Acte I – Los Angeles : Origins
Au départ, ils étaient Braves
Pour commencer le périple, commençons par nous attarder sur l’histoire des Clippers. Pour ce faire, c’est du côté de l’Etat de New-York qu’il va falloir s’arrêter, plus près de Toronto que de la cité des Anges.
A la fin des années 1970, la NBA n’est pas la seule ligue professionnelle de basket, loin de là, et est en quête de nouvelles équipes afin de rendre son championnat plus attractif que l’American Basketball Association (ABA). Des expansions ont déjà eu lieu, et en 1969, la NBA décide d’ouvrir à nouveau ses portes. Deux équipes seront ajoutées la saison suivante. La course est lancée.
Plusieurs dossiers arrivent sur la table : Buffalo, Cleveland, Minneapolis, Kansas City, Memphis et Portland. Au final, la Grande Ligue décidera de laisser 3 équipes passer le cap (avec un petit droit d’entrée à 3.5 millions de dollars, tout de même). Finalement, Buffalo, Cleveland et Portland feront leur entrée en NBA, décision actée le 6 février 1970.
Et il n’y a pas de temps à perdre : les trois équipes doivent être en ordre de marche dès la prochaine saison, avec donc un peu plus de 6 mois pour préparer leur avenir.
Très vite, Buffalo va trouver les deux principales têtes de la franchise : Eddie Donovan, ancien des Knicks, est engagé en tant que GM, tandis que Dolph Shayes aura l’honneur d’être le premier entraîneur de l’histoire de Buffalo.
Pour le stade, là aussi la chose est rapidement réglée : la franchise jouera au Buffalo Memorial Auditorium… qui est aussi le domicile des Sabres de Buffalo, l’équipe de hockey. Et oui, déjà la cohabitation est le lot quotidien des ancêtres des Clippers. En conséquence, le basket devra s’incliner certains soirs devant le hockey, et sera pour l’occasion délocalisé de l’autre côté de la frontière, à Toronto.
Pour le nom, place à la démocratie : plus de 14.000 participations pour trouver un nom à la franchise, un nom qui sorte du lot, qui claque, qui soit vendeur, accrocheur. Et finalement, les Frontiersmen l’emporte. Voilà, voilà… Les têtes pensantes vont assez vite comprendre que la démocratie a ses limites, et par un heureux hasard, c’est le nom Braves qui sera déclaré vainqueur. On part donc sur un concours biaisé, mais peu importe, les Buffalo Braves sont nés.
Autant vous dire qu’à cette époque-là, à l’aube de la saison 1970-71, la rivalité avec les Lakers n’est nullement au programme. D’ailleurs, ceux-ci ne résident pas non plus à Los Angeles.
Les Lakers de Minneapolis, c’est de suite plus logique
L’histoire des Lakers, elle, remonte à la fin des années 40. En 1947, Ben Berger et Morris Chalfen of Minnesota rachètent les Detroit Gems, une des équipes de la NBL (National Basketball League) pour 15.000$.
Très vite, l’équipe va changer de nom. Minnesota est une région où l’on compte d’innombrables lacs, d’où le surnom du pays aux 10.000 lacs, « Land of 10.000 Lakes » en version originale. Et oui, les Lakers sont nés ainsi.
Le premier coach sera le dénommé John Kundla, et très vite les Lakers vont tenir la première star de leur histoire, le joueur le plus dominant de la NBL : George Mikan. De la même manière, très vite, les Minneapolis Lakers vont goûter au succès : dès leur première saison en NBL, ils seront sacrés champions.
En 1948, il est déjà temps de changer d’air : bye-bye la NBL, bonjour la BAA (Basketball Association of America). Là encore, le succès mettra peu de temps à arriver, avec un nouveau titre en 1949… et en 1950. Mikan domine, archi-domine son sujet, et décroche trois titres de meilleur scoreur d’affilée. Allez, pour noircir le tableau, petite anecdote : lors de la saison 1950-51, les Lakers perdront un match contre les Pistons de Fort Wayne sur le score de… 19 à 18. Non, vous n’avez pas mal lu.
Petit coup de boost sur l’histoire des Lakers : n’oubliez pas que la franchise voit le jour 30 ans avec les Buffalo Braves, donc on va se dépêcher un peu.
Pour vous la faire courte, quand les Minneapolis Lakers commenceront à vaciller après la retraite de Mikan en 1954 et après avoir gagnés 5 titres, ceux-ci hériteront du first pick en 1958, où ils en profiteront pour sélectionner Elgin Baylor, et du 2nd pick en 1960, où Jerry West rejoindra le roster. Deux sélections que l’on peut aisément qualifier de bonnes pioches, je crois.
1960 allait être l’année du changement pour les Lakers. Non seulement la pépite Jerry West débarquait, mais le déménagement était aussi à l’ordre du jour. L’affluence était au rendez-vous durant les années Mikan, mais suite au départ de ce dernier, les rentrées d’argent se faisaient de plus en plus minces et de plus en plus rare. C’est alors que Bob Short, propriétaire de la franchise depuis 1958, prit la décision de préparer les cartons direction Los Angeles et le wild wild west. Les Lakers devenaient ainsi la première équipe de la côte Ouest de l’histoire NBA.
Boum, la NBA entrait à Los Angeles.
C’est à partir de la fin des années 50 et du début des années 60 que les Lakers vont commencer à véritablement poser leur empreinte sur l’histoire de la Grande Ligue.
La rivalité avec les Celtics aidant, la franchise californienne devient petit à petit un ogre, et s’affirme en l’une des franchises les plus prépondérantes de la cartographie basket de l’époque, le tout dix grosses années avant que les Clippers ne naissent, et bien avant que ceux-ci n’emménagent à Los Angeles.
Justement, venons-en à cet épisode.
Acte 2 : Los Angeles : Réunion
Le déménagement, une histoire de propriétaires
Nous sommes à la fin des années 70, et Buffalo est implanté dans le paysage NBA depuis maintenant quelques années, bien que les difficultés de l’équipe à percer au milieu de tout ce beau monde soient évidentes. En coulisses plusieurs problèmes existent, comme un écho à ceux déjà présents sur le parquet.
Un problème en particulier est ciblé : l’organisation des Braves a de plus en plus de mal à s’imposer sur son terrain, au sens propre du terme. Pour rappel, les Braves jouent leurs matchs à domicile au sein du Buffalo Memorial Auditorium. Seulement voilà : ils ne sont pas les seuls. Non seulement le hockey est présent dans l’enceinte, mais une autre équipe de basket fait de la concurrence aux Braves : les Griffs, l’équipe représentant le Canisius College.
Et le gros souci, c’est que les Griffs étaient là avant les Braves, et qu’ils ont la priorité les jours de matchs. Pour ne rien gâcher, les dirigeants des Griffs ne sont pas nés de la dernière pluie, et, craintifs de voir la franchise professionnelle leur faire de l’ombre, ils se protègent du potentiel succès populaire des Braves en se réservant les meilleures dates sur le calendrier.
