Au pays de l’oncle Sam comme en Europe, la devise est identique: “Du pain et des jeux !”.
Toutefois lorsque le Vieux Continent n’a d’yeux que pour le football, le Nouveau Monde s’en désintéresse pour se consacrer à “ses” sports: le basket et le foot US.
Si tous deux sont gérés par des ligues privées, elles sont en revanche gouvernées par des logiques totalement différentes.
Toutes les ligues majeures de sports américains sont régies par une convention collective nommée CBA (Collective Bargaining Agreement) signé entre la ligue et le syndicat des joueurs. Ce CBA prévoit entre autres un salary cap, c’est à dire un plafonnement de la masse salariale.
Ce salary cap est le fruit de très longues années de réflexion. Son but principal est de préserver un certain équilibre financier au sein de la ligue concernée en évitant tout phénomène d’accaparement. Le mécanisme est double : la convention collective régit à la fois la limite salariale des équipes mais aussi celle des joueurs (bien qu’à un moindre degré).
La première ligue américaine à l’avoir adopté est la NHL, en 1917 ! A l’époque, ce salary cap n’était que de 62 500$ par équipe et seulement 7000$ par joueur ! A titre de comparaison, les salary caps des trois ligues majeures sont respectivement fixés à 75 (NHL), 102 (NBA) et 178 (NFL) millions de dollars !
La NBA, elle, a attendu 1984 avant de mettre en place un salary cap. Quelques années plus tard, la MLB et la NFL lui emboîtèrent le pas.
Etant donné que la NBA et la NFL sont les deux ligues dont l’opposition est la plus marquée sur le sujet, il m’a semblé intéressant d’en étudier les deux logiques.
Voyons maintenant comment fonctionnent ces deux types de salary cap et s’il serait opportun d’aligner le système de la NBA sur celui de la NFL.
Sommaire :
Partie 1: Le soft cap
Section 1: Le fonctionnement du salary cap
A- Généralités
B- Les types de free agents
C- Les Bird Rights
D- Les autres exceptions
E- Les Cap Holds et autres mécanismes limitatifs
F- Mécanismes redistributifs et punitifs
Section 2: Les mécanismes contractuels
A- Cadre contractuel et contrat rookie
B- Les prolongations
C- Les extensions
D- Les clauses
E- La résolution du contrat
F- Contrats spéciaux
Partie 1 : Le soft cap, vice et vertus de la souplesse
Section 1 : Le fonctionnement du salary cap
A- Principes généraux
Il existe deux types de salary cap : le hard cap et le soft cap. Le premier symbolise la NFL quand le second caractérise la NBA. Le salary cap est constitué de l’ensemble des salaires prévus par l’ensemble des contrats de l’effectif. Différence majeure là aussi: les contrats NFL ne sont quasiment jamais entièrement garantis. A contrario, dans les contrats NBA, dès lors que le deal est signé, le joueur sera payé quoi qu’il arrive.
Si la NBA génère des sommes d’argent phénoménales, elle les génère sur 1240 matchs de saison régulière et entre 60 et et 105 matchs de playoffs quand la NFL, elle, les génère sur 368 matchs de saison régulière et 11 matchs de playoffs. Autant dire que rien qu’en se fixant sur les montants des deux salary cap, la différence à l’unité est phénoménale.
Il faut bien avoir à l’esprit que le foot US est peut-être le sport qui serait le plus exposé aux dérives s’il n’y avait pas de salary cap. On peut tout à fait penser que sans ce garde-fou, les mégastars du foot US type Brady/Rodgers feraient passer les footballeurs européens pour des smicards. Rendez vous compte: le foot US concentre chaque année environ 55% des audiences télévisuelles dans le domaine du sport américain. Le Superbowl est l’événement sportif le plus regardé au monde chaque année. Autant dire que s’il était possible de dépasser le salary cap d’une manière ou d’une autre, l’on assisterait à une véritable déflagration dans les contrats offerts aux joueurs par des propriétaires tous prêts à dépenser sans regarder une demi-seconde le montant de la facture.
Rappelez vous cette petite phrase de Jerry Jones, le propriétaire des Cowboys :
« Vous ne voudriez pas voir la taille du chèque que je serais prêt à remplir s’il garantissait un Super Bowl aux Dallas Cowboys »
Fort heureusement donc, le salary cap NFL est un hard cap, qui comme son nom l’indique, fixe une limite indépassable de dépenses salariales pour les franchises et permet donc d’éviter toutes les dérives.
La NBA, elle, pratique un soft cap. Par principe, les franchises ne peuvent pas le dépasser. Toutefois il existe de très nombreuses exceptions qui permettent de le faire. Beaucoup de voix s’élèvent aujourd’hui pour que la NBA soit dotée d’un hard cap, notamment en raisons des disparités entre la taille des différents marchés et, souvent avec beaucoup de mauvaise foi, les capacités d’investissement des différents propriétaires.
Les 30 franchises ont donc chacune 101M$ pour recruter 15 joueurs (17 en comptant les 2 way contracts). On va donc commencer par voir comment recruter des joueurs et à quelles conditions il est possible de le faire.
B- Les types de free agents
Commençons par le commencement. Lorsque l’on souhaite resigner un joueur, c’est qu’il est ou va devenir agent libre. Parmi ces agents libres, on distingue deux catégories : commençons par les free agents restreints.
Ces free agents sont tous ceux qui sortent de leur contrat rookie. Un free agent restreint peut donc signer une offre appelée offer sheet avec n’importe quelle équipe. La franchise initiale dispose alors du droit d’égaler toute offre extérieure et ce simple fait suffit à former le contrat, en termes identiques à ceux de l’offre extérieure, ce dans un délai de 48h.
Ce droit naît de la proposition au joueur d’une qualifying offer : une offre de contrat pour la dernière année de son contrat rookie. Il doit y avoir identité de caractéristiques entre le contrat proposé par la franchise et celui qui constitue l’offer sheet, ce à peine de nullité. Dès lors que la franchise créancière du droit d’option a levé ladite option, le contrat est automatiquement formé (logique, vu que le joueur a déjà donné son consentement en signant l’offer sheet).
Attention: ce droit d’option est un droit purement potestatif. Un droit potestatif est le droit reconnu à une personne de créer, modifier, ou éteindre un rapport juridique par une décision unilatérale, définition qui correspond en tout point aux éléments que je viens d’exposer.
Ce droit est à distinguer impérativement du droit de créance: la franchise ne peut pas exiger que le joueur fournisse une prestation.. qu’il a déjà effectuée en donnant son consentement lors de la signature de son contrat rookie et donc en acceptant la 4e année en option. Plus largement, si l’on admettait qu’il s’agit d’un droit de créance, cela voudrait dire que la qualifying offer crée un lien de nature identique à celui du vrai contrat de travail, alors même que l’engagement qui naît de la qualifying offer est moins puissant.
En pratique, il est assez rare que cette offre devienne le contrat final : dans l’écrasante majorité des cas, soit le joueur resigne, soit l’équipe retire la qualifying offer (comme dans le cas de KCP). Dans ce cas là, le joueur devient free agent non restreint à l’issue de sa 3e année.
A noter que l’offer sheet est encadrée par le CBA de manière à ce qu’elle ne constitue pas une arme pour les différents front offices de s’arroser mutuellement de contrats pourris. Cette offer sheet n’a pas de force obligatoire à proprement parler car il s’agit d’une offre et non d’un contrat, cependant elle est quand même relativement contraignante dans la mesure où une fois signée par le joueur, elle ne peut être retirée. L’offer sheet est donc une arme à double tranchant : elle peut effectivement servir à plomber les finances d’une autre équipe mais elle doit être utilisée avec sagesse car elle comporte le risque de se retrouver soi-même avec un contrat toxique.
A titre d’exemples, la dernière tentative réussie a été le joli coup qu’ont fait les Nets avec Otto Porter, qui s’il est un bon joueur plombe totalement les finances des Wizards aujourd’hui. A l’inverse, on rit encore du manque de clairvoyance des Knicks avec le cas Tim Hardaway Jr… Et il est fort possible que le GM qui proposera un gros contrat à Marcus Smart cet été devienne la risée des observateurs de la Grande Ligue.
Passons aux free agents non restreints. Eux sont libres de signer où il veulent dès l’ouverture de la free agency, sans aucune possibilité pour leur ancienne équipe de faire quoi que ce soit si ce n’est proposer une belle offre.
Passons aux exceptions permettant de dépasser le salary cap dans le but de resigner ses joueurs.
C- Les Bird Rights
On commence par le commencement avec les Bird rights. Ils ont été créés pour qu’une équipe puisse prolonger ses joueurs en dépassant le salary cap. Étrangement, cette règle a été appelée ainsi alors que les Celtics n’en avaient pas eu besoin pour prolonger Larry Bird pour un contrat à l’époque, record (12.6 millions sur sept ans) puisque.. le salary cap n’était pas encore implanté. C’est à ce moment là que le salary cap NBA est véritablement devenu un soft cap. Rappelez vous, le salary cap a été implanté en 1984, autant dire qu’à l’époque il s’agissait d’un sujet de préoccupation énorme pour le front office des Celtics.. qui s’est servi de l’exception nouvellement créée pour prolonger Cedric Maxwell après que le salary cap soit entré en vigueur.
Il existe 3 cas de figure quand un joueur prolonge dans sa franchise : full Bird rights, early Bird rights et la non Bird exception.
Les Full Bird Rights permettent de dépasser le salary cap pour resigner un joueur dont le contrat est expiré. Ces droits naissent de tout contrat ou groupe de contrats d’un minimum de 3 ans au total avec la même équipe et ce sans interruption. Si le joueur est échangé, la franchise acquéreuse récupère les droits avec le joueur. Ces droits permettent de proposer une augmentation annuelle de 7,5% sur un contrat de 5 ans.
Les Early Bird Rights naissent eux au bout de 2 ans passés dans la même franchise. Il s’agit toutefois d’une exception nettement moins intéressante car soumise à restrictions : le contrat ne peut durer qu’entre 2 et 4 ans et le montant ne peut dépasser la plus forte somme entre 175% de la rémunération prévue par le contrat expiré et le salaire moyen en NBA.
La Non-Bird Exception concerne tous les joueurs qui n’entrent pas dans les deux autres cas de figure, soit assez peu de joueurs finalement. Le salaire maximal pouvant être proposé est le plus haut entre 120% du précédent contrat ou 120% du salaire minimum. Il ne peut excéder 4 ans.
D- Les autres exceptions
Commençons par la plus connue : la Mid-Level Exception (MLE). Il s’agit d’une enveloppe allouée à chaque équipe qu’elle peut dépenser pour recruter un ou plusieurs joueurs pour une durée d’un an. Son montant varie en fonction de la situation financière de l’équipe concernée. On distingue 3 cas: entre le salary cap et l’Apron (8,4M), au dessus de l’Apron (5,3M) et enfin sous le salary cap (4,3M).
