Atteindre le doux rêve de fouler les parquets en NBA, c’est quelque chose. S’y maintenir en est une autre, et s’il y a bien une chose dont on est sûr concernant la grande ligue nord-américaine, c’est que tout peut arriver du jour au lendemain. Que ce soit des randoms qui deviennent des joueurs clef de leurs effectifs, ou d’autres qui glissent dans les rotations… Chaque destin de joueurs NBA a ses particularités. Joakim Noah fait parti de ces “mal-aimés”, ces joueurs qui peinent à se refaire une place dans une franchise américaine. Après la déception new-yorkaise, c’est Memphis qui donne sa confiance à l’intérieur français. Comme une dernière chance ?
Du grizzly, Joakim en a l’allure. La rumeur était de plus en plus insistante dans les médias spécialisés. Si Mary Patrux, présentatrice de NBA Extra sur les canaux de BeIn Sport lâche la bombe en première sur les réseaux sociaux, il aura fallu attendre deux semaines pour que le contrat soit enfin signé. Le 5 décembre, Joakim Noah est officiellement un joueur des Grizzlies, en paraphant un contrat d’un an au salaire minimum. Après deux années quasiment blanches du côté de la Big Apple, Joakim rebondit dans une équipe qui pourrait correspondre à son jeu actuel.
Une évolution discordante avec celle de la NBA
Si aujourd’hui, le nom de Joakim Noah sonne globalement avec des moqueries attribuées à ses récents lancers-francs, il ne faut pourtant pas oublier le maillon central qu’il était aux Chicago Bulls pendant près de dix ans, entre 2007 et 2016. 4è des votes au trophée de MVP lors de la saison 2013-14, Joakim était un pur basketteur rugueux des raquettes. Cette année-là, c’est une ligne de statistique à presque 13 points, 11 rebonds, 5 passes, 1,5 contre et interceptions que nous lâche le fils du célèbre tennisman, dans des Chicago Bulls déjà handicapés des blessures de Derrick Rose. C’est simple, cette année-là, Joakim est le meilleur pivot de la ligue. Polyvalent, redoutable défenseur – il remportera d’ailleurs le trophée de meilleur défenseur de l’année 2013-14 -, sur tous les rebonds. Jooks était la pierre angulaire de ces Bulls qui allaient en playoffs, et était aussi talentueux qu’il n’a de poils sur son crâne.
La NBA a cependant une allure très rapide dans son évolution, et ceux qui n’arrivent pas à embarquer dans le train ont du mal à garder leur place. Joakim Noah a bouffé l’évolution de la NBA de plein fouet. Tout d’abord les blessures. Cheville, épaule, genou… “Sticks” collectionne les pépins et se voit au final régresser dans la rotation, au profit d’un Nikola Mirotic. Après la formidable année 2013-14, c’est à peine plus de 140 matchs joués pour un temps de jeu réduit, et surtout des points divisés par deux.
A l’heure où la NBA se transforme en une gigantesque aire de jeu pour les shooteurs longue distances, et où les intérieurs stretch de plus en plus souvent avec un minimum de shoot extérieur, Joakim Noah se retrouve dépassé. Son transfert à New York, franchise et ville de son enfance, était censé lui permettre de revenir au meilleur de sa forme. Mais entre un secteur intérieur bouché dans la Big Apple et le fait que Jooks collectionne à nouveau les blessures, les choses tournent mal. Si de temps en temps il dispose de quelques poignées de minutes en sortie de banc, il ne pèse plus offensivement comme il pouvait le faire à l’époque, et surtout défensivement. Rajoutons à cela les critiques sur son shoot, les suspicions de dopages, son salaire faisant de lui l’un des contrats les plus surpayés de la ligue et le rêve de jouer pour sa franchise de cœur se transforma en cauchemar. Un buy-out plus tard en octobre 2018, et voilà Jooks sans franchise.
Les Grizzlies : le meilleur endroit possible pour rebondir ?
La question était simple, mais pas aisée à répondre : verrait-on à nouveau Joakim Noah sous les couleurs d’une franchise ? Les doutes étaient de mise tant la réputation de Noah avait pris un coup après ses deux années en tant que Knickerbocker du banc. C’est finalement Memphis qui, deux mois après son buy-out, le récupère au salaire minimum pour cette saison. Le fit entre les deux parties est-il possible ? En tout cas, la relation entre les Oursons de l’Ouest et Noah a de l’intérêt.
Actuels 6è de la Conférence Ouest, les joueurs de JB Bickerstaff réalisent un surprenant début de saison. Ils sont une des meilleures défense du pays. À vrai dire, c’est l’équipe qui concède le moins de paniers par match aujourd’hui avec environ 37 paniers pris par match. Vous l’aurez compris, le Grit and Grind est de retour dans le Tennessee après une saison décevante, marquée par les blessures. L’effectif est bon et compétitif, avec le mérite de prendre de gros résultats. Minnesota, Clippers, Utah par plusieurs fois.. Memphis endosse son costume de candidats sérieux aux places qualificatives pour avril. L’arrivée de Joakim Noah permet-elle de solidifier le secteur intérieur ? D’un autre côté, Joakim peut-il se relancer dans le Tennessee ?
Il faut dire que les deux partis se sont bien trouvées. Memphis, avec sa petite PACE se situe dernière des équipes en terme de possessions par match, symbole d’un tempo lent, qui est probablement le style de jeu qui conviendrait le mieux à Jooks. Quatre rencontres plus tard, la tendance se confirme. Jooks devient back-up de Marc Gasol, sans aucune surprise, et s’investit dans chaque match dans tous les domaines. Joakim a cette mentalité Grit and Grind dans le sang, parfait pour aider Memphis à se placer à l’Ouest. Dès son deuxième match, le français s’illustre avec 13 points et 5 rebonds en 15 minutes. Il faut revenir deux ans en arrière pour retrouver une trace d’une dizaine de points dans un match NBA le concernant. L’ancien joueur des Bulls est motivé à faire une bonne impression cette année, après des années de galère.
« Pendant tout ce temps, j’ai continué de rêver de basket J’ai continué de travailler. La NBA, on ne peut pas la prendre pour acquis. Il n’y a que 400 joueurs. Je ne m’attends plus à rien car d’un jour à l’autre, je suis passé d’un statut de All-Star à celui d’un joueur au chômage et c’est allé très vite. J’apprécie juste le fait d’être un joueur de 33 ans et d’être dans le vestiaire. » – Joakim Noah
Joakim Noah trouve en tout cas une nouvelle chance dans le Tennessee. Il dispose du soutien de ses nouveaux coéquipiers pour se remettre en selle dans le difficile univers de la NBA. Loin de la surexposition médiatique new-yorkaise, Noah semble s’être trouvé une place qui lui correspond, au sein d’une équipe à son image.