En conséquence, Paul Snyder, propriétaire des Braves à l’époque, va essayer de vendre sa franchise dès 1976 à des affairistes souhaitant déménager celle-ci en Floride, mais il se heurtera au veto de la ville de Buffalo. Finalement, Snyder vendra la franchise des Buffalo Braves à John Brown, ancien propriétaire des Kentucky Colonels pour plus de 6 millions de dollars.
Cette précisément cette vente qui va précipiter la chute des Braves.
Incompétent au possible, Brown va détruire petit à petit le roster de la franchise pour assurer ses arrières financièrement. Ne voulant pas s’arrêter aux Braves, il souhaite également prendre le contrôle des Celtics. Or, il s’avère que parallèlement, le propriétaire des Celtics, Irv Levin, souhaite déménager sa franchise sur la côte californienne… Vous voyez le truc venir, hein ?
Sauf que devant le succès historique des Celtics et la popularité qu’elle peut en tirer, la ligue va s’opposer farouchement à ce désir de déménagement de Levin.
Pour éviter un tel séisme dans le paysage NBA tout en contentant tout le monde, le jeune avocat David Stern va sortir de son terrier pour proposer un deal un peu particulier : Levin et Brown, les deux propriétaires, n’auraient qu’à s’échanger leurs franchises respectives, et ainsi, Levin pourrait faire déménager les Braves en Californie pendant que Brown pourrait atterrir où il le souhaite, à Boston.
Les propriétaires voteront en faveur de ce deal et les Braves seront alors dans les mains d’Irv Levin. Le déménagement sera une formalité après ça, et à l’aube de la saison 1978-79, les ex-Braves posent leurs valises en Californie, à San Diego.
Exit le nom Braves, plus du tout représentatif de la ville où séviront désormais les joueurs. Un concours est organisé et ce sont les Clippers qui triomphent, du nom de ces bateaux qui mouillent dans la baie de San Diego. Pour le stade, l’affaire est aussi vite réglée, ce sera le San Diego Sports Arena.
Les débuts de la franchise au soleil de la côté Ouest ne seront ni bons, ni mauvais, du moins jusqu’à la saison 1981-82. Cette saison les Clippers atteindront un pic de médiocrité, avec seulement 17 victoires. Il faudra attendre longtemps, très longtemps, trop longtemps, avant que le succès frappe à la porte. Les joueurs se succèdent, avec certains noms ronflants comme Bill Walton, mais rien n’y fait.
Le public se désintéresse totalement de l’équipe, qui retombe à nouveau aux oubliettes, et qui renoue avec ses démons du passé, ceux de la concurrence. Cette fois, c’est l’équipe locale de football américain qui commence à faire de l’ombre aux Clippers, les Chargers.
A l’issue de la saison 1981-82, Irv Levin était d’ores-et-déjà saturé de la situation, et avait consenti à vendre son équipe à un certain Donald Sterling pour 12.5 millions de dollars – quand même. Et là, on a affaire à un sacré personnage.
Ce cher Donald arrive avec une idée en tête, une idée toute simple, toute bête, qui ne mange pas de pain : déménager à Los Angeles. Et a priori, le nouveau propriétaire des Clippers n’a pas l’air d’être au courant que la NBA, c’est pas comme sur les Sims, on fait pas ce qu’on veut, il y a des règles, un protocole, des accords nécessaires.
Sauf que Sterling s’en fout pas mal. Les règles, ça l’a toujours un peu emmerdé à vrai dire. Et le bonhomme ne se dégonfle pas : en 1984, il décide de passer en force et d’amener tout ce beau monde à L.A pour s’y implanter. Les matchs se joueront à la Los Angeles Memorial Sports Arena, et puis c’est tout.
C’est peu dire que la NBA ne va pas vraiment apprécier la chose, et en guise de cadeau pour la crémaillère, les Clippers vont recevoir une petite amende de 250 millions de dollars. Deux cents cinquante millions de dollars, un quart de milliards de dollars. Normalement, une somme comme ça, ça a de quoi vous scier les pattes direct et ça vous afflige un petit K.O d’une bonne quinzaine d’années.
Le problème… C’est qu’au jeu du plus têtu, Donald Sterling est champion d’Etat depuis 1963 et il n’est pas décidé à laisser sa place. Vous feriez quoi vous, si une amende de 250 millions de dollars atterrissait sur votre bureau ? Avertir la presse, crier au scandale, appelez aux dons ? Donald lui va intenter un procès à la NBA, et va lui réclamer 100 millions de dollars d’indemnités. Et le pire, c’est qu’il va s’en sortir. La pression aidant, la Ligue va tout faire pour étouffer le scandale et se sortir de ce pétrin : elle accepte de réduire l’amende à 6 millions et Sterling abandonne les poursuites. De 250 millions à 6 millions. Les soldes, c’était mieux avant.
Ce fût fait dans l’agitation, mais ça y est : en 1984, il y a bel et bien deux franchises NBA en Los Angeles. Mais clairement, les deux ne jouent pas dans la même cour, et pour cause…
Pendant ce temps-là, les Lakers deviennent légendes
Pendant que les Braves s’enfonçaient dans la médiocrité, devenaient les Clippers de San Diego et avaient des envies d’ailleurs pour finalement atterrir à Los Angeles, les Lakers eux s’affirmaient comme l’une des franchises incontournables et prépondérantes de la Ligue, un étendard, ni plus ni moins. Mais malgré leur statut de mastodonte, la victoire n’allait pas être au rendez-vous immédiatement.
Dès le début des années 60, avec les arrivées de Baylor et West, les Lakers vont atterrir en Finales, durant lesquelles ils s’inclineront de 3 petits points, en prolongations, face aux Celtics.
C’est là que commencera une rivalité qui allait marquer l’Histoire de notre sport, car Lakers et Celtics n’allaient plus se lâcher d’une semelle, et le rendez-vous en Finales deviendra quasi-annuel.
L’année suivante, pour la saison 1962-63, les Lakers s’inclineront à nouveau contre les C’s en six manches cette fois, puis deux ans plus tard, puis trois ans plus tard, cinq ans plus tard… Oui, car si la rivalité est belle et bien née entre Los Angeles et Boston, celle-ci se solde par une domination sans partage des verts et blancs.
Mais les Lakers sont et restent la référence à l’Ouest, et plus encore en 1968, lorsque va débarquer de Philadelphie un certain Wilt Chamberlain, venu former un trio de la mort avec Jerry West et Elgin Baylor. Malgré tout, son arrivée ne permettra pas aux Lakers d’inverser la tendance, eux qui s’inclineront à nouveau en 7 matchs contre les Celtics en Finales 1969. Lot de consolation ? Jerry West est nommé MVP des Finales et demeure encore aujourd’hui le seul perdant à avoir obtenu cette distinction.
Et la malchance continue de poursuivre les Angelinos, qui s’inclineront encore par deux fois en Finales, contre les Knicks et les Bucks en 70 et 71, preuve s’il en est que même si les Lakers étaient constants dans l’excellence et dans le haut niveau, avec des joueurs stars et reconnus comme tels, ils avaient une réputation de solides loosers collée aux baskets.
Ce n’est qu’en 1972, alors qu’Elgin Baylor vient de prendre sa retraite, que les Lakers vont avoir le privilège de mettre fin à cette poisse monumentale, face aux Knicks. Cette saison-là, ils remporteront 33 matchs de suite, un record qui tient encore aujourd’hui.