En plus de cette MLE, on a la Bi Annual Exception (BAE). Seules les équipes en dessous du seuil de la luxury tax peuvent en bénéficier. Elle est d’un montant de 3,3M et cette fois le contrat peut aller jusqu’à deux ans.
On passe sur la Rookie Exception, qui permet de signer ses rookies tout en étant au dessus du cap. Logique. Car dans le cas contraire on se retrouverait avec une bonne partie des équipes qui ne pourraient tout simplement pas drafter.
On termine avec la Traded Player Exception et la Disabled Player Exception.
La Traded Player Exception consiste simplement, dans le cadre d’un trade, en une enveloppe allouée à l’équipe qui reçoit moins d’argent qu’elle n’en donne. Voici le mécanisme:
- De 0 à 6,5 millions de salaires sortant = trade exception de 175% du salaire sortant + 100 000 dollars.
- De 6,5 millions à 19,6 millions = trade exception de la somme du salaire sortant + 5 millions.
- Au-delà de 19,6 millions = trade exception de 125% du salaire sortant + 100 000 dollars.
Notez bien que cette enveloppe ne sera utilisable que dans un autre échange et un autre échange seulement : impossible d’envisager des montages via ce dispositif.
La Disabled Player Exception est une mesure d’exception : il s’agit d’une somme allouée à une équipe qui a perdu un joueur sur blessure pour l’intégralité de la saison. Elle est d’un montant équivalent à la somme la plus faible entre la moitié du salaire du joueur et le salaire moyen en NBA. L’argent n’est évidemment débloqué qu’après diagnostic établi par un médecin agréé par la NBA, la franchise n’est pas crue sur parole (encore heureux, quand même…).
E- Les Cap Holds et autres mécanismes limitatifs
Ces Bird rights ne sont toutefois pas sans contrepartie: le dernier CBA, pour compenser, a inventé le mécanisme des cap holds, qui fait que même si le contrat d’un joueur est expirant, il peut encore peser sur les finances de son équipe. Il s’agit d’une sorte « d’impact » dans le salary cap, en aucun cas d’une somme supplémentaire à verser au joueur. Ce système a été pensé afin d’éviter qu’une équipe ne libère tous ses joueurs pour signer des agents libres avant de resigner les siens via les Bird rights et ainsi court-circuiter le salary cap. Cela permet aussi d’éviter que les franchises ne contournent les dispositions prévues par le CBA pour les contrats rookies.
Le cap hold d’un joueur correspond à 120% du salaire de sa dernière année de contrat.
Il existe 4 possibilités de supprimer ce cap hold :
– Couper le joueur
– Echanger le joueur
– Le joueur prend sa retraite
– La franchise le supprime d’elle-même
A noter que dans ce dernier cas la franchise renonce à ses Bird rights.
Prenons un exemple : un de vos joueurs est payé 10M. Son impact réel dans le salary cap est donc de 12M. Vous souhaitez augmenter votre marge salariale ? Très bien, vous pouvez supprimer son cap hold. Mais si finalement vous désirez le prolonger, vous ne pourrez plus dépasser le salary cap à cette fin.
Il existe un autre mécanisme, adjacent au cap hold, nommé la Base Year Compensation.
Si un joueur est resigné avec une augmentation de plus de 20% alors que son équipe est déjà au dessus du cap ou s’il a été prolongé avec une augmentation de salaire de plus de 20% à l’issue de son contrat rookie, alors il a le statut de base year compensation. Ce statut complique la plupart des possibilités de trade de l’intéressé : le salaire entrant et sortant du joueur (qui est pris en compte dans le deal) ne sera pas son salaire actuel mais la plus grosse somme entre la moitié de sa nouvelle paye et ledit salaire actuel.
Exemple type :
Wiggins a été resigné au max. Le deal entrera en vigueur l’année prochaine. Si les Wolves veulent l’échanger cette année, le montant pris en compte ne sera pas les 7,5M qu’il touche cette année mais la moitié de son nouveau salaire soit 12,5M. Dans son cas, cela ne changera pas grand chose, le contrat reste facilement tradable, les seuls cas où cela peut poser problème sont les cas de joueurs draftés en fin de second tour, qui explosent et raflent de grosses sommes.. et encore.
Dernière restriction: le “Apron”.
Cette restriction touche certaines équipes payant la taxe de luxe. Le “Apron” est un seuil situé à hauteur de 6M au dessus du niveau de la luxury tax.
Pour vous donner une idée vraiment précise, voici ce que cela donnait cette année:
Season | Tax Level | Apron |
---|---|---|
2017-18 | $119,266,000 | $125,266,000 |
Son évolution annuelle correspond à 50% de l’augmentation/la baisse annuelle du salary cap.
Les équipes qui sont au dessus de l’Apron ont des restrictions supplémentaires: elles ne peuvent pas utiliser la Bi-Annual Exception, ont une Mid-Level Exception réduite, qui ne peut être utilisée que pour signer des contrats de 3 ans maximum quand toutes les autres équipes peuvent en offrir 4. Le salaire de base pouvant être proposé est également plus bas.
Mais surtout, la plus grosse restriction pour ces équipes est qu’elles ne peuvent pas bénéficier d’un sign and trade.. Ce qui est une ENORME limitation. Cette restriction est toutefois à nuancer puisque la validité de la transaction s’apprécie a posteriori: par exemple, si une équipe au dessus de l’Apron conclut un sign and trade qui a pour effet de faire baisser sa masse salariale au point de se retrouver en dessous du seuil précité, la transaction est valide. Dans tous les autres cas, la transaction ne pourra pas être homologuée par la NBA.
Dernières conséquences de l’Apron, cette fois pour les équipes qui sont en dessous.
Quand une équipe en dessous du seuil utilise déjà sa Bi-Annual Exception et reçoit un joueur via sign and trade ou utilise sa Mid-Level Exception pour signer un joueur sur un contrat plus large que ce qui serait possible via la même exception pour une équipe au dessus de l’Apron, elle est hard-capée pour le reste de la saison, c’est à dire que le seuil de l’Apron devient une limite stricte de la masse salariale de l’équipe. C’est le seul cas où il peut y avoir une limite de cette nature en NBA.
Dans un tel cas de figure nul stratagème n’est possible:
Une équipe qui par exemple utiliserait l’une des deux exceptions et augmenterait sa masse salariale au dessus du seuil ou qui à l’inverse augmenterait sa masse salariale d’abord et utiliserait son exception ensuite verrait ses actes invalidés par la Ligue.
Une équipe hard-capée ne peut même pas bénéficier de la Disabled Player Exception (Idem, cf E/) et doit créer de l’espace salarial sous le seuil de l’Apron pour pouvoir signer un joueur.
F- Mécanismes redistributifs et punitifs
La luxury tax et la super luxury tax
Une équipe qui dépense vraiment trop sera pénalisée via le mécanisme de la luxury tax. Il est donc possible de dépasser le salary cap, mais cela a un prix, et il peut être des plus élevés.
La luxury tax est comme son nom l’indique une taxe à vocation punitive. Elle fonctionne de manière exponentielle, via un système de paliers. Le seuil de cette taxe est fixé à 119M cette saison (123 l’année prochaine).
– Entre 0 et 5 millions au dessus du seuil, les propriétaires versent 1,5 dollars par dollar dépassé.
– Entre 5 et 10 millions, cela monte à 1,75 dollars.
– Entre 10 et 15 millions, 2,5 dollars.
– Entre 15 et 20 millions, 3,25 dollars.
– Au dessus de 20 millions, la NBA applique 0,5 dollars supplémentaires par tranche de 5 millions de dollars.
Ce n’est pas tout. Pour chaque année passée au dessus du seuil de la luxury tax, on rajoute 1 dollar à chaque palier. C’est ce que l’on appelle la super luxury tax (aussi appelée repeater luxury tax). Par exemple, si la première année vous avez 3 millions au dessus du seuil, vous paierez 4,5M à la ligue (3×1,5). Si vous le restez l’année suivante, vous paierez cette fois 7,5M (3×2,5).
Pour y voir plus clair, voici un petit tableau.
Team salary above tax level | Non-repeater | Repeater | |||
---|---|---|---|---|---|
Lower | Upper | Tax rate | Incremental maximum | Tax rate | Incremental maximum |
$0 | $4,999,999 | $1.50 | $7.5 million | $2.50 | $12.5 million |
$5,000,000 | $9,999,999 | $1.75 | $8.75 million | $2.75 | $13.75 million |
$10,000,000 | $14,999,999 | $2.50 | $12.5 million | $3.50 | $17.5 million |
$15,000,000 | $19,999,999 | $3.25 | $16.25 million | $4.25 | $21.25 million |
$20,000,000 | N/A | $3.75, and increasing $.50 for each additional $5 million. | N/A | $4.75, and increasing $.50 for each additional $5 million. | N/A |
Prenons un cas plus complexe avec les Warriors. Cette année, sans payer la repeater luxury tax, il paient en tout 137M de salaires. Rangez vos calculettes, cela donne 30,3M de luxury tax pour une addition de 165,7M au total.
L’année prochaine, il faudra prendre en compte le contrat max de Kevin Durant. Fort heureusement les Warriors ont quelques contrats expirants qui limitent un peu la casse. Cette fois ci, avec le jeu de cette repeater luxury tax, ils paieront 16,1M de plus, pour une charge totale de 181,8M à payer.. Autant dire que lorsque les prolongations de Klay Thompson et Draymond Green viendront, à moins que les propriétaires n’acceptent de débourser des quantités d’or à faire pâlir Midas d’envie, il faudra faire des choix.
Pas convaincus ?
Sur la saison 2020-2021, les Warriors cumuleront environ 200M de masse salariale. Or comme ils auront donc déjà payé la luxury tax, l’addition s’élèvera alors à 575M de dollars par an. On le voit, le phénomène Golden State se retrouvera forcément limité dans le temps, même avec une rentabilité énorme. Fans des Warriors ne vous faites pas trop d’illusions, jamais les propriétaires n’accepteront de payer 1/2 milliard de dollars par an pour conserver un effectif. Passionnés sans doute, généreux peut-être, fous à lier certainement pas. Business is business.
Terminons avec les mécanismes du salary floor et du shortfall.
Le salary floor
Le salary floor existe aussi en NFL. Il correspond à la masse salariale minimale devant être dépensée. Dans les deux ligues il correspond à 90% du salary cap. Cette règle existe pour la bonne et simple raison que l’accord collectif entre la NBA et le syndicat des joueurs prévoit un partage des recettes de la ligue à hauteur de 50% entre joueurs et propriétaires. Si les GMs ne dépensent pas l’argent, les joueurs ne touchent pas leur part du butin. Il est donc évident qu’il faut imposer une dépense minimale.
Le salary cap est fixé à 99M. 102 l’année prochaine. Quid donc de la zone entre cette limite et le seuil de la luxury tax ?
