L’été dernier, le front office de Minny décidait d’accélérer les choses. Le soir de la Draft, Zach Lavine, Kris Dunn et le 6ème choix étaient envoyés à Chicago, en échange de la star Jimmy Butler et du pick 16. Ce dernier sera utilisé pour sélectionner Justin Patton, pivot en provenance des Bluejays de Creighton. Par la suite, plusieurs joueurs d’envergure viendront compléter l’effectif, avec Jeff Teague, Taj Gibson ou Jamal Crawford. Retrouver les Playoffs n’est plus un espoir mais un objectif pour les Wolves, désormais dotés d’un effectif plus mûr et armés pour lutter à l’Ouest. Au terme d’une saison mouvementée, ce sera chose faite pour Tom Thibodeau et ses joueurs. Mais rien n’aura été facile, et l’avenir n’est pas des plus sereins pour Minnesota, entre espoirs et incertitudes.
Une saison difficile, mais réussie
Commençons par le plus important, le plus évident : après 14 ans de disette, les Timberwolves ont remis les sneakers en Playoffs. Les fans attendaient cela comme le messie, et cela suffit à tamponner la saison de Minny comme un succès. Les dirigeants avaient certes travaillé en ce sens l’été passé, mais les questions restaient nombreuses autour des Wolves. La progression des jeunes stars, la compatibilité entre Wiggins et Butler, le leadership de ce dernier… L’arrivée de Jeff Teague ne faisait pas l’unanimité, et celle de Derrick Rose en cours de saison encore moins. Beaucoup d’observateurs restent sceptiques sur le potentiel réel de cette équipe, et doutent de sa capacité à aller chercher les Playoffs. Sur le papier, les Wolves ont bien sûr le talent pour atteindre cet objectif. Mais l’absence flagrante de spacing au sein de l’effectif inquiète, et la complémentarité du roster est très incertaine.
D’ailleurs, le début de saison ne fut pas des plus rassurants. Les premiers mois n’ont pas été simples dans le Minnesota, malgré un bilan comptable positif. Si l’équipe engrange plus de victoires que la saison précédente, le jeu des hommes de Thibodeau ne séduit pas. En attaque, on remarque évidemment la somme de talents (Butler, Wiggins, Towns), mais la machine n’est pas fluide et l’on s’en remet souvent aux individualités pour s’en sortir. Surtout, c’est la défense qui inquiète et commence à faire enrager les fans. Et à nourrir les moqueries des autres observateurs. Car pour un coach dont la réputation défensive n’est plus à faire (certains diront que cette renommée est injustifiée), Thibs a bien du mal à inculquer une véritable rigueur défensive à ses joueurs. A la place d’une forteresse imprenable, Minnesota est une passoire dans laquelle la moindre goutte d’eau parvient à s’infiltrer sans mal. Karl-Anthony Towns cristallise les critiques, ne montrant aucune dissuasion sous les panneaux, pendant que Wiggins alterne le bon et l’inexistant. A la fin décembre, les Wolves affichent pourtant un bon bilan de 22 victoires pour 13 défaites, se positionnant en concurrents sérieux pour une place en Playoffs à l’Ouest après une superbe série de 5 victoires conclue au terme d’une prolongation haletante face à Denver (teaser).
A ce moment, les Timberwolves viennent d’entrer dans la période la plus faste de leur saison. Les satisfactions se font de plus en plus nombreuses. Butler s’est affirmé comme le leader mental de cette équipe, et alignent les performances de choix. Si sa défense laisse toujours à désirer, KAT fait des ravages en attaque et au rebond, enfilant les doubles doubles comme des perles. Surtout, Taj Gibson émerge comme le coup de coeur au sein des Wolves, amenant sa ténacité et sa propreté au sein de cet effectif. L’attaque tourne de mieux en mieux, et si Teague et Wiggins se montrent irréguliers, ils font le boulot à l’organisation du jeu pour l’un, au scoring pour l’autre. Et au début du mois de janvier, Minnesota sort une nouvelle série de 5 victoires consécutives, qui leur donne un bilan positif de +13 wins. Mieux, l’équipe montre de vrais progrès en défense, affichant pendant un temps un excellent Defensive Rating. L’attaque s’affirme elle comme l’une des meilleures de la Ligue. Car si la PACE des Wolves compte parmi les plus basses de la NBA, l’efficacité des joueurs de Thibodeau fait des merveilles. Avec les améliorations constatées en défense, Minnesota s’installe dans le Top 5 de l’Ouest. La machine est lancée, les automatismes sont là, et même lorsque les matchs sont accrochés, Jamal Crawford déboule en sortie de banc pour sauver les siens.
