Si Houston s’était assuré la première place de la Conférence Ouest, les hommes de Mike D’Antoni ont du patienter jusqu’à la dernière soirée de la saison régulière pour connaître leurs adversaires. Ce sont les Minnesota Timberwolves qui se dresseront devant eux, après avoir décroché cette chance au terme d’une lutte épique face aux Nuggets. L’occasion pour nous de faire le point sur une série qui pourrait être intéressante, entre deux équipes ayant suivi de profondes mutations l’été dernier.
Les Rockets ont obtenu la venue de Chris Paul, dans le cadre d’un sign-and-trade avec les Clippers. Houston faisait alors un choix fort, en prenant le pari d’aligner un meneur fort aux côtés d’un James Harden déjà borderline entre le rôle d’arrière et de point guard. En signant des roles players parfaits pour épauler cette ligne arrière, le management présentait alors un effectif très complet en début de saison. Les deux interrogations se situaient autour de la défense et de l’association Paul-Harden. Elles ont rapidement été dissipées.
Du côté de Minny, c’est lors de la Draft que les dirigeants ont décidé de prendre les choses en main, en opérant un trade totalement inattendu : exit Zach LaVine, Kris Dunn et le 7ème choix (utilisé pour Lauri Markkanen), et les Wolves récupèrent Jimmy Butler en provenance de Chicago. La fan base s’enflamme, la hype autour des Loups grandit, mais les questions fusent : quid du leadership de Buckets? Quelle compatibilité dans ce roster, notamment aux côtés d’Andrew Wiggins? Surtout, c’est le manque de shooters fiables qui pose inquiète. L’optimisme est de mise, la confirmation attendue.
Le bilan des saisons
Honneur aux rois de l’Ouest. Les Rockets sortent d’une saison exceptionnelle, dominant la concurrence sans accroc ou presque. Dès le début de saison, Houston donnait le ton en alignant les performances de haut vol. L’absence de Chris Paul compensée sans trop de problème, James Harden commençait déjà à rouler sur la ligue à coups de prestations impressionnantes. Avec le retour de CP3, et surtout son intégration éclair, la machine Rockets était plus que lancée vers une saison historique (65W, record de franchise), emmenée par son duo d’artistes. Le favori pour le titre de MVP se nomme James Harden, sans grande contestation possible : The Beard affiche une ligne statistique monstre sur la saison : 30.4 pts, 5.4 rbds, 8.8 passes.
Dans son sillon, c’est tout Houston qui marche sur la Conférence Ouest, affichant une sérénité inébranlable et une puissance de feu illimitée. Autour d’Harden et de Paul, c’est toute une légion de shooters dingues qui se présente pour bombarder le panier adverse. Au final, la seconde meilleure moyenne de points (112.4 pts) et la deuxième Offensive Rating (112.2). Mais surtout, c’est défensivement que les Rockets ont surpris la ligue. 6ème Defensive Rating (103.8), Houston a mis à profit ses soldats, notamment sur les ailes, avec notamment Ariza, Mbah A Moute ou P.J. Tucker. Du côté des satisfactions, la saison de Clint Capela est une belle réussite, en très bon partenaire de pick and roll avec Harden et Paul.
Une saison plus qu’aboutie pour les Rockets donc, qui ont montré de vraies certitudes face à la concurrence, et qui abordent ces Playoffs sur une superbe dynamique, et avec des joueurs au top de leur forme. Seule l’absence de Luc Mbah A Moute est à déplorer.
Chez les Wolves, le bilan alterne oscille entre le bon et le décevant. Au vu des forces en présence, les observateurs étaient nombreux à attendre plus de cette équipe. Malgré le manque de shoot et un banc limité, le cinq majeur de Minnesota avait de quoi effrayer plus d’une franchise. Si le démarrage s’est plutôt bien déroulé, c’est bien lorsque Jimmy Butler a trouvé son rythme que les Wolves ont lancé leur saison. Dans le sillage de leur leader, les Loups se sont hissés jusqu’aux hauteurs de l’Ouest, se présentant comme un adversaire redoutable. Mieux, l’avantage du terrain en Playoffs se profilait encore quelques semaines avant la fin de saison. Karl-Anthony s’offre une saison de haut vol, recordman du nombre de double-double, et capable de performances de choix. Si Jeff Teague alterne le très bon et l’insuffisant, Taj Gibson est la vraie satisfaction des Wolves, amenant son expérience et son professionnalisme dans les moments importants. Enfin, Andrew Wiggins réalise une saison en demi-teinte, parfois timoré ou nonchalant sur le parquet. Mais les vrais problèmes des Wolves ne se trouvent pas en attaque, avec la 4ème Offensive Rating de la ligue pour Minny (110.8). Non, c’est bien en défense que les hommes de Thibodeau (eh oui, coach supposé défensif) ont grandement pêché cette saison, pointant à une triste 23ème place (108.4). Également en question, la gestion des rotations de Thibs, avec le cinq majeur le plus utilisé de la ligue, et un manque de confiance accordée aux remplaçants. Mais surtout, lorsque Butler s’est lourdement blessé au ménisque, c’est toute la mécanique qui s’est enrayée, faisant sombrer les Wolves jusqu’au bas du Top 8, et l’obligation de jouer sa place lors de l’ultime rencontre face aux Nuggets.
Qu’importe, après 14 ans de disette, seule la qualification en postseason compte pour la franchise du Minnesota. De quoi booster ce roster pour créer l’exploit?
