« With the first pick of the 2019 NBA draft, the Pelicans select… ZION WILLIAMSON !!! » Ces quelques mots, associés au trade de la superstar Anthony Davis, ont changé le destin des Pelicans. Pourtant, ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg qu’est la restructuration de l’équipe menée par la propriétaire Gayle Benson. Des changements dans le staff, ainsi que dans l’effectif, devraient générer des évolutions dans le style de jeu des Pels. Cependant, il est essentiel de modérer les attentes que nous portons à cet effectif, qui reste jeune.
Queen B – Crazy in Love
Le 28 janvier 2019, alors que les espoirs de postseason des Pelicans s’envolent progressivement, le big man superstar Anthony Davis émet une demande de trade. Cette annonce marque un tournant pour la franchise, qui saisit cette opportunité pour effectuer une restructuration. Près d’un an après le décès de Tom Benson, l’ancien propriétaire, sa femme Gayle Benson (a.k.a. Queen B) a repris les commandes de l’organisation. C’est elle qui avait insisté pour que son défunt mari investisse dans l’équipe en 2012, et elle s’était particulièrement investie dans sa gestion. Elle souhaite désormais revenir sur les problèmes structurels auxquels la franchise fait face depuis plusieurs années.
À l’issue de la demande de trade d’AD, une série de mouvements a donc été effectuée au sein du staff. La gestion des Pelicans ayant longtemps été partagée avec des membres du staff des Saints, la mythique franchise de football de la Nouvelle-Orléans, les Pelicans n’avaient pas de président des opérations basket. Mickey Loomis, vice-président exécutif et general manager des Saints occupait ce poste ; il manquait de temps, d’investissement, et de connaissances pour administrer idéalement les Pels. David Griffin, désormais vice-président des opérations basket, a été choisi pour répondre à cet enjeu avec pour seule supérieure Gayle Benson, qui lui a donné toute sa confiance. Il s’était illustré en tant que general manager des Cavaliers, qu’il avait conduit au titre avec Lebron James en 2016. Il a déjà mené d’une main de maître l’échange d’Anthony Davis, ainsi que la poursuite de la restructuration du staff des Pelicans.
Après David Griffin, c’est l’ancien directeur de la préparation physique des Suns, Aaron Nelson, qui a rejoint NOLA afin de veiller sur la santé des joueurs. Il a contribué à faire de la franchise de l’Arizona une des équipes les moins touchées par les blessures. New Orleans, présentait année après année un bilan santé catastrophique, en étant régulièrement une des équipes subissant le plus de blessures, et une des équipes dont les blessures impactaient le plus le bilan (per ManGamesLost). L’apport d’Aaron Nelson sera capital au développement de l’équipe, notamment avec l’arrivée de l’énigme physique Zion Williamson.
Si les Pelicans étaient réputés pour leurs blessures, ils étaient en revanche moins connus pour leurs prouesses à la draft. Depuis la draft d’Anthony Davis en 2012, Dell Demps échangeait quasi systématiquement ses premiers tours de draft afin d’améliorer l’équipe à court terme. Entre 2012 et 2019, seul Buddy Hield a été drafté au premier tour par la franchise de Louisiane. Par ailleurs, aucun joueur du second tour ne s’était réellement illustré sous le maillot des Pels. Dell Demps a donc été remercié, au profit de Trajan Langdon, ancien membre des Brooklyn Nets. Ses talents de scouting ont été maintes fois loués, et il devrait permettre à NOLA de devenir une des très bonnes franchises à la draft dès les prochains exercices. Il s’est déjà illustré lors de la draft 2019, avec la sélection de Jaxson Hayes, Nickeil Alexander-Walker et Marcos « Didi » Louzada Silva, les deux derniers ayant particulièrement brillé lors de la summer league.
