What if, c’est quoi ? Simple comme bonjour. Il s’agit de reprendre un fait historique de l’histoire NBA, un trade, une blessure, une fin de carrière, un shoot, une action, et d’en changer le cours. Pourquoi ? Pour raconter des histoires, déjà. Pour revisiter les coulisses de certains moments-clés de l’Histoire de la balle orange et les faire découvrir à ceux qui les ignorent, ensuite. Aussi pour faire prendre conscience que la NBA que l’on connait aujourd’hui est le résultat d’un nombre incalculable de facteurs différents, et qu’elle aurait pu être toute autre si l’on touche à un seul d’entre eux. Bienvenue dans le monde de What if !
What if – Kobe, dans les pas de Michael
Récemment, les Lakers ont retiré les deux maillots désormais mythiques de celui qui a été pendant 20 ans leur arrière titulaire, j’ai nommé Kobe Bryant. L’histoire de Kobe au sein des Angelinos est connue de tous, mais certains ignorent peut être que celle-ci aurait pu être totalement différente. Les histoires d’amour sont faites de hauts et de bas, et celle entre Kobe et les Lakers n’y a pas échappé. En 20 piges, la relation entretenue avec la franchise californienne a parfois été mouvementée pour Kobe, notamment lors de l’été 2007.
A cette époque-là, Kobe n’est pas content. La tournure que prend la franchise depuis quelques années ne lui plaît pas, mais alors pas du tout. Le Shaq a abandonné le navire après l’épopée ratée de 2004, et depuis ce temps-là, les Lakers n’arrivent plus à se hisser en Finales NBA. Pire même, ils régressent sévèrement et Kobe est esseulé. Sans compter que le principal intéressé ne va pas cacher sa frustration En conséquence, des rumeurs de transferts commencent à émerger. Rumeurs que Kobe Bryant himself a depuis confirmé, avouant qu’il avait transmis une liste d’équipes à la direction des Angelinos, équipes dans lesquelles il souhaiterait être tradé si trade il devait y avoir. Deux destinations étaient favorites pour accueillir alors le Mamba : Detroit et Chicago. Depuis, Kobe a avoué que Chicago était son choix numéro 1, allant même jusqu’à dire que sa femme et lui avaient alors déjà programmé les voyages pour visiter les maisons et les écoles pour leurs enfants… Quand on vous dit qu’il n’était pas content le Kobe !
Mais au final on connaît tous la suite : Kobe reste et quelques mois plus tard Pau Gasol arrive en provenance de Memphis. Les Lakers renouent avec les Finales en 2008, et font l’exploit du back-to-back en 2009 et 2010. Kobe s’est en allé de la franchise avec un statut de Dieu vivant à LA, lui qui a rapporté 5 titres à la franchise, et est considéré par certains comme le meilleur joueur de l’Histoire de LA. Mais bon, hein, quand même… S’il avait été à Chicago, comment ça aurait pu tourner cette histoire ?
What if Kobe et les Lakers avaient été au bout du délire ?
I.
4-1. Les Lakers de Kobe viennent de prendre 4-1 par les Suns de Phoenix au premier tour des playoffs 2007. Le Mamba a beau essayé de se raisonner : c’en est trop. Les Lakers, ses Lakers, n’y arrivent plus. Depuis le départ de Shaq du roster, Kobe est seul, voire pire, esseulé. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir demandé du renfort. Oui, évidemment, il voulait que le gros Shaq dégage, mais il sait aussi qu’il ne peut pas gagner tout seul. Il peut gagner des matchs sur son seul talent, mais pas un titre NBA. Mais cette défaite, c’en est trop pour le Mamba. Dans les bureaux à LA, on sait déjà que l’été qui arrive va être très délicat à gérer.
Pourtant les choses ne bougent toujours pas quelques semaines après la déconvenue. Déjà à cran et frustré pendant la saison, Kobe semble avoir fait son choix devant la passivité de sa franchise, confirmant ainsi les nombreuses spéculations qui entouraient la situation et qui avaient été relayées par la presse californienne et nationale. Vers la mi-juillet, une bombe éclate : l’arrière aurait transmis à la direction des Lakers une liste des équipes qu’il aimerait rejoindre. Elles ne seraient pas nombreuses, mais le premier nom qui fuite est suffisant pour faire exploser les médias américains et internationaux spécialisés : Chicago. Kobe, à Chicago, vraiment ? La presse s’emballe, les observateurs s’agitent, la course à la confirmation s’enclenche. Kobe se cloisonne, refuse de répondre, de confirmer, d’infirmer. Les Lakers sont pris au dépourvu par la fuite, et font du mieux qu’ils peuvent pour garder la face devant ce séisme.
