondu la direction des Pel’s. Toutefois, tout le monde le savait : les Lakers allaient retenter leur chance rapidement.
Et cela n’a pas loupé. Alors que, sur le papier, Boston pouvait proposer une offre alléchante (Tatum, Brown, pick 14, par exemple …), les performances en dent de scie de la jeunesse verte ont, semble-t-il, fait cogiter du côté de la Louisiane. Pour le plus grand bonheur des supporters des Lakers qui, le 16 juin 2019, ont vu arriver chez eux l’un des quoi ? cinq ? dix ? meilleurs joueurs de la Ligue. Ainsi, les New-Orleans Pelicans ont laissé s’envoler le meilleur joueur de leur courte histoire. Anthony Davis est donc transféré chez les Lakers, dans un deal à trois auquel les Wizards ont également participé.
Contre l’ailier-fort, les Pelicans ont obtenu (accrochez-vous bien, cela reste impressionnant même trois mois après : Lonzo Ball, Brandon Ingram, Josh Hart, le choix 4 de la draft 2019. A cela s’ajoute un trente-six tonnes de picks : un second tour 2022 (des Lakers), un swap du premier tour 2023, le premier tour 2024 (des Lakers). Une chose était alors certaine : l’été était lancé.
Et dans les bureaux des Pelicans, on comptait énormément sur la période estivale pour procéder à un petit lifting dans son effectif. La première retouche passait alors par la draft. Sans surprise, with the first pick, the New-Orleans Pelicans select Zion Williamson (Duke). Très jeune (on l’oublie, mais il était quasiment le plus jeune joueur de cette draft), Zion est néanmoins déjà une superstar de l’autre côté de l’Atlantique. Grâce à son physique hors du commun et ses aptitudes balle en main, il a été immédiatement propulsé en tête de gondole de la franchise. Basketballistiquement, avoir Zion dans son roster assure (normalement) de posséder un joueur ultra-dominant. Commercialement, c’est s’assurer de vendre des milliers de maillots. En quelque sorte, les Pelicans ont ici été bénis par les dieux de la balle orange.
Alors que le pick 4 a été envoyé chez les aigles d’Atlanta en échange du choix n°7, la franchise attire dans ses rangs l’intérieur Jaxson Hayes (Texas). Si certains observateurs NCAA (@envergure, par exemple), estimaient qu’il eut été pertinent de placer à côté de Zion un intérieur shooteur (Goga Bitadze, par exemple), il n’en fut rien. Il ne faudra pas compter sur Hayes pour alimenter le spacing des Pelicans, lui qui n’a pas tenté un seul trois-points lors de son année à l’université. Le joueur, s’il semble encore très brut, est cependant promis à un développement intéressant. A condition de se montrer patient.
ET CE N’EST PAS FINI. Avec le 17ème choix, New-Orleans s’est offert les services de Nickeil Alexander-Walker (Virigia Tech). Cousin du nouveau meneur du Thunder, Shai-Gilgeous Alexander, Alexander-Walker est un guard explosif qui a déjà prouvé l’étendue de son talent lors de la summer league. Enfin, pour terminer cette riche soirée, c’est le jeune Marcos Louzada Silva qui est sélectionné. Il n’effectuera toutefois pas ses grands débuts en NBA en octobre prochain, puisqu’il a été, depuis, transféré à Sydney.
Avec ce roster qui sent bon la jeunesse, il était impératif de recruter des joueurs d’expérience capables d’encadrer les marmots. Sur le papier, la mission est plus que réussie, avec la signature de Derrick Favors, le vétéran du Jazz, transféré contre des futurs choix de draft. Intérieur polyvalent, puisqu’il peut jouer ailier-fort et pivot, Favors semble posséder le profil idéal pour aider Zion à s’acclimater au plus vite au jeu de la NBA.