C’est à ce moment-là que je me dois de vous rappeler qu’alors que les Lakers gagnent leur 6ème titre, 18 ans après le dernier, les Buffalo Braves, ancêtres des Los Angeles Clippers, ne sont en NBA que depuis 2 petites saisons. Vous saisissez le décalage ?
Surtout que les Lakers ne vont pas s’arrêter là.
Si les années 70 sont un peu plus tranquilles côté Finales et titres glânés, il y a tout de même un fait notable, et par n’importe lequel. Chamberlain et West partiront successivement à la retraite, mais les Lakers ne resteront pas longtemps sans star : Kareem Abdul-Jabbar débarque en 1975 des Bucks de Milwaukee, après deux titres NBA et trois titres de MVP de saison régulière, rien que ça.
Celui qui est à l’époque incontestablement le meilleur joueur de la Ligue n’est que la première pierre d’une construction monstrueuse qui planera sur les années 80 et qui sera à l’origine de la plus belle période de l’histoire des Lakers : le Showtime.
Acte 3 – Los Angeles : Domination
Et oui, c’est bien dans ce contexte-là que les Clippers vont essayer de se faire une place au soleil de L.A : en plein milieu du Showtime des Lakers.
S’il est vrai qu’au début des années 80, par leur histoire et leur ancienneté, les Lakers sont la franchise reine de l’Ouest – même s’ils n’ont rapporté qu’un seul titre –, en 1984 il n’y a plus aucun doute permis : Los Angeles est totalement acquis à la cause des Lakers, et ce jusque dans les moindres recoins.
Non seulement les pourpres et or vont vivre avec les années 80 le meilleur de leur histoire, mais en plus, côté Clippers, les planètes ne vont pas s’aligner, bien au contraire. Si les Lakers représentent ce qui se fait de mieux – avec les Celtics, évidemment –, les Clippers seront eux le symbole de la loose, de la malchance, la guigne, la poisse, la misère.
Clippers Triangle d’un côté…
Le signal d’alarme pour les Clippers sera donné lors de leur troisième saison, en 1987-88, où ils ne parviendront à gagner qu’à 12 reprises pour 70 défaites. A parti de ce moment-là, ce sera la débandade. Pour ne rien enlever à cette tragédie, tout sauf comique, les Clippers vont être victimes de malchance, et connaître le cycle infernal des blessures.
Celles-ci se succèdent et touchent à chaque fois des joueurs majeurs du roster comme Marques Johnson, Norm Nixon, Derek Smith, Danny Manning, …. Et on ne parle pas ici de blessures type entorse du pouce, ou de la cheville, non : on tape dans de la convalescence longue durée, chaque fois avec plusieurs mois d’arrêts. Les blessures vont devenir une telle habitude que certains médias n’hésiteront pas à parler de « Clippers Triangle », une sorte de malédiction planant sur les Clippers, et qui fera dire à Derek Smith, une fois exilé à Philly :
« Chaque fois que les Clippers avaient quelqu’un qui tournait à 20pts de moyenne, tu savais qu’il allait se blesser. S’ils me faisaient revenir et que j’étais à 19pts de moyenne, j’arrêterais de shooter »
Pour les saisons 1988-89 et 1989-90, le total de victoires sera porté respectivement à 17 et 21.
L’arrivée à Los Angeles était censée redynamiser la franchise. La réalité est toute autre, et les Clippers subissent un échec cuisant, à tout point de vue. Difficile dans ces conditions d’emporter la foule avec vous, de vous faire un nom dans la nouvelle ville où vous êtes installés. Surtout que chez le voisin Lakers, tout le monde était à la fête.
Showtime de l’autre !
Avec l’arrivée au début des années 80 de Magic Johnson, les Lakers allaient vite passer un cap supplémentaire. Très vite même, puis que les locataires du Forum d’Inglewood seront sacrés champions lors de la saison 1879-80, avec un Magic MVP des Finales, en étant rookie et avec ce fameux match à 42 points, 15 rebonds et 7 passes, disputé en tant que pivot pour pallier à l’absence d’Abdul-Jabbar, pour clôturer la série. Légendaire.
Magic incarne Los Angeles, il est la ville personnifiée. Dans son sillage, et en comparaison avec un Kareem Abdul-Jabbar aux allures plus austères et de nature plus réservée, toute la franchise repart de plus belle après le petit creux des années 70. Pat Riley débarque sur le banc après les heurts de Magic avec l’ancien coach Paul Westphal, et le néo-coach va sortir un chef-d’œuvre de son cerveau : le Showtime. Une idée toute simple : jouer vite, à fond, avec un Magic en chef d’orchestre d’une attaque de feu, éclair, géniale à voir évoluer, et terriblement efficace et redoutable.
Les Lakers électrisent les foules, remplissent les stades et font salle comble au Forum. Magic est porté en héros des temps modernes, et l’aventure ne fait que commencer…
L’année de l’emménagement des Clippers à Los Angeles, les Lakers disputent une nouvelle fois les Finales NBA, cette fois-ci contre les Celtics – une première depuis 1969. Entre temps, Magic et les siens ont remporté un nouveau trophée, en 1982.
Pour ces Finales NBA 1984, la NBA s’apprête à revivre un duel au sommet entre les deux plus grosses franchises de sa jeune Histoire, et qui plus est à travers le prisme ultime : celui de la rivalité Magic Johnson-Larry Bird.
Comme beaucoup le savent déjà, si la NBA en est où elle est aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à cette rivalité entre les deux joueurs, orchestrée de main de maître par David Stern, qui a su en tirer profit avec intelligence pour sauver l’économie d’une ligue qui était alors aux abois.
Cette première finale en 15 ans entre les deux mastodontes de la ligue n’allait être qu’une mise en bouche de la suite des années 80. Les Celtics allaient remporter la première bataille, avant que les Lakers ne se vengent lors des Finales 1985, en remportant le titre en territoire ennemi au Boston Garden. Pour le troisième acte, en 1987, les Lakers prirent également le dessus.
Avec Michael Cooper, James Worhty, Magic Johnson et Kareem Abdul-Jabbar, Pat Riley sur le banc, les pourpre et or dominaient de la tête et des épaules la conférence Ouest. C’était la période d’or à Los Angeles et au Forum d’Inglewood, les stars se succédaient les unes aux autres aux abords du terrain les soirs de match, et Hollywood et Lakers ne faisaient quasiment qu’un. Vous pourrez lire des tas et des tas d’anecdotes et histoires folles sur l’une des plus belles pages de l’histoire de ce sport qu’est le Showtime, et vous me pardonnerez d’abréger ici cette formidable épopée : il nous reste encore du chemin à faire.
Evidemment, avec une telle domination et une telle starification de toute l’équipe, il ne reste même pas une toute petite portion de lumière pour les Clippers, dont la présence à Los Angeles semble même dérangeante, voire nuisible.
Employer le terme de rivalité à cette époque-là pour qualifier Lakers et Clippers aurait sans doute choqué les consciences, tant le fossé entre les deux équipes était immense. Il n’y avait rien d’une cohabitation, c’était un véritable massacre, une domination sans partage, sans égal.
