Voilà maintenant quelques années, qu’avec une régularité discutable, Washington s’est imposé comme une des places fortes de l’Est. Jamais tête d’affiche, les Wizards n’en sont pas moins un groupe compétitif, capables de gérer convenablement leur saison régulière, et jouer les yeux dans les yeux avec les leaders de leur conférence. Ainsi, excepté une année minée par les blessures, l’équipe s’est illustrée en Playoffs à 3 reprises depuis la saison 2013/2014, sans jamais sortir avant les demi-finales de conférences. Sans jamais les passer non plus. Cette saison encore, les Wizards devraient sans trop de soucis s’offrir un spot pour la post-saison. Malheureusement, il est difficile de les voir non plus comme le principal rival des Cavaliers, alors que les Raptors restent dominants en saison régulière, et que les Celtics semblent plus forts chaque saison, malgré l’absence de Gordon Hayward.
La franchise de la capitale fédérale espère chaque saison franchir un cap pour s’imposer comme une maison mère de sa conférence, malheureusement, cette année encore, ils apparaissent un peu cours, et l’observation de la situation financière de l’équipe, pose des questions. Peuvent-ils vraiment progresser ? Cette équipe a-t-elle un plafond ? Coup d’œil sur un constat inquiétant.
Situation financière
La principale inquiétude concernant cette équipe, se trouve ici. Il paraît impossible à l’heure actuelle pour les Wizards de facilement remodeler leur effectif. Obtenir des renforts passera systématiquement par des paris. Jeunes joueurs à potentiel, vétérans qui souhaitent se relancer ou un dernier challenge. Avec 23M au dessus du cap cette saison et d’or et déjà 17M pour l’an prochain, difficile d’imaginer l’équipe se renforcer via le marché. Les raisons sont nombreuses, et ce alors que Wall sera payé en deçà de sa valeur l’an prochain encore. A chaque fois des contrats en or massif pour leurs jeunes draftés : 23M pour Bradley Beal, 25M pour Otto Porter. Pour le second, ce fut contraint que la franchise accepta, mais cela ne change pas le constat suivant : la franchise joue avec un cap déjà rempli pour les années à venir.
L’autre nouvelle, c’est que Wall est déjà engagé jusqu’à 2023 avec un contrat de 40M/an à partir de Juillet 2019. Le problème là encore, c’est qu’il est difficile de mettre une date où les étoiles s’alignent pour revisiter l’effectif via un recrutement. En effet, quand le contrat de Wall débutera, les postes 1/2/3 coûteront 81M à la franchise, et, même si Marcin Gortat arrivera en fin de contrat, celui de Ian Mahinmi, lui, sera toujours là pour 1 an. En payant le prix fort pour le français, l’effectif a lourdement parié sur un role player, et, poussé très haut les investissements sur le poste de pivot. Des choix très discutables, d’autant que dans le même temps, le contrat très appréciable de Markieff Morris (8M/an), arrivera à expiration à l’été 2019. Dans le même temps, il conviendra aussi de gérer le cas Kelly Oubre, qui devrait d’ici là s’être imposé comme le leader incontestable du banc, tout en continuant à rester compétitif pour entourer ce petit monde.
En somme, la franchise se trouve dans une sorte d’impasse financière, et il paraît compliqué de l’imaginer vraiment franchir un cap avec ce groupe, en le gardant intacte.
Une situation risquée
Le risque ici, c’est de voir l’équipe affectée par la stagnation qui lui pend au nez. Les espoirs et les prétentions des joueurs de la capitale ont haussé, particulièrement depuis la saison dernière. On sait que l’entente entre Wall et Beal n’a jamais été idyllique, néanmoins, tous deux ont une langue extrêmement pendue, et des ambitions élevées. Encore jeunes, leur duo pourrait encore franchir un cap, mais difficile de les imaginer exploser complètement. Dans la mesure où il apparaît compliqué de renforcer l’équipe via le marché, les joueurs pourraient se sentir coincés.
A l’heure actuelle, leur loyauté semble acquise à la capitale, mais combien de temps faudra-t-il, si des équipes autrefois derrière eux venaient à les dépasser, pour que l’un des deux, ou les deux s’impatientent ? Auquel cas, faudrait-il tout casser ? Il y aurait-il demande d’échange ?
On enfonce ici une porte ouverte, mais des joueurs de ce calibre et qui affiche aussi régulièrement leur compétitivité ne pourront pas éternellement se contenter du statut de challenger.
La politique de la terre brûlée comme option ?
