La lente reconstruction sans tour de draft continuait la saison passée pour une dernière traversée du désert avant que l’ombre de Billy King ne soit désormais plus que de l’histoire ancienne. Pour l’occasion, Sean Marks et son équipe avaient fait l’acquisition de nombreux joueurs en quête de rédemption. Les nombreuses manœuvres réalisées n’empêchaient pas de parier contre cette équipe, qui, en dépit de choix judicieux, manquait cruellement de talent.
Pour ne rien arranger, elle devait faire avec la perte de son leader, envoyé aux Lakers : Brook Lopez. Une perte sous-estimée mais qui ne plaidait pas en faveur de l’équipe.
Cette saison fut finalement le théâtre d’une palanquée de défaites dans une équipe qui pourra se défendre de n’avoir pas été épargnée par les blessures : Jeremy Lin et D’Angelo Russell ont respectivement manqué la totalité de la saison (81 matchs) et une part conséquente de celle-ci (34 matchs). Ces absences furent l’occasion de voir briller Spencer Dinwiddie, lui qui a pu se tailler une réputation dans la ligue sous la houlette de Kenny Atkinson. Malgré quelques belles victoires et un début de saison solide, les Nets n’ont pourtant pas balayé les doutes que nous avions émis l’été dernier. Loin de là.
Ce qui gêne à l’issue de cette saison, c’est que les Nets ressemblent à une légion de role players. Et pour cause, au delà de la simple impression, c’est ce qu’ils sont. Malheureusement, la construction de la franchise ne repose pas franchement sur des fondations très solides. Seul D’Angelo Russell pourrait se révéler être un joueur sur qui il faut vraiment compter à l’avenir. En l’état, il est difficile de voir ce que l’équipe pourrait créer autour de son jeune groupe constitué de Russell lui-même, Rondae Hollis-Jefferson, Caris LeVert, ou autre Allen Crabbe.
Résumé de l’été
Comme beaucoup d’équipes en reconstruction, l’été des Nets a été mouvementé. Si aucun échange de grande ampleur n’a chamboulé l’effectif dans ses fondations, la franchise a tout de même animé la free agency 2018.
Mais avant de se positionner sur le marché des agents libres, la franchise devait sélectionner deux joueurs le soir de la draft. En fin de premier tour, les Nets ont donc fait l’acquisition de l’ailier Bosnien : Dzanan Musa. Capable d’évoluer également sur le poste 2, le joueur a basé son jeu sur sa faculté à dégainer, notamment à longue distance. Il peut aussi aller au cercle avec ses 2m06. Pas effrayé lorsqu’il s’agit de shooter, il devra en revanche faire des progrès en défense et dans sa vision de jeu pour se faire une place de choix dans la rotation. Au second tour, c’est un autre ailier que la franchise choisissait avant de l’attirer dans ses filets et de lui proposer un contrat : le letton Rodions Kurucs.
Comme l’an passé, les, Nets s’illustraient rapidement en réalisant cette fois le premier trade de l’été. Le 6 juillet, Brooklyn récupérait Dwight Howard en échange de Timofey Mozgov, inutilisé la saison passée ainsi que les droits d’Hamidou Diallo et un 2nd TDD 2021. Pourtant, cette acquisition n’avait rien de définitif puisque la franchise signait un buy-out avec le joueur, lui donnant par la même occasion l’opportunité d’aller renforcer les Wizards. La franchise ne sortait donc absolument pas renforcée de l’échange mais continuait à épurer ses finances afin d’être fin prêts pour la free agency 2019.
Toujours dans l’optique de bouger son effectif, Brooklyn envoyait ensuite Jeremy Lin à Atlanta en échange des droits d’Isaiah Cordinier et de 2nd tours de drafts de parts et d’autres. Si la franchise n’avait pas vu évoluer le meneur sous ses couleurs l’an passé, elle abandonnait un nouveau joueur de calibre NBA contre rien. Second mouvement de la sorte consécutif. Cette fois, néanmoins, l’échange ouvrait la possibilité de libérer du cap salarial pour un autre trade.
Finalement, la franchise montait un échange pour délester les Nuggets de Kenneth Faried et Darrell Arthur contre Isaiah Whitehead. Obtenant par la même occasion le 1er TDD 2019 des Nuggets et un 2nd TDD 2020. Darrell Arthur ne posait cependant pas ses valises et partait directement à Phoenix contre Jared Dudley. Là encore, ce sont deux joueurs qui débarquent à Brooklyn avec un contrat expirant en fin de saison.
Afin de combler les failles laissées par l’été, Sean Marks sortait enfin le chéquier pour attirer deux joueurs laissés libres par Portland : Shabazz Nappier et Ed Davis qui évolueront respectivement aux postes de meneur et de pivot.
