Len Bias est méconnu. Normal, il n’a jamais foulé les parquets NBA vous me direz, bien qu’il aurait dû y être destiné. Len Bias est méconnu car s’est substitué à son potentiel fantastique un destin tragique, qui a mis fin trop tôt à sa carrière professionnelle, qu’il n’a même pas pu découvrir. Len Bias est méconnu et si nous vivions dans le plus parfait des mondes, il pourrait être une icône.
Pourquoi en parler ? Plusieurs raisons à cela. Déjà, pour le joueur qu’il était et qu’il aurait pu devenir en foulant les parquets de la Grande Ligue. Bias a laissé derrière lui des témoins de son jeu qui sont tous unanimes sur son talent pour la balle orange. Ensuite, pour toutes les conséquences découlant de la disparition de ce jeune joueur, qui à l’époque des faits, raisonnera bien au-delà de la sphère basketballistique.
Len Bias était un joueur universitaire doté d’un talent énorme, un potentiel comme on en voit peu à cette époque dans le pays de l’Oncle Sam. L’attente autour de lui était considérable, énorme, tout comme le fût le choc à l’annonce de son décès. Deux jours après la draft 1986, où il avait été sélectionné en 2ème position par le champion sortant Boston, Len Bias décède en effet des suites d’une overdose de cocaïne alors qu’il fêtait sa sélection avec ses coéquipiers de la fac de Maryland. L’annonce provoque un séisme dans le monde du basket américain, mais aussi bien au-delà.
Focus ici sur la trop courte histoire de Len Bias pour découvrir pourquoi il est sûrement le « best that never was » de NBA.
Le joueur
Arrivé à l’université de Maryland, Len Bias est un enfant du pays. Ayant grandi dans les alentours de Washington, Leonard Bias de son vrai nom va ainsi entrer dans l’équipe de l’université du coin, Maryland. Il va y passer 4 saisons, avant de se présenter à la draft en 1986.
Avant Maryland, Bias est un joueur au talent brut : « un talent brut à dégrossir dans un corps d’adolescent » pour James Brown, journaliste de CBS, qui l’a vu jouer au lycée. Mais avec déjà, un potentiel caché qui ne demandait qu’à se révéler.
Le moment phare, celui du déclic, où Bias passera du statut de bon joueur à celui de potentielle star de demain, interviendra lorsqu’il remporte le tournoi ACC en 2ème année à Maryland. Alors qu’il n’est qu’en deuxième année, il décroche le titre de MVP du tournoi. Selon les dires de ses coéquipiers de l’époque, c’est ici que Len Bias prendra conscience de la carrière qui s’ouvre à lui potentiellement. Pour parvenir à son objectif ultime de passer professionnel au sein de la NBA, il va redoubler d’efforts, allant même jusqu’à suivre la préparation estivale avec l’équipe de football américain de sa fac pour se muscler et préparer son corps.
Et le travail va payer. Lors de sa dernière année à Maryland, Bias termine pour la deuxième saison consécutive meilleur joueur de l’Atlantic Coast Conference, avec 23.2 pts, 7 rebonds, 1 passe, 0.8 interception et 0.4 block par match.
Son jeu ? Celui d’un NBA ready dirait-on aujourd’hui. Capable de monter au dunk aussi facilement que de contrer un tir en ayant le coude à l’arceau, Bias est un phénomène physique. Michael Wilbon, qui a vu Bias jouer pendant 2 ans à la fac de Maryland et qui officie désormais chez ESPN, dira au sujet de son shoot que c’était le tir en suspension « le plus pur » qu’il ait jamais vu. Et le numéro 34 de Maryland sait mettre ses qualités athlétiques au profit de son tir. Brad Daugherty, sélectionné en 1ère position de la même draft que Bias par les Cavs peut en témoigner :
« Je me souviens d’un match chez nous où Joe Wolf [2m11, drafté par les Clippers en 1987] commence sur lui, et il ne pouvait rien faire. Alors, Coach Smith [Dean Smith] a essayé Warren Martin. Puis il m’a demandé si je voulais essayer. Il m’a tué. Je faisais 10cm de plus et je ne pouvais pas le gêner »
Et en regardant les images que l’on trouve, en effet, la mécanique est belle, et le joueur parait dominer ses compères de la tête et des épaules.
Son talent éclate à chacune de ses sorties. Mais l’une d’elle sera plus marquante que les autres. Ce jour-là, Maryland se déplace à Chapell Hill pour affronter North Carolina, la troupe de Dean Smith, ex-coach d’un certain Michael Jordan. Sur ce match, Len montrera toute sa classe. Jamais Maryland n’avait battu North Carolina avant ce match. Len Bias le terminera avec 35pts au compteur, empochant la victoire et marqua le match de son empreinte avec une action qui en dit long sur les capacités du garçon : jump shoot à 45°, interception sur la remise en jeu adverse et finition par un dunk renversé. Merci, bonsoir.
