Et bien voilà, les Pelicans ont réalisé le premier upset de ces Playoffs, et ils ne l’ont pas fait dans la douleur puisqu’il on écrasé l’équipe de Damian Lillard 4-0. Si on pouvait voir New-Orleans comme très bien équipée pour réaliser cette surprise, difficile en revanche d’imaginer que les Trail Blazers exploseraient de la sorte, avec leur meneur All-Star qui réaliserait sa pire campagne de Playoffs en carrière. Si la bande d’un Anthony Davis ultra-dominateur a réalisé une sublime série, menée par un coaching staff bien inspiré, cette victoire est également le résultat d’une franchise de Portland qui a cumulé les lacunes. Retour sur la série… et ses possibles conséquences ?
Une tactique bien pensée
La grande force des Blazers est bien identifiée par l’ensemble de la NBA : son duo Lillard – McCollum. La bonne nouvelle, c’est qu’avec la paire Holiday-Rondo, il y avait déjà de quoi faire face en défense. Il fallait donc trouver un plan pour appuyer sur la faiblesse de l’équipe adverse : l’absence de réels créateurs sur les ailes. Si l’on excepte Evan Turner, il n’y a pas de vrais ball handlers pour les soulager. Le plan était donc trouvé … les isoler.
La première étape de ce plan, ne pas laisser de joueurs ouverts. Basique, oui, sauf qu’ici, les Pelicans puisent énormément d’énergie en défense pour ne jamais lâcher leur vis-à-vis, s’arrachant sur chaque course pour qu’il soit impossible de trouver le joueur pour une passe – que donc seul des joueurs tels Ed Davis, Zach Collis puissent servir de relais… Mais loin du panier.
Dans le même temps, lorsque Lillard et McCollum ont le ballon, ils sont tenus par des défenseurs, qui ont fait une série d’exception. Dont Jrue Holiday qui va littéralement éteindre Damian Lillard. La spécificité de la défense des Pelicans, lorsque les extérieurs de Portland appellent le pick, c’est qu’ils ne vont pas se retrouver face à ces 2 situations :
– Un mismatch car l’intérieur a switché sur lui
– Un extérieur en retard car il a pris l’écran
En revanche, systématiquement, il se retrouve face à une trappe puisque les 2 joueurs vont le cibler. Et on en revient au problème pré-mentionné, avec une défense très collante, un bon placement, et le manque de talent sur les ailes, les joueurs ciblés sont obligés de lâcher la balle à la mauvaise personne… ou de dribbler pour s’en sortir. Si McCollum s’en est correctement sorti à plusieurs reprises, Lillard lui a complètement pris l’eau face à l’étau adverse. Une stratégie hautement épuisante pour les défenseurs. Mais la série ne s’est pas éternisée.
En attaque, on ne peut pas dire que le système des Pelicans était hautement inspiré, mais il y avait une équation insoluble pour l’adversaire : Anthony Davis. Si l’intérieur est de base instoppable, leurs adversaires n’avaient pas le matériel pour lui opposer un véritable combat. Sauf qu’ils n’ont pas non plus était à même de freiner un Jrue Holiday qui marchait sur l’eau face à le défense poreuse de Portland. Résultat, ils compilent 33pts, 12rbds pour Anthony Davis et 27,8pts, 65asts pour Jrue Holiday et les Blazers se sont effondrés.
Le manque d’adaptabilité des Blazers… inquiétudes ?
Durant la série, Damian Lillard est apparu désabusé (18,5pts dont 39% à 2 pts et 30% à 3pts). Le constat fut simple pour lui : il n’avait jamais affronté une défense pareille, et peinait à trouver la solution. Et en effet, ses dires ont été confirmés puisqu’il est à nouveau passé à côté de son Game 4. Ce qui dérange ici, c’est qu’il n’est à aucun moment semblé que les Blazers s’étaient adaptés à la défense adverse. Invariablement, le troupe de Terry Stotts est venue se frotter à un système qui la désavantageait et la privait de ses 2 meilleurs joueurs, sans tenter de paris.
Peut-être que le coach pensait que ses joueurs passeraient sur la fatigue de leurs adversaires, peut être qu’il a douté des options dans l’effectif pour tenter une variation de son plan. Toujours est-il que ne trouvant pas de solutions pour limiter Jrue Holiday en défense, la série fut trop courte pour que son équipe puisse trouver plus d’espaces offensivement.
Résultat : les Blazers vont débarquer cet été avec beaucoup de pression sur le front office. Un échec terrible, le pire de cette ère Damian Lillard, un effectif trop léger en talent pour les joutes de Playoffs, et un cap space déjà plein. On se penchera sûrement dans les semaines à venir sur l’été qui pourrait être bien éprouvant pour le management. Au menu de cette intersaison, une pléthore de questions : Damian Lillard va-t-il s’impatienter, même s’il a démenti l’idée il y a encore quelques semaines ? Comment améliorer l’effectif s’il reste ? Donc, comment se délester des contrats pesants ? Faut-il continuer l’aventure avec Stotts ? Bref, cela ne sera pas aisé.
La côte des Pelicans explose ?
En face, les Pelicans privés de DeMarcus Cousins paraissaient bien mal embarqués pour retrouver les Playoffs. Pourtant, la franchise d’Anthony Davis les a rejoint avec la manière, et réalisé un upset retentissant. Alors qu’ils vont pouvoir récupérer avant de se trouver face à un adversaire d’un tout autre niveau, il se pourrait bien que cette série ait fait changer le statut de la franchise dans l’esprit des agents libres.
Le retour au plus haut niveau de Jrue Holiday a fait vibrer l’ensemble de la NBA. Le joueur a dominé Damian Lillard des deux côtés du terrain sur l’ensemble de la série, limitant son adversaire, tout en réalisant des performances de premier plan. Avec un Anthony Davis qui se confirme comme le joueur le plus dominant de sa génération, et un groupe qui a su élever son niveau de jeu en Playoffs, la franchise pourrait devenir plus sexy cet été. Un point crucial dans l’optique de conserver DeMarcus Cousins, paru très engagé dans le série du banc – mais aussi pour éventuellement se renforcer sur les ailes.
Désormais, il va convenir de trouver un plan pour tenir la dragée haute aux Warriors. Probablement encore privés de Stephen Curry en début de ces demi-finales, il faudra tout de même faire face à une véritable défense de Playoffs, tout en trouvant une solution pour limiter Kevin Durant, qui a jusqu’ici été inarrêtable pour des Spurs démunis. Un challenge d’un tout autre niveau, même si ces Pelicans ont montré une superbe discipline dans ce premier round, qui laisse supposer une série plus compliquée que prévu.