La franchise boucla finalement son recrutement en allant chercher 2 joueurs pour compléter son effectif : Theo Pinson et Treveon Graham. Dans le même temps, Joe Harris qui sortait d’un très bel exercice 2017-2018 obtenait une prolongation à hauteur de 16M sur deux ans. A l’aube de l’exercice 2018-2019, le roster des Nets est donc le suivant :
Meneurs : D’Angelo Russell, Spencer Dinwiddie, Shabazz Nappier
Arrières : Allen Crabbe, Caris LeVert, Joe Harris, Treveon Graham
Ailiers : DeMarre Carroll, Dzanan Musa, Theo Pinson, Rodions Kurucs
Ailiers Forts : Rondae Hollis-Jefferson, Kenneth Faried, Jared Dudley
Pivots : Jarett Allen, Ed Davis
A l’instar du cru 2017-2018, le roster des Nets apparaît comme l’un des plus faibles en NBA. L’objectif sera d’essayer de tirer un bilan sur ses jeunes et d’obtenir du cap pour frapper fort à la free agency 2019. En récupérant ses premiers tours de draft, il était évident que ce groupe n’obtiendrait pas des renforts de choix pour aller glaner des victoires, et c’est donc une ossature dépourvue d’un véritable leader qui évoluera cette saison.
Jeu & Coaching
Kenny Atkinson sera toujours à la tête des Nets l’an prochain avec pour mission de développer les jeunes joueurs et de proposer un jeu qui puisse attirer quelques fans et curieux dans l’arène. Si l’on y réfléchit, un coach qui possède un effectif diminué en termes de talent n’a pas vraiment beaucoup d’options pour créer un fond de jeu : il doit tendre vers les extrêmes. Soit en montant une défense qui permette d’arracher des décisions, soit en jouant un jeu extrêmement offensif qui permettra de surprendre quelques adversaires.
Lorsque l’on regarde le roster, on se rend compte que beaucoup de joueurs sont de bons shooteurs, que le groupe est jeune et que malheureusement, peu ont fait leur réputation grâce à leur défense. Sauf surprise, Brooklyn pourrait proposer un jeu très proche de celui prôné l’an passé, à savoir un jeu qui repose avant tout sur du jeu très rapide (PACE à 101,7 – 6eme en NBA), avec une tendance à abuser du tir extérieur. Les ajouts d’Ed Davis et Kenneth Faried pourraient permettre à l’équipe d’exploiter les espaces créés par le fort spacing des extérieurs pour finir plus facilement près du cercle en transition, en fast break ou même sur attaque placée. Si on peut douter que cela suffira à gagner des rencontres, cela devrait néanmoins amener du spectacle dans le Barclays Center, notamment quand on connaît le pedigree du Manimal en la matière.
Toujours dans cette optique de proposer un jeu flamboyant, les additions à l’intérieur de deux athlètes aux côtés de Jarrett Allen devraient permettre deux choses : d’un côté avoir plus de transitions grâce à Ed Davis qui est un top 15 NBA du côté du rebond défensif. De l’autre, permettre à ces aficionados du tir longue distance d’avoir plus de munitions grâce à une hausse des rebonds offensifs récupérés notamment grâce à Kenneth Faried,, eux qui n’étaient que 25eme la saison passée dans ce secteur. Progresser dans l’exercice sera capital puisque pour une équipe peinant en défense, notamment avec un repli défensif pas franchement au niveau (25eme au defensive rating), obtenir plus de secondes chances permettra de réduire le nombre de contre-attaques des opposants.
Quel 5 majeur ?
Les Nets vont sûrement chercher à courir beaucoup, et possèdent une réelle profondeur sur les lignes extérieures, particulièrement les postes 2 et 3. Il est difficile de savoir si l’expérience sera favorisée par rapport à la jeunesse. Dans une équipe qui cherchera une bonne position à la draft et le développement des jeunes, difficile de faire des paris. Selon toute vraisemblance, Atkinson et son staff devraient chercher la mobilité – et je vois donc un 5 de départ qui ressemblerait à ceci :
D’Angelo Russell – Allen Crabbe – DeMarre Carroll – Rondae Hollis-Jefferson – Jarrett Allen
Pour une équipe dont l’objectif est de marquer plus que l’adversaire et faire du spectacle, une line-up avec un seul intérieur de métier apparaît comme la meilleure option. Carroll devrait selon moi connaître sa dernière saison en tant que titulaire NBA, qu’il parte ou qu’il reste à Brooklyn à l’issue de la saison. Possédant une rotation réduite à l’intérieur, cela permettra ensuite à Atkinson de choisir entre Faried, Davis, voire les 2 selon l’adversaire. Crabbe, Carroll et Holllis-Jefferson permettront également d’apporter de la polyvalence et de l’envergure pour switcher en défense. En espérant que les derniers fassent des progrès derrière l’arc pour apporter un supplément de spacing bienvenu.