Il s’agit tout simplement d’une zone tampon destinée à permettre les dépassements « sans gravité » afin de laisser une marge de manœuvre aux franchises quand elles resignent leurs joueurs. 21M de marge, à l’échelle d’un effectif, est une somme raisonnable.
Le salary floor, tout comme le salary cap, n’est pas contraignant strico sensu. Si en haut on trouve la luxury tax, en bas il y a le shortfall, qui a des conséquences plus larges encore. La NBA a en effet mis au point un système de redistribution très bien huilé.
Le shortfall
Chaque été, les franchises qui disposent de cap space; de flexibilité financière entre le niveau de leur masse salariale et le maximum imposé, dépensent cet argent sur le marché des agents libres. Cette manne est constituée des contrats expirants et de la hausse éventuelle du salary cap.
Pour comprendre la situation actuelle, il faut revenir à l’été 2015. Cet été là, comme tous les ans, les GMs font chauffer la planche à billets pour resigner leurs joueurs et signer des agents libres, pour un total d’1,4 milliard de dollars. Sauf qu’il y avait alors une donnée fondamentale : l’entrée en vigueur du nouvel accord TV, qui allait faire exploser les recettes de la ligue l’année suivante… et donc le salary cap. Les différents front office n’ont donc pas hésité à signer d’énormes contrats, sachant que leur impact serait grandement atténué par la hausse du salary cap l’année suivante et qu’ils pourraient bénéficier des effets de ces bons contrats pendant plusieurs années.
A l’été 2016, la NBA va reverser 1,4 milliard aux franchises en plus de ce qu’elle leur versait déjà. Cela semble à première vue être une opportunité absolument fabuleuse pour tout GM : même les prétendants au titre pouvaient quasiment tous donner un contrat max.. dont les Warriors, avec les conséquences que l’on sait.
Sauf que voilà. En 2016, à l’exception de Kevin Durant, la classe d’agents libres est d’une qualité extrêmement médiocre. On a donc là un terrain ultra propice à la signature de contrats extrêmement toxiques.
En théorie, n’importe quel GM avec deux sous de logique se coucherait, toutefois… Les choses ne sont pas aussi simples qu’il y paraît.
Comme expliqué plus haut dans la partie sur le salary floor, chaque équipe doit utiliser 90% de son salary cap afin de garantir l’équilibre des gains prévu par le CBA. Si ce niveau n’est pas atteint, alors la NBA versera la différence au syndicat des joueurs, qui répartira la somme entre tous. C’est ce que l’on appelle le shortfall.
Lorsque cette différence est entre 60 et 120M, rien de bien grave, ce n’est jamais qu’entre 2 et 4M par franchise à reverser. Par contre, si l’on parle de 800M… Sachant qu’on parle là d’une forme de dead money, il est assez compliqué pour un GM de dire à son propriétaire qu’il va passer son tour et jeter l’argent par les fenêtres sans tenter d’améliorer l’équipe.
Le CBA prévoit que le montant du shortfall divisé par le nombre de franchises sera ajouté au salary cap de l’année suivante. On peut faire l’analyse qui consiste à dire qu’il faut dépenser au maximum, quitte à réduire sa flexibilité pour éviter d’en accorder une trop grande aux autres l’année suivante.
Imaginez un cas extrême avec 900M de shortfall. Divisé par 30 cela donne rien de moins qu’une hausse de 30M du salary cap l’année suivante ! Or à quoi la NBA s’exposait en 2016 ? 500M de shortfall si la planche à billets ne chauffait pas à blanc… et donc une hausse de 16,7M en 2017, en plus de ce que le système de redistribution prévoyait déjà.
Certaines franchises ont cru flairer le bon coup en dépensant sans compter, pariant sur le fait que les autres ne le feraient pas, donc que le salary cap explose de nouveau l’année suivante et ainsi resigner tous ses joueurs à un prix dérisoire au regard du prix du marché. Ce fut notamment le calcul de Neil Olshey, le GM des Portland Trail Blazers.
Le salary cap en 2016 était de 92M et il était prévu qu’il monte à 108M en 2017.
Bien mal lui en aura pris car le problème, c’est que beaucoup d’autres ont également fait ce calcul et ont aussi dépensé sans compter. Résultat, 200M de trop donnés aux joueurs qui accouchent de 180M en moins à dépenser l’année suivante. Au lieu des 16,7M d’augmentation prévus, il n’y en eut donc que 10.
Résultat des courses, les franchises ont à la fois dilapidé leur cap space dans des joueurs moyens, anéanti toute flexibilité pour plusieurs années avec des contrats longs et quasiment réduit à néant l’augmentation du salary cap.
Quelles conséquences à cela ?
A l’été 2017, des joueurs qui n’auraient eu en temps normal absolument aucune difficulté à trouver un contrat se sont retrouvés à galérer car beaucoup d’équipes étaient cap out… Et cet été sera pareil en pire : 12 franchises sont déjà au dessus du salary cap prévu, 6 ont moins de 10M à offrir et seulement 6 peuvent offrir un contrat max, dont 5 équipes de bas de tableau. Ces équipes seront d’ailleurs selon toute probabilité les grands gagnants de la free agency : grâce à la faible concurrence ils pourront faire pression à la baisse sur les salaires accordés à leurs recrues. Il est possible que cet été voie une prolifération de « bons » contrats qui deviennent de très bons assets à l’avenir. Un symptôme ? La resignature de Lou Williams pour seulement 7M. Aurait-il pu avoir plus ailleurs ? Sans doute. Mais si on prend en compte le fait qu’il ne désirait pas être à nouveau baladé d’un bout à l’autre des Etats-Unis et avait l’intention de jouer pour une franchise relativement bien placée, on s’aperçoit que la fenêtre de tir est en réalité beaucoup plus réduite qu’il n’y paraît.
Section 2: Les mécanismes contractuels
A/ Cadre contractuel et contrat rookie
Commençons par définir le cadre du contrat qui lie un joueur à une franchise.
Tout l’enjeu du salary cap est là : éviter un phénomène d’accaparement des meilleurs joueurs par les plus riches. A cette fin, le CBA fixe un quantum de la rémunération des joueurs en fonction de leur ancienneté. Tous les montants qui vont suivre sont en pourcentage du salary cap.
– Moins de 6 ans d’expérience : 25%
– Entre 7 et 9 ans d’expérience : 30%
– Plus de 10 ans d’expérience : 35%
Contrairement à ce que prévoit l’accord collectif en vigueur en NFL, tous les bonus sont inclus dans le salaire qui figurera sur la masse salariale de l’équipe. Même s’il est possible de prévoir des bonus liés aux performances du joueur, impossible de pianoter là dessus pour optimiser sa flexibilité financière : il n’existe pas de véritable « cap hit » en NBA. De plus, il est également impossible de restructurer un contrat.
Dès lors qu’une équipe est au dessus du salary cap, elle ne peut que proposer des contrats au minimum conventionnel. Le CBA fixe là aussi un quantum en fonction de l’ancienneté : de 1,3M pour un rookie à 2,3M pour un joueur ayant 10 ans d’ancienneté et plus. Ce type de contrat est surtout utilisé pour signer des vétérans ou des ring chasers lors de la free agency (coucou David West) voire d’anciens busts qu’on souhaite relancer.
Pour les rookies, leurs contrats et la rémunération qui vont avec sont réglementés de A à Z par le CBA, qui laisse une certaine flexibilité aux franchises sur le montant de la rémunération via ce qu’on appelle le rookie scale (détails dans le tableau ci-dessous) : elle doit être comprise entre 80 et 120% de la somme prévue par ledit CBA, avec toutefois une différence de taille en fonction du tour auquel ils sont draftés : ceux sélectionnés au premier tour sont assurés de bénéficier d’un contrat garanti qui court sur 4 ans (2 ans ferme + 1 an en option pour la franchise et une qualifying offer qui porte sur une 4e année). Les élus du second tour sont eux signés comme des free agents classiques. La différence est de taille.
Pick | 1st Year Salary | 2nd Year Salary | 3rd Year Option Salary | 4th Year Option: Percentage Increased Over 3rd Year Salary | Qualifying Offer: Percentage Increase Over 4th Year Salary |
---|---|---|---|---|---|
1 | $5,855,200 | $6,949,900 | $8,121,000 | 26.1% | 30.0% |
2 | $5,238,800 | $6,218,300 | $7,266,100 | 26.2% | 30.5% |
3 | $4,704,500 | $5,584,000 | $6,525,000 | 26.4% | 31.2% |
4 | $4,241,700 | $5,034,600 | $5,882,900 | 26.5% | 31.9% |
5 | $3,841,000 | $4,559,100 | $5,327,300 | 26.7% | 32.6% |
6 | $3,488,600 | $4,140,900 | $4,838,700 | 26.8% | 33.4% |
7 | $3,184,700 | $3,780,100 | $4,417,000 | 27.0% | 34.1% |
8 | $2,917,600 | $3,463,100 | $4,046,500 | 27.2% | 34.8% |
9 | $2,681,900 | $3,183,300 | $3,719,700 | 27.4% | 35.5% |
10 | $2,547,700 | $3,024,100 | $3,533,500 | 27.5% | 36.2% |
11 | $2,420,400 | $2,872,900 | $3,357,000 | 32.7% | 36.9% |
12 | $2,299,400 | $2,729,400 | $3,189,300 | 37.8% | 37.6% |
13 | $2,184,400 | $2,592,900 | $3,029,800 | 42.9% | 38.3% |
14 | $2,075,300 | $2,463,200 | $2,878,400 | 48.1% | 39.1% |
15 | $1,971,300 | $2,339,900 | $2,734,100 | 53.3% | 39.8% |
16 | $1,872,900 | $2,223,000 | $2,597,700 | 53.4% | 40.5% |
17 | $1,779,200 | $2,111,900 | $2,467,600 | 53.6% | 41.2% |
18 | $1,690,300 | $2,006,300 | $2,344,400 | 53.8% | 41.9% |
19 | $1,614,100 | $1,915,900 | $2,238,800 | 54.0% | 42.6% |
20 | $1,549,500 | $1,839,200 | $2,149,000 | 54.2% | 43.3% |
21 | $1,487,500 | $1,765,700 | $2,063,200 | 59.3% | 44.1% |
22 | $1,428,100 | $1,695,100 | $1,980,700 | 64.5% | 44.8% |
23 | $1,371,000 | $1,627,300 | $1,901,500 | 69.7% | 45.5% |
24 | $1,316,200 | $1,562,200 | $1,825,600 | 74.9% | 46.2% |
25 | $1,263,500 | $1,499,700 | $1,752,500 | 80.1% | 46.9% |
26 | $1,221,600 | $1,450,000 | $1,694,300 | 80.3% | 47.6% |
27 | $1,186,300 | $1,408,200 | $1,645,500 | 80.4% | 48.3% |
28 | $1,179,100 | $1,399,600 | $1,635,300 | 80.5% | 49.0% |
29 | $1,170,500 | $1,389,300 | $1,623,400 | 80.5% | 50.0% |
30 | $1,162,100 | $1,379,300 | $1,611,800 | 80.5% | 50.0% |
Une fois ce contrat de base arrivé à terme, la franchise qui a signé le joueur cherche généralement à le resigner. On en arrive donc aux mécanismes permettant de faire perdurer la relation de travail.