Le secteur intérieur étant désormais plutôt fourni, c’est le recrutement d’un arrière qui constituait l’objectif majeur de la fin du mois de juillet. Et BINGO ! J.J Reddick, sniper des Sixers, quitte la Pennsylvanie pour venir planter des gros trois-points sur le parquet des Pelicans, en signant un contrat de 2 ans et 26,5 millions de dollars.
Voilà pour les grosses signatures de l’été. Ce ne sont pas les seules, mais si nous devions développer l’ensemble des signatures dites “mineures”, on ne serait pas sorti de l’auberge. Les voici donc, pèle-mêle : Darius Miller (2 ans et 14,25 millions), Zylan Cheatham (two-way contract), Josh Gray (two-way contract), Nicolo Melli (de Fenerbahce, 8 millions sur 2 ans) et Kavell Bibgy-Williams (10 days contract).
Sur le même format, voici les joueurs qui ont quitté la Louisiane cet été, voir si l’herbe est plus verte ailleurs : Julius Randle et Elfrid Payton ont tous les deux pris le pari de signer aux Knicks. La perte de Randle se fera forcément ressentir l’an prochain, tant l’intérieur fut important la saison passée (plus de 20 points de moyenne et 8,5 rebonds, tout de même !). Dairis Bertans a, quant à lui, été coupé, avant de signer chez les Wizards. Cheick Diallo a posé son baluchon chez les Suns, tandis que Stanley Johnson s’est laissé tenter par le défi canadien des Raptors et que Ian Clarke a opté pour l’exotisme en allant découvrir le championnat chinois (Xinjiang Guanghui).
Vous l’aurez compris, l’effectif de la franchise a été intégralement chamboulé cet été. Pour y voir un peu plus clair, je vous propose de trouver ci-dessus le roster complet, poste par poste.
Roster
Meneur : Lonzo Ball, Josh Gray, Jrue Holiday, Frank Jackson
Arrière : Nickeil Alexander-Walker, Josh Hart, E’Twaun Moore, J.J Reddick, Kenrich Williams
Ailier : Zylan Cheatham, Brandon Ingram, Darius Miller
Ailier-fort : Kavell Bibgy-Williams, Derrick Favors, Nicolo Melli, Zion Williamson
Pivot : Jaxson Hayes, Jahlil Okafor
Jeu et coaching
Il est toujours complexe de déterminer comment une équipe renouvelée à 80 % au cours de l’été va bien pouvoir évoluer la saison suivante. Néanmoins, une chose choque lorsqu’on regarde de plus près le cinq majeur (ci-dessous) théorique des Pelicans : where is the fichu spacing ? Aucun titulaire n’est capable de dégainer à distance avec un semblant d’assurance. Le meilleur pourcentage à trois-points revient à Brandon Ingram, qui tournait à 33 % la saison dernière. C’est dire si Alvin Gentry a tout intérêt à baser le jeu de ses hommes sur une tactique toute autre.
Il est clair qu’il faudra déterminer, au fur et à mesure de la saison, une identité, un schéma de jeu. Et vue la jeunesse de l’effectif et l’incapacité chronique à shooter derrière l’arc, il est fort probable que les Pelicans vont galoper. Up tempo pour tout le monde ! En effet, l’attaque rapide demande moins d’alchimie entre les joueurs que les attaques placées sur demi-terrain. Alors, sauf surprise, il est probable de voir les Pel’s évoluer avec un PACE sur-élevé, un peu à la manière des Kings de la saison 2018 – 2019 (les Kings disposaient tout de même d’un sniper dans le 5 majeur, Buddy Hield). Un schéma dans lequel J.J Reddick, qui devrait sortir du banc, pourra facilement s’inscrire.
Du coup, en attendant que Lonzo Ball se mue en shooteur de précision (anecdote : la moyenne en carrière de Ball dans l’exercice des lancers-francs est exactement la même que celle de Stephen Curry (en carrière aussi) … à trois-points : 43,7 % !), misons sur une équipe des Pelicans déstructurée qui fera tout pour donner le tournis aux adversaires. En leur souhaitant le plus de succès possible.
Quel 5 majeur ?