Forces du roster
Avec beaucoup de polyvalence sur les postes de meneur à ailier, la franchise va pouvoir s’adapter à l’adversaire. L’équipe va devoir défendre dur sur les lignes extérieures pour espérer profiter de ses efforts offensifs. L’équipe est jeune et peut donc se permettre d’être dispendieuse en énergie dépensée. Avec de nombreux shooteurs à 3pts réguliers, il y a vraiment possibilité que certaines soirées soient compliqués pour les adversaires quand l’adresse sera au rendez-vous. Rappelons par exemple que Crabbe prenait plus de 7 tirs derrière l’arc par match la saison passée. A défaut de posséder beaucoup de talent, les Nets ont de nombreux joueurs capables de faire payer une défense un peu trop laxiste chaque soir.
L’avantage étant qu’avec de nombreux scoreurs différents, il est difficile de concentrer ses efforts sur un joueur dès le début de rencontre. Certains postes étant triplés voire quadruplés, l’effectif possédant des joueurs de taille très proche entre les postes 2 et 4, il y a donc un cœur de joueurs adaptés aux standards NBA actuels. De quoi tester de nombreuses combinaisons et de s’adapter face à l’adversité.
Faiblesses du roster
Malheureusement, l’équipe possède bien plus de lacunes que de forces, ce qui risque d’expliquer un bilan résolument négatif à la fin des 82 rencontres. Tout d’abord, le secteur intérieur est un peu léger avec seulement 2 pivots, dont 1 encore très vert (Jarrett Allen), et des ailiers forts assez faibles notamment en défense. Malgré un secteur extérieur athlétique, la défense risque comme la saison passée de prendre l’eau. L’addition de Faried, bien que très physique, ne règlera pas les problèmes défensifs, bien au contraire.
Offensivement, l’équipe a beau parier sur D’Angelo Russell, celui-ci a encore fort à faire pour prouver qu’il mérite les louanges dont il était l’objet en 2015. Talentueux, il n’a à ce jour ni la production qu’on attend de sa part, ni le statut de leader qu’il aurait du assumer la saison passée. Or, cette absence de leadership risque d’être préjudiciable dans une équipe qui va devoir une fois encore s’accrocher en encaissant de nombreuses défaites douloureuses.
Si Spencer Dinwiddie s’était imposé comme l’homme vers qui se tourner dans les matchs serrés, on parle tout de même d’un joueur qui tirait à 38,7% dont 32,6% à 3 pts. Il n’y a pas de leader au scoring ce qui pose un problème clair : il n’y a personne sur qui les défenses adverses doivent se focaliser. Ce qui complique forcément le travail de toute l’équipe. Alors certes, cela rend le plan de la soirée moins clair à mettre en place, mais cela veut aussi dire que l’équipe risquera de sombrer assez rapidement face à des défenses bien en place.
Le joueur clé : D’Angelo Russell
Alors de quel joueur la saison des Nets va le plus dépendre ? Nous optons pour D’Angelo Russell qui remis de sa blessure va devoir franchir un cap cette saison. Le joueur va entrer dans la dernière année de son contrat rookie et s’il ne veut pas aborder un été crucial pour lui avec une étiquette de joueur peu fiable, s’il veut construire sa carrière en tant que titulaire, il va devoir prouver qu’il a bien le talent qu’on lui prêtait le soir de la draft. Si les Nets veulent faire bonne figure dans l’optique d’un été crucial qui se présente, il va falloir qu’un joueur sorte du lot.
Or sur le papier il est le seul joueur qui peut vraiment franchir un cap cette saison. A lui d’améliorer sa gestion du jeu, de prendre les matchs à son compte quand le besoin s’en faire sentir et surtout d’être enfin régulier dans ses performances. Avec un gros contrat à aller chercher et un statut à conquérir, c’est l’année ou jamais pour exploser et prouver que les Nets ont eu raison de miser sur lui.
La problématique de l’équipe : l’objectif sera-t-il vraiment la victoire ?
Après des années sans ambitions sportives ni tour de draft pour reconstruire, les Nets ont essayé de bricoler une base à peu près solide. Néanmoins, cette saison, c’est la fin de cette longue traversée du désert et l’équipe va enfin pouvoir obtenir un jeune joueur de talent l’été prochain. Dans le même temps, il faudra compter sur eux durant la free agency, puisqu’après des années à délester des franchises de contrats encombrants, il arriveront l’été prochain avec une marge importante sur le marché.
