Seulement deux séries de ce premier tour auront droit à un Game 6. Dans un premier tour qui n’aura donné que peu de suspens, c’est une équipe qui aura passé sa saison à défier les ôdes que vient le salut : les Los Angeles Clippers. Opposée aux champions NBA, en lice pour une 5ème finale en 5 ans, il va sans dire que la troupe de Doc Rivers aurait pu rêver d’un adversaire moins gargantuesque.
Pourtant, voici que les Clippers ne sont plus menés que d’une rencontre, alors qu’ils vont devoir enfin décrocher une première victoire sur le terrain. Mais comment expliquer que cette équipe soit en train de faire trembler les Warriors ?
Une alchimie phénoménale
C’est le genre de ressenti qu’on ne peut étayer. Il n’existe aucune statistique pour quantifier à quel point une équipe se bat et aime jouer ensemble. Pourtant, c’est bien ce qui saute aux yeux lorsque l’on suit ce groupe depuis le début de la saison. Ces Clippers prennent plaisir à évoluer ensemble, affichent une solidité et une solidarité qui avait tant manqué à la troupe de Doc Rivers dans la première moitié de la décennie.
A chaque rencontre, l’intensité déployée par l’ensemble des joueurs sur le terrain est communicative. S’il n’y a aucune superstar pour répondre au monstre à 4 têtes qu’affichaient les Dubs au début de la série, aucune rencontre n’a été donnée à la bande de Stephen Curry, qui connaît toutes les peines à se débarrasser de la pression des extérieurs de Los Angeles. Aussi, si par deux fois la victoire fut synonyme de surprise, quel plaisir de voir cette équipe s’imposer sur un terrain que beaucoup perçoivent comme une muraille infranchissable : l’antre de Golden State.
Il faut dire que Jerry West a su, avant la saison et jusqu’à la trade deadline, accumuler des joueurs pour porter le feu de cette équipe. Posséder des joueurs comme Patrick Beverley, Montrezl Harrell, habités d’un feu et d’une intensité remarquable, pour y ajouter des joueurs d’équipe comme JaMychal Green ou les très jeunes Landry Shamet et Shai-Gilgeous Alexander, il faut le dire, il faut du flair.
Tous ces joueurs savent qu’ils n’ont rien à perdre, tout à prendre, et ne semblent pas subir la pression de l’événement. Et cela se ressent, même assis devant son League Pass à l’autre bout du monde.
Une attaque de feu
Il va sans dire que si ces Clippers savent mettre de l’énergie en défense, avec plusieurs excellents défenseurs extérieurs, l’ensemble de l’équipe a pour évidente qualité un statut d’élite en attaque. Privés de star, ils ont construit leur réussite sur une profondeur d’effectif, une diversité des menaces offensives et un système adapté à leurs qualités. Les Clippers jouent vite, les Clippers font bouger le ballon, savent cibler les faiblesses adverses pour trouver leur salut. Ainsi, s’ils n’ont terminé “que” 9ème offensive rating en saison régulière, la variété de leurs armes en faisait une équipe capable d’animer n’importe quelle série de Playoffs.
Et c’est ce que nous avons vu hier. Avec leurs nombreux shooters, leur jeunesse et leur énergie, ils ont su tout au long de la série hausser le rythme. Ainsi, si les Warriors ont fait une démonstration défensive lors du dernier quart temps du Game 4, il semble impossible, – même pour eux – de réaliser ce genre de performances toute une rencontre, sans y laisser des plumes. Voilà toute la problématique pour Golden State ; malgré leur panel de star (amputé de DeMarcus Cousins dès le Game 2), ils n’ont pas la profondeur de LA. Résultat ? Malgré une énorme série de Kevin Durant, les Clippers se permettent de les attaquer sans relâche, notamment physiquement et de cibler leurs faiblesses. Si Stephen Curry est un des deux joueurs à avoir réalisé le plus de fautes personnelles sur ce premier tour, lui qui est si précieux au système de son équipe, c’est notamment grâce au plan de jeu de Doc Rivers.