Le niveau de Bias est réellement très élevé. Si bien que les comparaisons avec Michael Jordan vont se faire de plus en plus présentes dans le débat. Les deux avaient en effet beaucoup de choses en commun, dans leur jeu, dans leur façon de gagner. Jordan et Bias étaient pour Michael Wilbon habités d’une « rage contrôlée, presque de la colère, mais qui n’avait pourtant rien de destructrice ». Une envie de gagner et de prouver si forte qu’elle les faisait aller vers des sommets et des hauteurs que peu de joueurs peuvent atteindre.
Pour ceux qui côtoient Len Bias durant ces années à Maryland, qui jouent avec lui ou qui suivent ses exploits, rien d’anormal à faire la comparaison avec Jordan, qui au moment où Bias se présente à la draft a déjà 2 saisons NBA dans les jambes. Pour une grande partie des observateurs, Bias peut tenir tête à Jordan sans soucis. Les deux joueurs ont d’ailleurs déjà eu l’occasion de s’affronter avec leurs universités respectives. Mais certains vont plus loin et n’hésitent pas à placer Len au-dessus de Michael au niveau du basket pur, notamment car il possède un shoot que MJ n’a pas encore développé.
Le niveau de Jordan ? Au-dessus ? Impossible voyons ! C’est exagéré ! Et bien, peut-être pas, non. Pour vous convaincre, voici ce que pouvait dire Mike Krzyzewski, le célèbre coach de Duke, en 2003 au Boston Globe’s au sujet de Len Bias :
« C’est ma 24ème année à Duke, et à ce jour il y a deux joueurs adverses qui ressortent clairement : Michael Jordan et Len Bias. Len était un athlète formidable doté d’un gros esprit de compétition. Mon sentiment est qu’il aurait pu devenir l’un des meilleurs joueurs de NBA. Il créait les choses. Les gens associent le terme « playmaking » avec les meneurs de jeu. Mais je considère un « playmaker » comme quelqu’un qui peut faire des choses que les autres ne peuvent pas faire, comme le faisait Jordan. Bias était comme ça. Il pouvait inventer différentes façons de marquer, et vous ne pouviez rien faire contre cela. Qu’importe comment vous le défendiez, il pouvait créer une action. »
Et s’il fallait encore vous convaincre, voici ce que peut en dire Jan Volk, GM des Boston Celtics à l’époque de la draft de Len Bias :
« Il faut se rappeler qu’en 1986, Michael Jordan n’est pas encore Michael Jordan. Dans les scouting reports, faire des comparaisons entre joueurs est habituel. Le nôtre caractérisait Bias comme un Michael Jordan plus grand, avec un meilleur tir, mais qui ne pouvait pas aller au panier aussi bien que lui ».
A la fin de son cursus à Maryland, Len Bias s’ouvre en grand les portes de la Grande Ligue et suscite un engouement à la hauteur de son talent. A lui la draft.
La draft
« Les Celtics venaient de gagner le championnat. Ils avaient Bird, McHale, Parish et Walton. Et là, ils allaient avoir Len Bias ? Je me souviens avoir pensé « C’est injuste ! » »
Ces mots, ce sont ceux de Donnie Walsh, alors GM des Indiana Pacers. Ils viennent traduire le sentiment que tous les GM de la Ligue ont pu avoir à l’occasion de la draft de 1986.
Le 16 octobre 1984, 2 ans avant la draft de Bias, le GM de Boston Jan Volk organise un trade qui envoie Gerald Henderson aux Seattle Supersonics en échange de leur 1er tour de draft 1986. L’objectif est alors de donner plus de temps de jeu à Danny Ainge et en espérer que ce 1er tour de draft devienne un cadeau en or. Et on va finir par croire que récupérer des hauts picks de draft tout en étant une top équipe de la NBA est une culture à part entière chez les Celtics : triomphant en Finales NBA, Boston se retrouve avec le 2nd choix de la draft suivante, Seattle ne gagnant que 31 matchs dans la saison. Banco pour les Celtics.
Pour cette draft, deux joueurs sont en tête et favoris pour le 1st pick. D’un côté le pivot de North Carolina Brad Daugherty, un « 7 foot » précieux à l’époque, et de l’autre Len Bias. Mais du côté de Boston, Red Auerbach, président de la franchise, n’avait que faire du pivot de North Carolina : il voulait Bias.
