Youpi, c’est le All Star break. Un week end de gala, de matchs stylés, de concours à couper le souffle, ou un week end de récupération d’heures de sommeil, c’est selon. La NBA nous sort sa petite semaine de vacances annuelles durant laquelle on s’ennuie passablement mais ce n’est pas grave car les choses très sérieuses démarrent dès la reprise. Il reste une vingtaine de matchs et il y a du suspense à tous les étages, oui même pour vous, fans des Bulls ou des Knicks (Dieu bénisse le tanking). Avant de s’embarquer pour le sprint final, prenons quelques minutes pour faire le tour d’horizon des enjeux de cet ultime quart de la saison, pour voir quelles équipes sont à surveiller comme le lait sur le feu et quelles sont celles que vous pouvez commencer à négliger salement (si tant est que vous les ayez un jour considérées). Focus aujourd’hui sur la conférence Ouest.
L’Ouest promettait une nouvelle fois d’être un beau bain de sang, et nous ne sommes pas déçus. Entre les forts qui restent forts et les mauvais qui se renforcent à quelques exceptions près, un combat sévère était inévitable, et il a bien lieu. On va monter en pression tranquillement, en partant des rares équipes véritablement décrochées pour finir par le coeur du combat.
Ils n’ont plus rien à jouer
La NBA est toujours à la pointe de l’innovation et l’a prouvé une nouvelle fois cette année, en intégrant une équipe handisport dans la ligue. Malheureusement, la marche était trop haute pour les petits Suns, qui ont surtout servi de partenaire d’entraînement pour les autres équipes de la ligue. Phoenix joue un autre championnat, à distance avec les Knicks, les Cavs et les Bulls pour chasser le top pick et remettre enfin du positif dans le vide de l’existence. Même si la saison de DeAndre Ayton est de bonne facture, même si Devin Booker est toujours capable de prendre feu, on est tellement loin du niveau requis pour être compétitif que c’en est triste.
Plus respectables mais dans des situations difficiles, Grizzlies et Pelicans n’ont plus grand chose à proposer non plus. Les Grizzlies ont enclenché la reconstruction après les années fastes du duo Conley-Gasol, séparé cette année après le transfert de l’espagnol à Toronto. Conley est toujours là et des role players de qualité sont présents pour continuer à gagner des matchs ça et là. Memphis aurait cependant intérêt à perdre le plus possible, car son pick filerait à Boston s’il était plus bas que la 8e place. Quoi qu’il en soit, le duo Jackson Jr – Valanciunas sera à surveiller car il pourrait devenir la raquette titulaire de Memphis à terme, si une complémentarité s’installe.
Les Pelicans quant à eux doivent gérer les tensions nées de la situation d’Anthony Davis. Entre la demande de transfert de ce dernier, sa blessure des plus suspectes et le renvoi de Dell Demps après l’échec des négociations avec LA, il se passe des choses plutôt moches en Louisiane. Alvin Gentry a toujours la confiance de la direction mais le contexte n’est pas vraiment propice à un travail posé et réfléchi. Mis à part Jrue Holiday, Julius Randle et la renaissance de Jahlil Okafor, les fans n’auront pas rien à se mettre sous la dent jusqu’à cet été, qui devrait s’annoncer capital. Des contreparties récupérées dans le trade de Davis dépendra la direction prise par la franchise à court, moyen et long terme.
Dernière équipe à avoir un peu lâché l’affaire, mais avec des perspectives bien meilleures pour l’avenir, Dallas. Luka Doncic a d’ores et déjà confirmé et surpassé toutes les attentes placées en lui, voguant vers le titre de rookie de l’année sans réelle concurrence. Voilà déjà de quoi mettre les fans en joie, mais ce n’est pas tout. Dallas s’est en effet débarrassé de plusieurs joueurs qui risquaient d’entraver la progression de leur joyau (Harrison Barnes, Dennis Smith Jr)… et Kristaps Porzingis a posé ses valises dans le Texas lors de la trade deadline. Inutile de dire que le duo qu’il pourrait former avec Doncic a le don de faire fantasmer toute personne un minimum intéressée par le basketball, à condition que le letton revienne à 100% de ses moyens après plus d’une saison sans jouer. La question du contrat signé par le joueur se pose également (ce sera vraisemblablement une qualifying offer), mais nous en reparlerons en temps voulu. Pour ce qui est de boucler l’exercice en cours, Dallas va faire au mieux avec l’équipe en place (nul besoin de tanker puisque leur pick ira à Atlanta), en essayant de créer de la cohésion pour la saison prochaine.