Le banc, voilà d’ailleurs la principale inquiétude des fans. Car si les choses tournent bien, les titulaires jouent beaucoup. Le 5 majeur des Wolves est le plus utilisé de la Ligue, et de loin, avec des joueurs parmi les plus gros temps de jeu en NBA. Au-delà des craintes de blessures, c’est surtout la fatigue progressive et le manque d’implication du banc qui questionnent. Car lorsque les titulaires sortent – Thibodeau est adepte de la rotation complète, avec tous les titulaires dehors ou presque en même temps -, les choses se corsent pour les Timberwolves. Notamment en défense, où Minny prend complètement l’eau par moments. Mais le bon parcours se poursuit, et si les progrès défensifs entrevus en début d’année commencent déjà à s’amoindrir, ils vont carrément disparaître avec l’événement le plus marquant de la saison des Wolves : la blessure de Jimmy Butler.
Car ce que l’on ne dit pas, c’est que Minnesota a maintenu le cap lorsque son calendrier était le plus dur, enchaînant les victoires face à de gros poissons. On se souviendra notamment d’un superbe match sur les Cavs, au milieu d’une série de confrontations face aux meilleures équipes de la NBA. Et alors que les 15 derniers matchs environ se profilent, les fans regardent le calendrier avec sérénité. Si quelques affrontements sont prévus avec des rivaux directs – notamment Utah et Denver – le chemin des Wolves s’annonce plutôt ouvert pour accéder à la qualification en Playoffs tant attendue, avec plusieurs adversaires déjà engagés dans la lutte au tanking. Mais avec la perte de leur leader mental – et co-leader technique avec Towns – Jimmy Butler, les Timberwolves basculent dans une spirale négative. Les prestations défensives redeviennent catastrophiques, et l’équipe tombe à plusieurs reprises face à de faibles adversaires. Derrick Rose, fraîchement arrivé, se blesse déjà et manque plusieurs rencontres après des premiers pas honnêtes. La défaite face à Memphis, pourtant critiquée pour ses matchs donnés à ses opposants, sera le point d’orgue de cette mauvaise passe. Et lorsque le 82ème et dernier match de la saison se profile, les Wolves se retrouvent confrontés aux Nuggets pour la lutte à la 8ème place de l’Ouest.
Le dernier strapontin pour les Playoffs se jouera donc au Target Center de Minneapolis, avec le retour d’un Butler encore diminué. L’arrière-ailier a choisi de ne pas se faire opérer pour revenir plus vite, et sera bien de la partie face à Denver. Et au terme d’un match acharné et aux rebondissements les plus dingues, les Wolves décrochent leur qualification en Playoffs. Il aura fallu attendre 14 ans, une saison difficile et une ultime rencontre conclue en prolongations pour retrouver les joutes de postseason. Minnesota ne s’est pas facilité la tâche, alors que le chemin était pourtant bien déblayé. Mais la blessure de Buckets et le manque de régularité de ses coéquipiers ont bien failli coûter très cher en fin de saison. Qu’importe, les Wolves sont en Playoffs, et affronteront Houston, leader incontesté ou presque de l’Ouest. Là encore, quelques regrets viennent émailler le bilan de fin de saison régulière. Au vu du mouchoir de poche dans lequel se tiennent les équipes de l’Ouest, une seule victoire supplémentaire aurait pu changer les choses pour Minny. Memphis…
Élimination logique en Playoffs
Tout le monde prévoit une boucherie pour les Wolves. Les Rockets ont marché sur la saison régulière, et les problèmes défensifs de Minnesota laissent présager de véritables cartons pour James Harden and cie. Du côté des fans, si l’on rêve toujours d’un miracle, on espère arracher un match ou deux. Ce ne sera pas le cas lors du Game 1, mais la boucherie annoncée n’aura pas lieu non plus. Si la différence de points (-3 seulement) est finalement flatteuse pour Minny au vu du match, les Wolves ont montré de belles choses. Seul Towns fait figure de déception, mais rappelons que le gamin dispute le premier match de postseason de sa jeune carrière. Cependant, les joueurs de Thibodeau ont gâché une belle occasion d’engranger une victoire et de faire douter les Rockets. Le Game 2 sera largement dominé par les coéquipiers de Chris Paul, et les Timberwolves reviennent au Target Center menés 2-0, sans surprise. Ils y réaliseront le Game 3 tant attendu, avec une véritable détermination pour battre Houston, qui lâchera d’ailleurs en fin de match. En revanche, ils ne laisseront aucune chance aux Wolves de prendre une victoire de plus. La série s’achève dans le Texas sur le score de 4-1, logique.
