Nous y voilà. Après avoir mis la conférence Est à feu et à sang pendant 8 longues années, LeBron James s’en est allé. Souvent accusée d’un manque de compétitivité face au King, je ne peux m’empêcher d’imaginer James quittant un champ de bataille, faisant cavalier seul vers d’autres rivages et laissant derrière lui une légion de boucliers brisés. Il est vrai, qu’entre 2010 et 2018, tout ceux qui se sont opposés ont en général explosé rapidement. Ceux qui se sont succédés ont changé, certains l’ont fait trembler, mais aucun ne l’a finalement vaincu. Que ce soit à la tête du Heat, des Cavaliers version James-Irving, ou d’un LeBron isolé cette année, rien n’a suffi. Pourtant, cette saison, Pacers puis Celtics ont failli faire vaciller le King. En vain, encore.
Lorsque j’imagine James partant vers l’Ouest, ayant brisé la volonté de l’adversaire, je ne peux m’empêcher de penser que l’avenir de cette conférence est brillant. Car malgré les échecs, la sensation qu’une jeune génération a fourbi ses armes dans l’ombre est indéniable. Alors, maintenant que James a signé un bail de 4 ans sur l’autre rive, qui va dominer l’Est ?
Le trident
Je parlais d’une jeunesse qui a grandi dans l’ombre. A cette évocation, il y a pour mois 3 équipes qui ont toutes les armes pour régner et se disputer le trône pour les prochaines années.
Boston Celtics
Ils ont failli faire tomber les Cavaliers en se basant uniquement sur leurs jeunes. C’est bien ça qui est le plus épatant. Les Celtes ont failli battre Cleveland sans leurs 2 leaders offensifs attendus : Kyrie Irving & Gordon Hayward. L’an prochain, avec les progrès du groupe, et la présence escomptée du meneur et de l’ailier, la profondeur du roster apparaît comme vraiment effrayante. Le groupe est jeune, athlétique et talentueux. Pour ne rien gâcher, ils ont probablement à leur tête le prochain coach qui va marquer l’histoire de la NBA de son banc : Brad Stevens. Si jamais les étoiles s’alignent enfin pour cette équipe, Boston devrait être le favori pour bien des années à la domination de sa conférence. Qui sait, peut être seront-ils même bientôt une véritable menace pour l’armada démesuré des Warriors.
Philadelphie Sixers
Même quasiment au complet, ils n’ont pas réussi à inquiéter les Celtics. Pourtant, là aussi l’avenir semble faste. Joël Embiid pourrait bien être le pivot le plus complet de la NBA, Ben Simmons s’est avéré un rookie à la hauteur de son statut. Déjà car c’est une sorte d’ailier moderne-playmaker, ensuite car son talent est énorme. S’ils arrivent à conserver Dario Saric et faire exploser Markelle Fultz, les Sixers auront des armes pour prétendre aux sommets de leur conférence.
Pour battre les Celtics, il va tout de même falloir que leurs jeunes franchissent un cap et que la santé du pivot reste stable – car leur équipe n’est pas aussi profonde que celle de Boston et leur coach n’a pas l’empreinte sur le groupe que semble avoir son homologue de la maison verte.
Milwaukee Bucks
Les Bucks ont encore fini au forceps pour accrocher les Playoffs, avant de s’offrir une série à couteau-tirés avec les Celtics. Là aussi, l’équipe avait réuni un groupe jeune et hyper-talentueux. Si Jabari Parker s’en est allé, la pièce angulaire de l’effectif est toujours à Milwaukee : Giannis Antetokoumpo. Enfin débarassés de Jason Kidd, de son système défensif anachronique et de son manque de rigueur offensive, l’équipe pourrait connaître un tournant dans son histoire avec le recrutement de Mike Buldenhozer. L’ex-technicien d’Atlanta s’est imposé comme ce qui se fait de mieux en NBA et son association avec le trio extérieur Bledsoe-Middleton-Antetokoumpo me paraît suffisant pour offrir de belles promesses aux Bucks.
Sur la durée, le Wisconsin pourrait bien posséder le meilleur joueur de la conférence, et si ce groupe est bien entouré, notamment en construisant une raquette compatible avec le phénomène grec – la concurrence pourrait bien s’en inquiéter. Reste à bien gérer les salaires et ne pas reproduire une erreur semblable à la perte de Parker, qui était le parfait ailier fort aux côtés de Giannis dans la NBA actuelle.
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“Le trident” devrait s’inscrire dans la durée comme les grosses franchise de l’Est. D’autres équipes pourraient se mêler à la course – en prenant en compte les ressources actuelles et les opportunités qui s’offrent.
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Les dangers à court termes
Ces équipes pourraient connaître des difficultés d’ici 1 an ou plus. Mais à court termes, elles pourraient surgir pour enfin avoir leur heure de gloire.
