Les Nuggets ont pris le début de saison par le bon bout. Souvent vaincus dans les moments difficiles la saison passée, il semble que la déchirante défaite face aux Timberwolves, synonyme de Playoffs ratés ait servi d’électrochoc pour le groupe. Cette saison, pas question de tomber sans se battre, et c’est ainsi que l’équipe affiche un bilan de 8-1 avec plusieurs victoires à l’arrachée, notamment contre les champions en titre : les Golden State Warriors.
Si de nombreux éléments expliquent ce début de saison encourageant, au rang desquels on trouvera : la présence défensive de Millsap, la volonté du groupe de ce côté du terrain, les bonnes performances des jeunes : Monte Morris, Malik Beasley, Juancho Hernangomez pour ne citer qu’eux – il faut aussi mettre en avant la paire majeure à la tête de l’équipe, Garry Harris & Nikola Jokic. Les 2 joueurs ont travaillé cet été un alchimie que l’on pouvait déjà retrouver sur le terrain les années précédentes. Preuve de cette volonté de construire, Harris accompagnait le serbe dans son retour sur ses terres cet eté pour tisser un lien plus profond avec son coéquipier.
Désireux de progresser, ils ont continué à bosser leur jeu durant la trêve estivale. Harris cherchant les armes pour continuer une progression indubitable chaque saison depuis son arrivée en NBA, tandis que Jokic opérait un vrai virage dans son jeu pour réaliser des progrès nécessaires en défense pour le bien de son équipe. En cette reprise, les progrès son encore visibles de part et d’autres. L’arrière voit son utilisation et ses chiffres encore renforcés, tandis que l’intérieur mieux employé en défense, utilise son excellent footwork pour compenser ses faibles qualités athlétiques, continuant d’imposer sa présence atypique dans la raquette adverse (et pas que) en attaque.
Mais qu’est-ce qui les définit en tant que paire ?
Lorsque l’on veut prétendre à se faire une place en NBA, il faut aussi avoir une marque de fabrique. Un move, une connexion qui vous définit. Les deux jeunes Nuggets sont indubitablement des attaquants très complets. Afin d’exploiter cette polyvalence, voici leur arme : le dribble handoff.
Le dribble handoff, qu’est-ce que c’est ?
Alors que la NBA a fait du pick&roll son arme ultime, il existe pourtant d’autres façons de libérer son arrière à l’aide d’un écran. Plutôt que d’avoir un joueur qui appelle un écran et utilise ce dernier pour créer une opportunité tantôt pour lui-même, tantôt pour son coéquipier, il est aussi possible de faire appel au dribble handoff.
L’idée est la suivante, dans ce cas, l’intérieur (le plus souvent), reçoit le ballon, part en direction de son coéquipier qui vient alors réaliser une course derrière son intérieur. Ce dernier pose alors un écran et lâche la balle au joueur qui réalise la coupe. Ce dernier a plusieurs options.
Gary Harris et le DHO
Il peut par exemple, si son vis-à-vis n’a pas suivi partir directement vers le panier pour finir dans la raquette, comme ici, face aux Suns.
Pour un joueur aussi vif que Harris, les écrans et les passes dans le bon timing de Jokic peuvent ouvrir très rapidement le che demin de la raquette. Doté de très bons insctincts, il sait en général instinctivement quelle solution choisir. C’est donc sans surprise que le DHO lui ouvre régulièrement les portes de la raquette, et des paniers faciles. Surtout quand comme sur l’action suivante, un système appelé en amont lui permet de posséder un écran supplémentaire. Il devient alors très difficile pour son défenseur de prendre une décision. Le suivre et essayer de passer malgré les écrans (sans faire faute !). Les aides doivent alors être très réactive, ce qui est problématique.
Problématique car le passeur n’est nul autre que Nikola Jokic. C’est à dire d’un joueur qui est à la fois un excellent passeur mais peut aussi utiliser Harris comme une distraction et finir lui-même au scoring. Sur l’action ci-dessus, Booker se retrouve dépassé. Ayton, le pivot adverse, doit défendre à la fois sur la coupe vers le panier, mais également sur Jokic qui peut faire l’objet d’une passe. Sans surprise, cela permet à l’arrière de finir sur le pivot qui doit colmater les brèches entre les deux joueurs.
