Le CBA, règlement de la NBA est complexe. Le lire n’est pas toujours suffisant pour comprendre toutes ses subtilités, son vocabulaire riche et ses nuances. Beaucoup d’interprétations qui sont réalisées par l’environnement constitué des fans et des médias tendent à le rendre d’autant plus opaque que de fausses informations circulent et que de nombreuses approximations voire inventions se répandent. Dans cette série d’articles “CBA Rules”, nous allons essayer de revoir et démêler des règles les plus simples aux plus alambiquées. C’est parti !
Commençons par le commencement. Lorsque l’on souhaite resigner un joueur, c’est qu’il est ou va devenir agent libre. Parmi ces agents libres, on distingue deux catégories : commençons par les free agents restreints.
Ces free agents sont tous ceux qui sortent de leur contrat rookie. Un free agent restreint peut donc signer une offre appelée offer sheet avec n’importe quelle équipe. La franchise initiale dispose alors du droit d’égaler toute offre extérieure et ce simple fait suffit à former le contrat, en termes identiques à ceux de l’offre extérieure, ce dans un délai de 48h.
Ce droit naît de la proposition au joueur d’une qualifying offer : une offre de contrat pour la dernière année de son contrat rookie. Il doit y avoir identité de caractéristiques entre le contrat proposé par la franchise et celui qui constitue l’offer sheet, ce à peine de nullité. Dès lors que la franchise créancière du droit d’option a levé ladite option, le contrat est automatiquement formé (logique, vu que le joueur a déjà donné son consentement en signant l’offer sheet).
Attention: ce droit d’option est un droit purement potestatif. Un droit potestatif est le droit reconnu à une personne de créer, modifier, ou éteindre un rapport juridique par une décision unilatérale, définition qui correspond en tout point aux éléments que je viens d’exposer.
Ce droit est à distinguer impérativement du droit de créance: la franchise ne peut pas exiger que le joueur fournisse une prestation.. qu’il a déjà effectuée en donnant son consentement lors de la signature de son contrat rookie et donc en acceptant la 4e année en option. Plus largement, si l’on admettait qu’il s’agit d’un droit de créance, cela voudrait dire que la qualifying offer crée un lien de nature identique à celui du vrai contrat de travail, alors même que l’engagement qui naît de la qualifying offer est moins puissant.
En pratique, il est assez rare que cette offre devienne le contrat final : dans l’écrasante majorité des cas, soit le joueur resigne, soit l’équipe retire la qualifying offer (comme dans le cas de KCP). Dans ce cas là, le joueur devient free agent non restreint à l’issue de sa 3e année.
A noter que l’offer sheet est encadrée par le CBA de manière à ce qu’elle ne constitue pas une arme pour les différents front offices de s’arroser mutuellement de contrats pourris. Cette offer sheet n’a pas de force obligatoire à proprement parler car il s’agit d’une offre et non d’un contrat, cependant elle est quand même relativement contraignante dans la mesure où une fois signée par le joueur, elle ne peut être retirée. L’offer sheet est donc une arme à double tranchant : elle peut effectivement servir à plomber les finances d’une autre équipe mais elle doit être utilisée avec sagesse car elle comporte le risque de se retrouver soi-même avec un contrat toxique.
A titre d’exemples, la dernière tentative réussie a été le joli coup qu’ont fait les Nets avec Otto Porter, qui s’il est un bon joueur plombe totalement les finances des Wizards aujourd’hui. A l’inverse, on moque encore du manque de clairvoyance des Knicks avec le cas Tim Hardaway Jr… Et il est fort possible que le GM qui proposera un gros contrat à Marcus Smart cet été devienne la risée des observateurs de la Grande Ligue.
Passons aux free agents non restreints. Eux sont libres de signer où il veulent dès l’ouverture de la free agency, sans aucune possibilité pour leur ancienne équipe de faire quoi que ce soit si ce n’est proposer une belle offre.
Prochain article : les exceptions permettant de dépasser le salary cap dans le but de resigner ses joueurs.