Les rumeurs n’ont pas tardé à fuser – alors que Jimmy Butler et Kyrie Irving ont refusé des prolongations et affiché ouvertement leur désir de jouer ensemble. Avec leurs 70M de cap space, les Nets pourront se positionner sur les deux dossiers.
Convaincre deux stars de venir serait plus facile avec des jeunes à fort potentiel dans l’effectif et des joueurs solides prolongés à bas prix. Aussi, si le staff et les joueurs affichent officiellement la volonté de faire les Playoffs et de surprendre, on peut se demander si gagner et mettre en valeur les joueurs en contrat rookie sera dans l’intérêt de Brooklyn. Plus les joueurs performent dans une équipe en déconfiture, plus leurs prétentions salariales seront élevées.
Aussi, on peut se demander si l’ensemble de la franchise sera tournée vers la réussite à court terme de l’équipe, ou si en coulisses, on ne s’activera parfois pas à préparer l’avenir. Dans ces conditions, il serait difficile d’accomplir un exploit dans la pure lignée des Pacers de l’an passé. Les divisions pourraient vite s’afficher et la volonté de l’équipe s’effriter dans le même temps – et ce peu importe que les joueurs soient arrivés avec un objectif commun ou pas. A fortiori dans une équipe où l’essentiel de l’effectif va chercher à obtenir un contrat l’été prochain.
Pronostic
12eme à l’Est (Entre 25 et 32 victoires )
Dans le meilleur des cas, la franchise pourrait bien démarrer sa saison et essayer d’accrocher le wagon des Playoffs. Le manque de talent devrait cependant être trop criant et coûter cher à l’équipe dès la première série de défaites. Dans une franchise dont l’avenir peut se jouer dès l’été prochain, avec un groupe de joueurs en “contract year”, difficile d’envisager que toutes les pièces s’imbriquent pour réaliser une saison surprenante.
Avis du Compte FR (@BrooklynNets_Fr)
Quel bilan tires-tu de la saison passée ?
« Je dirai que la saison que l’on a faite s’est effectuée en demi-teinte : les Nets ont d’un côté montré de belles choses, remportant plus de matches que la saison d’avant, développant des gars assez inattendus (Spencer Dinwiddie évidemment mais aussi le rookie Jarrett Allen ou Joe Harris, tous trois auteurs d’une belle saison). Cependant on peut quand même être frustrés de joueurs déjà plus attendus. D’Angelo Russell qui a passé une partie de la saison blessé, ou même Crabbe dont les performances étaient vraiment limites jusqu’au All Star Game (sûrement mal utilisé). Et puis évidemment la rupture des ligaments croisées dès le premier match de Jeremy Lin qui plombait tout le travail du training camp… Mais malgré cela les Nets ont développé un jeu sympa à regarder et ont rarement été blow-out par leur adversaire. Donc c’est un bilan néanmoins positif que l’on peut tirer de la saison de Brooklyn. »
Que penses-tu de l’été de la franchise ?
« Très positif. Tout d’abord, Brooklyn a réussi à évacuer le contrat de Mozgov, ce qui paraissait impossible. Le joueur ne jouait pas et nous coûtait une blinde, au moins ce problème est réglé. Tous les moves qui ont suivi, comme le trade pour Faried, le trade de Lin à Atlanta… etc, semblent de bonnes idées. Les Nets ont réussi leur intersaison mais l’essentiel se trouve l’an prochain. L’été 2018 ne sert que de préparations mais a été magnifiquement géré par Sean Marks et Kenny Atkinson. Les Nets possèdent maintenant de la flexibilité pour la prochaine free-agency, leur propre tour de draft (enfin !) et se targuent d’être un gros marché. Plus que le bilan de cet été, on a hâte d’être en juillet prochain. »
Quelles sont les attentes pour la saison prochaine ? Quel scénario te convient pour l’équipe actuelle ?
« J’espère que l’équipe travaillera dans la continuité de ce que l’on fait depuis déjà 2 saisons, soit ne pas tanker et développer une culture du jeu chez les Nets. Après, on peut être tenté à l’idée de tanker vu que l’on a notre propre choix de draft afin d’attirer de gros agents libres avec un gros prospect et je comprends cette idée. Cependant, je pense plutôt que montrer du beau jeu et une capacité à gagner des matches avec un choix un petit peu plus haut (genre fin de lottery-pick) apporteront plus de crédibilité à la franchise aux yeux des agents libres. Du coup j’espère que l’on va tout faire pour gagner le plus de matches possibles et que des joueurs comme D’Angelo Russell vont prendre leurs responsabilités. Tout comme cet été, cette saison servira de préparation à la prochaine et ceux qui pensaient à d’éventuelles playoffs cette année risquent d’être déçus. Mais c’est un mal pour un bien, on a suffisamment confiance au front office pour le futur de la franchise.”