Les Bulls viennent de se faire éliminer au deuxième tour des playoffs par les Pistons de Detroit, et comptent dans leur rang le très prometteur Luol Deng, 22 ans. Kobe est dans les meilleures années de sa carrière, lui qui va avoir 29 ans au cours du mois d’août. Les Lakers sont paniqués : que faire ? Kobe est une idole à LA, une icône qui a déjà remporté 3 titres, Mais la ville et la franchise sont en panne sèche depuis. Il y a les exploits individuels certes, mais rien côté palmarès, et ça les Angelinos ne peuvent pas se le permettre. Passée la folie des premiers jours, les choses se tassent, les rédactions reprennent leur souffle, les paparazzis repartent chasser d’autres proies, et on se dit que finalement, Kobe n’ira nulle part,que la direction des Lakers fera le nécessaire pour garder le joyau dans le roster. Rideau, affolement pour rien,
Le training camp arrive, et Kobe arrive comme à son habitude à l’heure où ses coéquipiers se couchent.. Il attend de voir ce que peut donner cet effectif pour la saison 2007-08 qui se profile, mais au fond de lui il le sait : rien de bien flamboyant. Pas d’arrivées exceptées via la draft et des joueurs de bout de banc, peu de départs : au final, rien n’a changé. Kobe se dit qu’il va devoir encore porter à bout de bras cette équipe qui est désormais une équipe de seconde zone. Toutefois, il sent également qu’il n’en n’a pas envie. Quand le Mamba n’a plus envie, ça lui fait peur. Alors au sortir de l’entrainement, il tape du poing sur la table dans le bureau du GM : « Je ne veux plus être là dans quinze jours ». La phrase fait boum, sort dans la presse et les Lakers perdent à nouveau le contrôle la machine. Punchline hollywoodienne dans un scénario hollywoodien.
Kobe veut rejoindre les Bulls, ce n’était pas qu’une rumeur. L’intéressé ne s’en cache même plus, quitte à aller dans la provoc en ressortant son maillot de Jordan sous lequel on le voyait parfois plus jeune. Luol Deng est le premier nom qui ressort lors qu’est évoqué un échange avec le Mamba. Le problème, c’est que Kobe lui aimerait bien jouer avec le jeune poste 3 qu’il voit comme un soutien de poids, un potentiel lieutenant qui lui manque tant à LA. Kobe reste Kobe, même dans un trade. Après des grosses discussions, le deal semble être acté : Kobe est envoyé aux Bulls, et Ben Gordon, Ben Wallace et Tyrus Thomas ainsi que quelques tours de drafts font le chemin inverse. Deal. La NBA vient de vivre un séisme et la planète basket avec elle.
II.
Kobe Bryant est désormais un joueur des Chicago Bulls. Comment ne pas y voir un signe ? Le joueur qui se rapproche le plus de Michael Jordan dans le jeu depuis le départ de ce dernier, y compris dans la mentalité, celui qui s’en est inspiré voire gavé, qui s’en revendique, a rejoint la franchise historique de son modèle et intime rival. Les Bulls ont eu le père, ils accueillent à présent le fils. En choisissant Chicago, le Mamba sait très bien ce qu’il fait, la pression qu’il aura, et les discussions que cela va donner dans les bars de Chicago et du monde entier. Le fantôme de MJ ne sera pas loin, et ça, Kobe adore.
Kirk Hinrich – Kobe Bryant – Luol Deng – Drew Gooden – Joakim Noah : voilà le cinq des Bulls pour cette saison 2007 -08. Le pivot français débarque dans la Grande Ligue et est intronisé directement dans le 5, prenant la place de Ben Wallace : pas l’temps d’niaiser à Chi-Town. Le jeune Luol Deng est resté et rien que pour ça, Kobe a déjà un bon feeling avec les Bulls. La saison est lancée : l’équilibre est trouvé lentement mais sûrement au sein de l’équipe des Grands Lacs. Kobe a les clés du camion offensivement, évidemment. Gooden et Noah sont là pour verrouiller la raquette et faire le travail de l’ombre, Luol Deng est le parfait complément à Kobe qui le prend sous son aile, pendant que Hinrich est là pour gérer le tempo et donner le ton des deux côtés du terrain. Le temps de quelques adaptations et le tour est joué. La mécanique s’enclenche, et les Bulls termine avec un bilan de 50 victoires pour 32 défaites, se qualifiant aisément pour les playoffs.
