Nous l’avons ! Cette année, nous aurons bien la Finale de conférence Ouest tant attendue ! Tous les principaux protagonistes ont l’air en forme, et nous nous apprêtons à visionner le choc que nous désirions depuis plusieurs mois. D’un côté, les Rockets d’un duo Harden/Paul mis en place pour faire chanceler l’armée de Golden State, qui a marché sur les Playoffs la saison passée. Cette saison, les 2 équipes n’ont pas perdu de temps et ont pris un chemin très rapide de chaque côté du tableau. Zoom sur une série qui s’annonce comme une finale avant l’heure.
Le bilan après le second tour
Côté Warriors, le deuxième tour a été une répétition du précédent contre les Spurs, avec un seul match lâché contre les Pelicans. Opposés à une équipe qui avait surpris son monde en balayant Portland, on espérait une série un tant soit peu disputée, surtout que dans la lignée de leur premier tour les Dubs disputaient le premier match sans Stephen Curry. L’occasion parfaite pour les Pels de tenter un coup Il n’en fut rien, puisque la série a commencé sur un 2-0 autoritaire, où les Warriors ont notamment pu compter sur l’incapacité de New-Orleans à défendre sur Kevin Durant. Seul le Game 3 aura permis à la bande d’Anthony Davis de briller malgré le retour de Stephen Curry en face. Le reste de la série fut une véritable démonstration, avec en tête un Draymond Green hyperactif qui aura gêné AD de bout en bout, tout en délivrant un sublime triple double de moyenne sur la série. Collectivement, à l’image du Game 5 décisif, cette équipe des Warriors apparaissait juste trop forte par sa capacité à sortir de grosses séries. Ce 29-6 en début de 3ème QT dans l’ultime rencontre aura eu raison de leurs adversaires.
En face, les Rockets ont connu une histoire… très semblable en réalité. Après avoir disposé au premier tour 4-1 de Minnesota, elle a infligé le même tarif au Jazz. Pour y arriver, Houston a montré notamment qu’il lui était tout à fait possible de museler le jeune Donovan Mitchell, qui avait disloqué la défense du Thunder. S’ils se sont fait peur en perdant le Game 2 à domicile, les Rockets se sont rattrapés à l’extérieur, capitalisant entre autres sur un beau travail collectif et une fin de série dantesque de Chris Paul. Pour battre le Jazz sur leur terrain, les Rockets ont montré des registres différents : une démonstration offensive au Game 3 qui a brisé la volonté des mormons, puis une solide performance défensive pour faire la différence dans le suivant. De retour à domicile, Houston a pu compter sur une partition magistrale de Chris Paul : 41pts, 10asts, 7rbds, 0pdb et un incroyable 8/10 à 3pts. Au termes de cet effort, le numéro 3 décroche sa première Finale de conférence à l’âge avancé de 33 ans, et s’adjuge le droit d’affronter l’ogre de Golden State.
Les match-up clés
Backcourt vs Backcourt :
D’un côté, les surnommés Splash Brothers qui font cauchemarder toutes les défenses de la NBA. De l’autre, la récente paire Paul-Harden sur lequel le dispositif des Rockets repose principalement. Concrètement, ces 4 joueurs devraient faire feu de tout bois dans cet affrontement. Il y a simplement trop de talent offensif pour qu’une bonne défense puisse vraiment les faire plier. Les gêner prend bien plus qu’une simple 1v1 ou 2v2 : c’est un vrai travail collectif.