B- Les prolongations
Tout d’abord, il ne faut surtout pas confondre prolongation de contrat et extension de contrat. Une prolongation ne peut avoir lieu que lors de la free agency et ses montants dépendent uniquement de l’ancienneté du joueur. A contrario, dans le cadre d’une extension classique (hors extensions qui seront expliquées plus bas), le montant du futur salaire annuel ne peut excéder 120% du salaire de la dernière année de contrat, pour une durée maximale de 4 ans avec 8% d’augmentation annuelle au maximum. On comprend assez vite pourquoi ce type d’extension est assez peu prisé. Cet état de fait est néanmoins parfaitement logique: sur le plan purement juridique, l’extension d’un contrat n’est jamais que la prolongation de ses effets dans le temps, pas autre chose. Elle n’a pas pour objet de modifier les éléments essentiels du contrat. Admettre une légère hausse de la rémunération étant déjà juridiquement bancal, il est logique d’imposer la rédaction d’un nouveau contrat si la situation a radicalement changé.
Les prolongations de contrats suivent un régime identique aux signatures d’agents libres: Le contrat du joueur arrive à expiration, le joueur est donc sur le marché et il n’y a que deux possibilités : soit la franchise qui souhaite recruter le joueur a ses Bird rights, soit elle ne les a pas. La durée du contrat et le montant de la rémunération varient en fonction de ce seul facteur.
Passons aux extensions de contrat.
C- Les extensions
Comme dit plus haut, dans le cadre d’une extension classique (hors extensions qui seront expliquées plus bas), le montant du futur salaire annuel ne peut excéder 120% du salaire de la dernière année de contrat, pour une durée maximale de 4 ans avec 8% d’augmentation annuelle au maximum.
Les autres types d’extension, qui, s’ils sont par nature des exceptions, sont aujourd’hui devenus la norme, pour deux raisons évidentes : si la franchise veut garder le joueur et que sa cote est haute, le joueur a tout intérêt à aller sur le marché pour avoir la plus grosse offre possible et ainsi pousser sinon obliger son équipe à lui offrir autant d’argent. Si la franchise veut garder le joueur et que sa cote est basse, elle a tout intérêt à attendre la free agency pour le resigner pour une somme modique. La seule configuration où l’hypothèse d’une extension classique fait sens est lorsque les deux parties ne sont pas certaines d’avoir intérêt à aller sur le marché voire lorsqu’elles savent cet intérêt inexistant.
Le dernier exemple marquant ? LaMarcus Aldridge. Dans son cas, on peut dire que cela faisait relativement sens pour les deux parties: marché bouché, salaire de 25M sur plusieurs saisons, bref. Le deal collait aux besoins des parties.
Quand peut-on négocier ?
Pour les vétérans (qui ont donc plus de 4 ans d’expérience dans la ligue), si le contrat était d’une durée de 3 ou 4 ans, une extension est négociable dès le 2e anniversaire de la signature du contrat. Si le contrat était d’une durée de 5 ou 6 ans, alors il faudra attendre le 3e anniversaire de ladite signature. Il est possible de la signer au plus tard le 30 juin de l’année où le joueur devient free agent.
On le voit, tout est fait pour encourager les joueurs à demeurer le plus longtemps possible : Un joueur drafté au premier tour restera donc au minimum 8 ou 9 ans dans son équipe avant d’avoir la possibilité de lever le camp, sachant qu’aucune autre franchise ne pourra lui offrir autant que ce que l’équipe qui l’a drafté pourra lui offrir, a fortiori s’il s’agit d’une superstar où les différences deviennent littéralement abyssales.
Passons donc à ces autres types d’extension.
L’extension d’un contrat rookie
Une telle extension peut être actée à deux moments : soit 1 an avant la future free agency du joueur, entre le moratoire de la free agency le 6 juillet et le début de la saison régulière, soit durant cette free agency.
Le montant max de l’extension correspond à 25% du salary cap (car moins de 6 ans d’ancienneté) pour une durée de 4 ans maximum et une augmentation maximale de 8% annuels.
Le CBA a toutefois pris soin de prévoir des exceptions pour récompenser les superstars. Parmi elles, on trouve la designated rookie exception, Derrick Rose rule et la Kevin Durant rule.
Note importante: Une équipe ne peut acquérir plus d’un joueur ayant bénéficié d’une de ces 3 exceptions via trade.
Exemple: En l’état, Boston ne peut réaliser aucun échange pour acquérir Anthony Davis.. à moins que Kyrie Irving soit inclus dans la transaction.
La designated rookie exception
Cette exception, utilisable sur maximum deux rookies par effectif, a pour effet d’autoriser une extension de contrat allant jusqu’à 5 ans, sans condition de performance aucune. C’est exactement ce qui s’est passé avec Joel Embiid et ce qui arrivera très probablement pour Ben Simmons.
Cette exception reprend en quelque sorte la Kevin Durant Rule (cf explications plus bas) : si le joueur, au cours de son contrat, satisfait une des conditions alternatives de cette règle, alors son salaire se voit automatiquement augmenté à hauteur de 30% du salary cap !
Dans le cas d’Embiid, la probabilité qu’il soit élu dans la 1ere équipe All-NBA étant très forte, les chances qu’il ne soit dans aucune équipe All-NBA sont quasi nulles. Il sera donc normalement le premier à bénéficier de ce nouveau dispositif.
La Derrick Rose Rule
Créée en 2011 suite au titre de MVP de l’intéressé, elle est destinée à offrir des lauriers en or massif aux jeunes en fin de contrat rookie. Elle permet d’offrir à l’intéressé un contrat équivalent à non pas 25% du salary cap tel qu’initialement prévu par le CBA et d’aller jusqu’à 30%, donc en somme de gagner autant en sortie de contrat rookie qu’avec entre 7 et 9 ans d’ancienneté.
Mais pour mériter de tels lauriers, il faut remplir une de ces 3 conditions :
– Etre dans une All-NBA Team deux fois minimum
– Etre titulaire au All-Star Game deux fois minimum
– Avoir été élu MVP de la saison régulière
Cette règle n’a été utilisée qu’avec parcimonie, pour la simple raison que quasiment aucun joueur n’a réussi à réunir les conditions pour y être éligible. Outre Derrick Rose, seuls Paul George en 2013 et Blake Griffin un an plus tôt ont réussi à l’obtenir.
La liste des déçus ? Kyrie Irving, Gordon Hayward, Damian Lillard, etc… des gens très bien vous voyez.
On termine avec la dernière exception offerte aux franchises pour resigner leurs joueurs. Cette fois, l’on ne parle plus tellement de joueurs mais de véritables monuments. Des joueurs qui auront un jour leur place au Hall of Fame. Cette exception est appelée « Kevin Durant rule ».
La Designated Veteran Player Extension ou “Kevin Durant Rule”
Cette règle a été édictée en réaction au départ de l’intéressé pour donner aux joueurs de nouvelles raisons de rester dans les franchises qui les ont draftés. Elle est dérogatoire par rapport au droit commun des extensions de contrat. Cette fois, on ne parle pas de 30 mais de 35% du salary cap, avec une augmentation annuelle de 8% et un contrat qui court sur 5 ans avec une projection sur 6 ans max en incluant la dernière année du contrat en cours d’exécution avant l’extension. Les règles relatives aux négociations qui régissent extensions classiques s’appliquent aussi à cette DVPME. Cette exception ne peut être utilisée que pour 2 joueurs maximum dans l’effectif. Dernier point, relativement anecdotique cette fois-ci, le joueur signataire d’une telle exception ne peut pas être échangé durant la première année de son contrat. Les conditions d’éligibilité sont les suivantes :
– Avoir 8 ou 9 années d’expérience dans la ligue (on voit donc que l’intérêt de l’extension est de pouvoir occuper 35% du cap sans avoir atteint 10 ans d’ancienneté dans la ligue)
ET
– Avoir resigné à l’issue de son contrat rookie avec l’équipe qui l’a drafté ou avoir resigné avec l’équipe qui l’aurait obtenu via trade durant son contrat rookie
ET
– Avoir été élu dans une All-NBA Team à l’issue de la dernière saison ou deux fois sur les 3 dernières saisons
OU
– Avoir été élu MVP au moins une fois sur les 3 dernières années
OU
– Avoir été élu DPOY la dernière saison ou deux fois sur les 3 dernières saisons
Deux choses sont à noter: Westbrook et Harden ont eux bénéficié d’une dérogation qui a été négociée par le syndicat des joueurs pour leur permettre de négocier un an plus tôt. Seuls John Wall et Stephen Curry ont utilisé le dispositif de manière classique. Ce dispositif permet à la franchise qui a les droits sur le joueur d’exploser la concurrence.
Exemple: les Warriors ont resigné Stephen Curry pour un montant record de 209M sur 5 ans, soit 76M de plus que la concurrence.. Autant dire que cette règle aura peut-être pour conséquence à long terme de pétrifier le marché des agents libres de très haut vol. . Ensuite, avec son élection comme défenseur de l’année l’an dernier, ce bon vieux Draymond y sera également éligible… et peut-être bien que Klay Thompson aussi. Affaire à suivre.
Oui DeMarcus, tu envoyer cette lettre d’insultes à Vlade Divac. Il t’a fait perdre un sacré paquet de pognon. Au fait Jimmy, ok Forman et Paxson étaient désespérants et te faisaient fulminer environ toutes les 6 secondes mais… résultat des courses tu peux t’asseoir sur 80M. Ca pique hein ?
Au delà de ce genre de plaisanterie, il y a quand même quelque chose que personnellement je trouve assez dérangeant avec cette exception: regardez bien les critères. Tous sont liés à des distinctions qui sont issues du vote d’un panel de journalistes. Or ce panel étant extrêmement réduit, la menace de la corruption et des conflits d’intérêts guette.
Dernier point: il existe deux limites à ce système: d’abord, point a priori pas trop grave, on ne peut pas utiliser le mécanisme du sign and trade corrélativement à la signature d’un contrat via cette exception.
On termine avec une limitation un peu plus problématique la “over 38 rule”. Cette règle interdit tout simplement de proposer un contrat de 4-5 ans à un joueur qui aura 38 ans pendant la durée de validité du contrat. Sachant qu’avant, cette règle était nommée “over 36 rule”, avec la différence que vous imaginez. A qui profite le crime en l’espèce ? Regardez les âges de Chris Paul et LeBron James par exemple. Cette règle leur permet d’être pile poil dans les clous pour obtenir ce contrat XXL. Regardez maintenant qui est à la tête du syndicat des joueurs. Président: Chris Paul, Vice-Président: LeBron James. A décharge, même si ça les arrange eux, ça arrange aussi beaucoup d’autres joueurs, donc admettons.
