Pendant de longues années, la NBA a été très américano-centrée. Des propriétaires aux joueurs, des entraîneurs aux arbitres, tous les acteurs de la Grande Ligue étaient américains. Certes, lors de la première draft NBA, en 1950, les moyens de transport n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui, et il n’était pas aisé pour des non-américains de venir jusqu’aux Etats-Unis pour jouer au basketball. Le climat politique de l’époque n’a clairement pas non plus plaidé en faveur d’une rapide internationalisation de la NBA, entre la fin de la seconde guerre mondiale et les prémices de la guerre froide.
C’est donc petit à petit que la Grande Ligue commença à être peuplée par des acteurs non-américains. Pour la saison 2018-2019, ce sont 111 joueurs internationaux qui foulent les parquets de la NBA. Il est dès lors intéressant d’analyser les différentes phases par lesquelles l’internationalisation de la Ligue s’est effectuée. C’est d’ailleurs ce que nous allons faire, en plusieurs étapes.
A titre liminaire : rapides précisions sémantiques
Pour la bonne compréhension de tout le monde, il est nécessaire de définir ce que nous entendrons par un “international”. Il est très en vogue, à l’heure des réseaux sociaux, d’adapter les définitions ancestrales en fonction de nos besoins. Ne dérogeons pas aux us et coutumes contemporaines : un joueur sera dit “international”, ou “étranger”, dès lors qu’il n’est pas américain. Le canadien est donc un joueur international, au même titre que le français, le soudanais, l’australien ou le chinois.
Facile, me diriez-vous. Pas tellement, vous répondrai-je, puisqu’il est des hypothèses où la question de l’internationalisme du joueur peut se poser. Le cas le plus parlant est peut-être celui d’Hakeem Olajuwon. Celui-ci est, légitimement d’ailleurs, considéré comme l’un des cinq meilleurs pivots de toute l’Histoire, et potentiellement l’un des dix ou quinze meilleurs joueurs qui ont jalonné la NBA.
Olajuwon est né au Nigéria, et y a passé toute son enfance. Nous serions donc tentés de dire qu’il remplit manifestement toutes les cases du joueur international. Il serait même d’ailleurs très clairement prétendant au titre du meilleur joueur étranger, puisque l’armoire à trophées du bonhomme est fournie : MVP 1994, MVP des finales 1994 et 1995, champion NBA 1994 et 1995, défenseur de l’année 1994, meilleur contreur de l’Histoire … Et pourtant, s’il est un trophée qui vient remettre en cause le caractère de “joueur international” d’Olajuwon, c’est bien le titre de champion olympique 1996, gagné … avec les Etats-Unis.
Comment considérer qu’un champion olympique sous le drapeau américain puisse être un joueur international ? C’est toute la question que je me suis posé, et sur laquelle nous avons débattu au sein de l’équipe de rédaction. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’Hakeem Olajuwon, au même titre que l’un de ses grand rival, Patrick Ewing (né en Jamaïque, champion olympique 1984 et 1992 avec les Etats-Unis), ne doivent pas être considérés comme des joueurs internationaux. Ces derniers perdent donc deux fabuleux porte-drapeaux.
Nous aurons toutefois l’occasion de présenter toutes les plus grandes stars, qui ont marqué la Grande Ligue alors même qu’ils ne sont pas de la même que l’Oncle Sam. Ces stars sont font d’ailleurs de plus en plus nombreuses, ce qui est aisément explicable, puisque l’arrivée en NBA des internationaux se fait de plus en plus massive.
Pour tenter de comprendre ce phénomène, je vous propose un raisonnement scindé en deux parties : l’internationalisation des joueurs en eux-mêmes, puis l’internationalisation de l’image de la NBA.
I. Présentation des pionniers historiques
Savez-vous quel est le premier joueur non-américain a avoir posé un doigt de pied dans une salle NBA ? Très honnêtement, avant de me pencher sur la question, j’aurai été bien incapable d’y répondre. Chauvinisme européen oblige, j’aurai peut-être évoqué Detlef Schrempf, joueur allemand qui a notamment fait les belles heures des Seattle Supersonics à compter du milieu des années 1980. Et bien que nenni. Bien avant notre ami Detlef, un canadien répondant au joli nom d’Ernie Vandeweghe avait posé ses baluchons du côté de New-York, dès la saison 1950-1951. Il est pourtant difficile de considérer Vandeweghe comme un véritable pionnier de l’internationalisation des joueurs au sein de la NBA.
En effet, au cours de la décennie 1950-1959, seuls deux autres joueurs non-américains ont eu la possibilité de confronter leur talent avec celui de George Mikan et autres Bob Pettit, stars de leur époque. Parmi ces joueurs se retrouve un second canadien, Robert J. Houbregs. A l’instar de Vandeweghe, qui fut drafté par les Knicks en 32ème position en 1950, Houbregs est passé par la draft pour faire son entrée en NBA. Il est d’ailleurs sélectionné en 2ème position en 1953 par les Philadelphie Warriors. Néanmoins, à l’inverse de son compatriote, Houbregs présente la particularité d’avoir été intronisé au Hall-of-fame, temple des meilleurs joueurs de tous les temps.