De fait, si faire défaillir un des membres sera déjà un bel exploit, il est clair que ce n’est pas vraiment dans cette match-up que devrait se faire, sur le papier en tout cas, la différence. Les Warriors ont l’avantage en défense grâce à Thompson devenu un véritable monstre de ce côté, qui devrait vraisemblablement s’occuper du cas Harden, mais les Rockets ont l’avantage d’avoir 2 créateurs de jeu dans leur backcourt, là où seul Curry à ce rôle chez les Warriors. Mais bon, compte tenu des joueurs présents à ses côtés, ce n’est pas réellement une lacune…
Kevin Durant vs Système défensif :
On peut se dire que sur les lignes extèrieures, les 2 équipes sont extrêmement armées. On peut se dire qu’à l’intérieur, chaque équipe possède ses forces. Mais s’il y a bien un aspect qui rend cette équipe de Golden State injouable, c’est la présence de Kevin Durant sur les ailes. Comme les précédents adversaires des Warriors, les Rockets n’ont pas un joueur de talent équivalent ou proche à opposer. Clairement. Quoi qu’il en soit, les Rockets qui ont avoué s’être construits l’an passé pour faire tomber les Warriors ont des forces à l’aile pour tenter de limiter la star. Entre Trevor Ariza membre historique de cette équipe, mais aussi les nouveaux venus (P.J Tucker, Luc Mbah a Moute), ils se sont fournis en ailiers avec un véritable profil défensif pour au moins gêner KD.
La mission est simple pour ces joueurs : ne pas laisser Durant faire des performances offensives à 35/40pts trop de fois dans la série, car battre les Warriors signifie les surclasser sur les autres postes – et suffisamment contre-carrer l’ailier pour prendre l’avantage. En défense, on pourrait voir les 3 ailiers, mais peut être Chris Paul également se relayer à la charge. La balle circulant trop bien, et les dangers étant trop nombreux autour de lui, il n’est pas possible de trapper KD. La meilleure option reste de dépenser beaucoup d’énergie dans une mission : l’empêcher d’obtenir trop de ballons. Une tâche qui apparaît cruciale et très complexe.
Draymon Green Vs Clint Capela :
La faiblesse des Warriors se situe dans la raquette, où JaVale McGee ne peut pas jouer de trop longues minutes et où Zaza Pachulia continue de décliner. En revanche, ils ont un des défenseurs les plus polyvalents de la NBA, qui apporte dans le même temps énormément au système offensif de l’équipe en la personne de Green. La bonne nouvelle pour les Rockets, c’est que Clint Capela, aux côtés du duo Paul-Harden, s’éclate offensivement sur pick&roll. Plus mobile, plus physique que les pivots adverses, il peut poser des problèmes à la défense californienne. De l’autre côté du terrain sa présence est extrêmement dissuasive, pour ne rien gâcher. Ce duel est clé pour Houston qui a besoin de son intérieur pour profiter d’un rare talon d’Achille du dispositif adverse. On ne doute pas que Steve Kerr a une idée pour limiter l’impact du Suisse (le retour de la death line up ou de McGee?), malheureusement pour Houston…
A quoi s’attendre ?
Une opposition de style
Offensivement, c’est mine de rien une opposition de style que nous aurons. Oui, derrière l’idée collective que ce sera un affrontement entre shooteurs à 3pts, il y a pourtant des philosophies de jeu différentes.
Les Warriors travaillent avec beaucoup de circulation de balles pour alimenter leurs joueurs. Dans ce grand nombre de coupes, où les écrans pleuvent et où la création vient d’endroits divers, l’objectif de leurs adversaires sera soit de perturber cette circulation, pour pousser les Warriors à prendre moins de tirs faciles (ce qui malheureusement ne garanti pas du tout que cela ne rentre pas), soit d’essayer d’exclure certains joueurs de cette circulation. Au hasard, et comme c’était évoqué plus tôt, l’idée est d’essayer de priver Kevin Durant du ballon. Toute la difficulté est le nombre phénoménal d’options offensives pour les Warriors, qui n’ont d’ailleurs pas hésité à utiliser leur death line up avec Andre Iguodala pour serrer la vis dans le Game 4 face aux Pelicans.