C’est évidemment une déception pour la franchise, car un upset est toujours espéré. Ce ne sera pas pour cette fois, et les hommes de Thibs rentrent dans le Minnesota avec une première expérience de Playoffs en poche. La saison s’achève donc après un parcours réussi, mais mitigé. Certes, les Wolves ont atteint l’objectif majeur, mais les choses n’ont pas été faciles, entre problèmes défensifs, utilisation douteuse du banc et blessures. Qu’importe, dans l’esprit des fans, c’est une saison aboutie qui vient de se dérouler, et la satisfaction est de mise – à raison.
Bilans individuels
Jeff Teague (14.2 pts, 7.0 ast, 3.0 rbd)
La signature du meneur l’été dernier a divisé les fans. Ricky Rubio envoyé à Utah, il fallait bien remplacer l’espagnol, et c’est vers Teague que le management s’est tourné. Ce dernier a plutôt réussi sa saison, même s’il s’est parfois montré irrégulier. Propre dans la distribution, capable de rentrer des shoots longue distance, il aura rendu une copie relativement propre. Certes, il ne fait pas partie des meilleurs meneurs de la ligue, mais il a fait le boulot, entre scoring et organisation du jeu.
Jimmy Butler (22.2 pts, 4.9 ast, 5.3 rbds)
La recrue phare de l’an dernier, évidemment. Les Wolves sont allés chercher en Jimmy un leader, ils l’ont sans aucun doute trouvé. Très vite intégré, il a fait parler sa rage communicative sur les parquets, amenant son expérience et ses aptitudes défensives monstres. Dommage que ses coéquipiers n’aient pas suivi sur ce plan, notamment Andrew Wiggins dont on pensait qu’il apprendrait beaucoup. Butler, lui, n’a pas grand chose à se reprocher sur cette saison. Il a pris ses responsabilités dans le groupe, assumé son statut dans les fins de match difficiles, et les résultats collectifs en son absence ont montré son importance. Rarement passé à travers, il s’est montré exemplaire tout au long de la saison.
Andrew Wiggins (17.7 pts, 2.0 ast, 4.4 rbds)
Une année difficile pour le canadien. On s’attendait à une baisse statistique liée à l’arrivée de Butler, et cela n’a pas loupé (plus de 23 pts de moyenne la saison passée). Mais au-delà des chiffres, c’est bien les prestations sur le parquet qui n’ont pas rassuré. Entre inconstance et fulgurances, Wiggins s’est montré fidèle à lui-même. Capable du meilleur comme de disparaître, on l’a souvent senti emprunté ou timoré. Et les fans commencent à se faire une raison : quand Andrew veut, Andrew peut. Mais Andrew ne veut peut-être pas assez, et lorsqu’il n’arrive pas déterminé dans l’arène, il offre des prestations quelconques. D’ailleurs, des tensions seraient apparues en fin de saison avec Butler, ce dernier reprochant à Wiggins de ne pas travailler à l’entrainement. Surprenant ? Non, mais c’est ce qui inquiète, car on a finalement toujours plus parlé de potentiel que de réel concernant Andrew Wiggins. Joueur ô combien attachant, il a pourtant traversé cette saison difficilement.
Taj Gibson (12.2 pts, 1.2 ast, 7.1 rbds)
L’un des véritables coup de coeur de la saison du côté des Wolves, si ce n’est le plus gros. Combatif à tout instant, travailleur acharné sur le parquet, l’ancien joueur des Bulls et du Thunder a amené ce qu’on attendait de lui : détermination et exemplarité. Bien sur, il a parfois été pris à défaut en défense, lors des très mauvais soirs des Wolves. Mais avec un Towns bien plus souvent fautif, Gibson a eu un rôle déterminant. Joueur de l’ombre, toujours prêt à gratter des rebonds déterminants, et même parfois à relancer la machine en attaque de manière très surprenante, Taj a parfaitement justifié son recrutement l’été dernier. Les années passent, mais il reste un élément solide et fiable dans un effectif en quête de Playoffs.
