J’ai longtemps hésité avant de trouver un titre pouvant coller à la saison, que dis-je, à la merveilleuse saison qui vient de s’achever du côté des Pacers, alors que ça tient en un mot, un mot magique : merci. Merci pour tout, cette saison s’annonçait terrible voir cataclysmique du point de vue sportif, mais au final ce fut la saison la plus intéressante à suivre depuis belle lurette. Je vais même me mouiller en déclarant que c’est l’équipe devant laquelle j’ai pris le plus de plaisir depuis que je suis de près ou de loin les Pacers, et il n’y a même pas de débat à mes yeux ! Et quoi de mieux que de se sentir fier de supporter son équipe, surtout quand tout le monde l’annonçait au fond du trou ? On ne va pas ressasser encore et encore ce qu’il s’est passé l’été dernier, rappelons juste qu’au tout début de la free agency les Pacers décidaient d’échanger Paul George contre Victor Oladipo et Domantas Sabonis, ce qui provoqua une onde de choc tellement le trade paraissait déséquilibré.
La saison 2017/2018 s’annonçait donc chaotique du côté de l’Indiana, que l’on pensait voir au mieux dans le ventre mou de la conférence Est, et au pire faire la course au first pick. Moi-même je pensais, et je souhaitais que l’on fasse tout pour récupérer un bon pick de draft. Comme vous le savez c’est Nike qui a remplacé Adidas pour la fabrication des maillots NBA, et les Pacers ont sauté sur l’occasion pour tourner définitivement la page PG13 et entrer dans une nouvelle ère. Nouveau slogan, nouveaux maillots, nouvelle salle d’entraînement… Tout cela semblait bien sympathique mais ce n’est pas ça qui fait gagner des matchs, le scepticisme était donc de miseé. Seulement voilà, nous sommes à la présentation officielle des nouveaux maillots, quand Myles Turner le jeune pivot déclare que « Les Pacers feront les playoffs », cette phrase fera sourire tous les observateurs, et on peut les comprendre. On le sait de toute façon, toutes les équipes déclarent qu’elles feront les playoffs ou presque durant le Media Day, cette fois-ci cette déclaration arrive en avance, mais cela n’empêchera pas les observateurs de bien vite l’oublier. Ce fameux Media Day arrive, et étrangement tout le monde est sur la même longueur d’onde, les Pacers veulent prouver qu’ils se battront jusqu’au bout, ils veulent faire taire toutes les critiques. Sur le papier c’est alléchant, mais comment placer des espoirs dans une équipe dont la moitié de l’effectif vient d’être chamboulé entre les départs de CJ Miles, Paul George, Monta Ellis, Lavoy Allen, Kevin Seraphin pour ne citer qu’eux, et les arrivés de Victor Oladipo, Domantas Sabonis, Cory Joseph, le retour de Darren Collison, Bojan Bogdanovic, … Non non, ces déclarations font plaisir mais difficile d’imaginer cette équipe qui semble avoir été faite à la va-vite fasse quoi que ce soit, d’autant plus que Nate McMillan n’est pas parvenu à passer la seconde, lui qui voulait du rythme et de la vitesse, la saison 2016/2017 avait été un échec cuisant. L’identité de jeu était encore à trouver donc, et le visage de la franchise était lui à l’autre bout du pays pour former un « big three » avec Westbrook MVP en titre et ̶S̶t̶e̶v̶e̶n̶ ̶A̶d̶a̶m̶s̶ Carmelo Anthony.
Seulement voilà. Personne ne s’y attendait, mais cette équipe des Pacers avait du cœur, et de l’énergie à revendre. Le leitmotiv ? « Prove them wrong ». Et on peut dire que le message est bien passé cette saison.
Oui, ce n’est pas un simple effectif de NBA que l’on avait en face de nous non, c’était des guerriers, et tous les médias, les fans, avaient touché leur ego. Mais pour mener à bien une saison, il faut un leader, et il sera tout trouvé. Oui, ce sera sous l’impulsion d’un Victor Oladipo en mode All-Star et qui fera oublier Paul George dans les statistiques (23.1 pts, 5.2 rebonds, 4.3 assists et 2.4 interceptions par match en moyenne, faisant de lui le leader NBA en interceptions devant un certain Paul George, décidément) il fera même mieux en ne laissant passer aucun match, s’il a un jour sans offensivement ? Pas de problème, il sera là pour défendre comme un acharné sur le meilleur joueur adverse, ne lui laissant aucun répit lui qui semble ne jamais manquer de carburant. L’arrière provenant de l’université d’Indiana est aimé et ça se sent, lui qui avait jusqu’ici toujours déçu, lui qui n’avait jamais réellement eu sa chance en tant que première option dans une équipe, cette chance s’est présentée cette saison, et son équipe fut la sienne, mieux, cette ville, cet État de l’Indiana tout entier était le sien, était derrière lui. Connaissez-vous une plus belle sensation que celle d’être aimé en retour ? Probablement pas, et ce n’est pas pour rien que Victor Oladipo explosera toutes ses moyennes statistiques, et aussi son record de points sur un match, avec un match à pas moins de 47 points (à 15/28 dont 6/12 à trois points s’il-vous-plaît) combinés à 7 rebonds et 6 assists face aux Nuggets, à domicile, évidemment. Et comme si l’histoire n’était pas assez belle, il gagnera cette rencontre en prolongation pratiquement à lui seul, alors que les Nuggets menaient encore 114-108 à 1 minute et 40 secondes de la fin du match, résumant à lui seul l’état d’esprit des Pacers cette saison, ne jamais rien lâcher. On ne remonte pas plusieurs fois des écarts de plus de 15 points pour au final s’imposer par hasard, non, il faut le vouloir. Ce soir là ce sont bien les Pacers qui l’emportèrent, avec un Oladipo heureux comme un gamin, regardant le public en montrant et en disant « this is my city ! » oui, cette ville est dorénavant la sienne.