Une chose est certaine : Alvin Gentry, coach des Pelicans, dispose de l’embarras du choix. Mine de rien, l’effectif bâti est relativement profond, et offre un intéressant mélange entre l’expérience (Holiday, Favors, Reddick) et la jeunesse prometteuse (Ball, Ingram, Hayes, Williamson et j’en passe).
S’il fallait obligatoirement miser un kopeck sur un cinq de départ, nous nous positionnerions sur le suivant :
Lonzo Ball – Jrue Holiday – Brandon Ingram – Zion Williamson – Derrick Favors
Et il faut avouer que, globalement, ça a de la gueule. Bien-sûr, il y a des interrogations. Lonzo Ball parviendra-t-il à (enfin) s’extraire de la surprotection nuisible de son géniteur, véritable moulin à conneries ? Brandon Ingram sera-t-il remis de sa blessure à l’épaule (problème de caillot de sang, la même blessure qui a mis fin à la carrière de Chris Bosh) ?
Enfin, Zion Williamson sera-t-il aussi dominant qu’espéré ? Pourra-t-il, à l’instar de ces rares joueurs d’exception, avoir un réel impact sur les résultats de sa franchise ?
Seule la vérité des parquets pourra apporter les réponses à l’ensemble de ces questions. Quoi qu’il en soit, si certaines réponses s’avèrent être négatives, Gentry pourra (saura ?) s’adapter. Zion est dans une mauvaise passe ? Derrick Favors se fera un plaisir de retourner au poste 4, laissant celui de pivot à Okafor. Il est nécessaire de replacer Jrue Holiday au poste 1 ? J.J Reddick pourra faire son entrée dans le cinq majeur.
Voici donc à quoi pourrait ressembler le cinq majeur alternatif (sur lequel on ne mise donc aucun kopeck, mais qui est absolument envisageable).
Jrue Holiday – J.J Reddick – Brandon Ingram – Zion Williamson – Jahlil Okafor
Et dans tout cela, nous n’avons pas cité les noms de Nicolo Melli, l’expérimenté italien, ni ceux des jeunes draftés qui, à coup sûr, auront leur carte à jouer en sortie de banc. De la même manière, le rôle de Josh Hart ne sera assurément pas celui de tourneur de serviette.
On se rend donc compte que si la mayonnaise prend, les Pelicans peuvent être l’équipe surprise de la saison à venir. La performance serait d’autant plus belle que, rappelons-le, les Pel’s ont perdu Anthony Davis au début de l’été. Tout le monde n’aurait pas pu reconstruire un roster aussi plaisant. Les pélicans l’ont fait, et pour cela, chapeau messieurs-dames !
Toutefois, si le fond de jeu développé s’avère inefficace, le collectif ne jurera dès lors que par ses individualités. Dans ce cadre, alors que la conférence Ouest ne fera pas de cadeau, les résultats risquent fort de devenir médiocres.
Forces du roster
Amis guards de tout le pays, le combat pour marquer des points sera complexe face aux Pelicans. La faute au duo Lonzo Ball – Jrue Holiday, qui possède des aptitudes défensives suffisantes pour faire braire la majorité des joueurs adverses. Parlons chiffres : avant sa blessure la saison passée, Ball possédait le 7ème defensive rating de la Ligue. Sa défense on et off-ball est suffisamment bonne pour que les médias américains en fassent – déjà – un potentiel all-defensive team. Si c’est peut-être un poil exagéré, il est vrai qu’il est impossible de railler le jeune Lonzo sur ses facultés défensives, tant le garçon mouille le maillot de son côté du terrain.
A côté de lui, Jrue Holiday a été nommé dans la fameuse équipe défensive à deux reprises dans sa carrière (first team en 2018 et second team en 2019). C’est dire si Jrue Vacances s’est retroussé les manches à l’approche de la trentaine. Il reste donc sur deux saisons de très haute volée, que ce soit à l’interception ou au contre (plus de 1 contre par rencontre, rares sont les guards à afficher une telle stat).
