Ca y est, la Draft 2018 est passée et a apporté son lot de réponses. L’heure est au bilan pour le trio exécutif des 76ers, et il n’est malheureusement guère brillant.
Les besoins des 76ers
La saison qui vient de s’achever a été riche en enseignements pour Brett Brown et son staff. 3 besoins étaient clairement identifiés:
- Un protecteur de cercle en sortie de banc pour arrêter l’hémorragie qui se produisait systématiquement quand Embiid allait se reposer sur le banc
- Un poste 3 bon défenseur, long, glue guy, fiable derrière l’arc et capable de se sacrifier pour l’équipe
- Un meneur back-up qui puisse faire tourner la gonfle correctement et mettre quelques tirs tout en défendant comme un mort de faim de l’autre côté.
- Dans la mesure du possible, des caractères qui collent à la mentalité du groupe.
Ces 4 besoins auraient pu être comblés. Sans problème. Il n’en a rien été.
Le trade down avec les Phoenix Suns
Les 9 premières sélections avaient pourtant souri aux 76ers: Michael Porter Jr, Miles et Mikal Bridges étaient tous les trois sur les boards !
Très logiquement, ce fut le dernier nommé qui a été appelé par Adam Silver pour le 10e choix de la Draft 2018.
Mikal Bridges fitait parfaitement à tout point de vue: garçon extrêmement apprécié, proche de Joel Embiid, et de ce que j’ai pu en lire extrêmement humble. En bref, le profil idéal.
Sur le terrain aussi tout collait: Mikal Bridges n’a cessé de progresser durant ses 3 saisons à Villanova, excellent shooteur, énorme défenseur, bref, aucune ombre au tableau. Il était promis aux 76ers et les 76ers lui étaient promis.
Oui mais voilà. Visiblement c’est plutôt Zhaire Smith qui était visé par la direction des récents demi-finalistes de conférence. Un accord fut donc trouvé avec les Suns pour le récupérer avec le 1er tour du Heat 2021 contre Mikal Bridges.
Un véritable crève coeur pour la fanbase des 76ers qui était hyper enthousiaste à l’idée d’accueillir l’enfant du pays dans ses rangs.
A première vue, cet échange est complètement ubuesque: Bridges cochait absolument toutes les cases et allait apporter dès sa saison rookie. Zhaire Smith, tout superbe athlète et défenseur qu’il soit, est un véritable pari et dans le meilleur des cas, un projet à long terme. De plus, avec déjà Fultz, Simmons, Redick, McConnell, peut-être Belinelli et maintenant Shamet, le moins qu’on puisse dire est que les 76ers, en l’état, n’ont que faire d’un guard supplémentaire. A fortiori un guard qui ne contribuera absolument pas au spacing de l’équipe dans l’immédiat.
En prenant du recul, cet échange peut pourtant s’avérer extrêmement productif: sur Smith lui-même, la base est là et peut donner un super joueur.
Défensivement il n’y a rien à redire: Smith peut, pour peu qu’il joue assez de minutes, prétendre à une All-NBA Defensive Team. Vraiment. Il a cette capacité rare de pouvoir presser tout terrain pendant 48min avec une férocité sans limites. Il y a du Avery Bradley dans ce garçon.
Offensivement, le chantier est en revanche immense : ses finitions au cercle sont mauvaises; sa gestuelle et sa technique d’approche du cercle doit être revue presqu’entièrement. Son tir doit subir un certain nombre de retouches, notamment passer en one motion et travailler sur sa fluidité. Il ne sera vraisemblablement pas autorisé à tirer l’année prochaine sauf tir full wide open.
Son handle est lui tout simplement catastrophique : il ne pourra jamais attaquer le panier efficacement ni se créer de l’espace de manière suffisante sur les défenseurs NBA s’il ne s’améliore pas. Potentiel Shaqtin très élevé pour sa saison rookie.
Il devra également apprendre un tout nouveau poste puisque bien qu’il ne fasse qu’1″96 et ne puisse donc défendre que sur les arrières au maximum en NBA, il a joué quasiment comme un 4 pendant son année universitaire (très utilisé comme roll man par exemple).
Ensuite, sur le pick du Heat, sa valeur marchande peut exploser assez rapidement. Le roster du Heat est vieillissant, les finances sont calamiteuses et le spectre de la reconstruction plane.
A voir, c’est en tout cas un asset intéressant dans l’optique d’échanges ultérieurs.
Pour terminer, cet échange nous a permis de pouvoir accueillir un supermax vétéran sans se délester du moindre asset.
La sélection de Landry Shamet
Incompréhension totale. Du grand n’importe quoi.
Robert Williams, fait absolument incroyable pour un choix 26, était encore disponible. Mais non, il a fallu qu’on prenne un JJ Redick du pauvre.
Shamet sera intéressant pour apporter du shoot en mouvement, créer des outscoring lineups avec Fultz, Redick, Embiid and co et permettra compenser la perte probable de Marco Belinelli… Mais cela ne justifie pas de laisser Robert Williams sur le côté.
L’erreur du front office est inexcusable. Richaun Holmes n’étant pas dans les plans de Brett Brown, il nous fallait impérativement un remplaçant de qualité pour Joel Embiid.
L’erreur est double: d’une part les 76ers auraient pu récupérer un prospect de niveau fin de loterie.. et en plus de passer à côté de ça ils récupèrent un joueur qui aurait vraisemblablement été disponible au second tour.
Pire encore: on est pas à l’abri d’une farce du style Amir Johnson resigné pour l’année prochaine…
Les autres sélections
Philly avait 4 choix au second tour. Un seul a été utilisé, pour drafter Shake Milton. Joueur qui ne colle pas vraiment aux besoins de la franchise et qui n’aura très probablement jamais sa chance dans le roster. On lui souhaite de réussir son passage en G-League et de trouver une équipe où il puisse lancer sa carrière.
Mode fan en colère on :
Nous aurions pu négocier le choix 31 avec les Suns pour sélectionner Jevon Carter. Nous aurions pu sélectionner Rawle Alkins, qui nous aurait potentiellement bien aidés. Nous aurions pu garder Khyri Thomas plutôt que de l’envoyer aux Pistons. Lui aurait été à coup sûr d’une aide très précieuse. Et surtout, si nous voulions vraiment un joueur dans le profil de Zhaire Smith, nous aurions pu drafter De’Anthony Melton.
Mais non, rien de tout cela.
Conclusion
Nous aurions pu repartir avec Mikal Bridges, Robert Williams et De’Anthony Melton. Nous avons Zhaire Smith et Landry Shamet.
Le moins qu’on puisse dire est qu’à moins que le choix du Heat 2021 n’acquière la valeur d’un top 5, cette draft est un échec.
Seul rayon de soleil : nous pouvons accueillir LeBron James sans ne rien bouger. A nous de préparer un discours suffisant pour convaincre le King de s’établir en Pennsylvanie.
Bon été à tous, Trust the Process.