Toronto Raptors
DeMar DeRozan s’en est allé. En retour, les Raptors ont fait l’acquisition pour au moins une saison de Kawhi Leonard et Danny Green. Rien que ça. C’est simple, les Raptors étaient déjà très forts en saison régulière, mais peinaient à confirmer en post-saison. La faute à une paire Lowry-DeRozan qui explosait systématiquement. Le banc canadien était le meilleur en NBA cette saison. Ils ont perdu Nogueira mais vont récupérer OG Anunoby qui a satisfait en tant que titulaire. Au poste 2, la franchise perd DeRozan, mais récupère Danny Green, solide défenseur et shooteur à 3pts utile. Surtout, ils vont ajouter le meilleur défenseur extérieur de la NBA sur les ailes, et un des tous meilleurs attaquants : Kawhi Leonard.
Peut être ne sera-t-il pas aussi dominant qu’aux Spurs, mais s’il revient fort, c’est peut être lui qui sera le meilleur joueur de l’Est cette saison. Toronto s’est peut être offert une dernière danse, mais l’équipe pourrait bien ne jamais avoir été aussi dangereuse en voyant l’effectif. Si Kawhi part l’été prochain, ce sera la fin pour cette équipe. Quoi qu’il en soit, en attendant, les Raptors feront bien parti de l’élite. En espérant que le rookie-head coach soit à la hauteur.
Washington Wizards
Les Wizards repartiront avec John Wall, Bradley Beal, Otto Porter et Markieff Morris espérant que le meneur soit cette année débarrassé de ses problèmes de genoux. En remplacement de Marcin Gortat, la capitale a fait l’acquisition d’un pivot old school avec Dwight Howard. Si la NBA moderne montre de plus en plus qu’un pivot qui a du mal à switcher sur les extérieurs devient vite dispensable, D12 reste une upgrade certaine pour la franchise. En outre, l’arrivée d’Austin Rivers et quelques renforts vont tendre à renforcer un banc pas folichon.
Comme d’habitude, nous compterons sur les Wizards à l’aube de la saison. Comme souvent, on pourra s’attendre à une belle saison comme à une année décevante – mais comme toujours, il ne sera pas bon de les manœuvrer en Playoffs s’ils sont au complet. L’horloge tourne à Washington DC, le trident va progresser plus vite qu’eux, s’ils veulent faire un run en Playoffs pour devenir plus attractif, c’est peut être la meilleure année pour le faire.
Dommage que le coaching soit une balle dans le pied d’un roster tout de même très dense.
Indiana Pacers
Les Pacers sont la surprise du chef de la saison précédente. Attendu comme une lotterie team, ils ont finalement terminé dans le top 5 de leur conférence tout en manquant de peu l’occasion de s’offrir le scalp des Cavaliers. Victor Oladipo s’est imposé comme un leader à la détermination inflexible, tout en réalisant une progression individuelle qu’on n’osait plus espérer.
Comme souvent, les franchises qui déjouent les pronostics génèrent un réel enthousiasme. Et le groupe s’est vu renforcé de Tyreke Evans, Doug McDermott et Kyle O’Quinn, ne perdant dans l’été que Lance Stephenson. Si l’arrière était important dans l’état d’esprit de l’équipe – on ne peut nier une amélioration de l’effectif suite à ces différentes signatures. Si le problème est qu’on a du mal à voir cette équipe toucher les sommets, il semble indubitable que tant qu’ils gardent la même discipline et la même envie, il ne fera pas bon de les affronter en post-saison.
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Les potentiels
On entre dans une section qui se base plus sur de l’intuition et le ressenti quant aux pièces accumulées par les équipes.
Chicago Bulls
Beaucoup s’interrogent sur les choix des dirigeants des Bulls, parfois à raison depuis qu’on peut se souvenir de l’été 2016. Néanmoins, la reconstruction débutée l’été suivant a désormais fière allure. Avec Kris Dunn, Zach Lavine, Jabari Parker, Lauri Markkanen, Denzel Valentine ou autre Bobby Portis, il y a du matériel pour poser les bases d’une belle équipe à venir. A fortiori étant donné que Wendell Carter Jr fraîchement drafté apparaît comme un autre bon joueur dans l’escarcelle des Bulls. Il semble indubitable que la franchise de l’illinois fait parti des équipes au nez creux au soir de la draft.
Pour que l’équipe explose, il faudra néanmoins un peu de temps et que les blessures laissent Parker et LaVine tranquille. Fred Hoiberg à la tête de l’équipe va devoir également montrer qu’il a sa place en tant que leader d’une équipe. Si rien n’est fait, il n’y a à ce jour aucune autre équipe de bas de tableau qui dispose d’autant d’armes déjà en leur possession que Chicago. De quoi devenir une autre franchise dans la bataille de la conférence Est ? La saison prochaine devrait donner les premières réponses.