Acte 4 – Los Angeles : Colocation
Les années 90 des Clippers et des Lakers ne sont clairement pas dans les annales de notre sport. Mais il faut tout de même souligner un fait qui a son importance dans l’histoire des premiers cités.
Avec l’arrivée sur le banc de Larry Brown lors de la saison 1991-92, les Clippers terminent ladite saison avec un bilan de 45 victoires pour 37 défaites. Ce sera la première fois depuis l’installation à Los Angeles que les Clippers terminent devant leur voisin au classement final, Surtout, après 16 ans d’absence, la franchise retrouve les playoffs – où elle sera éliminée au 1er tour par le Jazz, 3-2. La saison suivante, rebelote : qualification en playoffs avec un bilan de 41 victoires pour 41 défaites, et une nouvelle fois un meilleur classement que les Lakers.
La roue serait-elle en train de tourner ? Non, clairement non. Je préfère vous le dire directement.
Très vite, les Clippers vont retrouver les bas-fonds de la ligue. Larry Brown parti, Bob Weiss prend le relais : 27 victoires en 1993-94, puis 17 la saison suivante. La fin des années 90 sera du même acabit, et jamais les Clippers ne parviendront à redécoller au-dessus des 40 victoires.
Les Lakers, avec l’annonce surprise de la retraite anticipée de Magic Johnson en début de saison 1991-92, rentreront dans le rang. Ni bonne, ni mauvaise, la franchise se contentera d’exister à défaut de briller comme à l’époque du Showtime. Mais seulement pour un temps… Nous y reviendrons.
Vous l’aurez compris, la domination des Lakers s’est un peu estompée au début des années 90, laissant un peu respirer les Clippers, malgré un ciel toujours aussi noir. En dehors des parquets, les choses vont toutefois un peu s’agiter.
En effet, Anaheim, très jolie petite bourgade de la banlieue de Los Angeles, fait les yeux doux à Donald Sterling et à ses Clippers.
L’équipe de NFL locale des Los Angeles Rams va s’en aller en 1995 direction Saint Louis, laissant Anaheim orpheline de toute franchise sportive. Voyant que les Clippers ont toutes les peines du monde à cohabiter avec leur imposant voisin de Los Angeles en termes de fréquentation, de victoires et de popularité, Anaheim se pose comme une alternative et une opportunité très intéressante.
C’est ainsi que de 1994 à 1999, les Clippers vont aller jouer quelques-uns de leurs matchs de saison régulière à l’Arrowhead Pond d’Anaheim – aujourd’hui le Honda Center. Et l’opération va être un franc succès : l’affluence pour venir soutenir les Clippers sera bien plus haute à Anaheim que pour les matchs disputés par la franchise à la Los Angeles Sports Arena. Les joueurs ainsi qu’une partie des fans – oui, il y en a – de la franchise commencent même à penser sérieusement qu’il faut saisir l’opportunité qui apparait et envisager un nouveau déménagement.
Dans les bureaux également, Sterling se montre intéressé. Mais le projet ne verra jamais le jour, la faute à un autre projet : le Staples Center.
Votre voisin est encombrant, bruyant, fait des meilleures soirées que vous et à l’air de gagner vachement mieux sa vie ? Faites comme les Clippers : aménagez avec lui ! En 1999, le Staples Center, fruit de tous les fantasmes et de nombreuses négociations, sort des rues de Los Angeles et s’impose comme la nouvelle salle de référence dans la cité des Anges. Clippers, Lakers et Kings (l’équipe de hockey de L.A) se rejoignent pour y occuper les locaux à tour de rôle. Mais ne comptez pas sur une répartition égalitaire et une atmosphère propice à une entente cordiale…
En tant que franchise de la loose, les Clippers se font bien évidemment avoir. Dans les termes du bail, on fait comprendre au colocataire Clippers qu’il ne pourra faire des soirées que quand son copain Lakers et son ami Kings n’auront rien de prévu. En bref : priorité aux autres, on verra après pour le dernier de la classe. La hiérarchie était claire, et il était impossible pour les Clippers de remettre en question l’ordre établi. Il faudra attendre des années pour que la situation se rétablisse enfin et qu’on montre une once de respect aux troupes de Donald Sterling.
Acte 5 – Los Angeles : Domination, le retour
La bascule entre les années 1990 et les années 2000 sera une nouvelle fois l’occasion pour les Lakers de reprendre le contrôle de la ville entière. A vrai dire, le statut quo qui était en place à Los Angeles n’aura duré que de 1991 à 1996, car à l’été 1996, les Lakers vont à nouveau mettre la main sur une pépite, un talent générationnel, dans la droite lignée des illustres pivots qui ont jonché le passé des purple and gold : Shaquille O’Neal.
Un peu avant la signature du pivot en provenance d’Orlando. Peu de temps avant, la franchise mettra la main sur le jeune Kobe Bryant lors de la draft 1996, par l’intermédiaire des Hornets. Jerry West, déjà une légende de la maison sur les parquets à son époque, s’est reconverti dans les bureaux de la franchise et est aux manettes de ce nouveau plan, qui enverra bientôt, à nouveau, la maison Lakers en orbite.
Côté Clippers, c’est l’heure du grand nettoyage, opération lifting, en assumant les erreurs du passé. Par erreur, comprenez notamment qu’il faut, entre autres, assumer le choix de Michael Olowokandi en 1st pick de draft 1998.
A force de trade, de draft et de petits coups malins, l’équipe va peu à peu prendre un visage un peu plus séduisant dans le début des années 2000 : Lamar Odom, Corey Maggette, Elton Brand, Darius Miles, Quentin Richardson… Tout ce petit monde permet aux Clippers de développer un jeu plus offensif, plus spectaculaire, plus fun. Mais vous commencez à connaitre la chanson avec nos amis : le moins signe d’amélioration est inquiétant. Cette fois-ci n’échappe pas non plus à la règle : entre les départs des joueurs cadres, les recrutements hasardeux, et le retour des blessures, les Clippers rechutent.
Et évidemment, comme un cycle éternel et vicieux, chaque fois que les Clippers touchent le fond, les Lakers eux s’en donnent à cœur joie. 2000, 2001, 2002 : trois titres en trois ans pour l’équipe d’un Shaquille O’Neal 3 fois MVP des Finales, de Kobe Bryant et de Phil Jackson. Un three-peat exceptionnel, qui fait encore plus entrer les Lakers dans l’histoire, et qui assoit encore plus l’ultra-domination de la franchise sur la ville de Los Angeles.
Marre de voir les Clippers en victime ? Allez, petit saut dans le temps pour égayer un peu le paysage.
2006, une année mémorable pour les Clippers. Non seulement les Lakers ont subi une mutinerie qui ne voit subsister que Kobe Bryant, mais plus encore, les Clippers, coachés par Mike Dunleavy, terminent la saison avec 47 victoires ! 1ère saison à 40 victoires depuis 1993, et première apparition en playoffs depuis 1997. Mais attendez, c’est pas fini : le format des playoffs de l’époque permet aux Clipps, 6ème de conférence, d’avoir l’avantage du terrain contre les Nuggets. Et là, tenez-vous bien : les Clippers vont remporter leur première série de playoffs depuis la saison 1975-76 à Buffalo, mettant un terme à quasiment 30 ans de disette.