Et les playoffs à l’Est en 2008, c’est du costaud. Kobe, en rejoignant les Bulls, le savait. Premièrement, il savait que le petit gars qui faisait du bruit du côté de Cleveland, un certain LeBron James, allait forcément un moment donné se retrouver sur son chemin. Il savait aussi que les Celtics du nouveau trio Pierce-Allen-Garnett allaient potentiellement lui barrer la route. Les Bulls se classent deuxième de conférence derrière Boston, qui termine la saison avec 63 wins. Un premier tour contre les Raptors se profile, et les Bulls ne se font pas prier : une victoire en 5 matchs face à des Dinos limités, avec un Kobe bien décidé à renouer avec les Finales NBA, déjà.
Au deuxième tour, c’est Orlando qui se profile, avec l’énorme Dwight Howard dans la peinture. L’intérieur floridien a multiplié les cartons contre les intérieurs adverses toute l’année durant, et continue d’en faire de même en postseason. Jooks, titulaire du côté des Bulls, va sentir le poids qui le sépare alors de ce qui représente l’un des meilleurs intérieurs de la Ligue. Dwight va faire un carton dans les 2 premiers matchs, bien aidé par Hedo Turkoglu, Rashard Lewis et toute sa bande, en parvenant à chiper un match à Chicago. Les Taureaux ne baisseront pas les bras et en s’appuyant sur un duo Kobe-Deng qui met le feu sur les ailes, les Bulls parviennent à reprendre l’avantage du terrain et à rentrer à la maison pour le match 5 avec un score de parité dans la série, 2 victoires partout. Lors de ce game 5, Kobe va prendre littéralement feu : avec 52 points, 8 rebonds et 13 passes décisives. Les Bulls atomisent Orlando 102-84. Profitant de l’avantage psychologique acquis et d’une baisse de rythme du Magic, à l’image d’un Dwight Howard moins prolifique, Orlando finira par tomber à la maison au game 6. Chicaco s’impose 4-2.
En finale de conférence, Kobe et les Bulls vont retrouver Boston, qui a éliminé Cleveland avec un LeBron trop esseulé au tour précédent, repoussant le duel tant attendu par les fans. L’avantage du terrain est à Boston sur cette série, qui ne va pas se faire prier. Pour le game 1, les hommes en vert ont décidé de démarrer par une correction et une leçon de basket : 95-77. Les lacunes de Chicago sont révélées au grand jour : manque de solidité à l’intérieur malgré un Jooks qui fait de son mieux, un banc trop léger et une grosse dépendance à Kobe Bryant. Ce dernier finira le match avec un pourcentage aux tirs des plus horribles, étouffé par la défense de Tony Allen. Le deuxième match se déroule sur le même scénario et on voit déjà se dessiner les contours d’une leçon de basket en bonne et due forme en 4 ou 5 matchs secs et sans une once de pitié.
C’était sans compter sur Kobe et son irrésistible envie de gagner et de prouver. A 29 ans, Kobe est dans son prime, son âge d’or, et l’a déjà montré tout au long de la saison. Miné par ses deux premiers matchs, indignes de son niveau et de ses prétentions, le Mamba qui sommeillait jusqu’alors va se réveiller. Les deux matchs suivants à Chicago ne sont pour lui désormais qu’une histoire de fierté, de sa fierté. L’ex-star de LA va alors prendre la série à son compte pour porter ses coéquipiers sur son dos, et à travers un duel épique face à Paul Pierce, il va marcher sur l’eau lors des deux matchs suivants : 37 et 44 points respectivement sur les games 3 et 4 à la maison, et Chicago revient dans la partie. Pour faire chavirer le bateau celte, Kobe va également mettre en lumière son jeune lieutenant de luxe, qu’il a préparé toute la saison pour de tels moments, Luol Deng. Ce dernier va exploser lors de cette série, secondant le Mamba dans une association qui va rappeler par séquence pour les fans des conclusions hâtives un autre duo que Chi-Town a connu quelques années auparavant.