Juvenile on Fire – Juvenile
Tous ces mouvements du staff, ainsi que la lottery remportée par les Pelicans (saluée par un chaleureux « F*CK YEAH ! » d’Alvin Gentry), se sont concrétisés lors de la gestion du trade d’Anthony Davis. Si on se concentre uniquement sur les arrivées et les départs principaux, voici un premier bilan :
Arrivées | Départs |
● Zion Williamson
● Brandon Ingram ● Lonzo Ball ● Derrick Favors ● JJ Redick ● Josh Hart ● Nicolo Melli ● Nickeil Alexander-Walker (NAW) ● Jacxson Hayes |
● Julius Randle
● Elfrid Payton ● Christian Wood ● Ian Clark ● Stanley Johnson ● Cheick Diallo ● Dairis Bertans ● Solomon Hill |
Ce qui nous laisse l’effectif suivant (par ordre de minutes potentielles par match) :
- Jrue Holiday
- Lonzo Ball
- Brandon Ingram
- Zion Williamson
- Derrick Favors
- JJ Redick
- Josh Hart
- Kenrich Williams
- Jahlil Okafor
- Franck Jackson
- Nicolo Melli
- Nickeil Alexander-Walker (NAW)
- Darius Miller
- E’Twaun Moore
- Jaxson Hayes
Cet effectif pose un problème majeur : beaucoup de joueurs n’auront que peu de minutes à disputer, notamment parmi les jeunes. Darius Miller et E’Twaun Moore semblent plutôt être des contrats pour aller chercher un joueur lors d’un trade, et Jaxson Hayes, semble encore très vert. Tous les autres joueurs sont susceptibles d’avoir du temps de jeu. Les jeunes n’en auront peut-être pas assez pour progresser, et si l’équipe s’avère performante, certains disparaîtront peut-être totalement de la rotation. La gestion des minutes sera donc un enjeu majeur pour le coaching staff.
Fast Car – Tracy Chapman
L’équipe jouait déjà à un rythme très élevé l’an dernier, elle devrait encore accélérer son tempo cette saison, et Alvin Gentry est un coach idéal pour mettre en place ce style de jeu. Les deux précédentes saisons, les Pelicans remettaient le plus rapidement possible la balle en jeu, afin de se projeter vers l’avant, et créer ainsi des semi-transitions, situations dans lesquelles AD et Jrue Holiday excellaient. Cependant, les autres joueurs de l’effectif manquaient de qualités athlétiques pour être efficaces lors de ces situations. Si Rajon Rondo puis Elfrid Payton pouvaient initier rapidement des décalages, E’Twaun Moore, Darius Miller ou encore Nikola Mirotic peinaient à concrétiser les semi-transitions. De plus, peu de réelles transitions, et donc d’opportunités de points faciles, étaient créées (23ème équipe l’an dernier aux pertes de balles provoquées, per NBA.com).
L’ajout de défenseurs intelligents tels que Lonzo Ball et Josh Hart, combiné à l’arrivée de freaks tels que Zion Williamson et Brandon Ingram, devrait permettre de générer et de concrétiser d’avantages de transitions. Le style de jeu de l’équipe pourrait ressembler à celui employé par les Lakers au début de la saison 2018/2019 : un nombre considérable de possessions par match, misant sur la capacité de l’effectif à créer davantage de transitions que l’équipe adverse.
Sur demi-terrain, le manque de spacing va peser lourdement sur les Pels. Le 5 titulaire probable (Ball, Holiday, Ingram, Williamson et Favors) ne comporte aucun shooteur, même moyen. Les situations de demi-terrain devraient donc aboutir principalement à des isolations de Jrue Holiday et Brandon Ingram (respectivement 0,81 et 1 points par possession), voire du jeu au poste, où Brandon Ingram, Derrick Favors ou Jahlil Okafor devraient être capables de faire des différences. Si ces joueurs ne sont pas mauvais dans ces domaines, le manque de spacing rendra la tâche d’autant plus ardue, et ce sont des actions qui restent peu rentables. Le coaching staff tentera donc de les éviter.
