Les maisons d’édition semblent s’ouvrir aux auteurs français souhaitant s’exprimer sur la NBA. Après plusieurs best-sellers américains qui ont éprouvé la soif du public français pour la ligue américaine, ce sont desormais des opus made in france qui apparaissent dans nos librairies. Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir Top 50, Les Légendes de la NBA, aux éditions Talent Sport. Les auteurs ? Deux français élevés à la NBA, deux passionnés qui ont grandi dans l’amour du basketball, fascinés par la balle orange mais surtout, deux membres de la communauté NBA en France, comme nous tous. Pas écrivains, pas journalistes, Talent sport a ici laissé la parole à deux fans, qui nous livrent une liste qui se veut travaillée, avec un style libre, sans langue de bois.
Alors quelle est la particularité ? Dans ce bouquin, Julien Muller et Anthony Saliou délivrent leur vision des grands noms de la NBA d’hier et d’aujourd’hui. Voici la première difficulté de l’exercice, réaliser un classement cohérent entre la NBA des années 50, en passant par l’époque débridée des 80, l’ère Jordan, jusqu’à 2018. Autrement dit, avoir un regard juste entre les époques, tout en intégrant des joueurs qui évoluent encore sous nos yeux. Seconde difficulté, vous faire voyager dans l’histoire du jeu : donner une image représentative des joueurs d’antan sans assomer le lecteur. Il faut donc être bref mais sans bâcler les courts portraits pour nous donner envie de nous renseigner et d’en savoir plus par nos propres moyens.
Deux choses donc. Il faut aborder ce livre en sachant que les auteurs ont dû faire face à des dilemmes par paquets de douze. Ensuite, il ne faut pas tergiverser 3 ans pour se pencher dessus. Après tout, l’histoire de la NBA continue de s’écrire sous nos yeux et cet ouvrage est une photographie sur le regard du duo Muller-Salliou au jour de sa publication. Et Dieu sait qu’on rêve de voir ce Top 50 bouleversé encore et encore.
Etat d’esprit pré-lecture
Je crois que pour proposer une critique, il faut être honnête sur la manière dont on a abordé le sujet. On peut chercher à être parfaitement objectif, mais je ne crois pas qu’une telle chose existe. Au mieux, vous arriverez à vous en rapprocher – et quand on a un Top 50 sur un sujet aussi subjectif que celui du sport, difficile de ne pas laisser la passion se déchaîner. Voici donc comment j’ai abordé ce livre sur les Légendes de la NBA.
Tout d’abord, je ne suis pas un grand expert de la littérature sportive. J’ai longtemps été réticent à l’approche de cet univers. Puis j’ai moi-même écrit sur ce sport, et j’ai eu la chance de lire quelques excellents ouvrages. Cet été, le génial 7 seconds or less de Jack McCallum m’a prouvé qu’on pouvait même rêver devant un ouvrage sur la NBA. Je me suis donc senti d’attaque lorsqu’on m’a proposé de me pencher sur la sortie à venir – qui est le sujet de cet article.
Néanmoins, une petite réticence. Je n’ai jamais été un grand fan des Top 10, 20, 50 – bref des listes. D’une part car ce n’est pas un sujet de prédilection pour moi, ensuite car quand j’ouvre un livre j’aime bien qu’on me raconte une histoire. Mais là ça parle, ça transpire même, basket. Puis ça vient de personnes que j’ai pu croiser sur le net. Alors prenons le risque, allons-y.
Top 50, Les Légendes de la NBA : ma critique
Trois courts chapitres avant de vous lancer dans ce top 50 et dévorer l’ascension vers le GOAT, comme aiment bien le clamer les réseaux sociaux. D’abord, une préface courte et efficace réalisée par George Eddy. Puis, le passage indispensable : leurs propres préfaces. Vous ne les connaissez peut être pas, alors il est important de savoir qui parle. Une lecture obligatoire, au style parfois un peu trop familier, mais qui a le mérite de vous rappeler votre propre histoire ou de vous permettre de prendre conscience par quel niveau de passion il faut être habité afin d’être choisi pour réaliser un livre sur son sport et sa ligue favoris.
Puis, vient le cœur de l’ouvrage. Alors par quelles étapes suis-je passé durant cet ouvrage ? Je pense que j’ai fait une escale du côté de l’étudiant qui apprend sagement, j’ai également accosté sur l’approbation complice. Mais pas que. J’ai affronté les remous de l’incompréhension quand ma sensibilité ne convergeait pas avec celle des auteurs, j’ai même souqué les artimuses lorsque notre duo m’a donné envie de pratiquer un autodafé.
Vous l’aurez compris, la lecture de ce livre a provoqué chez moi toutes sortes de réactions. C’est une qualité indubitable, je pense. Certaines chroniques sont très bien pensées, vous donnent envie de voyager sur Google pour en lire plus, visionner les (nombreux) matchs évoqués au fil des lignes et vous faire votre propre avis. D’autres vous laisseront un goût de pas assez, et c’est bon signe. Plus, c’est même honnête car comment accorder trop de lignes à des joueurs dont presque aucune image ne subsiste ? A l’inverse, certaines très brèves arrivent à être extrêmement complètes – l’enchaînement des portraits “Le Bon, la Brute et le Truand” forme par exemple un ensemble très efficace. Tout comme celui d’une certaine paire du Jazz.
Les auteurs prennent également des risques. On vous le disait, l’ensemble se veut sans langue de bois et ils n’hésitent pas à donner leur avis. Ce n’est malheureusement pas toujours bienvenu. Certaines prises de positions – parfois virulentes contre certaines pratiques – font pourtant écho à ce que les auteurs eux-mêmes m’ont semblé se permettre quelques minutes plus tôt. Et c’est probablement le plus grand reproche que je puisse faire à cet ouvrage. Prendre parti requiert de ne pas soi-même faire de fautes de goûts, il y en a quelques unes.
Sinon que dire ? C’est un livre qui parle avant tout aux fans de basketball et de la NBA. Les auteurs n’hésitent pas à utiliser tous les anglicismes et le vocabulaire très familier des fans. Pourtant, un lexique très complet et un peu de bonne volonté permettront aux moins aguerris de faire leurs gammes. Les portraits sont courts et ne rendent pas l’ensemble assommant.
En fin de compte, c’est probablement l’ouvrage évènement, en cette fin d’année, pour le microcosme NBA de plus en plus important en France. Et il vient de fans comme vous et moi. Je pense qu’il y a de quoi vous intriguer. Et si vous faites partie des nombreux adeptes des classements, listes et autres procédés, alors vous y trouverez assurément votre compte. Il faut voir ce Top 50 comme une porte ouverte sur l’histoire de ce sport. Ne pas hésiter à en découvrir plus, à se forger son propre avis.
Alors si vous êtes tentés : bonne lecture !