La NBA vient d’achever sa grande célébration annuelle avec un All Star Game plutôt réussi. Il reste pourtant des marges de progression pour rendre le All Star Weekend encore plus fun, attrayant et mémorable.
La fête s’est finie en beauté du côté de Los Angeles. Pour sa 67ème édition, le All Star Game a retrouvé des couleurs. Devenu ces dernières années un match d’exhibition sans grand intérêt, la rencontre des étoiles a renoué avec l’esprit d’antan. Comprendre, un match un peu plus compétitif avec davantage de défense, en particulier dans le dernier quart-temps.
Plutôt que de se reposer sur ses lauriers, la NBA devrait continuer dans la voie de l’amélioration du All Star Weekend. La grand-messe annuelle s’avère globalement plaisante mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin et ne pas chercher à faire encore mieux ?
Remplacer le Rising Star Challenge
La subjectivité joue un grand rôle dans l’appréciation des différents événements du All Star Weekend. A ce propos : je ne suis pas fan du Rising Star Challenge, sorte de All Star Game espoir sans cachet particulier.
L’idée n’est pas de remplacer les petits jeunes qui en veulent. Le All Star Weekend doit rester une opportunité pour la ligue de montrer ses futures stars en attendant qu’elles atteignent leur maturité, et éventuellement le All Star Game. Mais le match des rookies et sophomores n’est pas forcément la meilleure manière de procéder.
On pourrait par exemple conserver le format USA vs Monde mais changer la compétition. Ma préférence : un tournoi de 2 vs 2. Huit paires américaines et huit duos internationaux s’affronteraient dans un tournoi éliminatoire, les matchs étant décidés alors en onze points pour des soucis de durée. L’occasion de réunir des coéquipiers (Jaylen Brown et Jayson Tatum, Lonzo Ball et Kyle Kuzma, Joel Embiid et Ben Simmons par exemple cette année), des alumni d’une même université, des amitiés formées sur les circuits AAU voire des nationalités. Les différentes paires seraient réparties aléatoirement au sein des parties du tableau dédiées aux paires américaines et internationales jusqu’à la finale opposant le meilleur duo made in USA à son alter ego international.
Cette formule n’est pas nécessairement parfaite. Il serait nécessaire de sélectionner huit joueurs supplémentaires (32 au lieu de 24) pour les besoins du tournoi, ce qui diluerait potentiellement le talent présent sur le parquet. On pourrait aussi discuter longuement autour des règles régissant le tournoi : séparer les coéquipiers pour plus de diversité, ordonner le premier tour sans distinction USA/Monde ou carrément zapper celle-ci et permettre de réunir des duos de tous horizons sont autant d’options à étudier.
Le vrai souci potentiel d’une telle proposition tient à sa durée. Le tournoi entier prendrait 15 matchs d’une durée limitée (11 points, ça peut aller vite) mais variable et difficile à maîtriser. Ma solution : supprimer le match des célébrités qui ne sert à rien. Du temps serait ainsi libéré sur la journée/soirée du vendredi pour organiser ce tournoi infiniment plus intéressant pour les fans que de voir d’autres fans plus ou moins connus jouer.
Remplacer le Skills Challenge
Le Skills Challenge n’est pas affreusement inintéressant. Mais il est loin d’être particulièrement mémorable. Il sert en quelque sorte d’amuse-gueule avant les plats de résistance du samedi, le concours de tirs à 3 points et le concours de dunks.
En soit, il n’y a aucune bonne raison valable de ne pas proposer un concours autrement plus prenant que le Skills Challenge pour démarrer la deuxième journée du All Star Weekend. Parallèlement, il n’y a aucune bonne raison de ne pas proposer au cours de ce week-end un tournoi de matchs en Un contre Un…
(Vous voyez où je veux en venir ?)
Qui serait contre un tel tournoi lors du All Star Weekend ? Qui n’a pas envie de voir quelques uns des meilleurs joueurs de la planète s’affronter mano a mano comme sur le playground ? Au-delà des tout meilleurs basketteurs de la NBA, la ligue ne manque pas de bons clients : Lou Williams contre Jamal Crawford ? Lance contre JR ? Isaiah Thomas contre Dion Waiters ? Sold, sold, sold !!!
Plus de créativité pour le concours de tirs à 3 points
Comme le Dunk contest, le concours de tirs à 3 points s’avère très dépendant de la qualité des participants. Les moments les plus excitants correspondent aux grosses séries de paniers consécutifs et aux fins de parcours lorsqu’un candidat a une chance de battre son concurrent avec sa dernière série.
Globalement, le concours fonctionne mais on peut imaginer des variantes qui le rendraient encore plus fun. Deux tireurs pourraient se lancer simultanément de chaque côté du parquet par exemple. En allant plus loin, on pourrait même imaginer une formule de tournoi dans laquelle chaque paire de tireur s’affronte pour accéder au tour suivant (même si ça ferait sans doute beaucoup de tournois avec le 2 vs 2 et le Un contre Un évoqués précédemment).
Autre idée à creuser : explorer la longueur du terrain. Statistiquement, les équipes de NBA prennent de plus en plus de tirs primés et certaines d’entre elles, en premier lieu les Houston Rockets, n’hésitent pas à étirer les défenses en installant des shooteurs loin derrière la ligne à 3 points. Permettre aux concurrents de faire la différence avec des tentatives du parking d’une valeur supérieure pourrait rendre le concours encore plus excitant.