Les fans des Lakers rigoleront devant cette année « mémorable », mais chacun son histoire après tout ! Et puis que ceux-ci se rassurent : aux Clippers, rien ne dure, et très vite, l’équipe reprendra sa routine de mauvais résultats, blessures et projet inexistant. Et vous me voyez venir.
Et bah oui, évidemment : pendant que les Clipps se retrouvent à nouveau sous la couette à pleurer leur désespoir, les Lakers eux, reprennent des couleurs. Et cette fois-ci, on va réellement gagner du temps, puisque l’ami Louis s’est chargé de vous raconter cette remontée à la surface en détails dans trois articles à lire absolument (1, 2 & 3).
Acte 6 – Los Angeles : Clippers Nation
Et David Stern créa Lob City
Draft 2009 : pendant que les Lakers sont en train de fêter dignement leur titre et s’apprête à réaliser le back-to-back un an plus tard, les Clippers viennent de mettre la main sur ce qui est alors un phénomène, à savoir le jeune rookie Blake Griffin. C’est peu dire que le minot va de suite goûter à la malchance made in Clippers : lors du dernier match de présaison, l’ailier-fort se blesse, et sera déclaré out pour le reste de la saison.
Mais le plus important est ailleurs. Blake Griffin est un phénomène physique, un marsupilami qui monte sur quiconque tente de se mettre en lui et le cercle. Le potentiel athlétique du garçon a de quoi faire vibrer les fans, qui se montrent de plus en plus nombreux aux matchs des Clippers. Tout le monde veut voir cette nouvelle pile électrique en action, et les médias également. La hype va d’autant plus s’amplifier quand Blake Griffin sera sélectionné grâce au vote des coachs pour disputer son 1er All Star Game – une première pour un rookie depuis un certain Tim Duncan. Et histoire de ne pas faire le voyage à vide, celui qui s’amuse depuis quelques mois à briser les arceaux avec une force dingue est convié au concours de dunks, qu’il remportera. Blake Griffin est un rookie qui compte dans la Ligue, qui fait vendre, qui fait parler, de lui mais aussi des Clippers. Si les résultats ne sont toujours pas reluisants, les Clippers semblent enfin exister aux yeux de la Ligue. Enfin.
Si l’arrivée de Blake Griffin était un évènement majeur, un autre allait lui succéder lors de la saison suivante en 2011-12. La NBA est alors plongée dans un long coma à cause d’un un lock-out consécutif à des désaccords entre propriétaires et joueurs. Les négociations durent, mais aucune solution ne semble se dégager, jusqu’à la fin d’année civile. Courant décembre, on annonce qu’un accord est proche, et que la NBA reprendra ses droits sous peu de temps. Les équipes peuvent enfin commencer à réfléchir à la saison écourtée qui arrive.
Du côté de la Nouvelle-Orléans, chez ceux qui sont encore les Hornets, le meneur Chris Paul fait un peu la tronche et a de fortes envies d’ailleurs. Et qui se positionne pour accueillir CP3 ? Les Lakers. Et oui, Kobe aimerait bien avoir un peu d’aide pour continuer sur la lancée des deux titres décrochés en 2009 et 2010 et faire perdurer le beau cycle que sont en train de vivre les Angelinos. D’autant que les deux joueurs sont très proches, ce qui facilite évidemment le dialogue en coulisse. Et puis un beau jour, tout est réglé, tout a été discuté, et l’annonce du trade ne devrait plus tarder.
Oui mais voilà, à cette époque, les Hornets sont détenus en partie par la NBA, et donc par ce coquin de David Stern. Ce qui veut dire que la Ligue a son mot à dire concernant l’organisation d’une franchise : ça peut sembler improbable, mais c’est bel et bien réel. Ni une, ni deux : David Stern oppose son veto au trade de Paul aux Lakers, et décide d’envoyer CP3 à Los Angeles, oui, mais aux Clippers. Karma.
Si les fans des Lakers crient évidemment au scandale et à l’injustice, les fans des Clippers voient quant à eux débarquer dans leur roster l’un de meilleurs meneurs de la Ligue. Avec Blake Griffin et DeAndre Jordan, drafté en 2008, Chris Paul semble être la pièce qu’il manquait à l’effectif pour trouver un peu plus de cadre, de structure, d’équilibre. Pour la première fois depuis des décennies, les Clippers ne vont pas chercher à survivre dans la Ligue : ils vont exister.
La première saison du duo tonitruant des Clipps se soldera par une victoire au premier tour en 7 matchs contre les Grizzlies, avant la défaite sèche et nette contre les Spurs au second tour. A l’été 2012, il est temps de venir garnir le roster (Lamar Odom, Jamal Crawford, Matt Barnes, …). La saison 2012-13 commencera sur les chapeaux de roue, avec une série de 17 victoires de suite. A la fin de la saison, et pour la première fois dans l’histoire de la franchise, les 50 victoires sont atteintes. Malheureusement, cette fois l’affrontement contre les Grizzlies tournera à l’avantage de la bande à Marc Gasol.
En 2013, Doc Rivers déboule sur le banc des Clippers. Malgré les renforts et encore une fois une très bonne saison régulière ponctuée avec 57 victoires, le parcours de playoffs sera abrégé au second tour après une défaite en 6 matchs contre le Thunder. Mais lors de cette saison 2013-14, ce sont des histoires en coulisses qui vont agiter la sphère Clippers. Il faut croire que tout allait trop bien…
Au cours du mois d’avril 2014, Donal Sterling, le propriétaire sulfureux, va être au cœur d’un scandale sur fond de racisme. Suite à une enquête menée en interne, la NBA décide de sanctionner Sterling, et décide de taper fort et juste : une suspension à vie, et une amende de 2.5 millions de dollars. Les mots du nouveau commissionnaire Adam Silver ne laisseront aucune place au doute quant à la portée de la décision prise : « M. Sterling est donc interdit à vie de toute association avec la NBA ou les Clippers, et de toute activité au sein de la Ligue. ».
Ne pouvant forcer Sterling à vendre, Silver demandera au board de la franchise de réagir. La vente des Clippers, négociée par la femme de Donal Sterling sera le feuilleton de l’année du côté de LA. Un temps bloquée par l’ex-propriétaire lui-même, la vente sera finalement établie au profit de Steve Balmer, pour près de 2 milliards de dollars. Vous avez dit parachute doré ?
Pour revenir sur le sportif, les Clippers rentrent dans un schéma qui se répète d’années en années : plus d’une cinquantaine de victoires, un jeu qui séduit les fans et les spectateurs, une qualification en playoffs, mais toujours le grain de sable qui vient enrayer la machine lors de la postseason. Une blessure, un choke, une contre-performance. Comme si le plafond de verre avait été atteint. Toujours placée mais jamais gagnante.
L’époque de Lob City prendra fin à l’été 2017, quand Chris Paul décida de gagner le Texas pour former un nouveau duo de choc avec James Harden. La suite sera un long mais certain démembrement : il y aura la prolongation en or offerte à Blake Griffin, avant de voir ce dernier tradé 6 mois plus tard à Detroit, puis le départ de DeAndre Jordan, inéluctable lui aussi. Mais un peu de patience, on va y revenir…
12 avril 2013, le jour où les Lakers sont tombés
Dans le même temps, les Lakers s’effondreront petit à petit.
