Le 2 août, Netflix lançait une nouvelle série originale dénommée “Basketball or Nothing“. Le titre sans équivoque, avait de quoi capter l’attention de millions de fans de basket, délaissés dans les méandres de la trêve estivale. Dans cette longue pause qui nous est infligée, en attendant que la coupe du monde 2019 arrive, une série dédiée au basketball a forcément de quoi intriguer. Le problème, c’est qu’avec ce genre de productions, on a toujours peur de s’engouffrer dans une série de clichés sans grand intérêt.
Néanmoins, entre le vide et la déception, le choix fut fait, et on s’est rapidement lancé sur cette nouvelle création. Mais une fois les 6 épisodes qui constituent cette première saison avalés, peut-on dire que cela en valait la peine ?
Basketball or Nothing, qu’est-ce que c’est ?
Cette série découpée en 6 épisodes d’une trentaine de minutes chacun vous emmène d’emblée sur un chemin différent de celui qu’on pourrait anticiper. C’est en réalité à un documentaire que vous ferez face, celui-ci ayant la particularité de ne pas être scripté. De fait, l’histoire que vous verrez s’écrit sous vos yeux, sans acteurs, mais bien ancrée dans la vie réelle. Cette vie, d’ailleurs, qu’en est-il ? Les réalisateurs vous proposent de suivre l’aventure d’un lycée situé en Arizona et de son équipe de basketball, dont la présence est un véritable catalyseur pour les habitants de la région. En effet, l’équipe de Chinle, surnommée les Wildcats, est l’équipe principale de la réserve Navajo, qui a défaut de posséder des équipes professionnelles à suivre, s’est prise de passion pour la jeunesse des alentours.
L’objectif ? Le titre de champion de l’état, et la suprématie sur les autres équipes issues de la réserve. Cette saison, vous amènera à accompagner un groupe, dont la majeure partie se trouve être dans sa dernière année avant le grand saut (vers l’université ou la vie active). Coachée par un vétéran du système High School, déjà vainqueur par le passé d’un championnat d’Etat, plusieurs angles narratifs seront abordés : le parcours de ces jeunes, leur quête du titre, l’évolution de leur style de jeu, les difficultés des habitants de la réserve et le poids de ces dernières sur les espoirs de ces adolescents.
Que penser de cette 1ere saison ?
Basketball or Nothing fait assurément parti de ces séries qui vous font passer un bon moment, dès lors que vous avez un attrait particulier pour le sujet. Bienvenue dans le basketball de lycée, là où s’expriment pour la première fois les stars de demain. Le bon goût de cette première saison, c’est qu’elle s’installe raisonnablement loin des poncifsé des films ou séries sur le basket. Il n’est pas question ici de jeunes tiraillés entre le crime et la balle orange, il n’est pas question de banlieue et de sa violence assourdissante, des lycées plus fortunés et leur vie romancée, pas de fortes têtes à mater pour faire de l’équipe une machine à gagner insoupçonnée.
Non, ici, nous sommes dans une réalité plus plate, mais aussi, plus inconnue. La réserve Navajo, sa pauvreté, la nécessité pour des jeunes volontaires et de constitution beaucoup plus docile et affable, de se faire remarquer, pour avoir une chance de mener une vie hors de la réserve et de sa précarité ambiante. La série prend d’ailleurs le temps de vous faire découvrir les principaux joueurs de l’équipe : leur vie, leurs failles, leurs aspirations et leur place dans cet ensemble. Si les jeunes mis en avant peinent à prendre de la place à l’écran, parfois par manque d’une identité forte, toujours est-il que l’histoire de chacun permet sans difficulté de créer une empathie les concernant. Les portraits sont bien organisés sur les 6 épisodes pour ne pas vous embourber dans une série de sujets, qui s’efforcent de rester en lien avec le principal attrait de ce documentaire : le basketball.
Car oui, il est bien au cœur de ce projet, et mieux, il est même l’essentiel de ce dernier. Les matchs s’enchaînent durant les épisodes, tandis que l’on voit en ligne de fond l’évolution de cette équipe, de sa mentalité, de son style de jeu. Si les premiers épisodes peuvent laisser entendre que cette troupe n’est pas si bien menée que cela, la suite s’avère par moment enthousiasmante. En outre, l’aspect documentaire fourni forcément un atout : l’absence de script. Cette équipe peut aussi bien réussir qu’échouer, et dans ce genre de productions, c’est un réel atout. Car si j’admets avoir été circonspect durant les premiers épisodes, je me suis rapidement pris au jeu. Suffisamment en tout cas pour me sentir impliqué dans les joutes lorsque le suspens commençait à se faire sentir.
De là à faire de Basketball or Nothing un indispensable ? Loin de là. La narration est très linéaire, les “personnages” manquent de charisme, certains de leurs enjeux pourraient être mieux mis en avant. La série n’évite pas certains passages un peu inutiles ou sans grand impact, et ce alors que le format est déjà assez court. La ferveur autour de l’équipe maintes fois évoquée n’est pas assez mise en avant, pourtant, tout dans la série laisse supposer qu’elle doit effectivement être réelle; tant le contraste entre le niveau de vie des habitants et les infrastructures des Chinle Wildcats est détonante. Bref, la série à des défauts, dont le principal : elle peine à imposer sa marque.
De quoi bouder cette première saison, du coup ? Pas vraiment. Netflix sait à quel moment sortir sa série : pile dans le néant basketballistique qui s’est installé. Une bonne raison d’avaler les 3 heures que nous offre sa création et de se rapprocher du High School Basketball qui semble parfois un peu nébuleux, de nos yeux d’européens.
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Basketball or Nothing offre donc un divertissement tout à fait honorable, qui tombe au meilleur moment. S’il ne laissera pas un souvenir impérissable, il possède divers atouts parmi lesquels son honnêteté et l’originalité de son environnement. Suffisant pour au moins se laisser tenter et peut-être, se prendre au jeu. Et puis, en tant que fan, n’avons-nous pas comme devoir de manifester de l’intérêt pour l’initiative de produire une série autour du basketball ?