Il me paraît très probable que l’équipe reste ensemble cette saison. Néanmoins, si les Wizards venaient à trébucher à nouveau avant les finales de conférence, il risque d’être compliqué de ne pas se sentir obligé de bouger à Washington. La Free Agency 2018 sera d’une richesse incroyable, avec beaucoup d’équipes qui vont chercher à se créer du cap salarial pour y jouer quelques cartes. Si des franchises comme Chicago et Dallas sont déjà prêtes pour l’été, d’autres comme Washington sont virtuellement hors-jeu.
Cependant, alors que certaines franchises voudront dégraisser, d’autres tenteront potentiellement de se renforcer aux dépends des équipes désireuses de tenter leur chance à la Free Agency. D’autres encore, essaieront de limiter la casse voyant leurs stars partir, à tel point que Washington, même en mauvaise posture, pourrait tenter un coup de poker. Évidemment, ils ne partent pas favoris, mais des opportunités seront saisissables.
Néanmoins, avec un cap déjà bien entamé, et quelques pièces difficiles à bouger (Ian Mahinmi, à l’instar de beaucoup de contrats signés à l’été 2016, est trop élevé), il faudra être prêt à donner beaucoup pour lancer un nouveau cycle.
Il n’est pas impossible de voir les Wizards désireux d’aller obtenir des joueurs comme Paul George, et surtout DeMarcus Cousins. En offrant un contrat maximum jusqu’en 2023 à John Wall, la franchise a assuré sa confiance au meneur sur le long terme. On sait que sa relation avec le pivot est restée forte depuis Kentucky. Tous les 2 souhaitent réitérer cette entente et rejouer ensemble. En somme, si Washington arrivait à obtenir les faveurs de George ou de Cousins, il faudrait faire exploser l’effectif pour être capable de les intégrer – quitte à détruire ce qu’elle a construit les dernières saisons.
L’idée derrière ce paragraphe, est que les équipes voyant partir Cousins ou George, pourraient être susceptibles de vouloir récupérer des pièces pour limiter la casse (bien sûr, loin de moi l’idée de spéculer sur leurs chances de partir du Thunder et des Pelicans). Sauf que, les 2 pièces qui seront demandées aux Wizards seront respectivement Bradley Beal, voire Otto Porter. Dans la mesure où Beal réalise une saison supérieure à celle de son partenaire de backcourt, cette idée peut choquer, mais est pourtant réaliste.
A quoi ressembleraient des échanges efficaces ?
Dans les deux cas, réussir à développer l’effectif aura un coût. Idéalement, quels seraient de bons échanges pour ces 2 joueurs ?
Si l’équipe négociait avec le Thunder, récupérer Paul George devrait coûter Bradley Beal ou Otto Porter. Dans les deux cas, je pense que la franchise devrait être prête à accepter le transfuge. Des équipes dont les joueurs souhaitent partir ne pourront pas nécessairement imposer trop de conditions, mais on les imagine mal accepter des contrats boulets.
Exemple 1 : Paul George Vs Otto Porter (ou Bradley Beal) + Markieff Morris.
Dans ce cas, la franchise s’offre l’espace pour récupérer PG13 sans payer une luxury tax colossale. Elle perd néanmoins 2 titulaires mais récupère un joueur de premier plan à associer au trio Wall-Beal/Porter-Gortat en place depuis plusieurs années. Avec des lignes extérieures très denses, les Wizards auraient beaucoup de travail, une fois de plus, pour construire un banc.
Exemple 2 : DeMarcus Cousins Vs Bradley Beal + Marcin Gortat.
Ici, l’équipe perd sa jeune star, mais obtient un voire, le meilleur pivot de la ligue. Désormais capable d’artiller derrière l’arc, il compenserait un peu la perte de Beal, et pousserait la franchise à responsabiliser Kelly Oubre. Le problème serait également de récupérer un pivot qui devrait beaucoup jouer, avec les 16M de Mahinmi.
Qu’en penser ?
Comme mentionné plus haut, il faudra être prêt à payer cher pour obtenir les faveurs d’un joueur de premier plan. Une situation difficile, d’autant qu’il n’est pas évident que beaucoup d’équipe souhaite payer 26M/an pour Porter. Washington n’étant pas une destination de choix, et ne réalisant pour le moment pas une saison particulièrement transcendante, il est difficile de voir leur côte très haut si la seconde partie de saison et les Playoffs ne changent pas leur statut.
Si je ne pense pas que Washington soit déjà bloqué, il y a fort à parier que les scénarios évoqués ci-dessus ne se réalisent pas. Auquel cas, on imagine que la franchise repartirait à nouveau avec un 5 relativement semblable l’an prochain. Une situation, qui, on l’espère, n’entamera pas trop vite le moral de son backcourt, voire ne fasse pas imploser l’équipe.