Oui mais voilà, l’armada de Boston est trop forte et complémentaire. Kobe a beau se jeter corps et âme dans la bataille, il ne peut rien contre les multiples assauts de Paul Pierce, Ray Allen, Kevin Garnett et autre Rajon Rondo. L’alliance formé à Boston est plus solide, bien que tout aussi nouvelle. Chicago va s’incliner lors du game 5, et ne sera pas en mesure de faire l’exploit au game 6 au TD Garden. Les Bulls s’arrêtent donc en Finales de conférence pour la première année de l’ère Kobe Bryant. Pour certains, cela est annonciateur de bonnes nouvelles et d’une bonne dynamique future, car les Bulls ont encore de jeunes talents à développer autour de la star. Mais pour le franchise player Kobe, ce n’est rien de plus qu’une défaite, pire, une défaite contre Boston. Il y a des choses qu’on ne change pas, même en changeant d’équipe.
III.
La déception de la défaite digérée, Kobe se retrousse les manches pendant l’intersaison sur tous les fronts. Il veut faire passer un cap à son ailier Luol Deng, qui vient tout juste de rempiler pour un nouveau contrat aux Bulls, et l’entraîne avec lui dans ses sessions nocturnes. Il veut également améliorer l’effectif, tout en préservant l’équilibre construit pendant l’année écoulée. Ainsi, il va faire pression sur le management pour que celui-ci fasse de bons mouvements de consolidation. Ni une ni deux, Matt Barnes est signé lors de la free agency pour apporter un peu de profondeur de banc et son côté nasty aux Bulls. S’en suive les signatures de Ronny Turiaf, déjà coéquipier de Kobe aux Lakers, qui va pouvoir soulager son compatriote Joakim Noah ainsi que Damon Stoudemire, qui signe pour un an. Tous les postes sont doublés ou presque. Le cinq majeur ne bouge pas, Hinrich-Bryant-Deng se partage les postes extérieurs, tandis que Joakim Noah et Drew Gooden forment la paire intérieure des Taureaux.
La saison régulière va se déroulée sans gros accro, les Bulls se mettent en rythme rapidement et les rôles sont toujours aussi bien répartis. Luol Deng franchit un cap dans le jeu, évoluant avec plus de confiance pour épauler Kobe Bryant, se fondant par séquence dans un rôle que pouvait avoir Lamar Odom à Los Angeles. Les apports de Matt Barnes et Ronny Turiaf sont très bénéfiques pour les Bulls : Barnes joue son rôle de tête de con à la perfection, tandis que le pivot devient rapidement le chouchou du United Center grâce à son énergie débordante. Kobe, fidèle à lui-même, enquille les points soir après soir. En terminant la saison à 28.8 points par match, accompagnés de 7.2 rebonds et 6.4 passes décisives, Kobe Bryant se voit octroyer le titre de MVP de la saison régulière pour la première fois de sa carrière. Les Bulls terminent à la première place de la conférence Est, devant les Celtics et les Cavaliers de LeBron James.
Au premier tour, les Bulls feront de leur adversaire une formalité comme l’année passée. Les Pacers repartiront sans grands regrets d’une série dans laquelle ils n’auront pas eu un instant un espoir de l’emporter. Au second tour, les choses se compliquent légèrement alors que se dressent sur la route de Bryant et ses potes le Heat de Dwyane Wade. Mais l’adversité ne sera pas de taille à faire trembler les Bulls plus que raison, et ceux-ci parviendront à s’imposer en 6 manches. Le duel entre Flash et Kobe a fait saliver les fans de la balle orange, mais ce n’est rien à côté de ce qui les attend pour les Finales de conférence. Un copain de Wade, issu de la même cuvée de draft que ce dernier, a en effet réussi à passer l’obstacle des Finales de conférence : LeBron James. Ayant réussi à écarter les Celtics de Boston en 6 manches, les Cavs débarquent en Finales de conférence face aux Bulls. La confrontation tant attendue depuis des années déjà entre Kobe Bryant et LeBron James va enfin avoir lieu en playoffs.