D- Les clauses
Les années optionnelles
Ce type de contrat est devenu extrêmement prisé car il offre une souplesse très intéressante :c’est un moyen pour certains joueurs (Duncan, Nowitzki ou plus récemment Kevin Durant) de donner de la souplesse financière à leur franchise, la possibilité de sortir de son contrat actuel plus tôt afin d’en signer un nouveau plus intéressant financièrement, passer un seuil d’ancienneté, etc.. Le tout en assurant ses arrières en cas de grave blessure. Car oui, c’est un point très souvent négligé, mais une carrière peut s’arrêter du jour au lendemain. Lorsqu’il signe son premier gros contrat, un joueur cherche toujours à assurer ses arrières au maximum. La bise à ceux qui ont eu le toupet de reprocher à Nico Batum de ne pas jouer l’euro l’été dernier.
Les derniers exemples connus en date sont LeBron James, Kevin Durant et Paul Millsap. Le joueur signe pour X années (deux pour LeBron et Millsap, une pour Durant) et la dernière est en option. Le titulaire de l’option peut être le joueur comme la franchise.
Attention : une option sur une dernière année de contrat ne doit pas être confondue avec un contrat non garanti.
Une option est soumise à une date butoir (le 30 juin) pour être levée ou déclinée. Un contrat non garanti prévoit cette date, généralement fixée au début de la saison régulière. De plus, le contrat non garanti ne peut prévoir une rémunération dégressive, au contraire de l’option.
L’Early Termination Option
Cette clause ressemble à s’y méprendre à la player option. Pourtant, elle n’a en réalité pas grand chose à voir et ce à tout point de vue, qu’il s’agisse de la technique contractuelle comme des effets.
Comprenez bien ici la nuance: dans le cadre d’une player option le joueur a mettons 3 ans fermes et une année supplémentaire selon son bon vouloir. Ici, le joueur a 4 ans fermes et la possibilité de sortir de son contrat de manière anticipée. Subséquemment, il est impossible pour la franchise concernée de proposer une extension au joueur par la suite.
Outre cela, les principales différences sont les suivantes: En premier lieu cette clause ne peut être stipulée que par un contrat d’une durée de 5 ans et ne peut être accordée qu’au joueur. Ensuite, contrairement à la player option, si le joueur décide de sortir de son contrat, il ne peut pas resigner pour plus cher avec son ancienne équipe: son ancienne équipe peut théoriquement le resigner, mais que si et seulement si elle a du cap space et elle ne peut pas lui proposer l’augmentation afférente aux joueurs resignés grâce aux droits Bird, qu’elle perd dès lors que le joueur active cette clause et devient agent libre.
Ce type de cas est assez similaire à celui du cap hold: théoriquement une équipe qui a libéré un cap hold peut toujours resigner le joueur concerné, mais pas aux mêmes conditions. La date à laquelle le joueur pourra sortir du contrat est fixée librement, généralement 2 ans avant l’expiration.
Pour plus de détails, se reporter plus bas, dans les sections où je traite justement des cap holds et des Bird rights.
On en arrive à LA clause qui a fait couler de l’encre ces derniers temps: la no-trade clause.
Le trade kicker
Le trade kicker consiste simplement en une clause qui stipule que si un joueur est échangé, il verra sa rémunération augmentée d’un montant de 15% maximum, tarif qui en pratique est quasi systématiquement appliqué. Attention : il ne s’agit pas d’un mécanisme à répétition: cette clause ne vaut que pour un seul échange.
Cette somme est inclue dans le salary cap mais lissée sur la durée du contrat. Elle est également prise en compte dans un échange, à ceci près que le joueur peut y renoncer, souvent dans une optique de faisabilité du transfert (cf le deal où Kyrie Irving avait renoncé à son trade kicker pour que son transfert à Boston puisse se faire).
La poison pill
La poison pill ressemble à s’y méprendre au back loaded contract (cf plus bas). Elle porte généralement sur un joueur qui est resté en Europe ou un free agent protégé qui a été drafté au second tour.
L’idée est d’offrir un contrat qui paie peu ou prou autant qu’un contrat rookie pendant 2 ans avant d’exploser sur les deux dernières années pour atteindre des montants max à ce seuil d’expérience.
Prenons exemple avec le contrat de Tyler Johnson : A l’été 2016, il était free agent protégé. Miami a matché l’offre des Nets, qui comprenait à la fois un trade kicker et une poison pill. L’an dernier et cette année, il n’aura touché que 5,6 et 5,8M. C’est l’an prochain que ça se complique, car il touchera alors près de 19M.. et 19,6M l’année d’après. Autant dire que sans la flexibilité qui caractérise les contrats NFL, ce type de contrat peut devenir extrêmement handicapant pour qui doit en assumer les conséquences.
Il est toutefois possible de moduler le contrat pour le rendre plus flexible et permettre aux parties d’en sortir suivant des conditions déterminées. Voyons quelles sont les options offertes par le CBA.
La no-trade clause
Cette clause, qui n’en finira décidément jamais de faire parler, permet à un joueur de refuser tout transfert dans une autre franchise.
Les bénéficiaires se comptent sur les doigts d’une seule main: LeBron James, Dirk Nowitzki.. et Carmelo Anthony. L’exemple de ce dernier suffit à lui seul à expliquer tous les risques qui vont avec cette clause, que même Stephen Curry n’a pas réussi à arracher aux Warriors.
Passons maintenant aux modes de résolution du contrat.
E- La résolution du contrat
Pour X ou Y raison, il arrive parfois qu’une des parties, généralement la franchise, souhaite sortir du contrat. Deux cas de figure : le cut et le buyout.
Le cut
Le cas du cut est très simple : le joueur sort de l’effectif moyennant paiement de toutes les sommes garanties par son contrat, après quoi sa place dans le roster est libérée. Son salaire compte toujours dans le salary cap en tant que “dead money”, c’est à dire l’ensemble des sommes dues aux joueurs qui ne sont plus dans l’effectif.
Le joueur coupé est alors placé dans la période dite des « waivers », c’est à dire que durant 48h, n’importe quelle équipe peut reprendre son contrat. Dans cette hypothèse, son salaire disparaît alors du salary cap de l’équipe qui l’a coupé. Cela peut être intéressant pour l’équipe acquéreuse dans le cas par exemple de jeunes joueurs avec des contrats peu rémunérateurs et qui courent sur plusieurs années.. Mais cela reste quand même très très rare. A noter que si deux équipes sont en concurrence (cas rarissime), c’est l’équipe avec le bilan le plus faible qui rafle la mise.
Une fois que la période des waivers est terminée, la franchise qui a coupé le joueur doit lui payer l’intégralité des sommes garanties par son contrat. Si une autre équipe est intéressée, elle devra alors se mettre d’accord avec le joueur sur les termes d’un nouveau contrat. Il est donc tout à fait possible pour un joueur un peu rancunier de faire exprès d’attendre la fin de ce délai pour signer ailleurs pour mettre son ex équipe dans l’embarras. De plus, le joueur comme la franchise qui souhaite s’attacher ses services ont intérêt à attendre : le joueur sera alors payé deux fois pour la même année et la franchise pourra s’accorder avec lui sur un plus petit contrat.
Il est donc inenvisageable pour les franchises de couper les joueurs qui ont signé de gros contrats… D’où l’embarras extrême des Knicks (Noah, Hardaway Jr), Grizzlies (Parsons) et Lakers (Deng). Fort heureusement, le CBA prévoit la possibilité d’utiliser la stretch provision, qui consiste à étaler le salaire du joueur sur deux fois la durée du contrat + une saison. Il s’agit d’une possibilité intéressante pour les contrats qui une gêne plus qu’un véritable frein. Malheureusement, pour un contrat comme celui de Parsons, cela donne quand même 8M par an de dead money pendant 9ans… donc un peu moins de 10% du salary cap bloqué pour rien pendant près d’une décennie. Autant dire que la solution de la stretch provision est suicidaire dans le cas des contrats les plus toxiques.
Le buyout
Passons au buyout. Le concept est analogue à celui d’une rupture conventionnelle de contrat. La plupart du temps c’est d’ailleurs le joueur qui en est à l’initiative. La franchise paie tout ou partie des salaires restants du joueur, qui devient agent libre non restreint. Son salaire ne disparaît pas du salary cap pour autant. Comme dans le cas du cut, le salaire du joueur devient de la dead money. Le CBA 2011 permettait d’insérer ce qu’on appelait une amnesty clause, une clause permettant d’effacer le salaire d’un seul et unique joueur du salary cap moyennant paiement à ce dernier de l’intégralité des sommes prévues par son contrat.
La plupart des joueurs ayant eu recours au buyout sont des vétérans qui ne souhaitent pas faire partie d’un processus de reconstruction et souhaitent aller chez une équipe qui joue les playoffs voire le titre.
A noter qu’il y a une anecdote assez épicée sur le sujet du buyout: Dwyane Wade, qui a réussi le tour de force de lever son option à 25M puis d’arracher un buyout aux Bulls, à qui il aura donc extorqué 20M de dollars pour aller jouer chez les Cavaliers. Pat Riley aura fini par déteindre sur lui…
La “Stretch Provision”
La stretch provision est un moyen, certes très dangereux, de dégager de la marge salariale.
Le concept est simple: il s’agit d’étaler sur plusieurs années la somme des rémunérations d’un contrat par trop gênant. Le but est in fine d’éviter d’avoir des franchises qui se retrouvent complètement bloquées à cause de mauvais contrats et n’arrivent plus à remonter la pente.
La formule est très simple:
- Sur la durée: 2x la durée restante du contrat + 1 année.
- Sur le prix: Salaires restants / (2x (Années restantes) +1) = Salaires annuels à verser
Exemple avec Luol Deng, aka le contrat le plus toxique de la ligue actuellement avec Chandler Parsons.
- 2×2+1 = 5 ans
- 36,81M / (2x (2) +1) = 7,36M
- 7,36M par an pendant 5 ans
La Dead Money
On en arrive au fameux « argent mort ». Cette partie des développement est commune aux deux ligues. En NFL comme en NBA, il est un sujet de préoccupation relativement important pour les front offices. Savez-vous quel est le deuxième poste de dépenses des Hawks et le premier des Bulls cette année ? La dead money. Pourquoi les Saints se sont-ils retrouvés dans l’embarras pour être à nouveau sous le salary cap en 2015 ? Parce qu’ils avaient 20M de dead money entre les contrats de Jimmy Graham, Ben Grubbs, Junior Galette et Curtis Lofton. Bravo les gars, fabuleux.
La dead money est l’argent dû aux joueurs qui ne sont plus dans l’effectif. Une bonne partie est constituée de signing bonus (se reporter à la partie concernée pour plus d’explications) consentis à des joueurs coupés. La NFL n’est pas restée les bras croisés face à ce problème : elle a mis en place le système du « Post-May 12 cut », qui permet de désigner deux joueurs qui quelle que soit la date de leur libération seront réputés avoir été libérés le 12 mai, date après laquelle la dead money compte pour l’année suivante. Il s’agit simplement d’une petite astuce permettant de se donner un sursis.
