Kristaps Porzingis vient de voir son avenir changer, ainsi va celui de la franchise depuis cette chute face aux Bucks. Rupture des ligaments croisés pour le Letton. Ce retournement de situation, a complètement validé le début de tanking de la part de New-York, tandis que la franchise va devoir continuer sa reconstruction. Dans cette tâche, un cas apparaît comme une épine particulièrement pointue. Le cas Joakim Noah. Le français, débarqué à NY la saison passée, a été écarté du groupe malgré un retour “en forme”, semble en froid avec la franchise et pèsera encore 37,8M pour les 2 années à venir à l’issue de cette saison.
Le problème, c’est qu’au vu de ses dernières saisons, du montant XXL de son contrat, les options sont faibles pour les dirigeants dans l’optique de s’en débarasser. Gros plan sur un dossier délicat.
L’héritage d’un échec
Pour comprendre comment une situation a pu entrer si vite dans une impasse, il faut saisir les conditions qui ont poussé cette situation.
En 2016, les Knicks ont trouvé un jeune ailier fort capable d’être leur avenir, en la personne de Porzingis, et possèdent encore Carmelo Anthony qui n’a pas l’intention de patienter. Phil Jackson, a la tête des opérations basket, vient de finir 2 longues années d’épuration de l’effectif. Anthony met la pression pour obtenir du renfort, les fans ont épuisé leur patience et il se voit contraint d’accélérer. Coup de bol, le salary cap vient de connaître une hausse de 34M, significatif de nouveaux standards de contrats (plus de détail ici). Le Zen Master en fin stratège, souhaite tout de même éviter de dilapider tout son cap en signant des agents libres, et pense pouvoir utiliser quelques pièces pour monter un échange. Il y parvient finalement en comblant son poste de meneur avec Derrick Rose, qu’il échange aux Bulls contre Jerian Grant et Robin Lopez. Désireux de le relancer, il comble son besoin sans pour autant faire exploser sa masse salarial, surtout que si le pari ne marche pas, Rose sera expirant à la fin de la saison. Un coup de poker qui s’annonce sans grand risque pour la franchise. En parrallèle, il trouve son arrière titulaire en proposant 12M par saison à Courtney Lee, une acquisition très intéressante dans la mesure où le contrat est très honnête pour cet été si particulier. Capable de trouver de bons role player pour son banc à moindre coût, il ne lui reste que le poste de pivot à garnir.
C’est là que Jackson va faire une erreur fatale à son mandat. Pour satisfaire son équipe, il décide de relancer Joackim Noah, qui souhaite revenir de blessure. Ancien coéquipier de Rose, et ayant réalisé quelques magnifiques saisons en l’absence de ce dernier, il semblerait que Jax en ait oublié qu’il n’était pas de prime jeunesse, mais surtout que sa santé était problématique. Alors qu’il avait évité cette erreur jusqu’ici, il a proposé 72M de dollars sur 4 ans, à un joueur qui n’offrait aucune garantie. Résultat, Noah a évolué à un niveau très en deçà de l’attente du GM, s’est blessé, et a finalement perdu sa place dans la rotation.
L’équipe pari de Jackson s’est effondré, et ce n’eut pas été un problème sans ce contrat, qui venait amputer très sérieusement les finances de la franchise. Dans la débâcle, Phil Jackson retrouvait son démon d’omniprésence sur le coaching, et sa malheureuse habitude d’accrocher ses joueurs dans la presse. La rumeur filtrante de véléité d’échange de Porzingis, et les attaques répétées sur Carmelo Anthony ont eu raison de sa place.
Finalement, à la fin de l’été, Melo partait et Enes Kanter arrivait, encore un pivot. Rose partait à Cleveland, Lee restait un contrat honnête… Seul Noah restait à New-York. Pour le pire.
Un poste de pivot bouché
Noah espérait retrouver sa place dans l’effectif cette année. Problème, à l’orée de la saison 2017-2018, il n’est pas encore remis à 100%. Surtout, le poste de pivot semble promis à d’autres. Willy Hernangomez est considéré comme le futur de la raquette New-Yorkaise aux côtés de KP, Enes Kanter est un pivot joker capable d’être un solide 6eme homme (et deviendra titulaire), tandis que Kyle O’Quinn s’est imposé comme une solution solide dans la raquette. Aussi vrai que Noah a été un excellent joueur, sa forme physique inquiète, tout comme son adaptabilité à la NBA moderne. Déjà âgé, Jeff Hornacek qui souhaite tirer le meilleur de son effectif, n’a aucune raison d’utiliser le pivot français qui semble inférieur à ses concurrents au poste. Alors qu’Hernangomez est mis au placard, la paire Kanter-O’Quinn prend possession de la peinture.
Problème, Noah n’a rien d’un caractère facile, et s’il soutient ses coéquipiers, il souhaite jouer. A l’instar du cas Hernangomez, la communication apparaît de l’extérieur comme hermétique entre joueurs et coach.