Les match-up clés
James Harden VS Jimmy Butler
Naturellement le duel le plus attendu, et le plus décisif dans cette série. On le sait, Buckets adore se coltiner la superstar adverse, et se fera un plaisir d’aller accrocher le Barbu pour tenter de le limiter. Car oui, vu le pédigrée du bonhomme et la saison qu’il vient d’accomplir, on ne peut que tenter de le défendre au mieux, même pour un stoppeur d’élite tel que Butler. Forcer le un contre un, essayer de faire déjouer ou surjouer Harden, voilà les objectifs de Jimmy. Problème pour les Wolves, le Barbu est entouré d’une armada de shooters qu’il faudra surveiller comme le lait sur le feu. Si CP3 est évidemment essentiel à la construction du jeu des Rockets, Harden en reste le maitre à jouer, capable de mettre ses tirs comme de faire jouer les autres. Limiter les dégâts en défense et garder une énergie indispensable pour apporter en attaque, telle sera la mission de Butler face au probable futur MVP. Harden risque d’ailleurs de défendre sur son homologue, à moins que D’Antoni ne préfère envoyer Ariza sur Butler.
Karl-Anthony Towns VS Clint Capela
La deuxième star des Wolves est attendue dans cette série, garant de la survie de sa franchise. Face à lui se dresse un pivot rugueux et abreuvé de ballons aériens par CP3 et Harden. Les clés de ce duel sont simples : défense, et fautes. La défense des deux joueurs d’une part, car Capela aura la lourde tâche de freiner le gros chat. Pas une mince affaire, mais si le suisse parvient à limiter son adversaire, cela mettrait une grosse épine dans la patte des Loups. Athlétiquement, Capela a tout pour embêter le pivot dominicain. De son côté, KAT devra être capable de protéger son cercle face aux pénétrations adverses… Sans se laisser prendre à revers par Capela. Or, Towns aura à subir les drives des arrières adverses, et devra rester vigilant aux tentatives de alley-oop. Le tout en évitant de se retrouver en foul trouble, une tendance que le pivot traine derrière lui ces dernières semaines. Souvent pointé du doigt cette saison pour sa mauvaise défense, notamment ses aides douteuses, il pourrait être mis en difficultés par Capela. Le suisse a d’ailleurs des arguments pour lutter très sérieusement aux rebonds. Les deuxièmes chances, il ne faudra pas en laisser, d’un côté comme de l’autre.
Au delà de ces deux affrontements, deux autres confrontations seront à surveiller :
D’une part, le duel de meneurs entre Teague et Paul. Le métronome des Rockets sait tout faire ou presque, entre distribution et scoring, et Teague aura la tâche de limiter l’efficacité bien connue de CP3. Les qualités défensives de l’ancien Clipper pourraient considérablement gêner Teague, coutumier des performances irrégulières.
D’autre part, la confrontation entre Ariza et Wiggins. Le 3&D des Rockets a tout du Némésis pour Wiggins, par sa défense asphyxiante et sa capacité à rentrer des shoots. Il aura fort à faire pour défendre sur l’ailier des Wolves, qui devra quant à lui ne pas laisser Ariza seul derrière l’arc.
A quoi s’attendre
Difficile de prédire l’attitude des deux équipes dans cette série. Côté Rockets, deux tendances se dégagent selon nous : la volonté de montrer une grosse domination pour assurer un statut de favori dans la course au titre qui commence à être avancé par beaucoup, ou une montée en puissance graduelle. Quoiqu’il en soit, c’est une continuité de la saison régulière qui est attendue dans le Texas, avec deux premières rencontres à domicile. Les Rockets sont sûrs de leur force, et le sweep des Wolves en saison régulière ne donne que peu d’arguments en faveur des joueurs de Thibodeau. Répétition des schémas, développement de jeu, les Rockets connaissent leurs gammes et n’auront qu’à les réciter face à leurs adversaires inexpérimentés pour la plupart.
Offensivement, Minnesota a les armes pour embêter Houston. Le vrai motif de travail pour les Wolves se trouve en défense, où il faudra franchir un sacré palier pour espérer quoique ce soit face à la bande de tireurs fous. S’ils n’en sont pas capables, ils risquent fort de subir les foudres d’une équipe supérieure, et de se faire balayer violemment. Butler et Gibson vont tout faire pour emmener les leurs derrière eux. Et si le dernier match face aux Nuggets a confirmé quelque chose, c’est que les Wolves ont la capacité de lutter en équipe, ensemble. Ils en auront besoin.
Pronostic
Rockets 4 – Timberwolves 1
Pour être tout à fait honnête, le sweep est également envisageable. Peut-être est-ce un fan des Wolves qui écrit ce papier? En réalité, cette série pourrait présenter plusieurs scenarii différents. Facile à dire, bien sûr, mais si la domination des Rockets est plus que probable, c’est plutôt la résistance des Wolves qui reste très indécise. Comme déjà évoqué, la capacité à step up en défense sera déterminante pour Minnesota. S’ils y parviennent, alors arracher un match, notamment au Target Center, est tout à fait possible. Décrocher plus d’une victoire sera bien compliqué. En revanche, si Houston passe un nouveau cap, les Wolves pourraient bien vite se retrouver débordés… Et balayés. Une formalité pour les coéquipiers de James Harden? Possible, mais les Loups devraient vendre chèrement leur peau.
Calendrier
Nuit du Dimanche 15/04 au Lundi 16/04 à 4h30 @Rockets
Nuit du Mercredi 18/04 au Jeudi 19/04 à 3h30 @Rockets
Nuit du Samedi 21/04 au Dimanche 22/04 à 1h30 @Timberwolves
Nuit du Lundi 23/04 au Mardi 24/04 à 2h00 @Timberwolves
Les horaires des matchs suivants ne sont pas encore déterminés.
Nuit du Mercredi 25/04 au Jeudi 26/04 @Rockets
Nuit du Vendredi 27/04 à Samedi 28/04 @Timberwolves
Nuit du Dimanche 29/04 au Lundi 30/04 @Rockets