Il faut attendre le milieu des années 1970 pour retrouver les premières traces de joueurs internationaux à quasiment chaque draft. Les noms ne sont cependant pas les plus ronflants : Swen Nater (Pays-Bas) et Ken Charles (Trinidad-et-Tobago) en 1973, Mychal Thompson (Bahamas) et Butch Lee (Porto-Rico) en 1978 … La première star internationale à être draftée par une franchise NBA est le brésilien Oscar Schmidt, meilleur scoreur de l’Histoire des Jeux Olympiques, qui fut sélectionné par les New Jersey Nets en 1984, en … 131ème position.
Néanmoins, Schmidt n’a jamais exporté son immense talent vers la franchise New-Yorkaise. Il n’a d’ailleurs jamais joué en NBA, pour une raison simple. Jusqu’en 1989, et une assemblée générale extraordinaire de la fédération internationale de Basketball, les joueurs professionnels avaient interdiction de disputer les compétitions internationales sous les couleurs de leur pays. Or les joueurs NBA possédaient le statut de joueurs professionnels, ce qui n’était pas le cas des joueurs du championnat national brésilien. Par conséquent, Schmidt, très attaché aux couleurs de son pays, a décidé de poursuivre sa carrière sous le drapeau auriverde plutôt que d’évoluer un jour en NBA.
En conséquence, la première “star” internationale à avoir réellement joué en NBA fut Detlef Schrempf, que nous avons déjà évoqué. La draft 1985 voit d’ailleurs huit joueurs internationaux être sélectionnés. Parmi eux nous retrouvons également Manute Bol, géant soudanais de 2m30 et dont le fils, Bol Bol, se présentera probablement à la draft 2019.
Il a donc fallu attendre trente-cinq ans pour que les premières stars internationales montent sur le parquet américain. Derrière Schrempf et Bol, les grands noms étrangers ont commencé à peupler les drafts de la seconde moitié des années 1980. Et pas n’importe quels noms. Si la draft 1985 constitue un premier tournant vers l’internationalisation de la Grande Ligue, celle de 1986 met sur le devant de la scène certains joueurs restés légendaires, et devenus membres du Hall-of-fame de Springfield. Citons ici Arvydas Sabonis, père de Domantas, mais aussi et surtout Drazen Petrovic, surnommé “le Mozart du Basket”, rien que ça.
Nuançons toutefois l’entrée au Hall-of-fame de ces deux joueurs. Sabonis, pivot extrêment habile et altruiste, a principalement construit sa carrière en Europe puisque, bien que drafté en 1986, il n’a rejoint la NBA qu’à l’âge de 31 ans, en 1995. Il l’a d’ailleurs rejoint dans un état physique alarmant. D’ailleurs, si la carrière d’Arvydas Sabonis vous intrigue, je vous invite à lire cet article, qui la retrace de fort belle manière. A son arrivée à Portland, le médecin de la franchise, Robert Cook, a eu ces mots, restés gravés dans les mémoires :
“Arvydas aurait pu obtenir une place handicapée pour sa voiture rien qu’en montrant ses radios.”
Toutefois, si Sabonis n’est arrivée aux Etats-Unis que tardivement, ce n’est pas en raison de son état physique. Une fois de plus, le climat politique est à mettre en cause. Si Sabonis est aujourd’hui lituanien, son pays faisait partie de l’URSS, ennemi historique des Etats-Unis, jusqu’au 11 mars 1990. Sabonis présente d’ailleurs la particularité d’être le premier joueur originaire de l’URSS a avoir été drafté en NBA. Il n’est cependant pas le premier à y avoir joué, puisqu’il a attendu neuf ans avant de traverser l’Atlantique. Et pour cause, Sabonis n’a pas reçu l’autorisation du régime politique en place à l’époque pour quitter l’immense territoire de l’URSS pour rejoindre les Etats-Unis. Par conséquent, son entrée au panthéon des joueurs est donc clairement plus liée à ses performances en Europe qu’à celles en NBA.
Pour Petrovic, l’intronisation au Hall-of-fame est amère, puisqu’elle s’est faite à titre posthume. Nous n’allons pas ici retracer le destin tragique de Drazen Petrovic, décédé dans un accident de voiture à l’âge de 28 ans. Il est simplement nécessaire de rappeler qu’il fut probablement le premier joueur international à regarder droit dans les yeux les stars américaines de l’époque. Et pour cause, il scorait plus de 22 points de moyenne lors de la saison 1992-1993, qui fut malheureusement sa quatrième et dernière au sein de la Grande Ligue. Ainsi, sa présence au mémorial de Springfield est en partie un hommage au fabuleux joueur qu’il était, mais aussi et surtout un regret du joueur qu’il aurait pu être s’il n’avait pas trouvé la faucheuse sur sa route.
Ainsi, c’est à compter du milieu des années 1980 que les premières stars européennes et africaines (dans son style tellement atypique, Manute Bol est susceptible d’être considéré comme une star, notamment médiatique) ont débarqué en NBA. Ces stars vont constituer le terreau de la génération suivante, celle arrivée dans les années 1990. La décennie 1990 constitue d’ailleurs un virage marquant dans la frise de l’internationalisation de la Ligue américaine, à plusieurs titres.
II. L’impact de la décennie 1990-1999 sur l’internationalisation de la NBA
A. L’arrivée massive de nouveaux joueurs
Vous trouverez ci-bas un tableau qui répertorie le nombre de joueurs qui ont effectué leur démarrage en NBA, par décennie.