La base arrière des Pelicans ne constitue pas sa seule force, loin s’en faut. A vrai dire, la profondeur de l’effectif est également à mettre en avant. Hormis au poste d’ailier, qui semble un peu démuni si Ingram n’est pas en mesure de jouer, l’ensemble des postes est au moins doublé par des joueurs talentueux. Les rotations sur le poste 2 constitueront à cet égard un enjeu important, puisqu’il y a au moins 4, voire 5 joueurs, qui peuvent légitimement prétendre à glaner des minutes de jeu (Holiday s’il est décalé, J.J Reddick, Josh Hart, Alexander-Walker, Moore). En toute logique, il y aura bien un gus parmi ces cinq qui aura la main chaude, chaque soir.
Le secteur intérieur est aussi bourré de talent, bien que certainement moins bouché. Williamson peut éventuellement dépanner sur le poste 3 (il en a la taille), mais il semblerait qu’il soit bien parti pour commencer la saison en tant qu’ailier-fort. Derrière lui, Melli est peut-être le stretch 4 qu’attendait l’équipe d’envergure au soir de la draft, lui qui dégainait à 39% derrière l’arc la saison passée en Euroleague. Enfin, devant l’envisageable inconstance des véritables pivots du roster (dont nous reparlerons ci-dessous), Derrick Favors devrait tenir le poste, bien qu’il soit légèrement sous-dimensionné.
Enfin, s’il aura droit à sa propre rubrique dans cet article, Zion Williamson constitue, en théorie, une force de frappe à lui tout seul. Il est peut-être déjà le meilleur athlète de la ligue, aspect qu’il devrait abondamment utiliser pour scorer inlassablement. Du moins, sa franchise et ses fans l’espèrent.
Faiblesses du roster
Comme toute équipe qui devrait se retrouver dans la seconde partie du tableau de la conférence Ouest, quelques faiblesses sont à pointer du doigt.
La première ? Celle que l’on retrouve dans plusieurs franchises chaque année, qui peut aussi (d’ailleurs) être considéré comme un avantage, mais qui peut surtout se transformer en fardeau : la jeunesse. D’autant plus que si, phonétiquement, jeunesse et inexpérience ne riment pas, les deux termes ne font souvent qu’un dans le sport professionnel. Voyez plutôt, sur les 16 joueurs cités ci-dessus, 9 d’entre-eux n’ont pas plus de trois saisons de NBA dans les jambes ! Quand il y a autant de rookies que de vétérans dans une équipe, cela peut vite constituer un désavantage dans les matchs importants, où l’expérience joue alors un rôle primordial.
Reste ici à déterminer si la jeunesse sera synonyme de naïveté ou d’insouciance.
En parlant de jeunesse, le poste de pivot (si l’on considère que Favors est un ailier-fort de formation pouvant jouer pivot) n’est pourvu que par des gamins. 21 ans de moyenne d’âge, c’est peu lorsqu’il faudra se frotter à Davis, Embiid, Gobert et autre Vucevic. D’autant plus que le plus expérimenté des deux, Jahlil Okafor, a déjà montré plusieurs visages dans sa courte carrière. Il a prouvé qu’il pouvait être un pivot titulaire et respecté, notamment la saison dernière, lorsqu’il a repris de la plume de la bête (très bonnes performances entre les mois de janvier et de février). Il a aussi démontré qu’il pouvait être absolument mauvais, notamment lors d’une saison 2017 – 2018 à oublier. S’il redevient le Jahlil dominant de sa saison rookie (17 points et 8 rebonds à 50% au tir), les Pelicans seraient certainement plus sereins sous leur propre cercle.
