Nous y sommes, la grande bataille pour les Playoffs est désormais bel et bien ouverte et s’avère sans concession à l’Ouest, tandis que plus bas, d’autres, se battent pour la draft à venir. Au milieu de ces luttes sanglantes et sans pitié, d’autres franchises se retrouvent dans une situation moins stressante, où la fin de la saison est une forme d’exhibition tranquille. Si dans le cas des Pistons, ou des Hornets, se retrouver distancé fait de la saison un véritable échec, les Lakers, eux, bien ancrés sur l’autre côte, peuvent voir cette situation comme une opportunité. Au moment où j’écris ces mots, je suis moi-même le premier surpris. Cela fait bien longtemps que je n’avais pas vu la mythique franchise posséder une vraie chance de briller, ou du moins de progresser très significativement.
Oui ! En cette fin de saison régulière, Los Angeles n’a rien à perdre : ils ne feront pas les Playoffs, n’auront pas de choix dans les hautes sphères de cette draft, ils peuvent donc jauger les forces en présence. Cela ne veut pas dire que la saison est terminée, bien au contraire : c’est le moment de jouer à fond, pour voir comment façonner l’avenir. Qui doit rester ? De qui se délester ? Voici le programme jusqu’à ce que la post-saison débute, sans eux. Et Magic sait Ô combien cette période va être importante, avant que les Lakers débarquent sur la free agency, avec l’ambition de ramener leur franchise dans les hauteurs de l’Ouest.
Une opportunité unique
Lors d’un précédent article, j’ai tenu à expliquer comment la NBA avait sabordé ses capacités financières, de telle sorte que la majorité des franchises NBA vont se retrouver dénuées de salary cap. Un manque à donner historique dans une NBA qui a distribué les chèques en or massif durant deux étés, à tel point qu’ils s’en trouveront dépourvus, quand la FA 2018 sera venue. Un véritable marasme dans lequel, cette fois, la franchise pourpre et or n’est pas.
Que nenni ! Il se trouve même que cette année, dans les 7 équipes qui ont d’ores et déjà de la liberté financière, celle qui en a le plus est bien l’équipe aux 16 bannières de champions. L’autre bonne nouvelle ? 5 des écuries de cette shortlist de chanceux sont actuellement impliquées dans la lutte pour le first pick. Ce qui veut dire qu’il n’y en a que deux qui vont arriver sur le marché avec une véritable envie de s’améliorer à très court terme. Vous l’aurez compris, d’un côté, nous aurons les Lakers, de l’autre, seul hic, ce seront les Sixers.
Néanmoins, pas de quoi trop s’inquiéter, car depuis l’an dernier, le montant des émoluments à disposition côté Lakers, ne cesse de croître… Et ce alors que les joueurs pourraient prétendre à moins d’argent que depuis 2 ans. Jetons-y un œil !
Situation financière
Ce tableau vous donne une idée qui n’est pas parfaitement exacte, de ce que pourrait être le cap disponible des Lakers sur le marché 2018. Pour commencer, que pouvons-nous dire ?
Tout d’abord, le salary cap pour cet été est annoncé à 101M, ce qui signifie que si le tableau était une projection parfaite, les LAL possèderaient 56,3M de disponible.
Néanmoins, approfondissons. Grâce à des échanges, la franchise a réussi à se délester l’été dernier du contrat de Timofey Mozgov, contre l’expirant de Brook Lopez. Puis, à la trade deadline, elle a exclu ceux de Jordan Clarkson et Larry Nance Jr, contre les expirants de Isaiah Thomas et Channing Frye. Si j’en parle, c’est que le départ du bondissant ailier signifie que la franchise compte parier sur Kyle Kuzma, mais également que Julius Randle a de bonnes chances d’être conservé.
Le souci, c’est que Julius présente un potentiel solide, est jeune, et aurait potentiellement un coût élevé sur le marché. Pour une équipe jeune en reconstruction, cela irait. Sauf que Los Angeles a, comme vous l’avez probablement lu un nombre incalculable de fois, pour objectif de ramener des superstars. Paul George en tête de liste.
Dans cette optique, il est très probable de voir la franchise laisser libre Tyler Ennis et Thomas Bryant. Je les vois bien conserver en revanche Ivaca Zubac, qui peut rendre de fiers services à bas prix. Si ces prédictions sont bonnes, alors les Lakers devraient posséder environ 41M de cap occupés. Soit 60M pour atteindre leur objectif.
Que tenter ? A quoi s’attendre ?
Les Lakers se sont rendus très clairs, l’objectif premier est de ramener 2 stars à Los Angeles, pour jouer aux côtés de leurs jeunes talents : Lonzo Ball, Brandon Ingram, Kyle Kuzma… et peut être Julius Randle. Pour réussir dans cet objectif Los Angeles va sûrement tenter plusieurs choses, avec ou sans succès.
