Empêtré depuis le début de sa carrière dans les méandres de Sacramento, DeMarcus Cousins n’avait jamais évolué dans une équipe qui faisait peur à ses adversaires. Des années durant, nous l’avons vu batailler en vain dans une équipe qui au mieux, a joué la course aux Playoffs une partie d’exercice. Aussi, lorsque les Pelicans l’ont réuni avec l’intérieur le plus dominant de la ligue, on n’a pas boudé notre plaisir que d’imaginer ce que pourrait être le duo, enfin prêt, pour 2017-2018.
Et que dire ! Nous n’avons pas été déçu, voyant probablement la paire d’intérieur la plus effrayante qu’il ait été donné de voir à la plupart des fans NBA actuels. Un duo ailier fort / pivot à la fois capable de détruire n’importe quelle raquette, mais aussi de vous martyriser de loin, de distribuer pour leurs coéquipiers, ou encore de driver pour vous punir. La paire n’était certes pas entouré à la perfection, mais pour la première fois, Cousins était dans une équipe en très bonne position pour voir la post-saison. L’autre belle réussite de ce duo, c’était de voir l’ex-pivot des Kings assagi, à la fois prêt à faire des efforts sur lui-même pour ne plus se mettre les arbitres à dos, mais aussi aidé par une équipe qui tournait bien, capable de réduire le sentiment de frustration qu’il avait connu durant de longues années à Sacramento. Le résultat, une révolution, Cousins était starter au All-Star Game, s’éclatait dans une équipe compétitive, et ne menait plus la NBA aux nombres de fautes techniques et expulsions.
Cette année, nous voyions un Cousins épanoui, tant dans l’attitude, que dans les résultats, puisque les Pelicans sont aujourd’hui à 1 victoire de la 5eme place, et qu’il affichait des statistiques impressionnantes : 25,4pts, 12,9rbds (record en carrière), 5,2asts (record en carrière).
Hier soir, les Pelicans étaient en tenue, sur le parquet de Houston, pour ce qui était sans le moindre doute, l’affiche de la soirée. D’un côté, les Rockets, leur duo de géniaux arrières, et leur armada de shooters, de l’autre les Pelicans, et leur combo d’intérieurs-déménageurs. Un combat de style, et un affrontement entre Chris Paul et James Harden Vs Anthony Davis et DeMarcus Cousins. C’est clair, ça avait de la gueule. Le match a été disputé, dès le 1er QT, on a senti que la rencontre pouvait être tonitruante. Les Pelicans prenaient les premiers l’avantage derrière leur duo d’intérieur. Unibrow, à la finition, Cousins dans son nouveau rôle de pivot couteau-suisse, capable de martyriser la raquette au rebond, prendre des points en transition et distribuer le jeu. Après avoir infligé un lourd écart à l’adversaire, les Rockets faisaient cependant un lent, mais sûr retour dans la seconde partie de match, offrant une fin de rencontre intense, telle que nous avions pu l’espérer. Dans cet échange, Cousins pesait lourd et validait un nouveau triple double, preuve supplémentaire, si nécessaire, que ce pivot est vraiment spécial.
A environ 1min30 de la fin, les Rockets finalisaient ce retour, revenant à 109-109. Mais les Pelicans ont de la ressource, et à 15 secondes de la fin, sur un tir raté d’Etwaun Moore en fin de possession, Cousins arrache le rebond offensif dans une raquette surpeuplé, prend sa chance, et marque avec la faute. Les Pelicans sont devant, 109 à 113. On se dit que la rencontre vient de tourner, mais c’est la saison de la franchise, qui s’apprête à prendre un nouveau virage. Peut être la carrière de Cousins. Il se pose au lancer, tire, le rate. Déterminé à partir avec la victoire, il court pour prendre son propre rebond, prend deux appuis pour remettre la balle en jeu, titube et s’écroule. Il reste 12 secondes à jouer, et personne n’est dupe, la chute est trop soudaine, sur un mouvement trop anodin pour que la blessure, elle, le soit. DeMarcus sort. On ne le reverra pas.
Dès les premiers soins, le staff médical annonce une rupture du tendon d’achille gauche. Adrian Wojnarowski prend la parole sur ESPN pour transmettre la terrible nouvelle. Expliquant qu’une seconde évaluation est en cours, mais qu’elle devrait confirmer un avis plutôt tranché du staff médical de la franchise, qui renoue par la même occasion avec une nouvelle bien connue, celle des blessures. Évidemment, la saison du joueur est terminée, mais c’est aussi tout son avenir qui est remis en cause.
Quelle suite ?
Désormais, la franchise va devoir batailler pour rester dans la course aux Playoffs, mais sans grand espoir de faire quoi que ce soit – sans la menace que représentait l’impossibilité pour n’importe quelle franchise NBA de contenir le duo d’intérieur.
Mais ce qui attriste le plus, c’est de se dire que cela arrive d’une part quand les choses changeaient enfin pour Cousins, et même les Pelicans – mais aussi – à un moment où le joueur avait son destin en main. Agent libre au 1er Juillet 2018, il était censé avoir les cartes en main pour décider où et aux côtés de qui se dérouleraient ses prochaines années. L’inquiétude principale côté Pelicans, était la capacité à améliorer rapidement le roster pour offrir une équipe plus compétitive pour les saisons à venir, mais nous ne pouvions nous empêcher d’imaginer que ce duo à contre-courant, dans une ère où les extérieurs dominent la NBA, pouvait continuer de rester ensemble.
Le plus terrible n’est cependant pas le choix que fera le joueur, mais plutôt de savoir, quel DeMarcus Cousins reviendra après un coup pareil ? On a vu pas mal de joueurs revenir très diminués d’une rupture du tendon d’achille. On pense évidemment à Kobe Bryant, certes plus âge au moment où elle est survenue, mais dont elle a brisé la fin de carrière. D’autres joueurs, en sont revenus affaiblis : Wesley Matthews, Brandon Jennings. Certes, en tant que pivot, Cousins pourrait être moins gêné par cette blessure, mais pour un joueur qui a tendance à peser (très) lourd, il va falloir prier pour revoir le joueur qu’on a connu. La bonne nouvelle, c’est qu’il est encore jeune, la mauvaise, c’est que le combat qui l’attend risque d’être bien long…
Quant à nous, on va se boire un petit verre de bon matin. Parce qu’aucune blessure n’est juste, mais celle-ci est particulièrement amère. Parce qu’elle tombe au pire moment pour un joueur qui semblait enfin avoir trouvé sa place. Puis que dire du timing dans le match. A 12 secondes la fin. Sérieux ?
Enfin bref. Fait chier.