On s’aperçoit ici de plusieurs choses. En premier lieu, la décennie 1960-1969 peut être considérée comme une “décennie blanche” en matière d’internationalisation de la NBA, pour la simple et bonne raison qu’aucun joueur non-américain n’y a fait ses débuts. En second lieu, on peut remarquer qu’entre 1949, date d’arrivée d’Ernie Vandeweghe, et 1989, seuls 37 joueurs internationaux ont évolué en NBA. Enfin, pour la seule décennie 1990-1999, le nombre d’internationaux qui font leur entrée en NBA double quasiment, avec 65 nouveaux joueurs.
Si nous analysons de plus près la provenance des 439 joueurs internationaux qui ont un jour évolué sous les couleurs d’une franchise NBA, nous remarquons que l’Europe est, de très loin, le premier continent exportateur de talent. De Swen Nater en 1973 à Kostas Antetokounmpo en 2018, ce sont 242 joueurs européens qui ont évolué en NBA, soit 55,12 % de l’intégralité des internationaux.
Pourtant, en procédant à une analyse pays par pays, on s’aperçoit que le pays le plus représenté est le Canada. Les raisons sont ici logiques et multiples. Elles sont d’abord géographiques, le Canada étant limitrophe avec les Etats-Unis. Elles sont aussi sportives, puisque la seule franchise NBA non américaine se situe à Toronto. Les Raptors possèdent donc le soutien de toute une ville, mais aussi de tout un pays. Nul doute que le fait de posséder une franchise sur sonterritoire a poussé de nombreux canadiens à jouer au Basketball.
Et la France dans tout ça ? Cocorico ! Nous recensons 28 français ayant un jour évolué en NBA. Le premier d’entre-eux fut Olivier St-Jean, plus connu sous le nom de Tariq Abdul Wahad, qui fut drafté en 1997 par les Sacramento Kings. Néanmoins, la fierté tricolore reste, bien entendu, Tony Parker, qui écume les parquets NBA depuis la saison 2001-2002. Tony Parker, qui évolue désormais sous les couleurs des Charlotte Hornets, a passé 17 saisons à San Antonio, où il a grandement participé aux plus belles heures de la franchise aux côtés de Tim Duncan et d’un autre international, l’argentin Manu Ginobili. Le trio a glané ensemble quatre titres de champion, et Tony Parker s’est particulièrement illustré lors du sacre de 2007, où il fut nommé MVP des finales remportées contre les Cavaliers du jeune LeBron James.
Au-delà de la France, si l’Europe fournie tellement de talents à la Ligue américaine, c’est aussi parce la Serbie, la Lituanie, l’Espagne et l’Allemagne sont également des berceaux pour de nombreux basketteurs talentueux.
L’accélération de l’internationalisation des joueurs NBA s’est donc clairement effectuée lors des années 1990. Elle n’est toutefois que partielle, puisqu’elle ne concerne majoritairement que les joueurs européens et nord-américains. Ainsi, à cette période, il n’y a que peu d’africains, d’asiatiques ou d’océaniens qui ont fait le grand pas vers la NBA.
Par ce tableau, on remarque rapidement que le nombre de joueurs africains, sud-américains, asiatiques et océaniens n’ont été que très peu draftés durant le vingtième siècle. Vingt et un joueurs au total, auxquels il convient d’ajouter, pour être exhaustif, huit joueurs qui n’ont pas été sélectionnés à la draft.
Les raisons qui font que peu de jeunes issus de ces continents ont réussi à percer en NBA sont multiples. On peut en premier lieu avancer des raisons culturelles. Pour étayer ce propos, je vous propose de jeter un œil à la carte ci-dessous.
Cette carte, démontre clairement qu’en 2014, le Basketball n’avait finalement que peu de place parmi les sports les plus pratiqués à travers le monde. Sans surprise, on constate que le football est le sport phare dans 70% des pays du globe, notamment en Amérique du sud, en Afrique et en Asie, tandis que le Basket n’est le sport majeur que dans quelques Etats américains, en Lituanie et en Lettonie.
Ainsi, la culture sportive de nombreux continents a forcément constitué un frein à l’internationalisation des joueurs au sein de la NBA. Il n’est pas illogique d’estimer que le monopole sportif du football a fait de l’ombre à la Grande Ligue américaine. Néanmoins, le football n’est pas l’unique “responsable”. On constate effectivement que le cricket est Roi dans de nombreux pays d’Asie, mais aussi en Australie. Et si l’Australie a réussi à s’en affranchir et à devenir une réelle terre de panier-ballon, ce n’est toujours pas le cas des pays d’Asie du sud.
Au-delà de l’argument culturel, deux autres éléments ont, à mon sens, empêché l’arrivée aux Etats-Unis de joueurs internationaux. Nous pouvons évoquer le manque d’infrastructure criant dans certains pays. Par exemple, les premières académies de Basket sur le continent africain sont en train de se développer de nos jours. Les ligues nationales de Basket y sont peu compétitives, hormis celle qui se déroule sur le territoire Angolais. Néanmoins, l’étude de la liste des joueurs internationaux démontre qu’aucun angolais n’a jamais joué en NBA. Cela s’explique par le fait que la ligue de basket angolaise reste très conservatrice, et que ses joueurs phares ne la quittent que très rarement.