Mais le nouveau Franchise Player ne sera pas la seule satisfaction cette saison, loin, très loin de là. On ne va pas tous les citer, ce serait beaucoup trop long, mais on va prendre l’exemple de Domantas Sabonis, « l’autre joueur du trade » qui montrera un gros potentiel en sortie de banc, frôlant le double-double, on sent qu’il est encore jeune mais l’avenir peut vite devenir doré pour lui. Au rayon des belles surprises on pourra parler de la renaissance de Darren Collison, frôlant lui le cercle des joueurs en 50/40/90, ou bien encore Lance Stephenson, inconstant mais qui n’en restera pas moins l’âme de cette équipe. Ah Born Ready… Son départ va laisser un grand vide dans le cœur des fans, c’est certain.
Voilà en ce qui concerne l’état d’esprit et les performances de l’équipe, tout ceci est bien mignon mais maintenant il va falloir parler des résultats, et ils furent… Au-delà de toutes les espérances, encore une fois, mais avec un petit soupçon de déception. Non, pour être honnête c’est plutôt de la gourmandise. Tout d’abord, les résultats de la saison régulière ? Pas moins de 48 victoires et 34 défaites, avec un bilan positif à domicile (27-14) mais aussi à l’extérieur (21-20), c’est ce qu’on peut appeler une saison très solide, surtout quand on annonçait les Pacers au fond du gouffre, les Pacers termineront à la cinquième place, juste derrière… Cleveland. Et c’est justement ces Cavaliers provenant de l’Ohio que vont affronter les Pacers, comme l’année précédente, sauf que cette fois-ci les joueurs vont tout donner du début à la fin. Le game 1 à Cleveland ? Une leçon de basket, avec un Victor Oladipo monstrueux, un Lance Stephenson en feu, et une victoire (98-80). On aura même droit à un Bojan Bogdanovic de gala, lui qui aura fait de son mieux pour contenir LeBron James. Toutes les victoires des Cavs seront sur un écart inférieur à cinq points, rendez-vous compte… Il y aura même des regrets, oui, ce goaltending de LeBron James sur Oladipo change toute la physionomie du game 5, celui qui est réputé comme le plus important dans une série, à ce moment-là les Cavs prennent donc l’avantage et ont l’occasion d’en finir à Indiana. Oui, mais faut-il le rappeler ? Il ne faut jamais enterrer les Pacers, et ils vont donner une nouvelle leçon au King et à ses sujets (87-121), oui, LeBron James pourtant monstrueux mais trop esseulé, va devoir batailler dans un match décisif dès le premier tour, inconcevable.
Malheureusement, même si les Pacers ne vont jamais laisser les Cavs s’envoler, LeBron James et sa bande s’en sortira au bout du bout, une victoire 101-105 qui se dessinait tout le match, mais ce dernier basculera quand Myles Turner sera expulsé pour une sixième faute qui aurait tout à fait pu (dû?) être sifflé dans l’autre sens à cinq minutes de la fin. Un petit scandale ? Certainement, entre ce coup de sifflet qui tue le match et le goaltending du game 5, les Pacers pourront avoir des regrets, des gros regrets. C’était peut-être trop beau pour être vrai, en tout cas, cette campagne de post-season fut d’une intensité rare, et si le meilleur joueur de la série l’emporte, la meilleure équipe, elle, partira en vacances, infinie tristesse. Le plus important étant que jusqu’au bout, cette équipe aura fait mentir tous les experts, démontrant que rien n’est jamais joué à l’avance, et qu’il faut se battre du début à la fin, et si personne ne vous prend au sérieux, tant mieux, ils seront plus nombreux à devoir se taire.
Et voilà comment cette saison 2017/2018 des Pacers devint mémorable contre toute attente, un vent de fraîcheur souffle dans l’Indiana, résolument plus offensif, mais sans oublier les bases made in Indianapolis, à savoir ne rien lâcher. L’avenir semble radieux pour les hommes de Nate McMillan, et ce n’est pas cette Free Agency qui pourra nous faire dire le contraire, Kevin Pritchard semble savoir ce qu’il fait, mieux, il semble savoir où il va. Alors merci messieurs pour cette formidable saison, continuez de nous faire rêver l’an prochain, on sera là à vos côtés. #PacerNation