Wild Wild West
Voilà qui nous laisse un bon paquet de franchises sur les bras pour la postseason. Même si le classement est très serré et qu’il pourrait changer drastiquement d’ici le mois d’avril, il y a tout de même quelques certitudes. Impossible de voir les Warriors, les Nuggets ou le Thunder sortir des places qualificatives mais en revanche, la place des deux derniers cités dans le top 3 pourrait être menacée, une nouvelle fois pour cause de calendrier extrêmement chargé (vous ne nous en voudrez pas de penser que les Warriors et leurs 5 All-Stars se débrouilleront pour rester aux alentours de la première place). D’ailleurs, la bonne tenue de l’un pourrait se faire aux dépens de la chute de l’autre, puisqu’une double confrontation Nuggets-Thunder est à prévoir. En-dehors de celle-ci, on retrouve beaucoup de déplacements périlleux chez des grosses écuries. On a du Bucks, du Blazers, du Rockets, du Warriors… tout ce qu’il faut pour une bonne série de matchs difficile. Tout ce qu’il faut aussi pour affirmer définitivement ses ambitions.
En effet, les deux équipes ont fait preuve d’une grande solidité cette saison : Denver a su rester performant malgré une avalanche de blessures chez ses joueurs majeurs, comptant sur un Jokic au four et au moulin pour animer l’une des attaques les plus performantes de la ligue, pendant que Paul George s’incrustait tranquillement dans la course au MVP pour sublimer l’armada défensive du Thunder, la rendant beaucoup plus complète, avec un Westbrook plus juste dans ses choix bien que maladroit. Bref, le duel Nuggets-Thunder s’annonce épique, d’autant que ça pousse très fort derrière, avec un quatuor de têtes connues.
Habitués des saisons régulières de qualité, les Blazers font honneur à leur réputation. Les hommes de Terry Stotts sont en forme puisqu’ils ont remporté 14 de leurs 21 derniers matchs, à la faveur d’une grosse solidité au Moda Center. Problème, 16 des 25 derniers matchs auront lieu hors de leur arène, un environnement qui leur réussit peu cette saison (10-15). Ça commence d’ailleurs dès la reprise avec un road trip pas piqué des hannetons sur la côte Est, où ils croiseront la route de Boston, Philadelphie et Toronto, entre autres. Dans une conférence où la moindre série de défaites peut avoir des conséquences dramatiques, le trio Lillard-McCollum-Nurkic devra être au meilleur de sa forme et espérer que le renfort d’Enes Kanter apporte un peu de scoring depuis le banc.
Le scoring, voilà bien un problème que ne rencontre pas James Harden. Dans son style caractéristique toujours à la limite de la caricature, le barbu réalise encore un exercice d’extraterrestre (on est sur une série en cours de 31 matchs à plus de 30 points), permettant à Houston de figurer à la 5e place malgré une entame cataclysmique. Le recrutement estival a été foiré dans les grandes largeurs, et le management n’a eu de cesse de tenter de rattraper ces erreurs depuis lors. L’opération a été plutôt réussie, avec l’arrivée d’Iman Shumpert, Austin Rivers et Kenneth Faried pour pallier à la blessure de Capela. Les Rockets paraissent moins armés et moins redoutables que l’an passé, mais on peut compter sur leur volonté de finir en beauté pour se rappeler au bon souvenir de la concurrence.
Restons dans le Texas avec les Spurs, jamais bien loin lorsque l’on évoque les playoffs. Beaucoup d’inconnues étaient à dénombrer au départ : l’épisode Kawhi était-il complètement digéré ? Comment DeRozan allait-il se fondre dans le moule ? Comment survivre sans réel meneur de métier ? Si tout n’est certainement pas rose (coucou la défense), la situation pourrait être beaucoup plus préoccupante. San Antonio est là et bien là, avec un DeRozan plus playmaker que jamais, un Aldridge encore une fois All-Star et un supporting cast performant, au moins d’un point de vue offensif. L’équipe est loin d’être la plus mal lotie au niveau du calendrier à venir, et a donc toutes les cartes en main pour enchaîner, calmement, une 22e participation consécutive à la postseason.
Mais terminons ce tour des places fortes avec la franchise qui a le plus gros coup à jouer, à savoir le Jazz. Dans une configuration similaire à la saison passée, Utah a su faire le dos rond pendant les temps difficiles, avant de redresser la tête pour finir en boulet de canon. La résurgence entamée à la mi-décembre pourrait s’intensifier à la faveur du calendrier, osons le dire, le plus tranquille de toute la ligue pour terminer l’exercice. Ainsi, seulement 5 équipes avec un meilleur bilan que le leur croiseront la route du Jazz. Le reste ? Une farandole de Suns accompagnée de ses Pelicans rôtis, saupoudrés de Hawks avec un peu de Knicks pour finir le repas sur une touche de fraîcheur. En bref, du gâteau, qui pourrait largement permettre à Utah d’envisager la quatrième place, voire encore plus haut. Malgré les craintes légitimes nées du début de saison, Donovan Mitchell et consorts ont su être patients et persévérer, ayant toujours foi dans la force de leur collectif et de leur défense. La récompense est à portée de main.