Au-delà des infrastructures, l’image de la NBA a clairement joué en défaveur de celle-ci pendant de nombreuses années. Nous en reparlerons au sein d’un second article, mais il est nécessaire de se souvenir que l’image de la Grande Ligue était catastrophique à la fin des années 1970, même sur le sol américain. Il a fallu capitaliser sur la rivalité entre Magic Johnson et Larry Bird au début de la décennie 1980 pour que la NBA retrouve un attrait aux Etats-Unis, et ailleurs. La mauvaise image de la Ligue a d’ailleurs constitué un cercle vicieux : une image mauvaise n’invite pas les joueurs internationaux à s’exporter outre-Atlantique. Or, si aucune star internationale, aucune idole, ne foule les parquets américains, le Basket américain souffre alors d’un problème d’identification, qui empêche les plus jeunes de se lancer dans ce sport.
Prenons un exemple concret : depuis 1950, ce sont seize joueurs allemands qui ont tenté leur chance en NBA. Dirk Nowitzki fut le quatrième d’entre-eux, en 1998. Cela signifie qu’en près de cinquante ans, seuls quatre joueur d’Outre-Rhin se sont laissés tentés par une aventure basketballistique américaine. Depuis son arrivée en NBA, Nowitzki est devenu une immense star, dont le rayonnement ne s’est très clairement pas limité aux frontières texanes. La preuve : en vingt-et-un ans, douze nouveaux joueurs allemands se sont tournés vers la NBA. La nécessité d’avoir une idole, un joueur star, est donc l’une des clés de l’internationalisation de la NBA.
Celle-ci en est d’ailleurs bien consciente. Elle a, après tout, eu l’exemple de Yao Ming, dont la médiatisation a permis au Basket américain de se développer à une rapidité inimaginable sur le territoire Chinois. La reproduction du “modèle Yao Ming” est d’ailleurs tentée dans d’autres énormes marchés internationaux, tel que l’explique le patron, dans un article consacré au difficile mariage entre la NBA et l’Inde.
Les stars internationales, parlons-en d’ailleurs. Au fil des années, elles sont logiquement devenues de plus en plus nombreuses. Nous parlions à l’instant de la nécessité pour les jeunes de s’identifier à des légendes … L’identification s’est clairement mise en marche au cours des années 1990.
B. La starification du joueur international
Pour l’heure, nous n’avons évoqué l’impact des années 1990 que sous un aspect quantitatif : l’arrivée de nombreux nouveaux joueurs. Il est désormais temps d’évoquer le véritable virage qualitatif qui a également été opéré au cours de ces dix années.
En effet, c’est à cette période que les premières véritables légendes internationales ont commencé à venir concurrencer leurs homologues américaines. Et malgré les difficultés de certains continents, observées ci-dessus, lesdites légendes ont accouru en NBA des quatre coins du globe. La première d’entre-elles provient d’ailleurs du continent africain, et plus précisément du Congo. Je veux bien entendu parler de Dikembe Mutombo. Sélectionné en quatrième position de la draft 1991 par les Denver Nuggets, Mutombo s’est instantanément imposé comme étant l’un des, si ce n’est le, meilleur défenseur intérieur de toute la Ligue.
Attaquant moyen, bien que capable, Mutombo a donc essentiellement bâtie sa légende sur ses capacités au rebond et au contre. Il figure d’ailleurs en vingtième position de la liste des meilleurs rebondeurs de l’Histoire, avec une moyenne de 10,33 rebonds aspirés par rencontre. Cette moyenne, déjà impressionnante, est à conjuguer avec la longévité du bonhomme, qui a joué 1 196 matchs entre 1991 et 2009. Mieux que ses performances au rebond, Mutombo est tout bonnement le second meilleur contreur de l’Histoire : 3 289 contres, soit 2,75 blocks par rencontre. Le contre est d’ailleurs devenu sa spécialité, et Mutombo est définitivement passé à la postérité grâce à un geste légendaire, qu’il avait l’habitude de réaliser après chaque contre : le finger wag.
https://www.youtube.com/watch?v=ZoHXKj36o_E
Cette séquence de jeu résume à merveille ce qu’était Dikembe Mutombo sur un terrain : un contreur hors norme, et un très bon trashtalkeur. Il avait pour habitude d’accompagner son finger wag (ce “NON” effectué avec son index droit) d’un cri : NOT IN MY HOUSE. Histoire de définitivement indiquer à l’attaquant adverse qu’il n’était pas le bienvenu dans la raquette.
Autre draft, autre continent, autre poste, mais aussi autre légende, parlons rapidement de la carrière de Steve Nash. Drafté en quinzième position en 1996 par les Phoenix Suns, Nash est tout bonnement le seul joueur international à avoir été élu deux fois MVP de saison régulière, en 2005 et en 2006. Rien que ça, ça vous classe un bonhomme.
Néanmoins, impossible de réduire Nash à ces deux titres de MVP. Défenseur exécrable, il était par contre un attaquant hors pair. Altruiste comme (quasiment) personne, il remporta cinq fois le titre de passeur le plus prolifique d’une saison. Il figure par ailleurs au troisième rang de ce classement, derrière les intouchables John Stockton et Jason Kidd. Pour l’anecdote, sachez que l’avance de Stockton au classement des passeurs les plus prolifiques est tellement importante que, pour l’égaler, Kidd aurait dû réaliser neuf passes décisives en moyenne durant cinq saisons de quatre-vingt-deux matchs. Vous avez dit intouchable ?
