Lorsque les 76ers montaient un échange avec Minnesota pour acquérir Jimmy Butler, il va sans dire que l’engouement était énorme. En manque d’un créateur capable de scorer la saison passée en Playoffs, la franchise semblait trouver une solution de choix. Jimmy Buckets fait parti de ces rares joueurs capables de tout faire. Scorer, distribuer, défendre, faire la différence sur des petites actions. Aux côtés de Kawhi Leonard et Paul George, il est de ces extérieurs qui pèsent de partout, notamment en étant très souvent le meilleur défenseur de son équipe.
Pour marquer son arrivée, Butler soignait les apparences. Il se mettait rapidement le public dans la poche grâce à son agressivité en défense, mais surtout, en montrant le chemin de la victoire sur des actions marquantes. Ainsi, quelques jours après son arrivée, il offrait la rencontre à ses coéquipiers par un 3 points assassin contre des Hornets désabusé. Tout le monde était conquis face à ce coup d’éclat de l’ex-Bull.
Dans sa lancée, le joueur toujours aussi décisif dans les rencontres serrées décide de réitérer son exploit. Une semaine plut tard tout pile. Même situation, même moment, même endroit, même tir, équipe différente. Cette fois, ce sont les Brooklyn Nets qui font les frais de son arrivée. Si lors du premier shoot, on pouvait se dire que c’était une entrée en matière, le second donnait l’impression bizarre que ce serait cela, avoir Jimmy Butler dans son équipe, rendre de tels moments monnaie courante. Philadelphie pouvait se dire que désormais, il y avait un nouvel homme en ville qui pourrait faire la différence lorsque cela compterait.
Restait à trouver des automatismes, à travailler l’équilibre de ce nouveau roster, déterminer comment l’utiliser et comment organiser la circulation de balle avec le duo déjà en place : Ben Simmons – Joël Embiid. Cet équilibre n’était d’ailleurs pas que l’affaire de tactique et d’alchimie sportive. Après une expérience terminée en désastre médiatique, Butler savait que la pression n’était pas que liée aux résultats. Au sortir du tumulte provoqué avec Minnesota, et alors que l’histoire à Chicago ne s’était pas clôturée par des rapports cordiaux, elle était aussi une question de comportement.
En quelques mois, les questions s’étaient soulevées autour de l’arrière, et ses relations avec ses nouveaux coéquipiers et entraîneurs seraient scrutéee à la loupe. Il lui fallait donc également prouver qu’il pouvait appartenir à un groupe et entrer dans le moule.
Une saison en demi-teinte
Si son arrivée s’est faite en grand pompe, Jimmy Butler a pourtant rapidement soulevé des inquiétudes. Ne nous méprenons pas, il a réalisé une excellente saison. Mais pas une excellente saison au regard de ses standings. Dans un effectif décimé par un été en demi-teinte, l’échange pour l’acquérir, puis par celui pour s’acheter les services de Tobias Harris, l’étau s’est resserré autour des joueurs majeurs de l’effectif.
Dans ce contexte, beaucoup était attendu de Butler. Pourtant, combien de fois avons-nous vu dans la saison des interrogations sur le “fit” que représentait Jimmy Buckets avec l’effectif ? Combien de fois avons-nous lu qu’il n’était peut être pas la priorité de l’équipe pour la prochaine intersaison ?
Parce que les automatismes avec Simmons n’étaient pas toujours évidents, parce que son arrivée coïncidait avec un Joël Embiid moins alimenté et donc moins dominant, les questions fusaient. Des soucis d’ajustement se faisaient sentir, le joueur montait au créneau en plein match contre Brett Brown et les rumeurs les plus folles commençaient à courir. Pourtant, dans un calme plat, l’équipe a continué d’avancer et le joueur a fait fi de toutes les questions sur le sujet.
Alors oui, les chiffres étaient moins clinquants que par le passé (18,2pts à 49,4 d’eFG%, 4asts, contre un 22,2pts à 51,2 d’eFG% et 4,9asts à Minnesota), oui son nombre de ballons avait diminué, oui son arrivée n’avait pas changé la défense des Sixers. A tel point d’ailleurs, que certains fans pouvaient sentir un arrière goût amer, celui de se dire qu’ils n’avaient pas obtenus le joueur qu’ils pensaient avoir obtenu lors de son échange.
Mais devions-nous le juger sur sa saison régulière ?
Playoffs Time
En NBA, la culture de l’instant est devenu maître mot. L’impatience en fait parti. Mais n’avait-il pas été perdu de vu que le rôle de Jimmy Butler serait de faire franchir un cap à cette équipe en Playoffs ? Peut-être.
C’était pourtant très certainement ce que la franchise attendait de lui, et probablement aussi que le joueur savait qu’il devrait se ménager pour y frapper un grand coup. Souvenons-nous qu’il y a un an, alors qu’il dominait la saison avec les Wolves, Butler manquait une longue période à cause d’une blessure au genou. Revenu à quelques jours du début des Playoffs pour sauver une équipe à la dérive en son absence, il avait vécu les Playoffs diminué, assistant impuissant à une leçon des Rockets.
Or dans l’effectif court des Sixers, il savait qu’il faudrait arriver en forme en Playoffs pour guider sa jeune paire de stars (Simmons-Embiid). Et il va sans dire que ces dernières rencontres ont pu nous redonner la foi. En contrôle face à une vaillante équipe des Nets, Butler a profité de la supériorité de son équipe pour jouer calmement et se ménager. En témoignent des temps de jeu très réduits dans 3 des 5 rencontres.
Néanmoins, les Sixers sont désormais opposés, en qualité de challengers, aux Raptors d’un énorme Kawhi Leonard.
Battus dans les grandes largeurs par la franchise canadienne, c’est alors que Jimmy se décidait à sortir du bois :
- 30pts, 11rbds, 5asts dans une guerre de tranchée dans le Game 2, où le joueur faisait la différence par son seul talent
- 22pts, 9rbds, 9asts en chef d’orchestre dans une démonstration de son équipe pour le Game 3
- 29pts, 11 rbds, 4 asts en tant que seul leader à son niveau dans une défaite sur le fil pour le Game 4
La désillusion de la première rencontre pourrait bien avoir poussé l’arrière à prendre les choses en main. Alors que Simmons souffre particulièrement face à un roster bien armé pour le défendre, qu’Embiid apparaît gêné par ses genoux et que Tobias Harris n’arrive pas à trouver la mire, c’est bien des mains de Jimmy Butler dont semble dépendre l’avenir de l’équipe cette saison.
Un retournement de situation qui permet de rappeler tout le talent de ce joueur, mais aussi la difficulté dans laquelle se trouve le front-office de Philadelphie. Cet été, l’équipe devra faire des choix forts et ces Playoffs remémorent que l’arrière fait parti de ces joueurs sur lesquels vous pouvez vous reposer et attendre plus lorsque les défenses montent d’un cran. Alors que l’absence de shoot de Simmons se rappellent à nous comme une limite technique une fois en post-saison, conserver ce second créateur, représentant une menace partout sur le terrain pourrait bien devenir indispensable.
Surtout quand le dit joueur peut très bien défendre sur les meilleurs joueurs adverses.
Les Raptors viennent de reprendre l’avantage du terrain, la réussite de la saison pourrait plus que jamais se trouver dans les mains de Jimmy Butler et tout compte fait, il pourrait y avoir pire nouvelle pour les fans des Sixers.