En face, les Rockets vont continuer sur leur lancée offensive, avec une circulation de balle beaucoup plus faible que celle des Dubs. Houston abuse des isolations de leurs deux extérieurs. Chez eux, l’animation offensive se fait sur la capacité de création de leurs stars, et l’énorme mouvement sans ballon qu’orchestre Mike D’Antoni. L’objectif, c’est de limiter les ballons perdus et profiter de l’armada de shooteurs mis en place par l’équipe. Pour les Warriors, l’idée sera sûrement de cibler un des 2 arrières pour limiter les possibilités adverses. On a vu qu’il n’était pas rare qu’un des 2 passent au travers, où fasse des matchs moyens (Harden face au Jazz, par exemple). Si les Warriors arrivent à faire défaillir un des deux, ils pourront faire la différence grâce à leur puissance en attaque.
Autre différence à laquelle vous devez vous attendre : la manière de shooter. Contrairement aux adages, les Warriors se reposent beaucoup moins sur le tir longue distance – et utilise beaucoup plus la mi-distance. Ainsi, une soirée avec une panne à 3pts sera beaucoup plus pénalisante pour les Texans que pour les joueurs de la Baie, qui possèdent plus de polyvalence et n’hésitent pas à prendre des tirs dans la zone que les Rockets cherchent à éliminer (jugeant la rentabilité de ce tir trop faible).
Questions et pistes tactiques
Ce petit stéréotype du jeu d’Houston révèle également une réalité. C’est l’équipe la plus prévisible des deux, c’est également celle qui possède le plus de faiblesses dans son jeu. Offensivement, les renforts à l’aile ont beau être des joueurs polyvalents, ils n’en restent pas moins des attaquants moins talentueux que le reste de l’équipe. Est-ce que Steve Kerr ne vas pas utiliser leur présence pour les ignorer en défense et cibler le backcourt adverse ? Est-ce qu’il ne va pas profiter de cette faiblesse pour utiliser Draymond et ses mains actives afin de gêner les drives adverses ? La série repose tellement sur un gros travail des extérieurs que limiter leurs options apparaît comme très tentant, quitte à laisser des joueurs (moins dangereux) ouverts.
Offensivement, il faudra également se poser la question de l’adresse. Si le trio Curry-Thompson-Durant ne déçoit jamais derrière l’arc, les Warriors ne sont pas forcément les plus armés dans l’exercice. Entre Kevon Looney, Shaun Livingston, Jordan Bell, JaVale McGee, David West, aucun ne tire à 3pts. En parallèle, Nick Young est en panne d’adresse, tout comme Quinn Cook. De ce fait, la réussite d’Andre Iguodala, très en verve sur ces Playoffs (37,9%) et de Draymond Green (33,3%) devient cruciale. Or, on sait que tout deux peuvent réussir une série et passer à côté de la suivante au niveau des tirs longues distance. Certes le jeu des Dubs repose de moins en moins sur cet exercice, mais il serait problématique pour eux de manquer de spacing si 1 ou 2 cadres sont sur le banc. Leur chance toutefois réside dans le fait qu’ils possèdent une multitude d’autres solutions pour scorer qui leur permet de relativiser une certaine panne de loin. Pour les Rockets, on sait que l’adresse peut être le gros facteur principal d’une réussite ou d’un échec : le jeu des texans est beaucoup moins diversifié que celui de leurs homologues californiens, et en cas de panne ici, les conséquences peuvent être beaucoup plus importantes pour eux, la preuve en est au game 2 contre Utah. Si Houston shoote mal, ça pourrait compliquer sérieusement les choses.
Côté Houston c’est également la question de la défense qui se pose. En alignant les joueurs mobiles et polyvalents, les texans ressemblent de plus en plus aux Warriors des années précédentes, alors qu’il y a de plus en plus d’intérieurs chez les Dubs. Grâce à cette polyvalence, ils peuvent se permettre de switcher sur tous les écrans – mais s’ils appliquent cette stratégie, à quel moment Steve Kerr va décider de cibler Harden ? Dans une moindre mesure, et si D’Antoni le réintronise dans la série, est-ce que Golden State ne va pas chercher les mismatchs sur Ryan Anderson ? Grosse menace à 3pts sur le poste 4, parfait pour étirer les défenses, surtout face à des intérieurs “à l’ancienne”, il est en revanche une véritable faiblesse pour son équipe.