Échanger Luol Deng
Le contrat signé par l’ancien font office est une véritable plaie pour les dirigeants actuels. Luol Deng doit encore toucher 18M par an pour 2 ans au terme de cet exercice. Autrement dit, 1/5 de leur salary cap est attribué à un joueur qui ne joue pas. Se débarrasser de Mozgov avait coûté DeAngelo Russell, mais dans l’optique de conserver Julius Randle plus facilement, il pourrait y avoir d’autres sacrifices. D’après Eric Pincus, Bleacher Reporter, le duo Magic Johnson / Rob Pelinka pourrait être tenté de proposer un deal incluant Luol Deng, Ivica Zubac et des tours de draft pour libérer du salary cap, cet été. Une stratégie qui pourrait fonctionner, admettons avec des équipes comme Chicago ou Atlanta, qui lancent un nouveau cycle, si les TDD sont intéressants. Orlando, également, selon la direction que prend John Hammond pourrait participer à un échange, même s’il donnerait des joueurs en échange. Ce qui ne serait pas non plus dramatique, attendu que le Magic possède des talents intéressants.
L’autre solution, serait de négocier un buy out. Sauf que voilà, pour que cela fonctionne, il faudrait que le joueur accepte de perdre de l’argent, d’étaler son contrat sur une plus longue durée pour faciliter le recrutement, tout cela dans le but de retrouver une équipe, alors que les Lakers ne l’ont pas fait jouer de la saison. Une situation difficile à envisager alors qu’il lui reste plus de 36M à toucher sur son contrat.
Traiter le cas Isaiah Thomas
Isaiah Thomas risque de vivre et de faire vivre un véritable casse tête aux franchises NBA. Sur le toit de la grande ligue la saison passée, une blessure dérangeante à la hanche a fauché sa saison à Cleveland. Les Cavaliers, impatients, l’ont rapidement transféré aux Lakers, où après un retour catastrophique du côté de l’Ohio, il semble peu à peu se rapprocher d’un niveau de jeu solide. Avec encore une quinzaine de matchs à jouer, IT peut éventuellement finir son exercice fort et arriver avec beaucoup de certitudes sur le marché des agents libres.
Toutefois, qui pour parier sur le lutin ? Il faut comprendre que le joueur a connu une blessure qui laisse sous-entendre des risques de rechutes. En outre, joueur de très petite taille, il est dépendant de sa vitesse pour faire la différence, alors qu’il arrive sur sa trentaine. Ce dernier, persuadé de son potentiel, ne semble vouloir rien d’autre qu’un contrat maximum, ce qui signifie que les négociations pourraient être musclées. Or, s’il finit fort, la question va se poser pour Los Angeles… Peut-il être intéressant de faire de lui le premier membre de notre duo ?
Personnellement, s’il y a des garanties concernant ce dernier, alors je pense que tenter de le conserver n’est pas nécessairement stupide. Il suffira juste de pouvoir répondre à 2 problématiques :
- Comment compenser sa défense sur les postes extérieurs ?
- Jusqu’à quel montant sommes-nous prêts à aller ?
Dans la situation actuelle, j’aurai tendance à considérer que lui proposer plus de 20 voire 22M serait une erreur. Tout excellent joueur qu’il est, il serait entouré de joueurs très jeunes, et si l’équipe table sur eux pour faire la différence, alors il pourrait être sur le déclin au moment d’une maturité de leur part. En outre, malgré tout son talent, la franchise n’a pas de défenseurs d’élite dans ses rangs, sauf s’ils conservent Cadwell Pope et amènent Paul George, et il sera compliqué de le cacher en défense.
A voir ce que nous dit la fin de saison, mais imaginer IT à LA l’an prochain ne peut être exclu, au bon prix et avec les bonnes garanties.
Se positionner sur plusieurs dossiers
Si on a longtemps ri de la capacité de ce roster à attirer l’intérêt de gros poissons, tout n’est pas si simple. Avec une telle marge financière, et possiblement en consentant les efforts pour évacuer Luol Deng, les Lakers auraient quasiment un cap salarial vierge. Ce qui veut dire que n’importe quels joueurs peuvent s’entendre pour se retrouver à LA. De fait, quels joueurs seront sur la liste des Lakers ?
LeBron James. Le King sera forcément l’objet du fantasme des Lakers. Si je ne suis pas un grand fan de cette piste, il faut reconnaître que depuis la signature de Durant à Golden State, je suis moins cru au moment de balayer les idées les plus saugrenues. Si le King venait à bouger, et souhaitait donner rendez-vous à un autre joueur, alors Los Angeles serait dans une situation idoine pour l’acquérir, car c’est l’équipe dont le roster est le moins dessiné de la ligue à l’heure actuelle.
Paul George. Depuis qu’il a évoqué son envie d’aller à LA, la franchise fait tout ce qui est en son pouvoir pour tenter le pari. Pour connaître l’avenir de cette piste, tous les regards seront tournés vers OKC au moment des Playoffs. Si le 5 de départ du Thunder est pléthorique, la profondeur de l’équipe est faible, sans de vraies perspectives de se renforcer. De fait, on ose imaginer que le parcours de la franchise de Russell Westbrook jouera un rôle déterminant dans la lutte pour s’adjuger les talents de “PG13”.