L’excitation est à son comble à la veille du premier match à Chicago. Les observateurs du monde entier ont, depuis déjà plusieurs jours, épluché toutes les statistiques de Kobe et de LeBron, fait des comparaisons sur le jeu, l’impact, le style, … Tout a été passé au crible, et pour cause. Kobe est le meilleur joueur de la Ligue depuis quelques années maintenant, et se place comme une future légende du jeu sans aucun conteste possible. De l’autre, LeBron James est arrivé dans la Grande Ligue en se proclamant comme le King. Attendu à un niveau stratosphérique avant même d’avoir mis un pied en NBA, LeBron n’a pas déçu les attentes et se révèle être un véritable crack. Chasser les plus grands, c’est son objectif. Il n’aura pas fallu longtemps pour que la rivalité naisse, mais les fans n’étaient que peu rassasiés tant les confrontations directes entre les deux joueurs étaient rares quand Kobe jouait sous les couleurs pourpres et or. Depuis son arrivée à ChiTown, les attentes ont été comblées mais d’autres sont apparues. Il fallait à la NBA un duel au sommet entre Kobe Bryant et LeBron James, en playoffs, cette fois-ci. Quoi de mieux que des Finales de conférence ? Le décor est planté, les acteurs sont en costumes, lumières : action.
Se défaire des Celtics au tour précédent est un réel exploit de la part des Cavs, et surtout de la part de LeBron James. Ayant clôturé la saison écoulée avec 28.4pts, 7.6 rebonds et 7.4 passes décisives de moyenne, James est au four et au moulin en, étant leader de son équipe dans ses trois catégories. A ses côtés, les renforts sont maigres : Zydrunas Ilgauskas, Mo Williams, Delonte West, Anderson Varejao… Qu’on ne s’y trompe pas, LeBron James a battu les Celtics quasiment à lui seul. Les Bulls savent pourtant qu’il ne faut pas sous-estimer cette équipe, qui dans le sillage de son leader peut battre n’importe qui, n’importe quand.
La confrontation entre Kobe Bryant et LeBron James ne décevra pas les attentes des fans du monde entier. Les deux joueurs rentreront du bon pied dans leur série et commenceront les hostilités sans sommation. Mais si le niveau de basket pratiqué par les deux hommes frôlera la perfection, la différence entre les deux équipes est trop forte sur une série au meilleur des 7 matchs. Trop seul, trop isolé, LeBron enquillera les paniers en vain. Les role players autour de lui seront débordés par l’enjeu et balbutieront leur basket, laissant leur capitaine seul à bord. Malheureusement pour le King, il ne réussira pas un second exploit dans cette campagne de playoffs après avoir éliminé Boston. Kobe Bryant profitera des largesses défensives que lui laisseront ses adverses directs pour planer offensivement sur la série, en scorant près de 30.5 pts de moyenne. La présence aux côtés de Kobe d’un lieutenant comme Luol Deng sera déterminante pour permettre à Chicago de l’emporter au final sur le score de 4 victoires à 1.
IV.
Kobe a réussi son pari dit-on, lui qui retrouve les Finales NBA seulement deux ans après son arrivée du côté de Chicago. Mais c’est mal connaître le bonhomme. Seul le titre validera ce choix effectué de quitter sa maison californienne pour les terres froides de Chicago. En Finales NBA, ce sont les Nuggets de Carmelo Anthony, autre membre de la cuvée de draft 2003, qui se dressent face aux Bulls. Melo porte l’équipe sur ses épaules depuis le début des playoffs, et Denver joue ici les premières Finales NBA de son histoire, après avoir éliminés les Rockets, les Mavs et les Spurs en Finales de conférence. Melo est bien épaulé contrairement à son ami LeBron, notamment par Pau Gasol, arrivé de Memphis en cours de saison. Les Nuggets présentent des arguments solides pour faire douter les Bulls, avec un Billups rempli d’expérience à la mène et un élection libre nommé JR Smith à l’arrière.