F- Contrats spéciaux
Le two-way contract
Le nouveau CBA a créé un nouveau type de contrat, destiné aux joueurs voués à faire des allées et venues entre la NBA et la G-League. Avec ce two-way contract ont été créées deux places supplémentaires dans les rosters NBA, qui sont spécifiquement dévolues au joueurs signés avec ce type de contrat.
En quoi ça consiste ?
D’abord, pour pouvoir être signé via un two-way contract, il faut avoir 3 ans ou moins d’expérience en NBA. Conséquence de cela, 99,99% des joueurs choisis au premier tour de la draft NBA ne sont pas concernés. En pratique l’écrasante majorité des joueurs qui ont été signés via ce dispositif sont soit des non-draftés soit des 2e tour.
Ce contrat est signé pour 1 ou 2 ans maximum. Les joueurs qui rentrent dans leur 3e année ne sont donc pas éligibles à une deuxième année. Exemple: Vous signez en two-way contract un joueur qui a deux ans d’expérience. Le contrat ne peut porter que sur une durée d’un an sinon il excèdera le seuil des 3 ans d’expérience maximum. Comme pour un contrat rookie, les équipes ont la possibilité de protéger l’intéressé via une qualifying offer lorsque son contrat expire. Une seule condition pour cela: que le joueur ait passé 15 jours minimum avec l’équipe principale dans la saison.
Le CBA fixe un maximum (275 000$) et un minimum (75 000$) pour ce qu’il s’agit du montant de la rémunération. La détermination du montant exact est à la libre détermination des parties. Généralement, le joueur signe pour le minimum et peut gagner plus en participant au training camp et en remplissant certains critères de performance.
Chaque joueur signe pour le minimum salarial de ce statut à hauteur de 75 000 dollars puis peut gagner davantage selon s’il participe au training camp de la franchise puis la rejoint au cours de la saison. Il faut savoir qu’un joueur sous ce statut ne peut passer plus de 45 jours avec son équipe NBA. Plus il l’accompagnera dans la limite de ces 45 jours, plus il touchera puisqu’il gagnera une indemnité équivalente à 1/170 du minimum salarial rookie (815 000 dollars en 2017-18) par jour. S’il participe au training camp de son équipe NBA, il gagnera 50 000 dollars supplémentaires, payés par la G-League.
Le point important est que le salaire du joueur en question ne compte pas dans le salary cap de son équipe NBA tant qu’il reste sous ce régime.
Ce contrat, s’il est intéressant financièrement pour les deux parties, comporte des restrictions, dont la plus marquante est la limitation à 45 jours du temps passé dans l’équipe NBA, et donc en pratique sur les parquets de la grande ligue.
Comme cela est arrivé à Quinn Cook récemment, un joueur qui a été signé via un two-way contract peut très bien signer un contrat standard pour devenir un joueur NBA à plein temps. Il faudra alors que l’équipe dispose d’une place disponible dans son effectif.
Même si un tel scénario a très peu de chances de se réaliser vu l’énorme différence de salaire entre le minimum NBA et ce qu’offre un two-way contract, il est possible de convertir un contrat standard en two-way contract à condition que l’équipe ait sa franchise affiliée en G-League et que le contrat de base soit au salaire minimum et dépourvu de bonus.
Le CBA a néanmoins prévu un garde-fou pour empêcher les abus: après deux two-way contract d’affilée, l’équipe est tenue de signer le joueur pour la saison. En contrepartie, ce salaire ne comptera pas dans la masse salariale.
Ce nouveau type de contrat a été créé pour permettre aux franchises de tenter des paris, de tester des joueurs ou d’en développer à coût quasi nul tout en offrant plus de flexibilité que le 10 days contract. Il existe toutefois un (gros) revers de de la médaille: contrairement aux autres joueurs de G-League, les joueurs signés avec ce type de contrat ne peuvent être appelés que par leur équipe, ce qui limite grandement leurs possibilités de rejoindre la NBA. L’exemple type est celui de Torrey Craig, qui a largement prouvé avoir sa place en NBA mais qui ne pourra pas intégrer d’autre roster que celui des Nuggets. Or vu l’embouteillage à son poste, il pourrait se retrouver complètement bloqué.
Le 10 days contract
Ce type de contrat est avant tout destiné aux essais. Il n’est renouvelable qu’une seule fois, après quoi l’équipe doit soit libérer le joueur soit le signer pour le reste de la saison. Le montant de la rémunération est libre. Pour terminer, il n’y a aucune conditions d’éligibilité, même des joueurs assez âgés peuvent signer des contrats de 10 jours, le dernier en date étant Emeka Okafor, qui a fait le bonheur des Pelicans pour la fin de saison.
Partie 2: Le hard cap, une garantie contre les excès ?
La NFL aura mis 10 ans à emboîter le pas à la NBA. Le salary cap n’a été introduit qu’en 1994. Son petit frère, le salary floor, a vite suivi. Ce dernier s’applique exactement de la même manière et suivant les mêmes conditions que son cousin basketteur. Cette fois ci, impossible de le dépasser sous peine de lourdes amendes, qui le sont autrement plus que la luxury tax.
Pas convaincus ?
En 2012 la NFL a réduit le salary cap des Redskins et des Cowboys de 46M. Soit quasiment la moitié. Ça calme.
Quid donc du cadre contractuel en vigueur en NFL ?
Sommaire :
A- Cadre contractuel et contrat rookie
B-Les éléments de la rémunération
C- Les différents types de contrat
D- Les clauses
E- Le statut de free agent
F- Les choix de draft compensatoires
A- Cadre contractuel et contrat rookie
Les contrats en NFL sont d’une diversité bien supérieure à ses cousins NBA car ils présentent la particularité de pouvoir être restructurés en cours d’exécution via le jeu des bonus, ce qui leur donne une souplesse considérable. De plus, comme dit plus haut, contrairement aux contrats NBA, un deal signé ne garantit pas au joueur de toucher l’intégralité des sommes prévues par son contrat, très loin de là. Pas question non plus de Bird rights. Pas d’augmentation annuelle conventionnée, les parties ont toute liberté pour définir quand sera touchée quelle somme.
Les principaux enjeux des négociations sur les termes des contrats NFL sont autour du salaire garanti, des bonus, mais aussi et surtout de la durée. Les contrats en 1+1 qu’affectionnent les superstars NBA n’ont pas cours en NFL, pour la bonne et simple raison que le risque de blessure est beaucoup plus grand. Le nombre de blessures qui fond froid dans le dos est élevé.
La stupeur engendrée par les blessures de Paul George et Gordon Hayward n’est rien en comparaison de la terreur que tout le monde a ressenti en voyant Ryan Shazier ne plus pouvoir bouger ses jambes. En conséquence, il est logique que la durée des contrats soit le plus grand enjeu des négociations, sachant que la durée d’un contrat n’est pas limitée par le CBA: même si très peu sont allés au bout, on a ainsi vu des contrats d’une durée allant jusqu’à 7 ans !
Les rémunérations issues d’un contrat NFL se décomposent de la manière suivante :
– Le signing bonus
– Le base salary
– Les incentives (primes à la performance)
– La dead money
– Une éventuelle offset clause
– Une éventuelle injury clause.
Toutes ces rémunérations composent ce qu’on appelle le salary cap hit. Traitons ces différents points un à un.
B- Les éléments de la rémunération
Le salary cap hit
Toutes ces sommes réunies constituent ce qu’on appelle le salary cap hit. Ce cap hit est l’enjeu principal de tous les contrats NFL quand on se place du côté des franchises, car c’est lui qui détermine leur liberté d’action pour les années à venir.
Il se compose du signing bonus, du base salary, des autres bonus et des LTBE incentives.
Le signing bonus
Il s’agit ni plus ni moins que d’un bonus à la signature, que le joueur touche dès lors qu’il signe son contrat. Il s’agit d’une pratique hyper répandue dans le sport professionnel, surtout dans le foot européen.
Quel intérêt d’offrir une telle somme ?
Outre le fait de rendre l’offre potentiellement beaucoup plus attractive pour le joueur, qui sait qu’il touchera cette somme même s’il se fait les croisés le lendemain, il s’agit d’un mécanisme peu coûteux en souplesse financière car le montant total du bonus peut être réparti sur les années du contrat dans un maximum de 5 ans, avec possibilité de restructuration.
Le base salary
Il n’y a rien à discuter ici : il s’agit tout simplement du salaire annuel du joueur. Contrairement au CBA NBA, le CBA NFL n’impose pas de principe de “ce qui est signé est payé”: théoriquement, si la franchise souhaite se séparer d’un joueur du jour au lendemain elle le peut et elle n’aura pas à payer le ou les salaires de l’année ou des années suivantes. Le cadre théorique est assez simple: vous avez 178M pour signer 53 joueurs, pour les détails des contrats débrouillez vous comme vous voulez avec eux.
Comme en NBA, le montant du salaire est influencé par: c’est là une des très rares garanties du CBA NFL: s’il n’y a pas de maximum (logique avec un hard cap), il existe toutefois un salaire minimum conventionné qui dépend de l’ancienneté du joueur : Rookie, 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 à 6 ans, 7 à 9 ans et 10 ans et plus. Grille salariale ci-dessous.
Yrs. | 2017 | 2018 | 2019 |
---|---|---|---|
0 | $465,000 | $480,000 | $495,000 |
1 | $540,000 | $555,000 | $570,000 |
2 | $615,000 | $630,000 | $645,000 |
3 | $690,000 | $705,000 | $720,000 |
4-6 | $775,000 | $790,000 | $805,000 |
7-9 | $900,000 | $915,000 | $930,000 |
10+ | $1,000,000 | $1,015,000 | $1,030,000 |
Attention néanmoins: si par principe le salaire n’est pas garanti, il peut tout à fait l’être par la volonté des parties et c’est là le principal enjeu des négociations: les joueurs ont tout intérêt à obtenir un salaire garanti au maximum quand les franchises veulent éviter de se retrouver bloquées avec des contrats lourds: en cas de problème, non seulement si la franchise veut couper le joueur elle devra le payer, mais en plus son salaire comptera quand même dans le salary cap en tant que dead money (cf plus haut).
Les Incentives
Il s’agit de primes à la performance. Toutes sont liées directement au terrain et au terrain seulement.
Leur diversité est immense : nombre de matchs débutés comme titulaire, nombre de passes de TD, yards parcourus à la passe/course/réception, sacks, bref, les possibilités sont infinies.
Elles se divisent en deux types : les likely to be earned (LTBE) et les not likely to be earned (NLTBE) La différence réside dans le fait qu’au contraire des secondes, les premières comptent dans le salary cap.
