Cela ne vous aura pas échappé : le leader offensif des Knicks, Kristaps Porzingis, s’est fait transférer il y a deux jours de cela aux Dallas Mavericks. Un échange impliquant sept joueurs, qui laisse les fans NBA dans l’indécision. Si la possibilité que Kristaps évolue dans une organisation avec Dirk Nowitzki comme mentor et Luka Doncic comme coéquipier est excitante, New York retourne dans l’incertitude au sujet de sa reconstruction, entamée déjà depuis plusieurs années.
Il se passe toujours quelque chose dans la ville qui ne dort jamais. En pleine année blanche, le joueur letton était ce qui est arrivé de plus beau à New York ces dernières années, malgré les sifflets qui l’ont accueilli aux Knicks lors de sa Draft en 2015. Grand, très bon shooteur, agile et mobile, l’ailier-fort possède des qualités non-négligeables pour son jeune âge et s’est imposé comme une star à New York assez vite : une page de fantaisie dans le marasme new-yorkais, une véritable licorne.
Pourtant la séparation est désormais actée. Le transfert boucle plusieurs semaines de rumeurs autour du cas Porzingis. Il aura suffit d’une réunion de cinq minutes, ce 31 janvier 2019, pour que New York appuie sur le trade button. Pourquoi ce transfert à une semaine de la trade deadline ? Si pour Dallas, l’objectif est de compléter leur collection d’internationaux, les Knicks, quant à eux, sont plutôt sur un coup de poker, qui l’emmènera sur le marché des agents-libres avec énormément de pression et d’attentes.
Porzingis à Dallas, Dennis Smith à New York
Le transfert a fait l’effet d’une bombe ce jeudi après-midi. Pas n’importe quelle bombe évidemment. Encore une fois, Adrian Wojnarowski aura été à l’origine de l’annonce choc de ce 31 janvier. Le deal comprend plusieurs joueurs et plusieurs choix de Draft. En résumé : les Mavericks reçoivent Kristaps Porzingis, Tim Hardaway Jr, Courtney Lee et Trey Burke tandis que les Knicks accueillent le sophomore Dennis Smith Jr, les expirants Wes Matthews et DeAndre Jordan. Scott Perry, general manager de New York, s’assure aussi de récupérer deux futurs premiers choix de Draft de la franchise texane dans sa poche.
Porzingis était déjà dans les rumeurs de transfert depuis des mois, et ses relations avec le management ne rassurait guère sur un avenir orange and blue. La réunion de ce 31 janvier aura été la conclusion de l’ère lettone au sein de la Big Apple, la franchise se donnant les moyens de reconstruire son roster via la Draft et la Free Agency, dès cette saison. Pour New York, le trade ouvre plusieurs possibilités pour l’avenir de la franchise.
Tout d’abord, les Knicks récupèrent le contrat de Dennis Smith Jr. Vous vous souvenez ? Bien sûr que oui. C’est le fameux rookie que l’actuel management des Knicks voulait à la place de Frank Ntilikina lors de la Draft 2015. Impacté par la saison de Luka Doncic, Dennis Smith Jr débarque donc pour au moins une saison supplémentaire après celle-là au Madison Square Garden. Un nouveau jeune qui rejoint le noyau déjà très jeune des Knicks pour s’y imposer comme titulaire. Steve Mills, président de la franchise, explique que l’objectif serait de faire jouer Smith et Ntilikina ensemble. Encore faudrait-il que ce dernier joue de manière régulière… Dans tous les cas, il est le joueur que New York voulait dans ce trade et pourra apporter son explosivité offensivement.
L’autre intérêt des Knicks est évidemment lié à la Draft. Les deux choix de Dallas envoyés seraient des first-rounds d’après 2020, donc aucun intérêt pour cette année. Cependant, New York commence à accumuler les choix de Draft sur les années à venir, ce qui sera intéressant pour reconstruire via ce système, ou pour proposer des packages sympathiques si jamais la Draft n’est plus une priorité. C’est simple, les Knicks bénéficieront de leur premier choix de tour tous les ans, et s’est fait plaisir en récupérant plusieurs seconds tour de Draft sur les années à venir, notamment celle à venir (4). De plus, à partir de 2021, les Knicks récupéreront les premiers choix de Dallas, suite au deal de jeudi.
Avec 17 (!) choix de draft potentiels sur les quatre années à suivre (de 2019 à 2023), New York pourrait être un levier intéressant durant la période de juin.
Néanmoins, c’est surtout les contrats expirants de DeAndre Jordan et de Wes Matthews qui font le café du côté du management de New York. Deux contrats expirants qui permettent à la franchise aux deux titres de libérer du cap space en vue de la prochaine Free Agency. Potentiellement, ce sont deux contrats max qui pourront être proposés et signés dans le cap des Knicks qui est de 76,4 millions de dollars cet été. Le trade de Porzingis fait sens dans ce cheminement. En envoyant Porzingis à Dallas, le management s’enlève l’épineux dossier sur la rookie extension du letton de sa tête pour se concentrer sur une rapide reconstrution depuis le marché de l’été, à ses risques et périls, tel un all-in sur une table de poker.
Quitte ou double ?
La trade deadline apporte ses chamboulements tous les ans. Si certaines franchises en profitent pour gratter un role player ou deux pour densifier leurs effectifs, d’autres décident de tout faire exploser pour reconstruire. Dans le cas des Knicks, ce transfert symbolise surtout une prise de risque, un coup de poker qui peut s’avérer payant… comme il peut ne pas l’être.