Revenons-en à Steve Nash. Au-delà de sa fabuleuse faculté de passe, Nash est également un shooteur d’une incroyable précision, puisqu’il figure à quatre reprises au sein du groupe très restreint des 50-40-90 (50% au tir, dont 40% à trois points et 90% aux lancers-franc). Et encore, il aurait pu réussir l’exploit de réaliser cette performance six fois d’affilés, mais il lui a manqué 1,2% de précision aux lancers-franc lors des saisons 2001-2002 et 2004-2005. Quoi qu’il en soit, Nash est très certainement le meilleur meneur non-américain a avoir un jour joué en NBA, et figure dans quasiment tous les tops 5 des meilleurs meneurs de l’Histoire, aux côtés de Magic Johnson, John Stockton, Isiah Thompas et Jason Kidd.
Si Mutombo et Nash font figure de légendes dans leur pays respectifs et sont tous deux intégrés au Hall-of-fame, ils présentent aussi la particularité de n’avoir jamais gagné un seul titre de champion NBA. Voici une caractéristique que ne partage pas avec eux le meilleur européen de l’Histoire, le bien nommé Dirk Nowitzki.
Puisque nous avons exclu Olajuwon de la catégorie des “joueurs internationaux”, Nowitzki est par conséquent, pour moi, le meilleur joueur international de l’Histoire de la NBA. Que ce soit individuellement ou collectivement, Nowitzki a beaucoup gagné : un titre fabuleux en 2011 (dont vous pouvez retrouver l’histoire ici), un titre de MVP de ces finales 2011, un titre de MVP de saison régulière en 2007, 1501 matchs joués à l’heure de la rédaction de ces lignes, sur les talons de Wilt Chamberlain au classement des meilleurs scoreurs de l’Histoire … La liste est accomplissements de Nowitzki au sein de la Grande Ligue est longue comme la carrière de celui-ci.
Au-delà de ses performances sur le parquet, l’aura de Nowtitzki sur le basketball européen est tout bonnement inimaginable. On ne compte plus les joueurs européens qui ont avoué avoir commencé le Basket grâce aux performances de Nowtizki en NBA ou en compétition internationale, lui qui a mené l’Allemagne à la troisième place du championnat du monde 2002. D’ailleurs, si j’ai moi-même commencé à m’intéresser à la NBA, c’est grâce à Dirk Nowitzki. Merci champion, c’est sympa. C’est chronophage, mais c’est sympa.
La reconnaissance de toute la communauté NBA vis-à-vis de la carrière de Nowitzki est d’ailleurs incroyable. Si, aujourd’hui encore, beaucoup polémiquent sur le titre de MVP 2006 de Steve Nash, il est extrêmement rare d’entendre des critiques à l’encontre de l’oeuvre du Wunderkid allemand des Mavericks. Oeuvre encore très récemment félicité par Doc Rivers, coach des Los Angeles Clippers, en plein temps mort. Petite séance de rattrapage pour ceux qui n’auraient pas encore apprécié ce moment magique :
On se rend donc compte qu’au cours des années 1990, les premières légendes internationales ont commencé leur carrière en NBA. Nous aurions pu rajouter à cette liste Manu Ginobili. Cependant, si celui-ci a bel et bien été drafté en 1999 (en 57ème position !), il n’a commencé sa carrière américaine qu’en 2002.
Le début des années 2000 est d’ailleurs la parfaite continuité de la décennie précédente, avec l’arrivée de plus en plus de joueurs internationaux, et de plus en plus de joueurs d’exceptions. Citons rapidement Pau Gasol et Tony Parker (2001), Manu Ginobili, donc, Yao Ming (2002) … Si Yao Ming est d’ores et déjà intégré au panthéon des joueurs, en raison d’une carrière écourtée par de trop nombreuses blessures, inutile de préciser que les trois autres larrons cités termineront aussi au Hall-of-fame. Sans contestation possible. Ce qui constitue une performance de choix. Très rares sont les joueurs étrangers à avoir été intronisés au Hall-of-fame. Encore plus rares sont ceux qui l’ont été grâce à leur carrière NBA.
Tous les joueurs cités ici ont contribué à la réduction de l’écart de niveau entre les joueurs américains et les joueurs internationaux. Toutefois, si cette réduction est visible sur le terrain, se retrouve-elle également au niveau des différents trophées individuels attribués après chaque fin de saison régulière ?
III. Des titres individuels vampirisés par les américains
A. État des lieux de la répartition des trophées depuis leur création respective
A l’issue de chaque saison régulière, la NBA remet aux acteurs les plus méritants six trophées individuels : celui du meilleur joueur (MVP), du meilleur rookie (ROY), du meilleur défenseur (DPOY), du meilleur sixième homme (6th man), de la meilleure progression (MIP) et celui du meilleur coach (COY). Tous les trophées n’ont pas la même ancienneté. Ainsi, les meilleurs rookies sont récompensés depuis la saison 1952-1953, tandis que le trophée de la meilleure progression n’est remis que depuis la saison 1985-1986.