Ambiance délétère
On le répète, mais à chaque apparition, Noah semble bien intégrer avec l’équipe. Tout du moins, les échanges avec ses coéquipiers et ce que laissent filtrer les réseaux sociaux, laisse penser que sa relation est au beau fixe avec les joueurs. Néanmoins, fin janvier, une absence durant un road trip pose question. On apprend quelques jours plus tard qu’il est mis à l’écart du groupe jusqu’à nouvel ordre. Autrement dit, pas de Noah sur les parquets. D’ailleurs, pas de Noah tout court.
On imagine volontiers que l’ambiance avec coach et front office est orageuse. Pas étonnant, on n’imagine mal Noah ne pas jouer et accepter la situation sans entrer sur les parquets. S’il est capable de mal vivre de ne pas être au niveau comme il l’a déclaré la saison passée, en revanche, difficile d’accepter de ne pas avoir sa chance, maintenant qu’il se sent prêt.
Toutefois, dans ce cas, quand un joueur veut jouer et que son équipe n’a pas beson des solutions existent, n’est-ce pas ? Allons-y.
Quelles options ?
Première option, que je souhaite expliciter, car la question revient encore. Pourquoi la franchise n’utilise pas l’Amnesty Clause ? Pour ceux qui se demandent, l’Amnesty Clause était une option, 1 par équipe, permettant de couper n’importe quel joueur durant l’étendue du CBA en cours. Si vous vous demandez pourquoi vous n’en entendez plus parler, c’est simple, c’est parce que cette règle ne fait plus partie du règlement en vigueur. Même si les finances de la NBA sont au plus bas, elle ne devrait donc pas venir au secours de nombreuses franchises, dont New-York.
Seconde option, le fameux buy-out. Là encore, pour expliciter le terme, il s’agit d’une possibilité pour une franchise et un joueur qui souhaitent se séparer de négocier une rupture du contrat. Les 2 partis peuvent tomber d’accord sur les termes. Alors, si Noah veut jouer, et que la franchise ne peut le lui permettre, pourquoi cela ne s’est pas encore fait ? Ce qu’il faut d’abord savoir, c’est que le buy-out est une option souvent envisagée quand un joueur d’une équipe mal classée est en fin de contrat, sous-entendu dans sa dernière année. Souvent, dans ce cas là, la franchise accepte de continuer à payer le joueur pour le libérer. Si ce dernier veut être de bonne foi, il accepte d’abandonner quelques millions sur la table en guise de remerciement. Sauf que dans le cas présent, il reste plus de 2 années à payer le joueur. Il est dès lors très compliqué pour une franchise d’accepter de faire un grand geste. D’une part car il y a toujours espoir d’une meilleure fin, d’autre part, car quitte à payer ce contrat, autant disposer du joueur en cas de besoin. A moins que le joueur accepte de laisser beaucoup d’argent sur la table. Sauf que soyons clair, entre le niveau de jeu affiché l’an passé, sa poignée de minutes cette saison, et son état de santé, Noah ne touchera désormais que des contrats minimum. Il est utopique d’imaginer ce dernier accepter de lâcher dès maintenant un tel contrat. Ce qui explique que la situation s’enlise, entre un joueur qui sent qu’il perd ses dernières années, et une franchise qui ne peut pas plier à l’idée de payer presque 1 cinquième de son cap sur un joueur hors contrat, une fin amiable paraît mal engagée.
Troisième possibilité, l’échange. Se débarasser de Noah est possible pour New-York. Plusieurs franchises en reconstruction, pourraient être tentées de vendre leur cap space disponible pour finir de payer Noah. Le soucis, c’est qu’elles demanderont forcément une grosse contre-partie pour ce gros service. Et qui dit reconstruction, dit tours de drafts. Les Knicks entamant eux-même un processus semblable, elle doit à tout prix proscrire cette option.
La solution à envisager
A l’heure actuelle, le meilleur moyen dont semble posséder la franchise, est d’opter pour la patience, voire pour une réintégration de Noah dans le groupe. C’est ici un avis très personnel, mais il est désormais clair que la franchise ne jouera rien pour les 2 prochaines saisons. Entre blessure et manque de moyens, il n’y a pas d’avenir compétitif à New-York, et ce n’est pas plus mal. Il apparaît encore trop tôt pour négocier un buy-out avec Noah. Pourquoi ne pas lui donner du temps de jeu ? Willy Hernangomez a été échangé, et Enes Kanter pourrait activer son option. Certes conserver O’Quinn est important, mais il pourrait être tenté de chercher un peu plus ailleurs, et quand bien même, il y a suffisamment de matchs et de temps de jeu pour rétablir le contact avec Joakim Noah. Dans un contexte de tanking, il fera très bien l’affaire, pourra réintégrer le groupe, ce qui ne sera pas plus mal pour l’atmosphère au sein de la franchise et peut être même se montrer sous un meilleur jour. Pas au point de se rendre échangeable (enfin, difficile d’y croire…), mais enfin travailler au profit de l’ambiance sera un bon début.
Son contrat échoue à l’été 2020. Moment où les Knicks chercheront peut être à relancer la machine. La meilleure option aujourd’hui, est de le conserver, choisir d’être médiocre pour 2 ans. Peut être sera-t-il prêt à lâcher une part significative de son salaire durant sa dernière saison, ce qui en soit, ne change rien, mais sera un soulagement pour la franchise.