Quatre équipes pour une place
Petite confidence, on a du mal à imaginer l’une des équipes citées ci-dessus rater les festivités du printemps. Un accident est toujours envisageable, il est vrai, et on surveillera de près la situation dans les semaines à venir. Reste alors à régler la question de la 8e place, et là, chers amis, c’est une joyeuse pagaille.
Actuellement, ce sont les Clippers qui occupent le dernier spot, mais la tendance ne parle pas en leur faveur. Les transferts de Tobias Harris et Avery Bradley constituent d’ailleurs un message clair : on fait de la place et on rajeunit pour partir draguer du free agent cet été, peu importe ce qu’il adviendra de cet exercice 2018-2019. Bien sûr, il y a encore largement de quoi accrocher des matchs avec l’effectif en place, surtout quand on regarde les rencontres à venir, avec pas mal d’équipes en roue libre au programme. La priorité n’est donc plus nécessairement sur les résultats immédiats, ce qui ne veut pas dire que les Clippers ont lâché l’affaire. De toute façon, à partir du moment où vous possédez Lou Williams, il vaut mieux être prêt à tout.
Parmi les équipes qui pourraient convoiter cette 8e place, faisons un crochet par Minnesota. Quand on parle plus de ce qui se passe dans les couloirs que sur le parquet, c’est en général mauvais signe et la chose se confirme une fois de plus. Entre le mélodrame Jimmy Butler et le renvoi de Tom Thibodeau, il y avait de quoi se régaler, à défaut de pouvoir s’extasier devant le jeu pratiqué ***râclement de gorge*** Jeff Teague ***râclement de gorge***. Alors oui, Derrick Rose a retrouvé son niveau et c’est une belle histoire. Oui, Josh Okogie est un rookie extrêmement prometteur. Et oui, KAT a une nouvelle fois été nommé All-Star. Des victoires surtout symboliques qui ne feront pas oublier la morosité globale de la saison de Minny. Les blessures n’ont rien arrangé mais on ne peut s’empêcher d’être déçu après les promesses entrevues l’an dernier. D’un point de vue comptable, une qualification est toujours possible mais la suite du programme est hardcore (matchs contre quasiment tout le top 5 NBA, et parfois à deux reprises), rendant ce retard de 4 matchs encore plus important. Si les Wolves veulent le faire, ils ont intérêt à nous sortir quelques exploits de derrière les fagots.
Les deux autres prétendants sont voisins des Clippers, voire même très proches pour le premier d’entre eux. Les Lakers ont vécu une saison chaotique, faisant également beaucoup parler d’eux, même si c’est un peu plus habituel que dans le grand nord. Le bilan n’est pas reluisant, la trade deadline a tout d’un échec cuisant, mais la raison d’y croire tient en deux mots : LeBron James. Le King a raté 18 matchs (son plus gros total en carrière) durant lesquels le bel équilibre qui avait commencé à se dessiner s’est effondré. Cela ne s’est pas arrangé depuis son retour, avec une humiliation en règle dans l’Indiana et une défaite embarrassante chez les modestes Hawks. La tendance n’incite pas à l’optimisme, mais personne n’est dupe : considérer les Lakers hors course si tôt serait une erreur cruelle. Il va simplement falloir cravacher sévère, et se mettre au diapason quand LeBron commencera à sortir des performances inhumaines pour amener tout le monde à bon port.
Et si quand bien même, cela ne suffisait pas ? En effet, une autre équipe est dans l’équation, une équipe que très peu avaient imaginé dans la discussion au début de la saison. Ironie du sort, c’est un rival historique des Lakers, on parle bien entendu des Kings. Ça, pour une belle histoire, ça se pose là. À l’image des Nets, les Kings sont jeunes, les Kings courent dans tous les sens et les Kings sont extrêmements séduisants. On pourrait bien sûr citer Buddy Hield et De’Aaron Fox mais ce serait vraiment réducteur. Si Sacramento peut se vanter d’être là aujourd’hui, c’est grâce à un effort global, du premier au douzième homme. Et c’est avec cette mentalité qu’ils pourront résister à une fin de mois de février extrêmement ardue, avant de voir s’ouvrir un chapitre plus abordable. Au vu de ce qu’ils ont réalisé jusqu’à présent, et si leur jeunesse ne les rattrape pas, les Kings ont toutes les cartes pour s’inviter en playoffs. Ce serait un véritable exploit, mais il apparaît aujourd’hui plus envisageable que jamais.