Car si les Clippers savent qui viser, et qui laisser faire son oeuvre, la tâche est beaucoup plus complexe dans l’autre sens. Qui va exploser côté Los Angeles ? Qui aura la main chaude ou l’énergie supplémentaire ? Difficile à anticiper dans une équipe constituée presque exclusivement de “Facteurs X”.
La légion de Facteur X
Beaucoup pensaient que l’échange de Tobias Harris vers Philadelphie ferait très mal aux Clippers, que privée du duo Gallinari-Harris, l’attaque de la franchise se verrait amoindrie, amputée d’un de ses membres. Il n’en fut rien, et ces Playoffs prouvent qu’il est toujours aussi compliqué de choisir son poison avec cette équipe.
Lorsqu’on parle de Playoffs, on aime bien essayer de deviner quel joueur pourrait sortir du chapeau et changer le courant de la rencontre. Mais qu’en est-il dans une équipe où l’ensemble des joueurs sont imprévisibles ? Bien sûr, on sait que Lou Williams est le joueur en sortie de banc le plus prolifique de la Ligue. Bien sûr, Danilo Gallinari est une arme offensive de choix, ayant flirté toute sa carrière avec un statut de All-Star, dont les blessures et la concurrence de l’Ouest l’ont probablement privé. Oui, mais quand plusieurs joueurs sont capables le temps d’une période voire d’une rencontre de les supplanter, que faire ?
Danilo Gallinari
Enfin en forme, l’Italien a réalisé une saison de premier ordre. Quasiment 20pts par match, avec un True Shooting Percentage de 63,3%. Des chiffres dignes d’un intérieur, qui s’expliquent par sa faculté à tirer à 3pts (+43% cette saison) et à obtenir des fautes. Les deux tirs les plus rentables du basketball, surtout quand vous réussissez plus de 90% de vos lancers francs. Pour Golden State, en arrivant dans la série, “Gallo” était le titulaire à surveiller. Et autant dire qu’il reçoit un traitement de choix. Talonné par la défense adverse, ciblé en défense, l’ailier a connu jusqu’ici une série des plus compliquées.
Le résultat de ce travail des Dubs ? Un True Shooting Percentage qui chute à 45,5%, un joueur contrarié qui s’il joue juste, très juste, peine à trouver la mire et ce même, lorsque débarrassé du marquage adverse, il rate des tirs grands ouverts.
Dans le dur, il est devenu malgré lui un autre facteur X de cette équipe, car si on peut l’apprécier comme une coïncidence, toujours est-il que les deux victoires de son équipe furent acquises lors de rencontres où l’ailier a su passer la barre des 20 points, malgré les efforts de Golden State. A l’inverse, lorsqu’il se noyait dans le Game 4, son équipe sombrait avec lui dans la dernière ligne droite, en n’arrivant pas à rester dans la rencontre.
JaMychal Green, Pat Beverley, SGA etc
Qu’est-ce qu’il fallait aux Clippers pour obtenir l’étincelle ? Que certains joueurs sortent du bois. Ce fut le cas de plusieurs d’entre-eux qui ont su tour à tour reprendre le flambeau. Dès le début de la série, un joueur prouvait qu’il pouvait performer au-dessus des attentes : l’ancien Grizzlies, JaMychal Green, qui apportait une contribution bienvenue. Sur l’ensemble de la série, c’est un des meilleurs scoreurs de l’équipe, d’une précision affolante tout en étant capable d’apporter une défense bienvenue.
Et si le terme “Facteur X” peut avoir diverses définitions : joueur majeur inattendu, coup d’éclat au bon moment, grosses séquences, il y a ainsi tout un tas de scénarios qui se sont produits.
Lors du Game 2, le rookie Landry Shamet, titulaire sur la série et réalisant un match relativement discret recevait un ballon décisif et crucifiait les Warriors d’un 3 points qui deviendrait un Game Winner rententissant. Un panier qui couronnait par ailleurs un retour de l’enfer de son équipe, celle-ci ayant été menée de 31 points.
Lors du Game 4, les Clippers ont été propulsés dès le début de la rencontre par un 1er quart temps stratosphérique de leur autre rookie dans le 5 de départ, Shai-Gilgeous Alexander : 14pts en 12 minutes, 25 unités au total sur la rencontre.
