Hier soir, le Jazz n’a pas fait de quartiers, ils ont arraché le scalp des champions en titre sans coup férir. Les joueurs de la baie n’ont pas pu contrer les mormons, mais l’inquiétude n’est pas sur le niveau de jeu des Warriors, loin de là. Non, hier, comme souvent cette saison, c’est une équipe au roster parsemé qui s’est présenté sur le terrain. Cette fois, on peut même parler d’équipe décimée, puisqu’aucun des 4 all-stars qui évoluent à Golden State n’étaient en tenue.
Si certaines blessures ne sont pas très contraignantes, la blessure de Stephen Curry inquiète, elle, beaucoup plus. En outre, les absences à répétition de certains joueurs majeurs laissent-elles présager une horizon funèbre, pour une équipe en route vers l’histoire ? Désireux d’arracher le back-to-back, la santé des Warriors n’est pas optimale à 3 semaines des Playoffs, et des questions planent au dessus de la franchise, alors que leur saison commence, elle, réellement à ce moment.
Des petits pépins
Outre l’absence de Curry, hier, Kevin Durant, Klay Thompson et Draymond Green étaient également absents. Alors que les hostilités approchent, la situation n’inquiète pas nécessairement l’essentiel du microcosme NBA qui sent cette équipe trop forte pour être stoppée. Si en l’absence d’alarmes sur le retour de ces 3 joueurs, les Warriors restent éminemment les grands favoris à leur propre succession, voici ce que je trouve troublant.
Kevin Durant, a du sortir à cause d’une fracture aux côtes le 11 mars, mais a rejoué le 14 et aggravé les dégâts qu’il avait subi. Résultat, 12 jours plus tard, ce dernier n’est toujours pas revenu. S’il devrait être prêt très largement avant les Playoffs, puisque ce retour est imminent, il faut espérer que la fragilité ne soit pas trop gênante. Surtout à l’approche de la post-saison où les contacts vont se faire plus rugueux. Revenir d’une blessure ne signifie pas qu’elle est forcément derrière soi. A ce titre, le MVP des finales 2017 pourrait jouer dans les premiers temps avec une épée de Damoclès, qui n’a pas réussi à son coéquipier ces derniers jours.
Klay Thompson, lui, a du quitter la rotation des Warriors suite à une fracture du pouce. Véritable ironman, le shooteur va revenir à la compétition. Ce n’est pas une blessure qui se réitère aisément, mais on imagine que l’appréhension pourrait être là, pour un joueur dépendant de son tir, mais qui a également des mains très actives en défense. Un état à prendre en compte lorsqu’on repense à la blessure bête de Chris Paul face aux Blazers. La blessure est moins préoccupante que celle de Durant, et beaucoup moins que celle de Curry, mais l’interrogation mérite tout de même d’être posée.
Enfin, Green, est le seul qui n’a pas vraiment eu de pépins lourds. Jusqu’ici, on nous annonce des mauvais coups, des contusions et quelques douleurs. Il est difficile de savoir si ce sont essentiellement des petites galères, où si l’équipe préserve son joueur en l’absence des 3 principales forces offensives. Néanmoins, il faut prendre en compte que le joueur fait parti de ceux qui se sont le plus usés lors des campagnes précédentes, par sa présence à chaque match, son jeu très physique et les sollicitations des deux côtés du terrain. Imaginer des petites blessures dues à la fatigue n’a rien de fantaisiste.
A cela, on peut ajouter des petites broutilles, comme la baisse de forme de JaVale McGee, ou les soucis de chevilles que rencontre Omri Casspi, dont le tir à 3 pts manque. Mais on y viendra plus tard.
Le cas Curry
Mais s’il y en a un pour qui on peut bien s’inquiéter, c’est pour Stephen Curry. Le meneur de jeu, dont les chevilles ont toujours été un point d’inquiétude, a grosso modo bien réussi à éviter les problèmes depuis les Playoffs 2013. Grâce à un énorme de travail de renforcement il a su rester loin des grosses entorses qui avaient émaillées sont début de carrière. Certaines alertes avaient pu le gêner, comme ce fut le cas durant la campagne de printemps en 2016. Et justement, en parlant de cette post-saison maudite, le voici à la croisée des chemins.