Face à cette polyvalence, il sera intéressant de voir si les Warriors ne vont pas donner plus d’importance aux jeunes Jordan Bell et Kevon Looney plutôt que des joueurs comme McGee et West. Mais dans ce cas là, qui va défendre sur Capela ? Est-ce que nous allons voir de part et d’autres des 5 dénués d’intérieurs classiques ? Avec des ailiers au poste de pivot comme ils ont pu le faire par le passé ? Auquel cas, est-ce que cela permettra aux Rockets de répondre au PACE des Warriors ?
En effet, les Warriors sont un cauchemar sur transition, le talent offensif de ses cadres les rendant imprévisibles. Les Rockets, qui jouent sur un PACE beaucoup moins élevé (101,8 – 3eme des PO contre 99,7 – 9eme), vont avoir un véritable challenge pour maintenir une défense sur transition digne de ce nom. Après avoir lutté toute la saison pour être dans cette position, face aux Warriors et avec l’avantage du terrain, Houston ne peut pas se permettre de prendre trop d’éclats sur les accélérations adverses. On sait que cette équipe est capable d’accélérations phénoménales qui génèrent des éclats énormes. Si les Rockets limitent ces accélérations, ils peuvent arracher des matchs.
En parlant d’arracher des matchs, il faudra aussi espérer pour la troupe Texane qu’Harden et Paul soient en verve sur leurs isolations. Si Curry et Thompson peuvent se permettre de passer à travers de temps en temps, la réciproque est beaucoup moins vraie pour le backcourt opposé.
En somme, si l’on connait bien les forces de chaque côté, nous pourrions avoir un vrai affrontement tactique. Les questions qui pèsent sur la série sont nombreuses, et les rosters assez riches pour tenter diverses expérimentations pour renverser des matchs. En outre, ce duel entre 2 équipes à la gachette facile, capables de prendre feu très rapidement, pourrait donner vie à des matchs aux scénarios dingues.
Pronostic
Rockets 2 – Warriors 4
Il est très difficile de parier sur cette série en étant lucide. Les 2 équipes ont fait un formidable parcours. L’une monte chaque saison en puissance durant les Playoffs et a écrasé la concurrence l’an passé. Ils sont tout à fait armés pour réitérer et se payer une 4ème Finale NBA consécutive. Cette omniprésence sur les dernières saisons peut nous donner envie de changement, et donc de parier contre eux. Surtout face à la seconde, une équipe d’Houston qui paraît plus armée que les équipes affrontées la saison passée.
Les scénarios peuvent être nombreux, mais voir Houston l’emporter reste tout de même le moins probable. Pour vaincre, il me semble que Houston doit être capable de remporter au moins les 2 premiers matchs sur leur terrain, condition sine qua none pour aborder la suite de la série avec un matelas. En revanche, et c’est tout à fait possible (Utah l’a fait), si les Dubs s’imposent à l’extérieur, la gifle pourrait être terrible pour les Rockets.
En regardant les choses en face, je vois plus de scénarios où Houston tombe; parfois même brutalement que de cas où ils triomphent, si les blessures ne viennent pas s’en mêler. On espère un grand spectacle, une série en 7, mais il faudra beaucoup de ressources pour malmener ces Warriors. Bref, dans le sport, rien n’est impossible, mais il me semble surtout très probable que Golden State puisse le prendre en 5 ou 6 matchs. En espérant me tromper.
Allez, bonne série à tous et à toutes !
Calendrier :
Mardi 15/05, @Houston, 3h00
Jeudi 17/05, @Houston, 3h00
Lundi 21/05, @Golden State, 2h00
Mercredi 23/05, @Golden State, 3h00
Vendredi 25/05, @Houston, 3h00 (si nécessaire)
Dimanche 27/05, @Golden State, 3h00 (si nécessaire)
Mardi 29/05, @Houston, 3h00 (si nécessaire)
Un grand merci à @nashinhof pour sa participation précieuse à la preview.