A la vue des éléments que nous avons déjà traités, on peut aisément déduire que, des décennies durant, le titre de rookie de l’année a été octroyé à un joueur américain. Rien de plus logique, lorsqu’on sait que, pendant trente ans, seuls des joueurs américains, ou quasiment, évoluaient sur les parquets de la Grande Ligue. Inversement, on peut imaginer que le trophée de la meilleure progression annuelle a eu tendance à être plus réparti entre joueurs autochtones et joueurs internationaux, puisque sa création correspond quasiment avec la période de la première internationalisation de masse de la NBA.
Vous trouverez ci-joint différents petits tableaux, qui récapitulent le pourcentage de titres individuels remportés par les américains et par les joueurs internationaux, depuis la création du trophée.
Les pourcentages étant quasiment les mêmes, nous pouvons traiter le cas des trophées du MVP et du ROY ensemble. On se rend rapidement compte que les américains ont effectué une véritable razzia sur ces deux titres. L’explication a en partie été déjà donnée : ces deux titres étant ancien, les américains n’ont eu aucune réelle concurrence jusqu’à ce que les premières stars internationales fassent leur arrivée dans la Grande Ligue, courant des années 1990 et 2000.
Néanmoins, inutile de penser que les internationaux ont repris la main sur ces deux prestigieuses récompenses aux vingt-et-unième siècle, car il n’en est rien. Tous les MVP internationaux ont été d’ores et déjà cités dans cet article : Steve Nash à deux reprises, en 2005 et 2006 et Dirk Nowtizki en 2007. Trois années d’affilés, donc. Depuis ? Aucun international n’a réussi à se glisser sur le podium du MVP. Le meilleur résultat est alors détenu par Joakim Noah, classé quatrième des votes 2014. Nous y reviendrons plus bas, mais l’heure de gloire des internationaux a peut-être sonnée en cette saison 2018-2019, et pas uniquement pour le titre de MVP.
Les internationaux ne figurent guère plus sur la longue liste des rookies de l’année. On retrouve quatre noms : Pau Gasol en 2001, Andrew Wiggins en 2015, Karl-Anthony Towns en 2016 et Ben Simmons en 2018. Cela ne pèse pas lourd, mais la tendance peut être à l’optimisme pour les internationaux, puisque trois des quatre derniers trophées sont partis dans leur escarcelle. Le quatrième en cinq ans ne devrait d’ailleurs pas tarder.
S’ils restent largement dominants, les américains sont moins souverains en ce qui concerne les trois autres titres individuels remis aux joueurs.
Ainsi, un cinquième des titres de meilleurs défenseurs ont été glanés par des internationaux, soit sept titres en tout. Parmi ceux-ci, quatre sont détenus par Dikembe Mutombo, qui écrasa la concurrence au cours des années 1990. Pourtant, la concurrence fut rude, puisque Gary Payton, Scottie Pippen, Alonzo Mourning, Hakeem Olajuwon, entre autres, constituaient de sérieux rivaux pour le congolais, qui a tout de même raflé quatre titres en sept ans. Les trois autres lauréats sont européens : Marc Gasol en 2013, Joakim Noah en 2014 et Rudy Gobert en 2018.
Disons-le immédiatement, le trophée de meilleur défenseur est celui qui est le “mieux” partagés entre américains et internationaux. La répartition entre ces deux catégories au sujet des deux derniers titres individuels reste cependant assez similaire :
Alors même que ces titres ont été créés trente ans plus tard, nous retrouvons plus d’étrangers élus meilleur sixième homme ou MIP que d’étrangers élus MVP ou ROY. On retrouve cinq titres de meilleur sixième homme dans l’armoire à trophée des internationaux. Les plus notables sont ceux remportés d’affilés par Detlef Schrempf en 1991 et 1992, mais aussi celui venu récompenser la saison 2007-2008 de Manu Ginobili, sixième homme par excellence.
Enfin, ce sont cinq trophées de meilleure progression qui furent glanés par les joueurs internationaux. Gheorghe Muresan, colosse roumain de 2m30, est le premier a remporté le titre, en 1996. Boris Diaw, Hedo Turkoglu, Goran Dragic et Giannis Antetokounmpo lui ont depuis emboîté le pas.
Les plus attentifs d’entre-vous ont remarqué deux choses : premièrement, le dernier paragraphe commence par le mot “enfin”. Deuxièmement, je n’ai pas abordé le trophée d’entraineur de l’année. Et pour cause, le seul entraineur international à n’avoir jamais coaché une franchise NBA se nomme Igor Kokoskov, et dirige depuis la saison 2018-2019 les Phoenix Suns, actuellement présents dans les bas-fonds de la NBA. Inutile donc de dire que Kokoskov ne remportera pas le trophée cette année.
Ainsi, en effectuant un simple ratio, on peut dire que 89,52 % des trophées individuels ont été remis à un joueur ou un entraîneur américain. Cela nous permet donc de répondre à la question posée en fin de partie précédente : si l’écart de niveau entre les américains et les internationaux se réduit visiblement sur le parquet, celui qui existe dans l’attribution des nombreux trophées fait encore état d’un gouffre non négligeable, qui n’est pas près d’être comblé.
