Larry Bird. Magic Johnson. Deux noms qui, à eux seuls, résument la NBA des années 80. Un article entier ne suffirait pas pour détailler le palmarès, la rivalité et l’héritage de ces deux monstres qui ont changé la face du basket (en compagnie d’un certain Michael J.). Il ne serait pas impossible d’écrire un livre là-dessus tellement le sujet est riche. Ah bah, justement, c’est le cas. Oui, le monde est vraiment bien fait. On en pleurerait presque.
When the Game Was Ours (Quand le jeu était à nous) déroule la chronologie de la rivalité/amitié entre Larry et Magic, depuis leurs années universitaires jusqu’à aujourd’hui, chaque chapitre faisant référence à une date clé de la carrière des deux hommes. Il faut dire qu’ils ont vécu un paquet de matchs importants : finale universitaire, finales NBA, finale olympique…
Le véritable point fort du bouquin, c’est qu’il est co-écrit par ses deux protagonistes. On en apprend ainsi beaucoup sur leur ressenti et leurs états d’âme, et on se rend compte qu’il y avait une sacrée animosité entre les deux au départ. Bon, ce n’est pas forcément étonnant vu qu’on a affaire à deux des plus gros psychopathes compétiteurs de l’histoire, mais c’est assez délectable de voir, par exemple, à quel point Larry était frustré lors du premier titre de Magic en 1980, ou comment ce dernier a vécu une soirée de désolation absolue dans une chambre d’hôtel de Boston pendant que son rival fêtait son titre à quelques rues de là.
On avance ainsi, de saison en saison, de match culte en match culte, et on voit se forger une amitié très forte entre deux personnages que tout oppose. C’est d’ailleurs assez ambigu étant donné que leurs deux équipes se détestaient au plus haut point, mais cela ne fait que renforcer le côté unique de cette histoire. L’histoire de deux mecs qui ont gagné, à eux deux, 8 titres de champion entre 1980 et 1988, 6 titres de MVP et 5 titres de MVP des finales. Deux ennemis devenus amis, dit comme ça on dirait un synopsis de film larmoyant, mais là ce n’est que du réel et c’est vraiment puissant.
Justement, la dernière partie du livre est chargée d’émotion puisqu’elle évoque deux des éléments les plus symboliques de la relation Magic-Larry : l’annonce de la séropositivité de Magic en 1991 et la médaille olympique de Barcelone en 1992. D’un côté, une épreuve épouvantable, de l’autre, la concrétisation d’un rêve commun, celui de jouer ensemble. Si cette histoire n’est pas inconnue des fans, la voir retranscrite dans ce livre avec le point de vue des deux intéressés constitue un véritable ascenseur émotionnel qui démontre toute la profondeur de l’amitié entre les deux joueurs, et qui n’a pas laissé votre serviteur de marbre au moment de la lecture (#confession #faiblesse).
Enfin, il est impossible de ne pas saluer le travail de l’auteur principal, Jackie MacMullan, qui a recueilli toutes ces interviews et en a tiré un récit passionnant. Bon, le matériel de base est collector, mais encore faut il savoir le raconter, et de ce côté là, on est très bien servi.
Ce livre est à dévorer de toute urgence. Une rivalité légendaire, entre deux joueurs légendaires, au coeur d’une décennie de basket légendaire. On pourrait même se montrer un peu condescendant en disant qu’il est indispensable d’avoir lu ce livre pour être crédible dans le game, mais ce n’est pas le genre de la maison. Ou alors si peu. De plus, une traduction française a été publiée récemment, donc vous n’avez absolument aucune excuse. Foncez les yeux fermés (enfin, un peu ouverts quand même, c’est plus facile pour lire).