Cette nuit, les Houston Rockets ont du s’incliner dans un match 5, que l’on sait ô combien décisif dans l’univers des Playoffs. En effet, 82,1% du temps, la franchise qui gagne le 5eme match remporte la série.
Cette donnée est d’autant plus cruelle pour Houston, puisque l’an dernier, ils avaient remporté ce match supposé les propulser vers les finales NBA, mais avaient aussi perdu un Chris Paul décisif en toute fin de rencontre. Un scénario qui aurait dû être d’autant plus favorable qu’ils possédaient l’avantage du terrain sur Golden State. Mais le destin en a voulu autrement, et on imagine que de nombreuses phrases au conditionnel ont trotté dans les têtes des texans depuis l’an passé, quand bien même Iguodala manquait de l’autre côté.
Pourtant, cette nuit, dans la défaite, les coéquipiers de James Harden et Chris Paul ont obtenu une chance unique d’effacer le passé. Dans le 3eme quart temps, alors que les Rockets faisaient leur retard sur les Warriors, Kevin Durant fut contraint de sortir pour une blessure qui devrait l’éloigner des terrains pour l’ensemble de la série, voire des Playoffs.
Comme un symbole, cette blessure est survenue dans le Game 5, ajoutant le double MVP des finales en titre à la liste des absents du côté de l’Oracle Arena : Damion Jones et DeMarcus Cousins étant déjà sur le flanc.
Maintenant ou jamais ?
Depuis cet été, les Rockets scandent leur désir de revanche, et alors que cette défaite les met dos au mur, il ne faut pas se leurrer, c’est une chance unique qu’ils obtiennent d’inverser le cours d’une série qui venait probablement de leur échapper.
D’autant que si Golden State a repris la tête de la conférence cette année, jamais cette équipe des Warriors n’a paru reposer autant sur ses têtes d’affiches. Or sur les 5 qui étaient attendues à l’orée de la saison, il ne reste plus que le trio historique Stephen Curry – Klay Thompson – Draymond Green qui soit encore valide. Derrière ? Si André Iguodala est toujours aussi important pour les Warriors, le reste du banc ne comporte que peu de valeurs sûres. Shaun Livingston est toujours là, Kevon Looney apporte de très bonnes minutes, mais pour le reste, peu de garanties seront offertes à Steve Kerr pour reposer ses cadres.
Or, un aspect crucial pour Houston dans cette série est clairement l’intensité physique que l’équipe peut mettre à contribution. Avec PJ Tucker, Clint Capela, Austin Rivers, Iman Shumpert, Mike D’antoni a à disposition plusieurs joueurs capables de réaliser de véritables missions défensives sur les Dubs. L’absence de Kevin Durant enlève la principale menace de l’équipe en isolation, mais également, tout simplement, un joueur en moins sur lequel se focaliser.
Ceci étant acté, Jeff Bzdelik, en charge de la défense des Rockets possède un peu moins de 48h pour trouver comment utiliser ces nouvelles libertés à son avantage. On a vu hier, durant le quart temps sans Kevin Durant, que les automatismes d’antan revenaient très vite au Big Three des Warriors et qu’il allait falloir s’adapter pour pouvoir, pour commencer, pousser cette série en 7 matchs et se donner une chance d’oublier la rancœur de l’an passé.
A priori, l’absence de Durant devrait pousser Golden State à tirer encore plus sur les cadres, mais aussi à s’appuyer sur de plus longues minutes sur Alfonzo McKinnie, Shaun Livingston, Kevon Looney voire Jordan Bell ou Jonas Jerebko. Des joueurs qui pour l’essentiel ne sont pas des shooteurs et sur lesquels il est facile de faire l’impasse en défense pour resserrer l’étau autour de Curry et Thompson.
Le meneur des Warriors ayant produit des Playoffs d’une grande inconsistance, on imagine que les Rockets seront tentés d’accroître la pression sur ce dernier, en espérant qu’il ne retrouve pas tout son basket aux pires moments pour eux.
Chris Paul attendu ?
L’an passé, si la perte de CP3 avait été longuement blâmée par les fans et les observateurs, c’est parce que le meneur avait été absolument dominant. Discret dans les premières parties de rencontres, laissant James Harden et Eric Gordon mettre la pression sur Golden State, c’est bien lui sortait de l’ombre pour mettre les coups de butoir. Résultat, sur la série, ce dernier approchait les 1,2pts par possession en isolation, un chiffre énorme dans le match-up et opposé à une des toutes meilleures défense NBA.
D’une part, parce que l’attaque des Rockets repose sur ces isolations de son duo Harden-Paul, ce qui signifie que ce chiffre était atteint sur un grand nombre de possessions. En outre, l’énergie que les cadres dépensent à attaquer en isolation permet aux joueurs autour de se concentrer sur les tâches de l’ombre, dont le rebond offensif et la défense en préservant de l’énergie.
Problème pour Houston, et élément crucial dans les difficultés des Rockets à faire la différence, Chris Paul est très loin de son niveau de la saison passée, il ne score que 0,77pts par possession en isolation sur cette campagne. Un aspect d’autant plus dommageable que James Harden évolue à un très bon niveau, qu’Eric Gordon a produit quelques sublimes performances et que la défense a été à peu près au niveau espéré sur l’ensemble des affrontements. Le meneur de poche est en effet réellement à la peine pour faire la différence, y compris et surtout sur les switchs ciblés par l’équipe.
Alors que les Rockets travaillent pour obtenir des match-ups favorables pour Chris Paul, ce dernier n’arrive pas à utiliser ses nombreuses actions face à Stephen Curry et autre Kevon Looney pour obtenir des points faciles. Une véritable galère pour l’attaque de Houston qui comme nous le disions, repose sur ces situations en isolation.
Exemple typique de Chris Paul, qui n’arrive pas à obtenir un tir facile en faisant la différence sur Curry :
Souvent en difficulté pour obtenir un espace, il obtient moins de tirs faciles (près du cercle) et doit opter plus souvent pour des tirs moins rentables (step back, par exemple). De cette baisse de régime du meneur résultent de nombreux points perdus pour les Rockets.
Après 5 rencontres lors des derniers Playoffs, Chris Paul pesait 19,8pts et 7,6 passes décisives par match. Cette saison, il affiche seulement 14,6 pts et 5,4 asts. Alors certes, il prend moins de tir, mais cette baisse d’utilisation provient visiblement plus de sa faculté à transformer ces ballons en quelque chose de positif qu’il ne résulte d’un choix tactique.
En conséquence, les performances du barbu sont plus importantes que jamais et il faudra donc profiter de la chute du nombre d’options côté Dubs pour faire la balance avec la perte d’efficacité de Paul. A moins que ce dernier ne se réveille.
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Oui, Houston a obtenu un coup du sort on ne peut plus clément. Toujours est-il que pour espérer gagner, il faudra confirmer leur bonne forme à domicile avant de se lancer dans un challenge énorme : faire tomber tomber les Warriors dans un Game 7 à l’Oracle Arena. Si les odes de succès se sont considérablement accrues, il faudra tout donner sans regarder en arrière. Et ne pas paniquer en se disant que jamais peut être ils ne seront aussi en forme et aussi proches de pouvoir franchir leur plus grand obstacle.