Surpris par des Nuggets en mission et sans crainte avec un collectif impeccable sur le premier match, les Bulls se font avoir d’entrée. Melo est transcendant avec 33 points claqués sur la défense des Taureaux. Heureusement pour ces derniers, ils se ressaisissent pour le game 2 et arrivent à inverser la tendance dans le sillage d’un Luol Deng en mode all-around : 12pts, 11 rebonds, 8 passes et 3 interceptions pour le lieutenant de luxe d’un Kobe toujours aussi soigné. Le mal est pourtant fait et Denver rentre à la maison avec l’avantage du terrain et le sentiment du devoir accompli. Au game 3, c’est un festival de bombes qui va s’abattre sur des Taureaux apathiques et impuissants. Les Nuggets cartonnent les Bulls du parking : Chauncey Billups et JR Smith envoient 5 tirs primés chacun rien qu’en première mi-temps, Melo marche sur l’eau et ressort une ligne de stats affolante de 40 pts et 14 rebonds, dont 7 paniers primés, même Pau Gasol il va de ses banderilles. Les Nuggets sont chauds et préparent la mise à mort des Taureaux.
Du côté Bulls justement, les têtes sont lourdes. Kobe existe et pèse dans les débats, mais Gasol fait trop de mal à un Gooden désorienté et la défense de Chicago n’y est pas Noah n’arrive plus à faire peser sa présence dans la peinture de la même manière qu’aux tours précédents et Billups gère de main de maitre le tempo des rencontres pour les Nuggets. Le Mamba ne compte pas constater les faits sans réagir et attendre de voir la victoire lui filer entre les doigts une nouvelle fois. Il sait que la solution viendra de lui d’abord et qu’il doit provoquer un électrochoc au game 4 afin de réveiller ses coéquipiers, jusqu’alors clairement trop attentistes devant l’évènement. Avec des cannes de feu et une gueule XXL retrouvé lors de ce match 4 à Denver, Kobe va se transcender pour porter les Bulls face à des joueurs de Denver trop confiants suite à leur match 3 plein de réussite. Kobe sera omniprésent pendant les 43 minutes qu’il passera sur le terrain avec 37 points, 8 rebonds, 11 passes, 3 interceptions et 2 blocks. Dans son sillage, Luol Deng et Jooks se réveillent. Le premier remet son costume de lieutenant et claque un 15-10-7 bienvenu tandis que le second, défendant désormais sur le grand Gasol, éteint ce dernier en lui contestant chaque prise de position avec férocité et en lui faisant sentir l’odeur de ses aisselles à chaque contact.
Les Bulls ne vont alors plus lâcher cette intensité défensive retrouvée. Le match 5 sera dominé de la tête et des épaules et le United Center vibrera au rythme des chest bump de Jooks et Ronny Turiaf et des cris plein de rage du Mamba. Ayant retrouvé l’avantage du terrain au match précédent, ils prennent désormais l’avantage psychologique sur les joueurs de Denver. De retour dans le Colorado pour le game 6 constituant une première opportunité de clore la série, les Bulls arrivent avec l’intention de déplacer des montagnes. Ils y parviendront, dans un match où les Nuggets lutteront jusqu’au bout mais sans pourvoir jamais reprendre l’avantage dans le moneytime, où Kobe enfilera le costume qui lui sied le plus, celui d’assassin. Alors que le buzzer final retentit, les visages des joueurs de Denver se figent. Melo est désabusé, Gasol semble ne pas se rendre compte qu’une bague vient de lui filer sous les doigts. Des attitudes qui contrastent avec celles observables du côté des joueurs de ChiTown. Kobe Bryant exulte, le poing rageur. En reçevant son trophée de MVP des Finales, le Mamba craque et fond en larmes.
Le pari est gagné : Kobe a gagné, loin de LA, sans Shaq, dans la ville de son idole. Déjà icône de Los Angeles, Kobe devient la nouvelle figure de Chicago. Qui d’autre que le fils spirituel de Michael Jordan aurait pu ramener un titre aux Bulls ? Le destin fait parfois les choses de manière assez étrange.
Plus qu’une admiration pour MJ, on sait depuis longtemps que Kobe aimerait dans ses rêves les plus fous le dépasser. Quelques semaines plus tard, alors que le Media Day se déroule tranquillement dans une atmosphère de rentrée des classes, un journaliste aura la bonne idée de demander à Kobe ce qu’il lui manque aujourd’hui dans sa carrière. Ce dernier aura alors cette réponse, devenue mythique « Encore 2 titres non ? ».
MAMBA OUT
Bonus : la version PDF ! Il suffit juste de cliquer ici : What if – Kobe dans les pas de Michael.