B. La saison 2018-2019 : une prise de pouvoir des joueurs internationaux ?
Si mes tableaux excel, qui recensent le nom du vainqueur de chaque trophée depuis leur création, sont trop gros pour être intégrés dans cet article, je me suis aperçu qu’au mieux, les joueurs non-américains ont remporté deux trophées distincts la même année. Dirk Nowtizki fut élu MVP la même année où Léandro Barbosa remporta le titre de meilleur sixième homme (2007). Les choses risquent d’évoluer, puisque les joueurs internationaux se sont très clairement mis en évidence au cours de notre saison 2018-2019 actuelle. Légitimement, tous les titres remis aux joueurs sont susceptibles être remis à un non-américain.
Commençons par évoquer les titres qui, sauf énorme retournement de situation lors des vingt derniers matchs de la saison, sont promis à un joueur international. Je n’ai pas tiré les favoris de mon chapeau, je me suis basé sur les classements hebdomadaires publiés par la NBA sur son propre site. Le plus favori des favoris se trouve être Luka Doncic, qui a neuf doigts posés sur le trophée de rookie de l’année depuis la fin du mois de novembre.
Rookie hyper clutch et aux performances rarement vues jusqu’à présent (pour en savoir plus : ici), Doncic semble avoir écrasé la concurrence. Attention néanmoins à Trae Young, qui reste sur un mois de février très probant. Suffisant pour coiffer Doncic sur la photo finish ? Réponse définitive dans un gros mois.
S’il est un autre titre qui semble quasiment assuré à un joueur international, c’est celui de la meilleure progression annuelle. Il est vrai que Pascal Siakam, canadien des Toronto Raptors, réalise une saison bien au-delà des standards qu’il avait l’habitude de proposer : +9 points, +2,5 rebonds, +1 passe décisive de moyenne par rencontre. Au-delà de ces énormes bonds relatifs aux statistiques brutes, Siakam possède également pour lui le bilan des Raptors, actuellement deuxième de la conférence Est et de la ligue. Certes, le classement de la franchise n’est que rarement pris en compte dans l’attribution du trophée de MIP. Toutefois, peut-être pèsera-t-il inconsciemment dans l’esprit des votants à la fin de la saison.
Alors, qui pour concurrencer Siakam ? Certains autres clients sont également très sérieux. Nous pourrions citer De’Aron Fox, meneur supersonique des Kings de Sacramento, mais le trophée de MIP est rarement attribué à un sophomore. Il en va donc de même pour l’intérieur des Hawks, John Collins. Siakam reste sérieusement concurrencé par D’Angelo Russell, qui a porté à bout de bras les Nets durant la blessure de Caris LeVert, ou encore par Buddy Hield, qui se verrait récompensé pour sa très bonne saison au sein de la surprenante équipe de Sacramento.
Giannis Antetokounmpo fait également figure de favori pour décrocher un titre individuel. Et pas n’importe lequel, puisqu’il vise ni plus ni moins que le trophée de MVP de la saison régulière. Le Grec est d’ailleurs en tête des sondages pour deux raisons. En premier lieu, il est en train de normaliser les performances incroyables : s’il rend une feuille statistique en 28 points et 13 rebonds, nous considérons désormais cela comme tout à fait banal. De plus, les Bucks présentent le meilleur bilan de toute la NBA. Or, si le poids de ce bilan est minime dans le cadre du MIP, son importance est fondamentale au sujet du titre de MVP. En effet, quoi de plus logique que de récompenser le meilleur joueur de la meilleure équipe ?
A l’inverse des cas de Doncic et de Siakam, de nombreuses voix s’élèvent en faveur de deux concurrents directs d’Antetokounmpo, voire même contre celui-ci. Certains observateurs estiment que Giannis Antetokounmpo ne doit pas être considérer comme le favoris indiscutable au titre de MVP, notamment en raison de son tir encore friable.
Par ailleurs, il s’avère que deux autres joueurs peuvent très légitimement postuler au titre de MVP. Je ne saurai d’ailleurs les départager, tant leurs performances sont aussi géniales que celles du Greek Freak. Commençons par Paul George, qui réalise non seulement une saison d’exception, mais qui possède également l’avantage d’évoluer au sein d’une place forte de la conférence Ouest, le Thunder d’Oklahoma. Il présente aussi l’avantage d’avoir réalisé quelques performances très marquantes (+40 points à cinq reprises). De plus, tout comme Antetokounmpo, Paul George est un excellent joueur des deux côtés du terrain, et son apport défensif contribue aux bons résultats de son équipe aussi bien que ses cartons offensifs.
Enfin, James Harden et sa série de 32 matchs à +30 points marqués (dont six rencontres avec au moins 50 points) est également dans la course pour se succéder à lui-même en tant que meilleur joueur de la saison.
En ce qui concerne les deux derniers trophées individuels décernés aux joueurs, il s’avère que si les joueurs internationaux ne font pas figure d’immenses favoris, ils restent néanmoins en embuscade. Ainsi, Rudy Gobert est classé quatrième dans la course du défenseur de l’année, lui qui a remporté le trophée l’an passé.
Toutefois, pour être tout à fait réaliste, il est fort probable que le grand perdant au titre de MVP – Giannis Antetokounmpo ou Paul George – se voit offrir un lot de consolation avec le titre de DPOY, tant leur impact défensif respectif est important.
On remarque toutefois que si ces deux classements sont dominés par Antetokounmpo, Rudy Gobert brille également par ses performances défensives, comme il en a l’habitude. Si le Jazz poursuit sa folle remontée au classement de la conférence Ouest, il est certain que Rudy Gobert récoltera un grand nombre de voix et pourra, pourquoi pas, espérer remporter le trophée de DPOY pour la seconde année consécutive.