Karl-Anthony Towns (21.3 pts, 2.4 ast, 12.3 rbds)
Une nouvelle fois, KAT a réalisé une superbe saison sur le plan offensif. Si sa moyenne de points a considérablement baissé (25.1 pts l’an passé) à cause de l’arrivée de Butler, tous ses pourcentages au tir ont progressé, notamment derrière l’arc (36.7% à 42.1% avec un volume identique!). Sa panoplie offensive est l’une des plus complètes à son poste en NBA, et s’il a parfois tendance à sortir de ses matchs en perdant ses nerfs (foul troubles parfois), il est capable de grosses séquences pour mener les siens sur des runs. Il est d’ailleurs le deuxième joueur de l’histoire à terminer une saison régulière en plus de 20pts/10rbds et en 50% (2pts) 40% (3pts) 85% (LF), après un certain Larry Bird. Exceptionnel. En revanche, sur le plan défensif, le pivot a largement été décrié, à juste titre. Souvent absent sous les panneaux, facilement pris en défaut sur les backdoor ou auteur de rotations douteuses, Towns doit vraiment progresser de ce côté du terrain. Capable de gros contres, mobile, il a toutes les capacités pour devenir un protecteur plus qu’honnête. Mais il devra développer sa lecture défensive et son sens du placement pour y parvenir, et son QI Basket défensif pose question.
Le banc
Suffisamment cible de railleries au cours de la saison, la faible utilisation du banc ne permet pas d’écrire un paragraphe pour chaque joueur. D’autant que les satisfactions sont rares, et les explications diverses. Pour ce qui est des intérieurs, pas grand chose à se mettre sous la dent. Gorgui Dieng a réalisé une saison moyenne, avec des lacunes défensives toujours flagrantes et un apport offensif irrégulier. Cole Aldrich a participé à 21 matchs pour une moyenne de 2.3 minutes… Sans commentaire. Voilà pour les postes 4 et 5. Justin Patton a malheureusement été blessé avant le début de saison, avant de faire son retour en G-League… Et de s’y blesser à nouveau. Le pivot est même incertain pour le training camp.
Sur les extérieurs, plus de satisfactions, à commencer par Tyus Jones. Le meneur, parfois sous-utilisé aux yeux des fans, a su montrer des progrès et une véritable fiabilité en sortie de banc au relais de Teague. Capable de rentrer des tirs et d’organiser le jeu, il n’a également pas démérité en défense malgré des aptitudes physiques limitées. L’arrivée de Derrick Rose a d’ailleurs fait grincer des dents à Minny, les fans ne souhaitant pas voir le temps de jeu de Tyus diminuer. Rose lui, n’a malheureusement pas pu montrer beaucoup lors de la deuxième partie de saison. La faute à de nouvelles blessures, évidemment. Après des premières rencontres encourageantes, il a manqué la majeure partie des matchs suivants. Enfin, Jamal Crawford a plutôt réussi sa saison. L’éternel sixième homme a fait parler la poudre à plusieurs reprises, capable de prendre feu et de rentrer des tirs importants pour maintenir l’équipe à flots.
Nemanja Bjelica, auteur d’un très bon début de saison avec des performances du parking impressionnantes, est peu à peu retombé dans l’irrégularité qu’on lui connaît. Toujours capable d’apporter, il peut aussi disparaître parfois, même si son utilisation laissait quelques fois à désirer. Mais ses carences défensives étaient bien trop handicapantes pour un banc déjà peu inspiré de ce côté du terrain. Aaron Brooks et Marcus Georges-Hunt ont eux été peu utilisés, même si le second a parfois été surprenant avec des prestations plus que correctes. Mentionnons tout de même Shabazz Muhammad, auteur de mauvaises performances jusqu’à son transfert pour Milwaukee. Lui met cela sur le compte de son utilisation, mais le fait est qu’il est, à l’heure où l’on écrit ces lignes, encore sur le marché des agents libres.