DeMarcus Cousins ? De toute évidence, on imagine que l’ex-pivot des Kings, a toujours attiré la convoitise des pourpres et or. Néanmoins, sa blessure au tendon d’Achille a de quoi rappeler de mauvais souvenirs à la franchise. Si cette blessure peut avoir réduit l’intérêt côté LA, il est également possible que l’idée de l’acquérir pour moins cher, de manière à associer son arrivée à celle d’un Paul George, soit également envisagée.
DeAndre Jordan ? Un autre pivot qui pourrait trouver refuge dans l’autre franchise de LA. A chaque fois, il faut imaginer que la piste fonctionne à fortiori si George confirme ses déclarations de l’été dernier. Ou du moins, de ses intentions relayées. Ici, donner la protection de la raquette à Jordan avec des efforts défensifs à l’extérieur rendraient les Lakers effrayants des deux côtés du terrain.
Les 5 de départ avec tous les joueurs mentionnés ci-dessus ont beaucoup de compatibilité sur le plan basket – dans la mesure où tous sont compatibles avec Paul George, et tous permettent de créer des rosters intéressants avec le matériel déjà à disposition.
Gérer le cas Randle
Cet été, face à la dèche financière attendue, certains joueurs seront contraints de laisser un peu d’argent sur la table. Nous en avons déjà parlé, mais Julius Randle aura peut être une partie de son destin liée à la faculté de la franchise à éjecter le contrat de Luol Deng. Ce n’est néanmoins pas une nécessité absolue pour diverses raisons.
Tout d’abord, il est tout a fait possible pour les Lakers de signer des agents libres, puis de donner un contrat longue durée à leur joueur sur qui ils possèdent les bird rights. Cela permettrait de dépasser le salary cap, et de conserver le joueur. Soyons honnêtes, nous n’avons pas affaire à une institution qui a peur de payer des taxes. Donc rien n’est impossible.
Éventuellement, il est aussi possible que LA ne signe qu’un agent libre, et possède encore du cap, voire qu’elle rate son été et n’obtienne aucun joueur visé. Auquel cas, le joueur toucherait son contrat sans difficultés.
Pour certains, la franchise doit laisser partir le joueur pour se concentrer sur la FA. Pour d’autres, le laisser partir serait un suicide, et au contraire, il ne faut pas hésiter à sacrifier des talents moins importants pour un joueur qui progresse tous les ans. Je pencherais plutôt du côté de la seconde affirmation… Même si lui donner un contrat maximum serait dommageable.
Selon moi, l’avenir de Randle est à Los Angeles, et, dans tous les scénarios imaginables, il sera conservé.
Scénario idéal Vs éventualités
Dans le meilleur des cas, Paul George décide de ne faire qu’une année à OKC et débarque à Los Angeles. Dans ce cas, l’objectif est d’obtenir un autre joueur de haut niveau, mais lui, pas au maximum. Si, même un Isaiah Thomas (ce qui n’est pas l’idéal), accepte de laisser quelques millions sur la table, alors il est possible d’attirer quelques roles players pour monter un roster équilibré.
Dans le scénario idéal où 2 stars viennent et la franchise conserve Julius Randle, tout n’est pas simple pour autant. Il n’y aura pas de banc, le recrutement aura pour mission d’être intelligent et sans risques pour construire sur la durée.
En réalité, il serait peut être préférable de n’avoir que George, et de pouvoir construire avec cohérence. Par exemple, associer George, KCP et Brandon Ingram permettrait d’avoir 3 joueurs interchangeables au besoin, avec des profils variés et capables de donner de vraies solutions tant défensives qu’offensives. Ramener des joueurs confirmés sur le banc pourrait également permettre à Los Angeles de se battre pour les Playoffs, les yeux dans les yeux avec les bonnes équipes de la conférence.
Mais… Si personne ne vient ? Si je disais qu’ils sont pour la première fois, pour moi, en position de vraiment faire les recrutements qu’ils annoncent, il n’est pas non plus certain que les joueurs visés ne restent pas dans leur franchise ou fassent d’autres choix. Après tout, George pourrait rester avec Westbrook, Cousins avec Davis, James à Cleveland et etc. Dans ce cas… ? Il est fort probable de voir la franchise opter pour la même stratégie. Elle conservera probablement Julius Randle à prix d’or, puis, proposera son salary cap à des joueurs en quête de gros salaires, sauf qu’à la manière de ce qu’on a vu l’an passé avec Kentavious Cadwell-Pope, ce seront des contrats d’une durée d’un an.
Finalement, s’il fallait retenir une chose, ce serait que le nombre de scénarios possibles cet été en Californie sont infinis. Tout peut se passer, et c’est en soi une formidable nouvelle pour les fans. Oui, car si rien n’est tracé pour ces Lakers, il peut, pour la première fois depuis la blessure de Kobe Bryant, se passer quelque chose de positif pour les pourpres et or durant une free agency.