Rallonger et mieux juger le concours de dunks
Cette année, le concours de dunks m’a laissé trois impressions fortes. Premièrement, Dennis Smith Jr. méritait mieux, sans retirer quoi que ce soit aux performances de Donovan Mitchell et Larry Nance Jr.
Deuxièmement, le concours était bien trop court. Quatre dunks au total pour les finalistes, ce n’est vraiment pas beaucoup. Plutôt que d’étendre la liste des participants, la NBA pourrait permettre aux dunkers d’avoir au moins trois dunks chacun avant les finales. Les finalistes auraient ainsi à produire cinq dunks au total. J’hésite à aller plus loin car la question de la créativité peut se poser.
Troisièmement… les juges ? Sérieusement ? Le All Star Weekend, c’est du fun avant tout mais faisons les choses correctement quand même. En 2007, le concours de dunks remporté par Gerald Green était jugé par un panel d’anciens vainqueurs : Jordan, Dr. J, Nique, Kobe et Vince. Pourquoi ne pas conserver cette formule ?
La liste des anciens gagnants (26 au total, en comptant Mitchell) est assez longue pour maintenir un tel panel en faisant tourner d’année en année. En laissant de côté les cinq légendes de 2007, le concours de cette année aurait pu être jugé par Zach LaVine, Blake Griffin, Jason Richardson, Nate Robinson et Brent Barry par exemple. Sans oublier Larry Nance Sr. (non éligible pour évaluer les performances de son fils évidemment), Dee Brown ou encore Spud Webb.
Le All Star Game
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L’interprète de l’hymne national américain doit être meilleur(e) que Fergie
Je ne crois pas qu’il y aura beaucoup de débat à ce sujet. Je ne suis pas spécialement fan de l’hymne et j’avoue une tendance à couper le son sur le League Pass lorsqu’il retentit. Néanmoins, un bel hymne interprété par une légende, ça reste quelque chose. Le All Star Game a eu droit à Marvin Gaye en 1983, le Super Bowl à Whitney Houston en 1991. S’il peut s’avérer incroyablement difficile de trouver des voix à la hauteur de ces deux légendes, faire mieux que Fergie n’a rien d’une tâche insurmontable.
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A plus tard, Kevin Hart
Pas besoin d’une longue explication ici non plus… On voit Kevin Hart chaque année depuis des lustres. Ses intros à rallonge avant le match de dimanche ont été la risée des fans jusqu’à ce que Fergie prenne le relais. Une pause ferait du bien à tout le monde.
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A-t-on vraiment besoin de coachs au All Star Game ?
N’y voyez pas une critique de Dwayne Casey, Mike D’Antoni ou qui que ce soit. Mais il s’agit d’un match d’exhibition et j’ai du mal à imaginer que les coachs sélectionnés soient particulièrement indispensables au déroulement du All Star Game.
Laisser les joueurs se débrouiller entre eux et observer qui prend les commandes et qui se prend la tête sur le banc pourraient être très fun et même instructif. Sans chercher à aller trop loin dans la psychologie de comptoir, les fans pourraient en apprendre plus sur qui sont les alphas de la ligue et quelles stars s’effacent davantage. Le côté révélateur reste limité puisque le match n’a pas vraiment d’enjeu mais cela dévoilerait potentiellement davantage sur la personnalité des stars de la NBA.
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La draft est un bon début, il faut la rendre publique
Ce point n’a rien d’original mais le succès du All Star Game de cette année relève en partie de la draft des équipes par LeBron et Steph. Le résultat semble valider cette formule. Pour faire encore mieux, il ne faudra pas hésiter à diffuser cette draft en direct l’année prochaine. Et tant mieux si certains égos sont froissés, le match n’en sera que plus compétitif.
Suite au match, le commissionnaire de la ligue Adam Silver a déclaré que la draft sera probablement télévisée la saison prochaine. Espérons que cela soit bien le cas.
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Que faire de plus pour rendre le match compétitif ?
De ma perspective, il n’y a pas grand-chose qui permettra de faire du All Star Game un vrai match des étoiles, si ce n’est la volonté des participants. Et je trouve difficile de blâmer ceux qui préfèrent le prendre à la légère comme une exhibition sans enjeu : ils ont d’autres priorités dans la saison et n’ont pas de raison de tout laisser sur le terrain pour remporter un match certes prestigieux mais totalement futile en comparaison de la vraie compétition.
Certaines idées ont été débattues avant le All Star Weekend pour renforcer l’intérêt du match. La méthode venue de la MLB, qui consiste à accorder l’avantage du terrain lors des World Series à la conférence gagnante du All Star Game, n’a pas de sens en NBA.
La solution la plus facile en apparence consisterait à donner toujours plus d’argent aux vainqueurs. Cette solution est cependant imparfaite : à combien faudrait-il fixer la barre pour créer une véritable motivation chez les basketteurs les mieux payés du monde, par leur club et leurs sponsors ? De plus, une telle proposition pourrait avoir un impact négatif sur une partie du public qui pourrait se détourner du All Star Game. L’équilibre trouvé par la ligue, avec des récompenses individuelles de 100.000 dollars pour l’équipe gagnante (25.000 dollars pour les perdants) et un don de 350.000 dollars à l’œuvre de charité choisie par les vainqueurs (150.000 dollars pour celle des perdants), est sans doute perfectible mais semble être un bon compromis.
La draft et la volonté des joueurs ont permis de corriger le tir cette année. Mais cela suffira-t-il pour les prochaines éditions ? Rendez-vous en février 2019 à Charlotte pour le savoir.