Tom Thibodeau
Parler de Thibs, c’est l’occasion d’expliquer encore un peu les remarques attribuées aux joueurs, particulièrement ceux du banc, mais aussi d’évoquer les problèmes défensifs. Pour ce qui est des remplaçants, leur utilisation famélique a valu aux Wolves d’être souvent raillés, et on peut penser que les prestations irrégulières des joueurs de banc s’expliquent en partie ainsi. Les remplaçants étaient-ils moyens car ils ne jouaient pas assez ou jouaient-ils peu car ils étaient trop moyens ? Le serpent qui se mord la queue, et finalement les deux justifications se complètent. Certains ont manqué de régularité, peut-être parce qu’ils jouaient trop peu. Et lorsqu’ils jouaient, l’équipe prenait souvent l’eau, dilapidant parfois des avantages au score conséquents ou encaissant des runs difficiles à remonter. Thibodeau s’est souvent entêté à faire tourner l’équipe entièrement. Avec des temps de jeu aussi conséquents pour les titulaires, il se débrouillait tout de même pour aligner 4 remplaçants en même temps. Et lorsque Jones, Crawford, Bjelica et Dieng sont présents sur le parquet en même temps… Le terme “défense” disparaît du champ lexical basket.
La défense justement, parlons-en. Thibodeau s’est entêté à utiliser ses systèmes habituels, notamment son fameux ICE. Pourtant, les joueurs en présence ne sont pas forcément faits pour ces schémas, notamment un Towns complètement perdu sur les aides. Résultat, un entraîneur réputé (à juste titre ou non, chacun son avis) pour sa défense dont l’équipe termine avec le 27ème Defensive Rating (111.1). Le terme “entêté” n’a pas été utilisé à deux reprises par hasard, c’est la face terrible de sa personnalité qu’a montré Coach Thibs tout au long de la saison. Pas d’adaptation, et des joueurs enfermés dans des schémas uniques. Autre point évoqué au cours de l’année, l’utilisation de Karl-Anthony Towns. On a pu constater les dégâts que peut causer le pivot, et pourtant il a souvent été peu alimenté en attaque, notamment au poste bas. Et si ses statistiques à trois points sont impressionnantes, il n’est pas normal qu’il se retrouve à shooter autant du parking alors qu’il est finalement peu touché dans sa zone de prédilection.
Thibodeau n’est pas étranger au succès des Wolves et au retour en Playoffs, mais on attendait plus du coach, notamment sur le plan défensif et en termes d’adaptation. Son utilisation du banc a également fait grincer des dents, même si rien n’est surprenant après son passage à Chicago. Certains ont même mis la blessure de Butler sur le dos de Thibs, libre à eux de le penser mais il est très difficile de pouvoir l’affirmer.
Quelles perspectives à court et moyen terme ?
Une fois la saison terminée, c’est évidemment vers l’avenir que les regards se tournent. La situation financière n’est pas la plus évidente à manoeuvrer, loin de là. Ne disposant d’aucune marge salariale, le Front Office savait déjà qu’il faudrait être malin pour améliorer l’effectif. Plus encore avec les fins de contrat de Jamal Crawford et Nemanja Bjelica à remplacer.
Le travail commençait dès le soir de la Draft, avec les choix 20 et 48 à utiliser. Le management a choisi de jeter son dévolu sur Josh Okogie, arrière de Georgia Tech. Son profil doit venir remplacer numériquement Jamal Crawford, lui qui peut très bien évoluer sur l’aile. Le futur rookie devrait amener sa qualité de shoot, mais également de bonnes dispositions défensives. Un profil recherché depuis longtemps et attendu par les fans. Au second tour, les dirigeants ont sélectionné Keita Bates-Diop, un ailier complet qui devra se faire une place dans la rotation de Thibodeau. Pas simple quand on connait l’ancien coach des Bulls.
Dès l’ouverture de la Free Agency, les dirigeants se sont mis en quête d’un joueur de banc capable d’apporter du shoot et de la défense. C’est le cas avec le retour d’Anthony Tolliver, déjà passé par la franchise il y a quelques années. Le vétéran a tout de la bonne recrue, pour encadrer les jeunes, amener son expérience et les points de jeu évoqués. Les Wolves ont également re-signé Derrick Rose pour environ 2 millions de dollars. Une signature honnête pour un joueur qui ne peut plus apporter beaucoup, si ce n’est un peu d’explosivité en sortie de banc… Lorsqu’il n’est pas blessé. Il pourra être aligné à la mène comme au poste 2 en compagnie de Tyus Jones.