Car comme lors de cette campagne, il a connu des problèmes de chevilles, qui l’ont persécuté cette saison. Mais pire, lors de son retour, celui-ci s’est fait une entorse au genou. Comme lors de cette glissade face à Houston en 2016. Si la mésaventure doit déjà le tenir éloigné jusqu’aux Playoffs, voire le premier tour inclus si l’on en croit Steve Kerr, on peut d’ores-et-déjà affirmer que le génial meneur d’Oakland ne sera pas à 100% pour l’ensemble de la campagne.
Avant même que son genou n’entre en jeu, il n’avait pas eu de soucis à confirmer que le travail nécessaire pour une totale rééducation aurait nécessité bien plus qu’un mois de repos. Une chose qu’il ne peut et ne veut se permettre. Mais en ajoutant cette nouvelle torsion, il est désormais clair que le joueur ne sera pas en pleine possession de ses moyens, même avec un travail de premier plan d’ici 3 semaines.
Quelles conséquences pour les Warriors ?
Stephen Curry est le véritable moteur offensif de cette équipe des Warriors. Bien sûr, sans lui, défendre Golden State reste complexe, avec une star comme Durant dans l’effectif. Toujours est-il, que son absence et son retour diminué pose quelques problèmes.
S’il est moins sûr de ses appuis, il sera moins mobile et se reposera beaucoup plus sur son jumpshot. Le problème, c’est que contrairement à ce que beaucoup peuvent croire, les Warriors ne dominent pas réellement grâce à leurs tirs primés. Évidemment, la menace de voir des Curry, Thompson ou Durant dégainer met toujours la pression sur les défenseurs. Mais en dépit d’une précision chirurgicale et historique, les Warriors arrivent tout juste autour de la 10eme place en nombre de 3pts tentés par rencontre. Et leur jeu repose beaucoup plus sur du mouvement de ballon et de l’attaque de panier que ce que les clichés laisseraient penser. Résultat, quand votre principal créateur, manieur hors pair de ballon perd en mobilité, c’est toute votre attaque qui perd de son génie.
D’ailleurs, puisqu’on parle de tirs longues distance, voici un autre point qui pourrait compliquer la tâche des Warriors. Malgré leur trio, la franchise est à la peine dans l’exercice depuis ce début de saison. En effet, Draymond n’est qu’à 30% derrière l’arc, Iguodala à 29,5%. Patrick McCaw touche le fond également avec seulement 24%; et on ne s’attarde pas sur Livingston, Jordan Bell, et les 2 pivots (McGee et Zaza) qui ne peuvent même pas écarter à mi-distance. En somme, Golden State se retrouverait avec peu de véritables spécialistes dans l’effectif autour de son trio. Seuls Nick Young et Casspi peuvent aider – ainsi que Quinn Cook fraîchement débarqué dans le roster.
Entre ces problématiques autour du spacing et la perte en création de Curry, les Warriors peuvent être plus facile à bousculer que l’an passé. Sans parler de les voir faibles, ils sont en tout cas moins impressionnants qu’il y a un an, et ce malgré un roster qui a été enrichi l’été dernier. A ces aspects, on peut éventuellement imaginer que les petites invalidités qui ont jalonné leur saison peuvent rester dans les têtes durant les matchs (les côtes de KD, la main de Thompson) et les pousser à faire attention à certains mouvements – au point de facilité le contact avec Durant, ou de chercher le côté main faible de Klay. En somme, la machine imprenable apparaît plus friable que par le passé, ces petits bobos, pourraient enhardir leurs adversaires, désormais capables de penser qu’il y a une chance.
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Sans pousser trop loin cet article, qui s’annonce au final plus une idée fugace qu’une véritable analyse, il me paraît possible de croire que certains contenders, qui n’auraient pas eu de lourdes pertes dans leur effectif, puissent voir les pépins physiques des Warriors comme une chance à saisir pour les renverser. Si la liste des vrais prétendants à la réussite de cette mission ne sont pas légion, toujours est-il que la question se pose : est-ce que ces blessures ne ramènent pas la franchise sur terre ?