A côté de lui se retrouve Jaxson Hayes, jeune homme de 19 ans. S’il a montré de belles choses au cours de la summer league (dunk et contre assez impressionnants), il ne semble pas encore taillé pour jouer un rôle déterminant en NBA. Nous l’avons dit, Hayes n’a pas grand chose du pivot moderne, et ce n’est pas une critique. Il évolue proche du cercle, avec une réussite certaine, il faut le dire (74% au true shooting %). Il est également une force de dissuasion sous le cercle (10,6 au BLK%) mais, le souci, c’est qu’il est encore “tout fou”. Il pourrait plonger dans une pumpfake de ma grand-mère, tant son trop plein d’énergie se ressent lorsqu’il est sur le parquet. A l’instar d’un Jaren Jackson Jr, qui était pénalisé la saison passée par les fautes commises, Hayes devra apprendre à se canaliser s’il souhaite gagner du temps de jeu dans la raquette des Pelicans.
Vous l’aurez compris, si les pivots de métier de l’effectif sont cités parmi les “faiblesses” du roster, c’est surtout pour soulever des interrogations, pas pour préjuger de leur niveau.
Enfin, si, nous l’avons dit, le roster brille par son homogénéité, quid d’un franchise player ? En l’état, aucun joueur de l’effectif ne peut prétendre reprendre la cape de leader laissée par Anthony Davis. Jrue Holiday semble un peu juste pour ce rôle, lui qui se complaît plus dans celui de lieutenant de luxe. Encore une fois, c’est sur les épaules de Williamson que la pression va peser. Cela commence à faire beaucoup pour un joueur qui doit encore attendre deux ans avant de pouvoir boire une bière légalement.
Dernière interrogation : qui sera le leader offensif de la franchise ? Ingram a prouvé qu’il en était capable par intermittence, mais des doutes subsistent sur sa condition physique. Lancer Williamson en première option offensive, ce ne sera peut-être pas lui rendre service non plus. Jrue Holiday est-il capable d’endosser ce rôle ? La question sera tranchée au courant du mois d’octobre.
Le joueur clé : Zion Williamson
Qui d’autre ? La hype qui précède Zion est quasiment sans précédent. Au XXIème siècle, seul LeBron James a concentré plus d’attente autour de lui que Williamson. C’est vous dire si les premiers pas du phénomène de Duke sont attendus. Impressionnant physiquement (2m01 et 129 kilos), Zion possède pour lui une détente incroyable qui fait de lui une véritable machine à highlights. Néanmoins, le réduire à son physique serait une erreur regrettable. Avec son handle et son tir relativement fiable (bien qu’à développer), il n’est pas farfelu d’imaginer l’animal évoluer au poste d’ailier.
En effet, Zion possédait, lors de son unique saison universitaire, un true shooting % plus qu’intéressant (70,2). Habile de ses mains et relativement altruiste, il n’y a pas grand chose que le phénomène ne sache pas faire. Il constituera une matchup effroyable pour tous les intérieurs adverses, qui seront généralement bien trop lents pour stopper le bulldozer.
Vous me direz que marquer des paniers, c’est bien sympa, mais que le basket se joue également des deux côtés du terrain. Certes, sauf qu’à l’inverse d’un DeAndre Ayton, first pick 2018, qui possédait déjà toute une panoplie offensive tout en étant un fantôme défensivement, Williamson est un défenseur honnête. Loin de moi l’idée de le faire passer pour un véritable stoppeur, mais le jeune gaillard possède l’explosivité nécessaire pour effectuer des aides pertinentes. De la même manière, ses mains sont actives et il parvient déjà à lire les lignes de passes adverses (2,1 interceptions en moyenne).
Au rayon des compartiments de jeu à travailler, il y a le shoot. S’il est à l’aise lorsqu’il attaque le cercle, sa précision aux lancers-francs (68 %) peut devenir un problème. Ce n’est pas Shaquille O’Neal qui dira le contraire. Le tir extérieur du bonhomme est moyen (34 % sur un volume relativement faible, 2,2 tirs primés tentés par rencontre), sans pour autant être catastrophique.
Ces “points faibles”, nul doute que Zion saura en faire des forces. La mentalité du joueur peut être rapprochée de celle d’un certain “Mamba”, et son attitude a été, pour l’instant, irréprochable.