Dès lors, les deux gros steaks à gérer se nomment Karl-Anthony Towns et Jimmy Butler. Le premier est éligible à une prolongation avec une blinde à la clé, et le second sera en fin de contrat l’été prochain. Pour ce qui est de Butler, les dirigeants ont bien tenté une proposition à 110M/4 ans. C’est le maximum que pouvait proposer la franchise en l’état et sans surprise, le joueur a refusé cette offre. Tout de suite, les journalistes en ont fait un signe du mécontentement du joueur et un signe évident qu’il quitterait la franchise à l’issue de son contrat. En effet, ce refus s’inscrit au milieu des rumeurs de mésentente avec Wiggins évoquées précédemment (plutôt crédibles quand on connait la nonchalance de Wiggins) mais également avec Towns. Buckets reprocherait à KAT la même chose qu’à Wiggins, à savoir un manque de travail et d’implication. Une rumeur sortie de nulle part, rapidement démontée par les insiders de Minny. Connaissant KAT et sa détermination, il semble improbable qu’on puisse lui reprocher un manque de travail. Cependant, ce n’est pas le seul bruit qui court au sujet de Butler. Les médias l’associent de plus en plus à Kyrie Irving, et les journalistes les voient former un duo chez les Knicks l’an prochain. D’autant que l’activité de Butler sur les réseaux ne tend pas à démentir ces rumeurs…
Le dossier Jimmy Butler est des plus incertains. Son refus de prolonger cet été n’a rien d’inquiétant à priori, car les Wolves pourront lui proposer plus d’argent l’été prochain. Il n’a donc aucun intérêt réel à le faire dès cette année. En revanche, les signaux envoyés par les médias et le joueur ne sont pas des plus rassurants pour l’avenir. Et si l’ancien Bull venait à quitter Minnesota au terme de la prochaine saison, les dirigeants ne recevraient aucune contrepartie. Les Wolves récupéreraient seulement du cap (20M “seulement”), et l’on connaît l’attractivité limitée d’un tel marché malgré la présence de KAT et avec les doutes autour de Wiggins… Il faudra donc aux dirigeants de solides arguments pour convaincre Butler de poursuivre l’aventure, et cela passera notamment par une grande saison à venir.
Concernant Towns, là encore une inquiétude plane sur Minnesota. Éligible depuis le 1er juillet à une prolongation sous la designated rookie scale extension (158 millions de dollars sur cinq ans), rien n’est encore acté entre le joueur et la franchise. Et le pivot se fend de tweets énigmatiques, et de déclarations qui ne dégagent pas la sérénité dans ce dossier. Le joueur explique avoir ” beaucoup de choses à régler ” avec les dirigeants. Sur le plan sportif probablement, mais on sait également que Thibodeau a décidé de virer Vince Legarza, préparateur physique très proche de KAT au cours des trois dernières années. Le pivot, qui en aurait été informé une fois le licenciement acté, n’aurait pas digéré cette décision. Et si les insiders se veulent optimistes quant à la signature du chat, le conditionnel est toujours employé lorsqu’il s’agit d’évoquer le dossier.
L’intersaison n’est donc pas terminée pour Scott Layden et son management, avec le dossier KAT à gérer et un effectif qui pourrait encore bouger. On pense notamment à Gorgui Dieng, que beaucoup souhaitent voir bouger mais qui ne représente pas une monnaie d’échange très recherchée. Et la rotation intérieure est limitée depuis que Cole Aldrich a été coupé, d’autant que l’incertitude rôde autour de l’état de santé de Justin Patton.
On se chargera bien entendu de vous faire une preview de la saison à venir en temps et en heure, mais l’année qui arrive sera déterminante dans le développement des Timberwolves. Prolongation de KAT, espoir d’une resignature de Butler dont dépendront beaucoup de choses, Taj Gibson en fin de contrat l’an prochain également, les sujets sont nombreux pour les Wolves et leur coach Tom Thibodeau. La saison dernière a vu les objectifs validés avec une qualification in extremis pour les Playoffs, mais on attend désormais de la franchise qu’elle progresse dans la hiérarchie de l’Ouest. Une mission compliquée lorsqu’on regarde les mouvements et la compétitivité toujours plus élevée d’une Conférence complètement dingue. La meute devra rester solidaire, éviter les tensions en interne, et batailler pour poursuivre son développement. Au risque de se donner des maux de tête l’été prochain.