Suite à l’échec du trade de Chris Paul, et avec des cadres forcément vieillissants, l’équipe de Kobe Bryant va connaitre un violent coup d’arrêt, après 3 ans passés la tête dans les nuages. La saison écourtée 2011-12 les verra s’incliner sèchement en playoffs contre la jeune armée du Thunder, 4-1. A l’été 2012, les Lakers tenteront le coup de la folie des grandeurs, en faisant venir Dwight Howard et Steve Nash dans la cité des Anges.
Un recrutement XXL, qui a de quoi, sur le papier, faire remonter les Lakers à la hausse auprès des bookmakers. Mais il faut toujours se méfier des premières impressions. La réunion d’un Nash vieillissant, d’un Gasol sur la pente, d’un Kobe énervé, et d’un Howard perdu ne donnera pas les résultats escomptés. La mayonnaise ne prendra pas, jamais, et l’équipe se fera violemment sweeper au premier tour des playoffs par San Antonio.
Mais le véritable coup de boutoir arrivera ce soir du 12 avril 2013. Les Lakers terminent alors péniblement la saison 2012-13, et rament pour obtenir leur qualification en playoffs. Kobe s’emploie soir après soir à tenter de ramener les siens dans le droit chemin, mais à bientôt 35 ans et avec plus de 42 minutes de jeu par match sur la saison, son corps va dire stop.
C’est ce soir-là que son tendon d’Achille le mettra à terre, avec cette image que l’on garde tous en tête, de Kobe, à terre, se tenant l’arrière du pied.
A partir de là, les Lakers seront en chute libre. 27 victoires pour la saison 2013-14, puis 21 en 2014-15. Les purple and gold deviennent des habitués du fond de classement et de la loterie. Eux qui ont toujours procédé à coup de recrutement XXL pour établir leurs plans, se retrouvent condamnés à partir de zéro, ou presque.
Kobe retrouvera les parquets après une année blanche et le Mamba raccrochera définitivement les sneakers au dernier match de la saison 2015-16, après un tour d’honneur de 82 matchs. La performance qu’il livrera pour son dernier match est encore dans toutes les mémoires, et fut la seule éclaircie pour les fans au milieu d’une saison bien morose, avec seulement 17 petites victoires à se mettre sous la dent, une misère. Au bout de l’effort et sur les rotules, Kobe sortira de scène avec 60 points tout rond, et avec lui, une nouvelle page de l’histoire de Los Angeles s’en allait.
Entracte
Bon, il est venu le temps d’une légère petite pause, certes tardive, mais nécessaire. C’est durant cette pause que vont arriver deux personnages centraux de la future intrigue que nous réserve Los Angeles.
Notre premier personnage arrive discrètement durant cette entracte. Il ne veut pas se placer sur le devant de la scène, et préfère largement les coulisses et leur discrétion. C’est de là-bas qu’il est le meilleur, et le plus à même de profiter du spectacle. Mieux encore, c’est de là qu’il peut tirer les ficelles. Jerry West arrive dans le front-office des Clippers en tant que consultant à la fin de la saison 2016-17, après six glorieuses années aux Warriors, où il aura aidé à construire l’armada que tout le monde connait désormais comme l’une des meilleures équipes de l’Histoire. Dès l’arrivée du bonhomme en coulisses, les spectateurs ont senti un frisson les parcourir. Il allait forcément se passer quelque chose, forcément. On ne peut pas être Jerry West, icone de la Ligue, architecte de certaines des plus grandes équipes de l’histoire de ce sport, et rejoindre les Clippers juste pour changer d’air.
Et évidemment, ça n’a pas manqué avec l’envoi surprise de Blake Griffin aux Pistons, seulement 6 mois après l’arrivée du Logo dans les bureaux de la franchise et 6 mois après avoir offert à celui qui était alors le franchise player des Clippers un contrat en or massif. Le duo avec Lawrence Frank dans les bureaux de la franchise va secouer cette dernière comme rarement en peu de temps. Exit Griffin, exit Jordan, et voilà les Clippers qui se remodèlent autour d’une équipe sans joueurs XXL, sans toutefois manquer d’ambition. Même le départ de Tobias Harris après son énorme début de saison ne perturbera pas le cours de la saison des Clippers. Patrick Beverley, Lou Williams, Montrez Harrell et compagnie bomberont le torse, avec un objectif secret : séduire.
Le public d’abord, qui voit une équipe se battre à chaque match, surprendre malgré les départs et arrivés incessantes depuis 2 saisons, qui voit de jeunes joueurs s’intégrer parfaitement et jouer avec leurs tripes et leur hargne, et qui voit son équipe vaincre avec panache dans la jungle de la conférence Ouest, jusqu’à décrocher une qualification en playoffs inattendue en début de saison. Mais aussi et surtout, les free-agents potentiels de ce fameux été 2019. L’été dont on parle depuis maintenant plus mois, qui voit plusieurs stars libérés de leur contrat et libre de choisir leur future destination. Ces mêmes joueurs qui ont vu cette équipe des Clippers triompher dans l’adversité, et développer un jeu et des valeurs attrayantes. Jerry West avait un plan, et il le suivait à la lettre…
Notre deuxième personnage est lui arrivé par la grande porte. Les coulisses, très peu pour lui. Même s’il doit arriver en plein milieu d’une histoire, l’entrée se fera inévitablement par la porte principale. C’est une entrée qui se remarque, qui se voit. Ce qu’il préfère encore plus que les entrées magnifiques, c’est lorsque celles-ci sont inattendues. Au début de l’intersaison 2018, LeBron James fait son entrée dans la scène de la Cité des Anges, et s’engage pour 4 ans avec les purple and gold. Un coup de tonnerre, un séisme. LA avait un nouveau roi, LE roi.
Entravés dans la misère des draft et fonds de classement depuis quelques années, les Lakers avaient fait une belle impression lors de la saison 2017-18, avec un groupe pas forcément reluisant de talent mais un vivier de jeunes relativement intéressant. Oui mais voilà, quand LeBron James débarque, il n’y a plus de spectacle écrit d’avance : tout doit être réadapté. Mais une chose est sûre, Los Angeles ne risquait pas de s’endormir avec les arrivées de Javale McGee, Rajon Rondo ou encore Lance Stephenson.
Ah tiens, on me fait signe que le spectacle principale peut reprendre. Maintenant que nos deux nouveaux personnages sont bien installés, voyons voir ce qu’il en est actuellement. Les décors sont prêts, les acteurs également. Le noir est fait dans la salle, les premières lumières se rallument, et le rideau s’ouvre…
Acte 7 – Los Angeles : Invasion
On l’imagine assez volontiers. Une ruelle déserte, LeBron James et Anthony Davis sortant d’un saloon, revolver à leurs ceinturons et maîtres de la ville. Les deux compères ont les yeux durs, et règnent sur Hollywood dans une unanimité respectueuse. Leur image est devenue celle de toute la ville, et personne n’ose croiser leurs regards. Dans le coin domine une ambiance sortie d’un western. Le Bon, la Brute et le Truand vient à l’esprit en matant la scène. Une musique d’Ennio Morricone donne le ton.