Dans l’immédiat, la question principale du roster des Knicks sera de statuer sur le poste de meneur. Un premier balayage a été fait avec le départ de Trey Burke, et il semble logique d’insinuer que Dennis Smith Jr débutera les rencontres. Mais derrière ?
Vous avez dû le remarquer, mais New York est plutôt à fond sur le tank cette saison. Un gros tank qui permet à New York d’être dans les pires bilans de la Ligue cette saison. L’objectif est clair : récupérer un pur talent à la Draft 2019 – Zion Williamson ou RJ Barett, à tout hasard. Néanmoins, avec ce transfert, c’est surtout la Free Agency qui est privilégiée, et ce sera sur cette période que le management des Knicks sera jugé et sous pression. Le droit à l’erreur est interdit.
Depuis le début de la saison, un nom est sur toute les lèvres dans Gotham : Kevin Durant. La franchise drague le double MVP des Finales depuis plusieurs mois désormais et se dit extrêmement confiante sur le dossier. Très optimiste même. Derrière, des noms comme Kyrie Irving, Jimmy Butler, Klay Thompson sont souvent cités avec plus ou moins de redondances. C’est simple : les Knicks seront sur toutes les stars de la NBA possibles et inimaginables afin de faire digérer ce transfert auprès des fans. Avec ce transfert, New York se doit d’attirer des grands noms après avoir tant mis en avant ce cap space libéré. Scott Perry pourra draguer du Free Agent si jamais il drafte bien, mais à part ça… Quels éléments mettre en avant pour attirer des joueurs?
Le problème, et c’est le même depuis des années désormais, est : qui voudra jouer à New York, là où l’herbe est mauvaise depuis des années ? Certes, la franchise de James Dolan est un gros marché – le plus gros de la Ligue -, jouer au Madison Square Garden est un honneur, et les Knicks sont une franchise des plus mythiques de la NBA. Cependant, vu le contexte actuel : les Knicks sont-ils assez en valeur pour attirer de grandes stars ? Rien n’est moins sûr. Ne serait-ce que sportivement : à l’heure actuelle, New York dispose du pire bilan de la ligue (10-40), signant une de ses pires saisons de l’histoire. Surtout, la franchise ne présente aucune base solide sur qui construire. Désormais il y a Dennis Smith Jr et Kevin Knox, mais est-ce suffisamment attrayant pour faire venir un Kevin Durant ?
Outre le sportif cette saison, c’est surtout le côté extra-sportif qui gêne à New York. On se souvient de l’imbroglio total entre Phil Jackson et Carmelo Anthony et de cette fameuse no-trade clause. De même de l’affrontement Dolan-Oakley dans les travées du Madison Square Garden. Ainsi que des saisons sportives galères sur l’ensemble de la décennie, et même de la décennie 2000. Depuis 2012-2013, New York n’est pas parvenu à atteindre les Playoffs ne serait-ce qu’une fois, se contentant des bas-fonds de la Conférence Est. L’image de la franchise n’est pas forcément la plus belle de la NBA, et le roster n’est clairement pas le plus stable.
Surtout ? Qui veut jouer à New York là où le projet sportif est probablement meilleur ailleurs ? Il suffit de voir du côté du voisin new-yorkais, Brooklyn. Les Nets disposent aussi de cap cet été et présente un meilleur bilan (et meilleur jeu) que les Knicks malgré une reconstruction entachée par le manque de picks sur les dernières drafts. La concurrence sera rude pour la signature de free agents cet été, et si les orange and blues disposent d’un beau porte-feuille, rien n’indique que les free agents qu’ils visent ne soit pas intéressés par un projet sportif ailleurs dans le pays. Les grosses signatures seront légions cet été, mais les Knicks seront-ils de la danse pour attirer ne serait-ce qu’une superstar ? Rien n’est moins sûr…
Pourtant, si on délaisse l’affect dans ce trade et qu’on s’intéresse sur le point de vue business, nous pouvons comprendre les raisons de ce chamboulement au sein des New York Knicks, surtout qu’elles suivent la lignée du grand nettoyage organisé depuis l’arrivée du nouveau management Mills-Perry. Les gros contrats (Noah, Hardaway Jr, Lee, Carmelo) sont loin de New York, le porte-feuille de cet été est complet. Le coup de poker se tentait. Saupoudrons cela avec les dernières déclaration de Kyrie Irving, de celles de Zion Williamson ou encore de l’optimisme des Knicks sur le dossier Durant, et c’est toute une communauté de fans qui croise les doigts. Le risque de se foirer est grand, tout comme la possibilité de se repositionner à l’Est dés la saison prochaine. Quitte ou double.
C’est dans cette incertitude que les fans des Knicks se dirigent, jour après jour, en attendant le début des hostilités de l’été. La trade deadline risque encore d’être agitée sur la côte atlantique : Enes Kanter est sur le départ et devrait faire ses valises bientôt, surtout après ses plaintes envers le management des Knicks et ses réactions sur Twitter à la suite du transfert de Porzingis. New York chercherait aussi à voir ce que vau Tout est possible avec New York : soit le jackpot, soit une reconstruction prolongée qui devient de plus en plus lassante au fil des années. Les Knicks jouent avec le feu, à défaut que le Madison Square Garden le soit à chaque rencontre à domicile.