Sur le papier, Williamson a tout pour porter les Pelicans très haut. Peut-être pas immédiatement, bien entendu. Mais s’il devient le basketteur qu’on pense qu’il pourrait devenir, il est envisageable que la légende d’Anthony Davis soit, un jour, reléguée au fond d’un placard mal éclairé. Voilà, cela pose le décor.
Mettons quand même un bémol sur la présentation du joueur : les blessures. La saison dernière, il s’était blessé une première fois au genou après avoir littéralement explosé sa chaussure, image qui avait fait le tour du globe. Rebelote cet été en summer league, où le colosse au genou d’argile n’a finalement disputé que 9 petites minutes avant de se blesser. Tout le monde se demande comment les genoux de Zion pourront tenir, puisqu’il saute comme un marsupalami de 130 kilos. Les premiers éléments de réponse ne sont pas forcément positifs. Seront-ils déterminants dans la carrière du phénomène ?
Problématique de l’équipe : être au niveau de la hype
Lorsqu’on est sujet à énormément d’attentes, la probabilité qu’on déçoive n’en est que plus grande. Les échecs sont alors retentissants. Ce n’est pas Usain Bolt, grand parmi les géants, qui dira le contraire (faux départ en finale des championnats du monde 2011, sortie loupée en 2017 …).
Or, l’attente concentrée autour de ces Pelicans nouvelle génération est importante. La faute au blockbuster trade d’Anthony Davis et à la draft de Williamson, bien entendu. Ce qui fait, en réalité, peser la pression uniquement sur les jeunes joueurs de l’effectif. Ball, Ingram et Hart, transférés des Lakers, atteignent tout juste l’âge légal de la retraite à eux-trois. S’ils ont tous déjà, par intermittence, démontré l’étendue de leur talent, il ne faut pas oublier que lorsqu’ils étaient têtes de gondole des Lakers 2017 – 2018, la franchise a terminé 11ème d’une conférence Ouest bien moins féroce que celle de cette année.
De la même manière, tout un chacun attend que Zion fasse littéralement exploser les compteurs statistiques. N’oublions pas que la saison en double-double d’Ayton chez les Suns a été considérée comme décevante. Il y a à craindre que la pression populaire retombe sur Williamson (de manière injustifiée) s’il ne tourne pas en 23-9 à Noël. Et cela, il faudra savoir le gérer.
Nous avons déjà dit que cela commence à faire beaucoup à supporter pour Zion ?
Pronostic
12ème à l’Ouest, entre 34 et 38 victoires
A la vue du roster, cela peut sembler sévère. Néanmoins, rappelons que si, effectivement, il y a énormément de talent au sein de l’effectif, nous ne savons pas si les joueurs seront capables d’évoluer efficacement ensemble. Au-delà, dans la jungle de la conférence Ouest, il est particulièrement compliqué d’effectuer un pronostic sans que celui-ci ne paraisse osé.
A l’instar des Mavericks, ou encore des Timberwolves, les Pel’s risquent d’échouer d’un rien dans la course au huitième spot de playoffs. Cependant, rater les joutes printanières cette saison ne constituerait clairement pas un échec pour la Nouvelle-Orléans, qui, vue la jeunesse de son effectif, semble se donner le temps de bâtir une équipe armée pour la post-season.
Par contre, si parmi les trois équipes citées, il fallait (à titre purement personnel) en sortir une du lot pour réaliser un énorme coup, ma préférence irait chez les Pelicans. Ne me demandez pas pourquoi, question de feeling certainement. Si Alvin Gentry parvient à diriger tout ce beau monde de manière cohérente, nous ne sommes pas à l’abri d’une belle surprise. Ce que les Louisiannais(es) mériteraient, tant leur reconstruction fut aussi rapide qu’intéressante.
L’avis des comptes FR : @Elorn_Pecorari & @Pelicans_France
Quel bilan tirez-vous de la saison passée ?
Hawk ça veut dire faucon. Chuss.
Merci pour la précision! Chuss.