D’autant que, même si la défense bloque directement l’accès au cercle, il est alors tout à fait possible de finir tranquillement. Avec un floater par exemple. Ceci représentant uniquement un panel de possibilités lorsque le joueur coupe vers le cercle, cela montre la difficulté initiale de réagir défensivement lorsqu’une différence est faite.
Mais qu’en est-il des autres possibilités qui rendent cette combinaison si dure à défendre ?
Comme évoque plus tôt, Harris est un joueur qui base son jeu sur ses instincts, tant en attaque qu’en défense. Il sait rapidement repérer la situation où il doit lacher le ballon à un coéquipier, driver… ou déclencher un tir. Ici, son vis-à-vis est battu, mais l’intérieur coupe directement l’accès vers le cercle. Pas de problème, le joueur sait shooter et termine l’action par un tir à mi-distance.
Vous pouvez ainsi sans difficulté imaginer que la balle puisse revenir à Jokic, au besoin, à un autre coéquipier ouvert, au besoin – ou se terminer par un tir à 3pts selon d’où Jokic a lancé son action.
Vous trouverez notamment ici une compilation de passes de Gary Harris, lorsque l’accès lui est fermé. Vous noterez que le joueur, insiste rarement pour pénétrer de manière à ce que l’attaque continue à s’exprimer. En effet, une solution pour bloquer cette séquence est d’apporter une aide, ce qui risque très souvent de libérer un joueur côté faible, ou une couper ligne de fond. Un véritable casse-tête que Gary Harris sait exploiter.
Dribble handoff et la paire des Nuggets
Mais pourquoi cette combinaison qui finalement n’a rien de complexe, on peut même difficilement faire plus simple – définit cette équipe et plus particulièrement ce duo.
Plusieurs raisons. Tout d’abord, nul duo en NBA ne l’utilise plus que celui-ci. De même, aucun joueur n’inscrit plus de points en NBA que Gary Harris grâce à ce “système” – si on peut l’appeler ainsi. Pourquoi ? Car Harris à le full package, joueur sans ballon intelligent, ses coupes sont assassines, mais il est également suffisament fin observateur pour choisir l’option la plus efficace pour l’équipe. En outre, aucun intérieur NBA ne peut se targuer d’avoir un tel timing de passe que le pivot de Denver. C’est finalement sans grande surprise que la pléthore d’options offerte à cette paire lui permet de l’utiliser avec plus d’efficacité que le reste de la ligue.
D’autant qu’elle correspond parfaitement au système offensif prôné par cette équipe. Avec de nombreux joueurs capables de créer pour eux-même et autrui (Jokic, Murray, Harris, Barton, Millsap, Morris, Hernangomez), et ce alors qu’Isaiah Thomas n’est pas encore revenu et que Michael Porter Jr n’a pas posé les pieds en NBA – les Nuggets ont opté pour une attaque que l’on pourrait qualifier de create & react. Pour profiter de tout ce talent offensif, quoi de mieux que de créer un début de système et de laisser ensuite les joueurs s’exprimer ?
A ce titre, le dribble handoff qui est aussi utilisé par d’autres extérieurs, en combinaison avec les 3 intérieurs que sont Paul Millsap, Mason Plumlee et Nikola Jokic permettent de créer un premier espace qui offre ensuite aux joueurs le loisir de s’exprimer. Jamais avec la même aisance que le duo Harris-Jokic, néanmoins.
Pour finir, si vous souhaitez une dernière explication, vous pouvez visionner cette vidéo. Enjoy !
https://www.youtube.com/watch?v=E9dSi-qXUCI
On commence à comprendre de nouveau depuis quelques temps pourquoi "Fan de Denver, oui ça existe !" 😉
Merci de l'éclairage, en effet la NBA ce n'est pas que du P'n'R et de l'iso, et heureusement !
On est d'accord, ça commence à avoir plus de sens depuis le début de saison ! 🙂