Les deux hommes s’apprêtent à regagner leurs appartements lorsqu’au loin, deux silhouettes apparaissent. L’un porte des dreadlocks tressées, plaquées en arrière, l’autre une barbe fraîchement tracée. Ils n’ont eu nul murmure de leur venue, mais ils portent en eux une odeur particulière. Celle des inconnus, et on aime pas les inconnus par ici. Surtout, ils ont l’air dangereux, pas le genre de mec qu’on prend à la légère. James et Davis se croisent du regard, les choses pourraient bien changer à LA.
Alors que les deux silhouettes deviennent plus précises, ils les reconnaissent. Le premier porte le nom de Kawhi Leonard, le second de Paul George. Ils ne sont pas si anonymes finalement. Et ils n’ont pas l’air de deux types de passage. Ils sont portés par leur ambition, et ont l’intention ferme de rester, leur démarche ne fait aucun doute.
On y est, enfin : Los Angeles tient sa rivalité.
Cet été, la NBA fut frappée par la foudre à plusieurs reprises. Les Lakers ouvraient le bal en récupérant Anthony Davis, quelques mois à peine après l’échec cuisant de la trade deadline. Une défaite qui avait laissé des traces dans un effectif jeune et incapable de reprendre le fil de sa saison après les nombreuses rumeurs qui avaient entouré la jeunesse de l’effectif. Avant que les hostilités de la free agency ne démarrent, Rob Pelinka et ses troupes réglaient la mire en faisant l’acquisition du meilleur ailier-fort de la Ligue. Un prix extrêmement élevé pour un joueur au contrat expirant, mais qui permettait à la maison pourpre et or de construire un tandem de feu avec LeBron James, désireux de frapper un dernier grand coup pour ce qui devrait être le dernier volet de sa carrière.
Pourtant, les ambitions des Lakers ne s’arrêtaient pas là, puisqu’ils évacuaient leurs dernière ressources dans le but de faire la place pour l’acquisition d’une troisième star : Kawhi Leonard. Principaux concurrents ? Les Toronto Raptors et… leurs voisins, les Clippers.
Alors que les rumeurs vont bon train, que certains noms réputés des circuits souterrains de la NBA s’activent, plusieurs rumeurs finissent par sortir : les Clippers, autrefois favoris à l’acquisition de l’ailier fraichement élu MVP des finales avec Toronto, ne seraient plus en course. Kawhi hésiterait entre le grand nord canadien et la franchise aux 16 bannières. Une nouvelle défaite pourrait bien se profiler pour la troupe de Doc Rivers, pourtant si batailleuse depuis 2 ans… En outre, quoi qu’il arrive, nous savons désormais que les trois franchises impliquées feront deux grands perdants. Alors que tous les grands noms disponibles sont casés, Kawhi continue dans l’ombre d’exhorter les différents dirigeants au secret et à la patience.
Finalement, on pourrait finir par croire que The Klaw, grande attraction de cette free agency, s’est en fait jouer de son monde et préparait un coup de théâtre digne de cet été plein de surprises : l’annonce tombe au petit matin français, il a choisi les Clippers.
Mieux, il a décidé qu’il ne viendrait qu’en bonne compagnie et dans la foulée de cette annonce inattendue, une seconde encore plus improbable arrive : Paul George rejoint lui aussi Los Angeles. 3eme au vote du MVP cette saison, PG13 avait pourtant prolongé à OKC l’été dernier : pas de quoi résister à l’appel d’une collaboration avec le désormais tout-puissant Leonard, capable de faire chavirer la NBA et de former un favori pour le titre dès le printemps prochain.
Si cette nouvelle fait autant sensation, c’est qu’en presque 30 ans de cohabitation dans la Cité des Anges jamais les courbes des Lakers et des Clippers n’étaient allées dans le même sens. Tout du moins, jamais suffisamment pour que les deux équipes puissent s’infliger l’une et l’autre des déconvenues dans des batailles menées d’égal à égal. Dans ces conditions, que l’on a vu en long, en large et en travers précédemment, comment parler de réelle rivalité s’il n’y a jamais eu d’adversité entre les deux formations ?
Et voilà qu’alors que les deux franchises semblaient s’engouffrer dans une période intermédiaire où reconstruire rapidement restait un espoir diffus, il semblerait que le faste du marché de Los Angeles ait soudainement retrouvé de son éclat. En seulement 12 mois, les Lakers voyaient débarquer LeBron James et Anthony Davis. Les Clippers ont donc répliqué en rassemblant Kawhi Leonard et Paul George en l’espace de quelques minutes, et ce, dans un effectif déjà compétitif l’an passé.
Les braises de la compétition sont désormais nourries. Et pour cause, les deux effectifs ont pour la première fois de leur histoire, dans une fenêtre de temps identique, le titre en ligne de mire et rien d’autre !
En effet, d’un côté, le duo LeBron-Davis a tout d’une paire inarrêtable dès lors qu’ils seront placés dans une système exploitant leurs physiques hors normes. Imaginer le King et Unibrow réaliser des séquences sur Pick&Roll, est une perspective qui avait de quoi enflammer tout Los Angeles. Et pour cause, c’est une image absolument effrayante pour toute la concurrence. En outre, si James est toujours un attaquant extrêmement dominant, AD est à la fois capable de prendre le dessus sur les adversaires des deux côtés du terrain tout en n’ayant besoin de peu de ballon pour apporter son écot. Les pourpres et or possèdent désormais incontestablement deux des dix meilleurs joueurs NBA et si l’entourage laisse encore à désirer, difficile de parier contre deux joueurs de ce calibre.
En face, pourtant, les Clippers ont peut être réussi à faire encore plus fort que leurs futurs (enfin) rivaux. En effet, l’équipe avait déjà réussi à faire mieux que leurs voisins l’an passé sans la moindre star dans l’effectif. Si l’arrivée de Paul George a coûté les départs de Shai Gilgeous-Alexander et Danilo Gallinari (leader offensif du 5 de départ), le débarquement de George couplé à celui de Kawhi a de quoi faire trembler les nombreux fans des Lakers. En effet, associer ces deux défenseurs d’élite à Patrick Beverley donne des lignes extérieures qui apparaissent déjà comme des plus perméables. Entourés de rotations nombreuses et efficaces dans un effectif blindé, ce duo a de quoi nourrir de nombreuses ambitions.
Enfin, enfin, nous la tenons notre Battle of Los Angeles.
Acte final – Los Angeles : Projection
Dans ce contexte pré-apocalyptique, dans une ville qui s’apprête enfin à connaître sa guerre des boutons (à défaut d’une guerre des mondes), que faut-il attendre ? Est-ce que les Lakers peuvent vaciller ? Est-ce que l’heure des Clippers a enfin sonné sur le plan sportif et médiatique ?
Oui, car il faut être honnête, si douter d’un tandem LeBron James – Anthony Davis peut paraître indécent, c’est pourtant bien la paire formée par Jerry West qui possède le statut de favori. La troupe de Doc Rivers a joué un basketball qui dépasse la simple cohérence – non – elle a pratiqué un jeu enthousiasmant. Combativité, attaque de feu, camaraderie, cette équipe a su électriser la NBA. Avec l’addition de deux joueurs en parfaite cohérence avec le reste de l’effectif, tout porte à croire que ce sont bien les Clippers qui prendront l’ascendant sportif sur leurs voisins.