Les premières sont basées sur une performance qu’un joueur a déjà réalisée. On suppose donc qu’il a une réelle chance de rafler la mise, et cette simple supposition suffit à emporter la certitude qu’il va l’obtenir, raison pour laquelle la somme compte dans le salary cap.
A contrario, les not likely to be earned sont des primes qui reposent sur une performance que le joueur n’est pas parvenu à atteindre. On estime donc qu’il a peu de chances d’y arriver, ce qui fait que la somme ne compte pas dans le cap. Le jeu entre ces deux types de primes est extrêmement subtil est fait l’objet d’âpres négociations, l’intérêt des franchises étant bien évidemment de multiplier les NLTBE.
Les autres bonus
Les bonus perçus en plus du signing bonus et du salaire de base sont nombreux. Petite liste non exhaustive :
Le workout bonus : Bonus versé au joueur s’il vient à un nombre déterminé d’entraînements facultatifs pendant l’intersaison.
Le roster bonus : Bonus qui est versé si le joueur concerné fait partie du roster à une date donnée, peu importe laquelle.
Le promotional bonus : Gratification pour les apparitions en public avec l’équipe.
Option bonus : Somme additionnelle versée au joueur si l’équipe décide d’activer une option de son contrat.
C- Les différents types de contrats
Grâce à cette grande diversité des éléments de rémunération qui composent le salaire des joueurs, les différents front offices ont rivalisé d’ingéniosité pour créer des contrats à caractéristiques uniques en leur genre. Exemples types.
Le front-loaded contract : L’idée est d’être agressif en offrant de grosses sommes sur les premières années. Il comporte généralement un énorme signing bonus qui est concentré sur la première année. Le risque ? Que le joueur fasse un bide et que la franchise se retrouve avec un cap hit conséquent pour un bénéfice dérisoire.
Le back-loaded contract : Cette fois-ci c’est l’inverse : le joueur touche le pactole en fin de contrat. L’intérêt est beaucoup plus grand pour la franchise mais n’est pas inexistant pour le joueur puisqu’il peut toucher un gros signing bonus qui est étalé sur la durée du contrat. Pour la franchise, cela permet de s’aligner sur l’augmentation du salary cap, prévoir le fait d’avoir fait de la place dans le cap pour ces années là et limiter au maximum la dead money, de sorte que libérer le joueur ne coûte pas grand-chose.
Le one-shot contract : Il s’agit d’un contrat d’un an, avec un signing bonus et un salaire de base faibles mais blindé d’incentives. Le contrat typique du joueur qui s’est perdu en route et que l’on souhaite relancer parce qu’il a du talent.
Le voidable contract: La particularité de ce contrat est de contenir des années qui peuvent être annulées si une condition déterminée par les parties est remplie. L’idée est, sur des contrats inférieurs à 4 ans, de diminuer l’impact du signing bonus en allongeant la durée du contrat, ce au prix d’une porte de sortie pour le joueur. Attention cependant : si le joueur décide d’annuler ces années, tout le signing bonus qui avait été étalé se retrouve concentré sur le cap hit. On vous laisse imaginer les merveilleux climats de suspicion que peuvent engendrer de tels contrats.
Le reserve contract : Ce contrat est signé avec un free agent à la fin d’une année en cours pour ne commencer que l’année suivante, donc sans conséquence pour le salary cap de l’année en cours. Dans 90% des cas de type de contrat est utilisé pour signer les joueurs du practice squad.
Le split contract : Le contrat des injury prones par excellence. Il comprend deux salaires de base : un premier qui sera perçu en cas de saison complète et un second qui s’appliquera en cas de blessure. Il s’agit d’une méthode moins invasive que l’injury clause mais qui fait quand même peser une sacrée pression sur les épaules du joueur.
Si ces contrats sont ultra flexibles, il n’en va pas de même pour le contrat rookie.
Les contrats rookies
Rendez vous compte quand même. Jusqu’en 2011, les rookies étaient signés comme des free agents normaux. Ce n’est qu’en 2011 que la NFL et le NFLPA (le syndicat des joueurs) ont enfin mis un coup d’arrêt à ce cirque qu’était devenu le marché des rookies.
Le plus gros contrat rookie de l’histoire ? 78M sur 6 ans pour Sam Bradford, un des pires escrocs à avoir foulé un terrain NFL. Fans de basket, imaginez un peu si les Raptors avaient à l’époque filé 20M l’année pendant 6 ans à Andrea Bargnani dès son arrivée en NBA. Je crois que tout est dit.
Jusqu’à 2011, le moins qu’on puisse dire c’est que la situation était un bordel sans nom. On a même vu plusieurs cas de holdout ! Rendez-vous compte un peu du délire : un holdout par des jeunes qui n’ont strictement rien prouvé au plus haut niveau. C’est comme si Jahlil Okafor avait refusé de jouer sous prétexte qu’il était pas content de tomber chez les Sixers et qu’il aurait dû être drafté en 1. Ah non pardon, c’est juste que lui aussi est un escroc en fait.
Quand les rémunérations des rookies furent enfin encadrées, ce phénomène cessa. Immédiatement. Cam Newton ? 22M. Sur 4 ans. Désolé Cam, fallait te pointer un an plus tôt. La NFL comme le syndicat des joueurs ne pouvaient pas courir le risque de voir une franchise péricliter pour avoir donné un contrat démesuré à ce qui pouvait très bien devenir un bust. Les franchises se voient désormais attribuer chacune une enveloppe (appelée rookie pool) dont le montant est déterminé par la NFL en fonction du nombre de tours de draft détenus et de la hauteur de ceux-ci. Impossible avec ce mécanisme d’offrir des contrats records aux rookies hauts draftés. Néanmoins, une compensation fut accordée aux joueurs: les joueurs du 1er tour ont obligatoirement un salaire garanti à hauteur de 70% minimum.
La nouvelle échelle, qui utilise plusieurs formules dont la teneur n’a pas été divulguée par la NFL, fixe des limitations sur :
– La durée du contrat
– Le montant total du contrat
– Le salaire de la première année
La durée du contrat
En fonction du tour de draft, la durée du contrat est fixée à 4 ans + une 5e année en option pour les rookies draftés au premier tour, 3 ans + une 4e année en option pour le reste et 3 ans pour les non-draftés. L’équipe qui souhaite activer l’option du premier tour pour la 5e année doit le faire entre la fin de la 3e saison du joueur et le 3 Mai précédent la 4e saison (soit une fenêtre de quatre à cinq mois selon le parcours de l’équipe, avec ou sans playoffs).Si elle décide d’activer l’option, alors le salaire de cette 5e saison est garanti et dépend cette fois de la position du rookie dans la draft et de son poste sur le terrain :
– Du choix 1 au choix 10 : c’est la moyenne des 10 plus gros salaires au poste du joueur.
– Du choix 11 au choix 32 : c’est la moyenne entre les 3e et 25e plus gros salaires au poste du joueur.
Le montant total du contrat
Le CBA a réglementé ces montants de manière très précise : Tout d’abord il prévoit un montant total maximum que l’ensemble des 32 franchises peut dépenser pour sur l’ensemble des rookies draftés sur une année donnée (Total Rookie Compensation Pool). Ensuite, il a fixé une somme d’argent totale maximum pouvant être dépensée cette fois par une équipe pour signer tous ses rookies draftés sur une année donnée (Total Rookie Allocation). Elle est calculée comme un pourcentage du TRCP en fonction de la hauteur et du nombre de sélections. Enfin, est également prévue une somme d’argent totale maximum qu’une équipe peut dépenser sur les signing bonus de ses rookies non draftés sur une année donnée. Cette fois la somme est fixe, et ce pour tout le monde.
Le salaire de la première année
Là aussi, le CBA veille au grain : Les deux premiers concepts qui viennent d’être exposée sont calqués : Une somme totale maximum pour les 32 équipes à dépenser pour la première année de chaque rookie drafté (Year-One Rookie Compensation Pool) et une somme totale maximum par équipe à cette même fin (Year-One Rookie Allocation).
L’accord collectif fixe également un salaire minimum (Year-One Minimum Allotment) qui est contraignant ainsi qu’un salaire de référence qui sert de guide dans les négociations entre le joueur et la franchise (Year-One Formula Allotment) et qui, s’il n’est lui pas contraignant, est généralement suivi.
Quid du cas d’un échange ?
Pour terminer, parlons de ce qu’il se passe en cas d’échange d’un joueur. En NBA, les contrats passent de mains en mains sans que cela ne fasse l’objet de discussion. En NFL, il y a une différence de taille : l’équipe acquéreuse peut soit reprendre l’ancien contrat soit en proposer un nouveau au joueur. Pratique pour gérer son cap hit ça aussi.
A l’issue de ce premier contrat, les joueurs draftés deviennent restricted free agents.
D- Les clauses
L’offset clause
Il s’agit d’une clause qui permet à l’équipe qui perd de limiter voire d’éradiquer l’impact sur le salary cap d’un joueur libéré en faisant payer sa nouvelle équipe.
Exemple : Une équipe X paye un joueur Y 5M l’année. X libère Y en cours d’année. Y décide de rejoindre une équipe Z. Grâce à l’offset clause, au lieu de payer les 5M prévus, X n’en paye qu’une partie et fait supporter le reste à Z.
Bien évidemment, si cela ne tenait qu’aux franchises, ces clauses existeraient dans tous les contrats. Si cela ne tenait qu’aux joueurs, il n’y en aurait pas une seule, ce pour la bonne et simple raison qu’en l’absence d’une telle clause ils se retrouvent à être payés deux fois pour la même prestation de travail (le salaire dû par leur ancienne + leur nouveau salaire)
L’injury clause
Attention dossier un peu crade. Eh oui, c’est un peu malheureux mais il est logique que les franchises cherchent à assurer leurs arrières. Il s’agit là d’une clause résolutoire comme il en existe aussi en NBA, notamment dans le contrat de Joel Embiid: elle prévoit qu’en cas de blessure (d’un certain type ou non), le contrat sera résolu de plein droit, moyennant une somme forfaitaire.
E- Le statut de free agent en NFL
Il y a 3 différents types de free agents en NFL: les agents libres restreints, restreints exclusifs et non restreints.
Les agents libres non restreints sont ceux qui ont minimum 4 ans d’expérience. Eux font ce qu’ils veulent: ils peuvent resigner dans leur franchise comme aller voir ailleurs.
Les agents libres restreints exclusifs sont des joueurs avec moins de trois ans d’ancienneté. Son cas est très simple: soit il signe le contrat que lui propose sa franchise, soit il ne joue pas en NFL pendant la saison à venir. Si sa franchise ne lui propose pas de contrat, il devient alors free agent non restreint.
Le statut de free agent restreint est en revanche très différent de celui en vigueur en NBA. Ces agents libres doivent avoir 3 ans d’ancienneté. Le mécanisme est le suivant: une équipe veut conserver un joueur et pense qu’elle a de bonnes chances de le conserver à bas coût. Elle peut alors placer ce qu’on appelle un tender sur le joueur, qui le fait devenir free agent restreint. Ce tender est une offre de contrat d’un an dont le salaire est réglementé par le CBA.
