Cela fait une poignée de semaines que Luka Doncic évolue en NBA. Le voici déjà parmi les favoris des fans pour un spot au All-Star Game. A vrai dire, il a même suffisant de votes pour intégrer le 5 de départ si le classement restait tel quel. Il va sans dire, qu’avec son début de saison détonnant, le Slovène est un candidat tout à fait légitime pour une participation au match des étoiles. Néanmoins, si le joueur de 19 ans montre déjà une maturité tout bonnement improbable pour un joueur en première année, rien n’explique que ce dernier figure déjà si haut dans le cœur des fans. Du moins en apparence, car en réalité, nous avons commencé à tomber dans un engrenage bien avant qu’il réalise son premier match ou son premier exploit dans la grande ligue.
Si nous aurions très bien parler de son début de carrière, de son jeu, de sa formidable lecture des défenses adverses, de son sang froid déjà stupéfiant, nous vous proposons plutôt de nous tourner vers le personnage et sur le pourquoi de son adoption instantanée par le public.
De l’Euro 2017…
La relation particulière que le prospect a eu avec le public débute avant celle des joueurs universitaires. En 2017, l’ensemble des fans européens braqués sur l’Eurobasket vont découvrir durant l’été un prodige absolument phénoménal. Non seulement, il arbore une gueule d’adolescent des plus sympathiques, mais il évolue en plus à un niveau de jeu absolument effarant. La compétition commençait et nous venions d’avoir une confirmation, malgré ses 18 printemps, la jeune star était capable de confirmer les attentes et d’aller au-delà, même opposé aux meilleures factions du vieux continent. Grâce à un formidable Goran Dragic et Luka Doncic, la Slovénie passait toutes les étapes. Que ce soit en poule ou dans les phases éliminatoires, le duo allait sans cesse trouver des solutions pour avancer jusqu’à la finale, et chaque fois l’insouciance et le talent du jeune homme allaient éclabousser les spectateurs. Quelle que soit l’équipe que l’on supportait, il fut difficile de ne pas tomber sur le charme et ce jusqu’à des finales dans lesquelles il ne trembla pas, pas une seconde.
A 18 ans seulement, il venait de s’adjuger un premier titre au plus haut niveau mondial et devenait par la même occasion le chouchou des fans européens, attendant désormais avec impatience sont passage de l’autre côté de l’atlantique. Par la même occasion, le basketteur devenait en quelques sortes ce secret commun, celui de ceux qui, sans cesse dominés par les américains, venez de trouver leur champion, élevé dans le secret. Cet été là, nous sommes nombreux à avoir succombé au joueur et goûté notre plaisir à l’imaginer damer le pion à tous les joueurs nord-américains. On avait peut être le 1er choix de la draft 2018.
A la draft 2018
Il va sans dire que la draft du joueur n’aura jamais autant mobilisé l’ensemble du vieux continent. Désormais désireux de défendre ce protégé, ce secret jusqu’ici bien gardé, nombreux furent ses nouveaux protecteurs, prêts à lutter contre le scepticisme ambiant des spectateurs États-uniens. D’un côté, ceux prêts à parier qu’un jeune joueur de 18 ans qui marche tantôt sur des équipes nationales, puis sur l’Euroligue ne peut échouer en NBA. De l’autre, les fervents supporters de la formation américaine et NCAA pour qui aucun prospect européen ne pourra batailler immédiatement avec les Deandre Ayton, Michael Porter Jr et autres pépites de la très suivie CBB.
Bien sûr, ce schéma est un brin caricatural. Néanmoins, il reflète l’engouement suscité par la pépite slovène. Jamais le continent n’avait autant vibré à l’unisson pour la draft d’un de ses représentants, et ce même si aujourd’hui deux européens figurent comme des prétendants crédibles pour le titre de MVP.
Mais justement, pourquoi ce décalage ?