Reste pour nous à évoquer le titre de meilleur sixième homme de la saison. Ce titre parait presque être promis à Derrick Rose, qui a pour lui non seulement sa très bonne saison en sortie du banc de Minnesota, mais aussi “la story”, puisqu’après de nombreuses graves blessures, Rose est parvenu à revenir à un excellent niveau. Nous parlions tout à l’heure de performance marquante au sujet de Paul George, Derrick Rose possède également la sienne : 50 points (record en carrière) et un contre décisif, contre le Jazz, pour une victoire des Wolves 128 – 125.
Face à Derrick Rose, deux joueurs européens peuvent prétendre à décrocher le titre en fin de saison. A mon sens, le mieux placé des deux est Dennis Schröder, combo guard et sixième homme du côté du Thunder d’Oklahoma. Schröder compose, avec Russell Westbrook, l’une des meilleures paires de meneur de toute la ligue. Un rang en dessous de Schröder se retrouve Domantas Sabonis, fils d’Arvydas, dont la saison en sortie du banc des Pacers contribue grandement à la troisième place de la franchise au sein de la conférence Est.
Ainsi se clôture cette partie consacrée à la répartition des titres individuels entre les joueurs américains et les joueurs internationaux. La starification de ces derniers est toujours plus importante, et il n’est pas à exclure que, dans quelques années, la distribution des trophées individuels soit mieux répartie. En attendant de voir un jour un entraîneur international être sacré ? Je vous avoue que l’idée de reposer tous mes espoirs sur les Suns de Kokoskov ne m’emballe que moyennement …
Pour terminer ce long focus, faisons simplement un rapide état des lieux de l’internationalisation contemporaine de la NBA.
IV. Quid de l’internationalisation actuelle de la Grande Ligue ?
Nous l’avons dit en introduction, ce sont aujourd’hui 111 joueurs non-américains qui évoluent en NBA. Jusqu’alors, nous avons évoqué l’internationalisation du joueur à travers le prisme des continents d’où proviennent lesdits joueurs. Il est toutefois intéressant, je pense, de préciser que sur ces 111 joueurs, ce sont quarante pays qui sont représentés. Voici un document explicatif réalisé par @Allstatsgame, dont les excellents graphiques permettent bien souvent de prendre conscience des nombreux aspects statistiques de la NBA.
On constate que les pays les plus représentés en NBA depuis 1950 sont aussi ceux qui le sont aujourd’hui : Canada, France, Allemagne, Australie, et dans une moindre mesure l’Espagne, la Croatie et la Serbie. On constate également que le cinquième des joueurs étrangers qui ont un jour posé un orteil dans une salle NBA évolue actuellement sous nos yeux. Signe que si la décennie 1990-1999 porte le visage de l’accroissement du nombre de joueurs internationaux, elle n’en était que le prémisse.
Le réel virage a été opéré de manière constante depuis l’an 2000. Ainsi, entre 1949 et la draft d’Ernie Vandeweghe et 1999, et celle de Manu Ginobili (dernier international drafté au XXème siècle), ce sont 100 joueurs étrangers qui ont été sélectionnés. A ce total se rajoutent les joueurs qui ne sont pas passés par la porte de la draft pour faire leur entrée en NBA, à savoir 30 joueurs entre 1953 et 1999. 130 joueurs au total, donc.
Aujourd’hui, on décompte 530 joueurs internationaux qui ont un jour exercé leur métier de basketteur en NBA. Pour les plus mauvais d’entre vous en maths, on en conclu donc qu’en vingt saisons, depuis le passage au XXIème siècle, 400 joueurs internationaux ont fait leur début en NBA. La draft 2016 est d’ailleurs représentative de l’accroissement démentiel de l’internationalisation des joueurs, puisque sur les 60 jeunes draftés, 29 d’entre-eux sont étrangers. Parmi eux, quelques bons joueurs en devenir : Ben Simmons, déjà All-Star, Buddy Hield, Jamal Murray ou encore Domantas Sabonis, encore lui.
Il semble que nous ayons fait le tour de l’internationalisation du joueur NBA. Pour conclure cette longue analyse, j’aimerai vous laisser avec un dernier tableau. En effet, à quoi bon se pencher sur la provenance des joueurs étrangers, si nous ne regardons pas quelles sont les franchises qui ont tendance à les accepter en leur sein ? Alors, en attendant de voir où atterriront Sekou Doumbouya (France) et autre Rui Hachimura (Japon), jeunes joueurs qui viendront gonfler le rangs des internationaux de NBA, voici le classement des “franchises à internationaux”, tableau qu’il convient de prendre avec des pincettes, les équipes ayant des dates de création différentes.
Chères lectrices, chers lecteurs, qui êtes arrivés jusque-là, je vous remercie pour votre lecture, et pour vos éventuels retours. Je vous donne rendez-vous dans quelques temps pour nous pencher sur un second épisode, qui traitera de l’internationalisation de l’image de la NBA.
Comment parler de l'histoire des joueurs internationaux en NBA sans mentionner Toni Kukoc, 3 fois champion et 6th man of the year 1996 ?
(C'est hors propos, mais si on ajoute son palmarès hors NBA, il s'agit probablement du plus beau de toute l'histoire du basket)
Super article, très cool !