Le salaire offert par ce tender dépend de la compensation choisie par la franchise qui l’a placé: 2e tour, 3e tour ou tour originel. La somme va de 2,8M à environ 1,3M de dollars. N.B: Il était possible de placer un “top tender” pour avoir un choix du 1er tour en compensation mais cette possibilité a été supprimée par le CBA 2011.
Le joueur est donc libre de négocier et de signer une offre extérieure nommée offer sheet (comme en NBA). Son ancien club dispose alors de ce qu’on appelle un “right of first refusal”, une période de 5 jours durant laquelle il peut soit matcher l’offre et ainsi conserver son joueur, soit ne pas matcher l’offre et recevoir en compensation le choix de draft prévu par le tender. A noter qu’il est possible d’appliquer un tender sur un joueur non-drafté (en posant un tender tour originel), mais que cela n’a pour effet que de s’offrir le droit de matcher une offre extérieure, si la franchise qui a placé le tender ne peut pas suivre, elle voit son joueur partir sans compensation.
Ce mécanisme ne sert généralement que pour les jeunes joueurs qui n’ont pas encore prouvé grand chose et ne sont donc pas très attractifs sur le marché des agents libres: il est complètement illusoire d’espérer retenir un gros poisson avec un mécanisme aussi faible: soit l’équipe accepte de matcher une offre extérieure qui sera dans tous les cas faramineuse soit elle perd son joueur. En revanche, il existe un mécanisme beaucoup plus puissant que le tender pour retenir ses meilleurs éléments: le franchise tag.
Le franchise tag
Chaque équipe ne peut tagger qu’un seul et unique joueur. Elle a jusqu’au 6 mars pour le faire et cela concerne systématiquement des gros poissons. Les derniers taggés ou candidats au franchise tag ? DeMarcus Lawrence, Ezekiel Ansah, Jarvis Landry et LeVeon Bell. Elle a le choix entre 3 tags différents : le franchise tag exclusif, le franchise tag non exclusif et le transition tag. En NFL, ce dispositif est source d’énormes tensions entre les joueurs et les franchises. Essayer ne serait-ce que d’amener un tel dispositif sur la table des négociations en NBA aboutirait au mieux à une énorme levée de boucliers de la part des superstars. Vous imaginez si cet été les Cavaliers posaient un franchise tag sur LeBron James, l’empêchant ainsi d’aller où bon lui semble ? Bon.
Le tag exclusif permet de signer l’intéressé pour un an moyennant la plus grosse somme entre 120% de son ancien salaire ou le salaire moyen des 5 joueurs les mieux payés à son poste. Le salaire est intégralement garanti mais le joueur perd le bénéfice de la négociation avec d’autres équipes.
Le tag non-exclusif laisse le bénéfice de la négociation au joueur, cependant la franchise qui souhaite s’attacher ses services devra, si elle veut passer outre le tag, payer 2 choix du 1er tour à la franchise qui a posé le tag. Le contrat octroyé via le tag non-exclusif prévoit une rémunération et une durée identique à celle prévue pour un contrat octroyé via un tag exclusif.
Le transition tag offre au joueur un salaire égal à la moyenne des 10 plus gros salaires à son poste, donc une somme moins importante que dans les deux cas précités. Cette fois, le joueur conserve le bénéfice de la négociation et si l’équipe peut matcher toute offre extérieure, si elle le laisse filer elle ne reçoit rien en retour.
Dans tous les cas, le joueur visé par le tag n’est pas obligé de signer dans l’immédiat ; la date butoir pour signer un accord longue durée est fixée au 16 juillet. La meilleure stratégie (qui est utilisée dans 90% des cas), consiste donc attendre dans le but de prolonger les négociations et d’augmenter ses chances de décrocher un contrat sur le long terme. Le risque d’une telle stratégie ?
La franchise peut à tout moment retirer son tag et ainsi gravement compromettre la position du joueur, car à ce moment là, la plupart du temps, l’argent disponible sur le marché des agents libres a été dépensé. Josh Norman, ce génie. Attention à LeVeon Bell. Ça pourrait être drôle cet été, très très drôle même.
Tiens, puisqu’on parle de LeVeon Bell, précisons qu’un joueur peut être taggé plusieurs fois.. mais que ça coûte de plus en plus cher : 120% du salaire de la saison écoulée (donc du tag précédent). Jamais deux sans 3 ? Effectivement, mais faire valoir ce vieux dicton coûte la plus grosse somme entre 144% du salaire de l’année écoulée (donc du tag n°2) et le montant du tag des quarterbacks. Compliqué d’offrir pareilles sommes, même sur une année.
Dernière précision : le dispositif du franchise tag est supplétif de volonté. Ainsi Drew Brees et Nate Solder disposent d’une clause contractuelle qui fait qu’ils ne peuvent pas être taggés.
On termine avec la dernière originalité de la NFL : l’octroi de tours de draft compensatoires.
F- Les choix de draft compensatoires
La draft NFL est composée de 7 tours comportant chacun 32 sélections, un par équipe. Comme en NBA, ces choix sont cessibles.
En plus de ces choix initiaux, 32 choix compensatoires situés après le 3e tour sont attribués aux équipes qui ont perdu des free agents de valeur. Les choix non attribués sont répartis comme si un 8e tour débutait. Ces choix sont attribués lors du meeting de la NFL fin mars, à quelques encablures de la draft. Ces choix compensatoires sont eux aussi cessibles.
Quid de leur attribution ?
Ces choix sont attribués grâce à une formule complexe qui prend en compte temps de jeu, récompenses et salaire perçu dans sa nouvelle équipe. La NFL n’a pour autant jamais voulu en révéler la teneur exacte. Au moins elle ne réfrigère pas les enveloppes pour truander la loterie. D’ailleurs elle n’a pas de loterie du tout. Poke @davidstern et @nyknicks.
Conclusion générale
Difficile d’affirmer qu’un système est meilleur que l’autre, les deux présentent des avantages et des inconvénients. L’un permet de dépasser le salary cap mais prévoit des pénalités qui peuvent être d’un montant astronomique, l’autre interdit tout dépassement mais permet une grande liberté dans la manipulation des contrats et de leur impact sur le salary cap.
Dans un cas comme dans l’autre, on préfère éviter que la situation ne dérape avec des propriétaires qui sont prêts à se livrer à une véritable bataille de chéquiers pour voir son équipe soulever le Larry O’Brien ou le Vince Lombardi Trophy.
Sur un plan plus humain, la situation de la NBA est plus sécurisante alors même qu’elle brasse nettement moins de joueurs. Elle est aussi plus soucieuse des joueurs qui ne sont pas des superstars tout en veillant à récompenser ces derniers. De plus, elle offre bien plus de garanties pour l’après (assurance maladie, fonds d’aide aux joueurs ruinés, etc…), cependant quel que soit le système, il n’y a guère d’illusions à se faire : il s’agit d’un business, rien d’autre. Pour autant, le fait que toute rémunération issue d’un deal signée soit automatiquement garantie est une énorme sécurité pour les joueurs NBA et beaucoup de voix s’élèvent aujourd’hui parmi les joueurs NFL pour obtenir des droits similaires. Déjà que l’écrasante majorité des joueurs NBA finit ruinée après leur carrière, je vous laisse imaginer pour les joueurs NFL, sachant que beaucoup finissent en piteux état…
Paradoxalement, on est en droit de se demander si un soft cap ne serait pas plus adapté à la NFL, car même avec de fortes capacités d’investissement, sachant qu’il faut payer au minimum 53 joueurs la luxury tax à payer serait vite insoutenable. Il est beaucoup plus compliqué d’accumuler les stars en NFL, pour la simple raison que réunir 3 ou 4 stars en NBA est beaucoup plus facile qu’une quinzaine sur les 22 postes à pourvoir en NFL (hors équipes spéciales). A l’inverse, un hard cap permettrait de mettre un coup d’arrêt à la concentration de stars dans 4 ou 5 équipes et rendrait la compétition plus incertaine.
En effet, le reproche qui est systématiquement fait à la NBA est que maximum deux ou trois équipes peuvent véritablement prétendre coiffer les lauriers en fin de saison. En NFL ce n’est jamais le cas. En l’état, hormis les Browns et les Bears, quelle équipe n’a absolument aucune chance d’aller au Superbowl ? Certes le format des playoffs est différent, et oui le fait que la draft ait 7 tours accroît les chances d’assister à des retours au premier plan en un été. Mais au bout du compte, il n’en reste pas moins que le suspense en NFL est sans commune mesure avec la prévisibilité de la NBA.
On pourrait penser qu’instaurer un hard cap et ajouter un 3e tour de draft pourrait relancer le suspense… sauf que la conséquence principale du hard cap est de faire pression à la baisse
On pourrait toutefois souhaiter qu’un tel système soit évité en Europe, notamment dans le monde du football. Le fair play financier n’aura au bout du compte servi à rien, si ce n’est à irriter des fans et des propriétaires (oui donc des fans pas très riches et des fans très très riches). De plus, la course à l’armement induite par la Champion’s League a des effets terribles pour les championnats nationaux : quasiment chaque année les 5 vainqueurs sont connus dès la mi-saison et l’on se retrouve avec une voire deux équipes qui accaparent les meilleurs joueurs et, subséquemment, les titres. Or éviter tout phénomène d’accaparement est le cœur du concept de salary cap. Problème : pour instaurer un salary cap, il faudrait mettre fin aux transferts contre des sommes d’argent et mettre en place un véritable marché des transferts avec uniquement des échanges et surtout.. une free agency. Or la free agency, c’est donner le pouvoir absolu aux joueurs. Or en l’état, le système avantage énormément les propriétaires. Autant dire que c’est pas prêt de bouger, sachant qu’en Europe, il n’existe pas du tout cette conscience collective qui anime les sportifs américains. Si l’on ajoute à cela le fait que même si d’une certaine manière ils se font avoir, car ils touchent moins que ce qu’ils pourraient toucher dans un système semblable au système américain, ils n’en reste pas moins que tous sont payés avec des fortunes à faire pâlir Midas d’envie. Partant de là, il est clair qu’on peut oublier. C’est dommage pour le foot, mais très clairement, cela n’arrivera jamais.
Un super boulot, indéniablement ! Pour ceux comme moi qui sont intéressés par les mécaniques financières de la nba, c'est d'une aide précieuse ! Existe-t-il une version traduite du CBA ou faut il travailler sur la version anglaise ?
Merci ! Je ne vois pas de site français qui ce soit lancé là-dedans, je pense qu'il faut donc travailler sur la VO…
600 pages en VO ça va être coton ! Mais vu comme c'est prenant ça se tente ! En tout cas encore bravo pour ces articles ! J'espère un jour pouvoir en faire d'aussi complets et d'aussi intéressants !
Merci ! Si tu souhaites nous en proposer, tu peux nous contacter ici : qibasket@gmail.com
Et bon courage !