La précocité
En effet, aujourd’hui, deux jeunes joueurs issus du même moule que Doncic évoluent au meilleur niveau en NBA. Giannis Antetokoumpo, le Grec et Nikola Jokic, le serbe. Deux anciens prospects aujourd’hui établis en NBA au point d’être cités comme de solides prétendants au titre de Most Valuable Player.
Il y a quelques jours, les votes intermédiaires pour l’ASG 2019 sont tombés. Et si Giannis trône sur la conférence Est, c’est avec surprise que l’on a découvert que le jeune slovène possédait plus de voix que des stars comme James Harden, Russell Westbrook, Kevin Durant et plus du triple de celles obtenues par Nikola Jokic.
Néanmoins, si tant le serbe que le grec ont rapidement rejoint l’élite, ni l’un ni l’autre ne sont entrés dans la ligue avec la popularité et les attentes qui entouraient Doncic. Probablement que l’une des grandes différences entre le rookie et ses prédecesseurs est là. Giannis est arrivé en NBA avec beaucoup de doutes sur ce qu’il était et pouvait devenir. Frêle, loin d’être aussi abouti techniquement que le Slovène, les attentes autour de ce dernier étaient floues, mais surtout, il était un pari. Jokic, quant à lui, est arrivé dans la grande ligue en illustre inconnu. Un pivot européen, pas athlétique pour un sous et complètement en surpoids. Si l’on excepte quelques fans, difficile de faire plus anonyme comme débarquement en NBA que le sien.
Ainsi, dans aucun des deux cas le public n’a nourri d’attentes ni créé un lien particulier avec le joueur. Aucun d’eux n’a joué un rôle majeur dans une compétition internationale et tous deux ont pris le pouvoir de manière croissante dans leurs équipes. A l’inverse, Doncic était déjà particulier et populaire avant la NBA, il était déjà professionnel avant de jouer son premier match aux Etats-Unis et avait déjà une personnalité attrayante pour les fans.
Ce talent précoce et les fortes attentes autour du joueur ont créé un lien indubitable. D’autant que comme Jokic, Doncic ne domine pas avec des qualités physiques hors norme. Il domine avec une maturité, une vision de jeu, une lecture de ce qui se passe sur le terrain que certains vétérans n’atteindront jamais. Il ajoute à ce Qi Basket des fondamentaux déjà aboutis, comme s’il était déjà un produit fini alors qu’il se dirige vers ses 20 printemps. En cela, c’est un talent unique, qui en fait déjà un favori du public. Luka Doncic n’est pas un rookie, c’est déjà un professionnel aguerri.
Une personnalité
Dernière pierre de l’édifice Doncic, la personnalité.
Une fois encore, les deux européens mentionnés ci-dessus ne sont pas aussi proches du public que Luka. Le Grec paraît assez déterminé, mais il est difficile de connaître Giannis Antetokoumpo. Même aujourd’hui, alors que les lumières sont braquées sur lui et son équipe. Nikola Jokic évolue dans une équipe assez anonyme. Si l’on a l’image d’un personnage un peu décalé, très désinteressé, il n’est pas extrêmement expressif, n’aime pas la lumière et n’en joue jamais.
Doncic, lui, apparaît comme cet enfant vivant un rêve éveillé. D’un enthousiasme sans borne, le rookie retentit par son sourire et son émerveillement perpétuel. D’apparence très juvénile, pour cause, du haut de ses 19 ans, il attire immédiatement la sympathie. Son amusement très singulier et ce lien très solide qui transparaît avec ses coéquipiers a fini de conquérir les fans. Pas uniquement, nous, européens d’ailleurs. Sa popularité est déjà énorme aux Etats-Unis, le public s’amusant de ce jeune prodige qui a fait mentir une bonne partie d’entre-eux.
Pour ne rien gâcher, sa proximité avec la légende Dirk Nowitzki a parachevé cette conquête aux allures de braquage. Il semble déjà prêt à prendre la relève du géant allemand – et qui sait, peut-être obtiendra-t-il sa première sélection dès sa première saison, voire, encore plus fou, une place de titulaire ?