Lors du Game 5, c’était au tour de Patrick Beverley de commencer la rencontre pied au plancher : 11 points, puis 17 au total accompagnés de 14 rebonds… Pour un meneur. Montrezl Harrell, bien neutralisé sur l’ensemble de la série, y allait enfin de sa grosse performance, profitant d’un manque d’aggressivité des Warriors pour faire des ravages dans la raquette.
Tous autour de Lou Williams
Principale option offensive de ces Clippers ? Un sixième homme. Joueur de banc par excellence, Williams repousse les attentes que l’on peut attendre d’un remplaçant au scoring. Renversant, on commence à lui donner le surnom de “Warrior Killer”, tant il dissèque la défense des champions en titre. 24,4pts de moyenne dans la série, 60,9 de True Shooting Percentage. Le joueur ne semble pas prêt à reculer. Son dernier chef d’oeuvre ? 33pts, 10 passes décisives hier soir pour s’offrir une deuxième victoire en terre ennemie.
Si l’arrière est donc, comme une anomalie, le principal danger en attaque des Clippers, tous les joueurs autour de lui sont capables de prendre de multiples positions de tir et obligent les Warriors à choisir leur poison. A tel point que ceux-ci, se retrouvent à jouer un Game 6 au premier tour des Playoffs, chose bien inhabituelle dans l’histoire récente de l’équipe.
Mais peuvent-ils gagner ?
En début de saison, j’avais fait part de mon scepticisme quant au roster de ces Warriors, pour la première fois de leur ère, surtout depuis l’arrivée de Kevin Durant. Banc vieillissant, frustre offensivement, l’usure des cadres, le possible retour compliqué de DeMarcus Cousins.
Autant de données qui semblaient avoir été nuancées par le retour en forme du pivot, avant que celui-ci ne chute dans le Game 2. Supposé devenir un outil majeur pour certains match-ups, face à des Clippers dénués d’intérieurs avec une puissance physique équivalente, ou pour déjouer Clint Capela, dans l’optique de l’affrontement avec les Rockets, la perte du géant semble sous-estimée à l’heure actuelle.
Avec cette perte, qui s’ajoute à celle de Damion Jones tôt dans la saison, l’étau se resserre autour des stars, souvent abandonnées par un banc qui peut être bien apathique, comme ce fut le cas lors du dernier affrontement.
En face, la flamme de Los Angeles semble renaître, d’autant que le prochain match se jouera sur leur parquet, face à des Warriors qui se seraient bien passés d’une nouvelle rencontre, qui s’annonce de surcroît très disputée. Pour autant, il faut aussi prendre en compte que, jusqu’ici, LA a perdu toutes ses rencontres à domicile. Et si les Clippers ont su créer deux surprises, dans des batailles rangées et arrachées dans les derniers instants, ils restent bien inférieurs à l’armada des Warriors.
En outre, les deux victoires des Clippers ont profité de relâchement des Dubs. La première fut acquise dans une rencontre qui semblait déjà actée par un déficit de 31 points, quant à la seconde, le manque d’efforts défensifs des Warriors a causé leur perte.
Alors oui, les Los Angeles Clippers ont déjà dépassé les attentes et pourraient continuer sur cette voie. Pourquoi ne pas pousser Golden State dans ses retranchements ? Mais de là à les faire chuter au premier tour ? Restons mesurés, la marche est trop haute.
Toutefois, ils auront animé une, si ce n’est la plus belle série de ce premier tour de Playoffs. De quoi générer un réel enthousiasme, alors que l’équipe aura du cap cet été et que certains agents libres pourraient être tentés par le pari.
Pour moi il y a des tensions chez les warriors ça sent la fin de cycle (voir l'enguelade entre Green et le en début de saison plus les histoires de contrat)
Ils paraissent plus fragiles.
Toute la question étant, est-ce qu'une équipe est suffisamment forte pour les faire tomber, car ils restent malgré tout redoutables.
Il y a probablement 2 ou 3 équipes : Milwaukee, Toronto et Houston.
Mais clairement ils restent favoris