Dès ce moment, il s’agit d’imaginer à quoi ressemblera demain ? Si les Clippers sont effectivement supérieurs à leurs illustres voisins, alors on peut imaginer les familles commencer à connaître des scissions. Que se passera-t-il quand des générations de parents, adeptes des pourpres et or devront faire face à l’hostilité d’adolescents décidés à s’opposer ? Que se passera-t-il s’ils ont une bonne raison de se dresser face à leurs parents ? En effet, imaginer les LAC renverser le rapport de force avec la franchise-mère, a tout d’un scénario impossible, néanmoins, elle pourrait bien préparer demain et souffler sur les braises d’une jeunesse prête à faire ses choix. Et à tourner le dos à la franchise dominante.
Les Lakers resteront maîtres à Los Angeles, avec un base de fan difficilement chahutable, pour preuve, un stade systématiquement plein malgré des années de disettes et le prix des places qui flambent malgré l’absence de Playoffs (102$ le match en 2013, 140$ le match en 2019). Si l’équipe retrouve sa compétitivité cette année, alors elle pourrait battre des records en terme d’affluence, comme il se doit pour les patrons californiens. En revanche, on sait qu’une équipe montante engendre toujours un wagon de nouveaux fans et cette équipe des plus prometteuses ne devrait pas échapper à la règle. Aussi, si les forces en présence devraient rester largement en faveur de la franchise du King, les Clippers pourraient enfin construire la fan-base dont elle a tant manqué, y compris durant l’ère de Lob City. D’autant que, gagner une bataille se fait aussi parfois par les renforts extérieurs, et il paraît très cohérent d’envisager que si la ville restera acquise aux Lakers, les zones alentours, voire l’ensemble du pays, puisse afficher un soutien croissant à des Clippers, autrefois vilain petit canard lors des affrontements avec l’ogre d’Hollywood.
Tout cet engouement devrait jouer dans l’élargissement des frontières des Clippers et dans la valorisation de la franchise, ce qui sera la premier triomphe aux yeux des investisseurs – les victoires faisant toujours leur oeuvre dans le renforcement d’une structure (et l’explosion de sa côte). Néanmoins, il est temps de vous donner des idées plus claires du fossé qui sépare les deux franchises :
Côté Los Angeles Lakers :
- Valorisation de la franchise à 3,7 milliards de dollars (2eme)
- Bénéfice annuel de 147 millions de dollars (2eme)
- Chiffre d’affaires annuel de 395 millions de dollars (3eme)
Côté Los Angeles Clippers :
- Valorisation de la franchise à 2,2 milliards de dollars (9eme)
- Bénéfice annuel de 40M de dollars (23eme !)
- Chiffre d’affaires annuel de 258M de dollars (15eme)
Le gouffre que l’on retrouve avec son voisin est à l’image de l’écart de popularité entre les deux franchises, car il faut comprendre qu’aucune équipe au monde n’est plus facilement comparable aux Lakers, puisqu’ils bénéficient du même coeur de cible en ce qui concerne le marché.
De fait, même si la popularité des Lakers au sein même de Los Angeles a baissé (24% des interrogés déclarant les LAL comme leur franchise sportive préférée en 2019, contre 60% en 2013) – toujours est-il que l’affluence ne désemplit pas, la liste d’attente pour des abonnements s’agrandit alors que l’essentiel des fans possédant un abonnement (90%) l’ont reconduit pour la saison prochaine. Bien sûr, le succès de plusieurs franchises d’autres sports durant la gabegie sportive ont rôgné sur la toute-puissance des Lakers sur leur sol, mais quand il s’agit de NBA, les quelques fans arrachés par les Clippers pèsent en réalité peu lourd.
D’ailleurs, quoi de mieux que le remplissage pour en parler ? Là où les billets des Lakers sont à 140$ la place en moyenne, ceux des Clippers avoisinnent les 50$. Et pourtant, quand les pourpres et or se targuent d’un remplissage de 99,7%, leurs voisins ne peuvent se gargariser que d’un modeste 90,9%. Un camouflet d’autant plus cinglant que rappelons-le, la franchise a fait les Playoffs quand son homologue a vécu une seconde partie de saison morne et sans saveur.
Mais alors, comment les Clippers peuvent s’émanciper de l’ombre de leur voisin ?
Peut-être grâce au plan prévu pour Steve Balmer. Comme déjà évoqué dans cet article, les deux franchises partagent le Staple Center, antre bien plus rattachée à l’historique des Lakers que de celle de leurs jeunes voisins. Aussi, comme créer une fan-base identifiée dans un environnement acquis à la cause de l’ennemi ? Voilà peut-être de quoi expliquer le manque de soutien populaire et notamment, l’impression parfois plus que simple impression que l’équipe joue à l’extérieur, même sur ses terres.
Jusqu’ici, deux salles existent à Los Angeles.
- Le Staple Center qui s’occupe à l’heure actuelle des compétitions sportives
- Le Forum devenu le théâtre de l’ensemble des show non-sportifs souhaitant se produire dans la grande salle, et ancien lieu de gloire des Lakers.
Pourtant, Steve Balmer a d’autres idées en tête, et aimerait construire une 3eme arène à Los Angeles. Située à quelques kilomètres du Forum – comme un pied de nez à l’historique des Lakers – cette salle permettrait à ses ouailles d’évoluer dans une antre acquise à leur cause. Plus question de remplacer le revêtement d’un parquet à chaque jour de match, tout serait aux couleurs des Clippers. Si le projet n’est pas encore accepté et qu’il est au cœur d’une bataille juridique complexe, l’idée qu’il puisse être accepté donnerait un vent nouveau à cette guerre entre les deux franchises. Quand bien même la vox populi penche toujours vers les Lakers de manière inexorable, imaginer les hommes de Steve Balmer arracher leur indépendance pourrait offrir enfin un terrain d’égalité aux deux institutions.
Car ne nous y méprenons pas, malgré la potentielle domination sportive à venir des Clippers, quelconque affrontement entre les deux franchises verra la salle apporter son soutien en masse à la franchise-mère. Et si Playoffs il devait y avoir, que la série se jouait en 4 ou 7 matchs, ce sont bien les chants et les couleurs des pourpres & or qui domineraient de bout en bout. Est-ce que cela sera suffisant pour faire chuter le monstre qui vient de naître ? Peut-être pas. Toujours est-il que l’avantage pourrait s’avérer bienvenue dans une lutte qui s’annonce, d’ores-et-déjà, sans merci.
En dépit de toutes ces considérations, l’aube d’une véritable bataille est en train de se lever. Fans NBA, nous avons enfin un “derby” digne de ce nom qui pointe le bout de son nez à Los Angeles. Et en tant que fans, neutre ou engagés, nous ne pouvons que prier pour qu’il fournisse son lot de rebondissements, d’émotions, de sueurs et de larmes. Nous voulons du cinéma à Hollywood – et après tout – ce n’est pas trop demander !