Les Golden State Warriors ont prouvé lors des dernières finales qu’un jeu basé sur du mouvement de balle pouvait se révéler très efficace, même avec seulement deux tireurs. Ceux-ci avaient à leur disposition de nombreux créateurs, ainsi que deux des meilleurs shooteurs de tous les temps. De plus, le mouvement si perfectionné des Warriors a nécessité plusieurs années de pratique par un même noyau pour aboutir. Si les Pelicans disposent de suffisamment de créateurs balle en main pour mettre en place un jeu basé sur le mouvement, le manque de shooteurs devrait être rédhibitoire pour mettre en place un tel style immédiatement. Les apports au shoot de JJ Redick, Josh Hart et éventuellement Kenrich Williams, Frank Jackson, Nicolo Melli et NAW risquent d’être insuffisants, d’autant plus l’équipe n’a aucun vécu collectif. Les bons tireurs de l’effectif ne devraient pas avoir beaucoup de minutes à jouer : c’est un problème structurel qui va nécessiter des progressions en interne des jeunes titulaires (Ball, Ingram et Williamson) pour être résolu, ces progressions étant difficilement envisageables à court terme.
Concernant la défense, les Pelicans tentent actuellement de s’offrir les services de Jeff Bzdelik, principal artisan de la formidable défense en switch des Houstons Rockets 2017-2019. Les profils des joueurs des Pelicans se prêteraient idéalement à une défense en switch : plusieurs profils physiques polyvalents et du QI Basket défensif permettraient à la défense d’exceller, particulièrement en playoffs. Bien qu’il ne soit pas le plus mobile des pivots, Derrick Favors a prouvé qu’il pouvait rester sur le terrain en postseason et subir des isolations des arrières adverses, tandis que Rudy Gobert était relégué sur le banc. Le pivot des Pelicans devrait être capable de ralentir, grâce à sa solidité et sa puissance, les pivots dominants de notre ère, tout en protégeant correctement l’arceau. Zion Williamson évoluera surement au poste de pivot par séquences, laissant entrevoir des 5 à la switchabilité quasi illimitée. Si l’embauche de Bzdelik se concrétise, il ne serait pas surprenant de voir l’équipe parmi les 10 meilleures défenses de la ligue dès l’an prochain. Néanmoins, la jeunesse de l’effectif pourrait lui coûter cher, et la qualité de la défense n’est pas garantie, malgré plusieurs joueurs élites (Holiday, Ball).
Where it at ? – Trombone Shorty
Il est essentiel de le rappeler, les Pelicans entament une reconstruction. Les multiples joueurs sous contrat rookie qui forment l’effectif vont permettre au management de choisir ceux qui incarneront le futur de la franchise. Le développement du potentiel talent générationnel qu’est Zion Williamson sera au cœur du projet ; il n’y a pas donc pas d’attentes de résultat immédiat. Grâce aux camions de picks de draft récupérés lors de l’échange avec les Lakers, les Pelicans n’ont pas besoin de tanker pour entourer Zion de jeunes talents. C’est pourquoi le staff a recruté des vétérans comme Derrick Favors et JJ Redick, qui ont été dans des équipes victorieuses, afin d’offrir aux jeunes pousses un cadre de développement idéal.
Ces ajouts, combinés à la densité de talent, devraient permettre aux Pelicans de viser les playoffs dès cette année. Dans le meilleur des cas, ils peuvent viser la 6ème place. La terrible conférence ouest étant d’une densité unique, elle semble ne comporter aucune mauvaise équipe à l’exception des Suns, et peut-être des Grizzlies (uniquement en raison de leur jeunesse, ces derniers devraient rapidement être performants). Le pire scénario se situe donc probablement autour de la 12ème place de la conférence ouest. Il est très probable de voir l’équipe terminer entre la 8ème et la 10ème position de sa conférence. La notion d’échec sera donc à prendre avec des pincettes, pour cette équipe dont le futur s’annonce radieux !
Article par Elorn_Pecorari