« Bien sûr que je le voulais. Absolument. Parce qu’il était un « ballplayer ». Il pouvait manier la balle, shooter, et c’était pile ce qu’il nous fallait »
Très tôt, Boston se montre intéressé par Len Bias, allant le démarcher à Maryland très tôt pour s’assurer que l’attirance était mutuelle. Et c’est peu dire que toute la franchise de Boston était excitée à l’idée de récupérer le talent Len Bias. Danny Ainge, qui avait joué avec Bias durant l’été 1985 en était convaincu :
« Il était parfait pour nous. Je n’avais jamais été aussi excité. Avec Kevin, Robert et Larry, il pouvait nous apporter la rotation parfaite. C’était un fit parfait pour lui et la franchise. »
Même sentiment pour Larry Bird, qui avait promis à Red Auerbach que si Boston sélectionnait Bias, il reviendrait plus tôt de vacances pour s’entrainer le plus tôt possible avec lui, au rookie camp. Même sentiment également chez les observateurs NBA. Jack McCallum de Sports Illustrated dira qu’il était le pick parfait pour Boston, trop grand et trop fort pour les arrières et trop rapide pour les ailiers forts.
Boston voulait Bias, et Bias voulait Boston. A Dick Dull, le directeur des sports de Maryland, Len Bias aurait confié quelques semaines avant la draft qu’il y avait deux choses qu’il voulait faire : être diplômé de l’université de Maryland et être choisi par les Boston Celtics.
Tout semblait ainsi réuni pour que le fit parfait décrit par Danny Ainge se réalise : une franchise au sommet de sa gloire, déjà pleine de légendes, qui désire choisir un joueur plein de talent que l’on annonce comme le futur grand et qui n’a de son côté pour souhait que de rejoindre les rangs de l’équipe en question.
Le soir de la draft, le rêve devient réalité pour Boston et pour Len Bias. Brad Daugherty est sélectionné en 1ère position par les Cleveland Cavaliers, laissant Boston choisir sa pépite en 2nde position. David Stern s’avance vers le pupitre et officialise le choix.
« J’ai compris quand le type m’a demandé si j’étais prêt pour Boston. Bien sûr que je suis prêt pour Boston ! »
Len Bias, devant les micros, casquette verte de sa désormais nouvelle équipe vissée sur la tête est heureux. Son rêve est devenu réalité répètera-t-il encore et encore aux micros après sa sélection. Pour lui et pour la franchise de Boston, l’avenir s’annonce radieux.
Len Bias avec les couleurs de Boston après sa draft, une image qu’on aurait aimé voir plus longtemps.
Le choc
Mais le rêve va tourner au cauchemar. Deux jours après sa draft, Len s’en va fêter sa sélection par Boston avec ses coéquipiers de Maryland dans le dortoir qu’ils occupaient tous. Dans une chambre avec quelques-uns d’entre eux, c’est durant cette soirée que le destin de Len Bias va subitement prendre une tournure inattendue.
Les circonstances autour de son décès sont tout d’abord très floues, on parle d’alcool, de drogues mais sans que les choses soient très précises. Quelques jours plus tard, les médecins confirmeront que Len Bias est décédé ce soir là d’une attaque cardiaque suite à une consommation de cocaïne.
Pendant la soirée, Bias consomme en effet ladite substance avec l’un de ses coéquipiers. Tous les proches de Bias diront que ce n’était pas dans ses habitudes, certains, comme son coach de Maryland, pensant même qu’il s’agissait là de la première fois qu’il en consommait. Qu’importe, les suites seront dramatiques et fatales pour Len. L’un de ses coéquipiers qui avait pris de la cocaïne avec lui ce soir-là, appellera le 911. Il ne cessera de répéter le nom de Len Bias aux secours, réalisant sûrement à ce moment-là l’impact que pourrait avoir sa disparition. Alertés par la suite, d’autres de ses coéquipiers préviendront ses proches. Quelques heures plus tard, le verdict tombera, sans appel.
L’entourage de Len Bias est dévasté, de sa famille à ses coéquipiers. Quand la nouvelle se propage par le biais des médias, c’est une véritable onde de choc qui traverse le pays. De sa proche famille à l’université entière, puis à la communauté NBA et même en dehors du monde du basket, le décès de Len Bias ne laisse personne indifférent. Sa mère recevra des appels et des hommages de Michael Jordan, de Larry Bird, de Ronald Reagan et même de certains chefs d’États étrangers.
Le choc est immense. Larry Bird parlera de « la chose la plus cruelle » qu’il ait pu entendre lorsqu’on lui apprendra la nouvelle. Coach K affirmera que la mort de Len Bias a fait plus que toucher les Celtics, car elle avait affecté tous ceux qui aimaient le basketball : « Nous ne verrons jamais un des meilleurs devenir l’un des plus grands ». Red Auerbach quant à lui confiera que depuis la mort de l’ancien Président américain Kennedy, jamais Boston n’avait vécu un tel drame.
Du rêve au cauchemar, Len Bias ne connaîtra jamais la sensation des parquets NBA, lui qui était destiné à y faire de grandes choses dans la famille des Celtics. Des témoignages et des hommages lui seront rendus par centaines, un hommage national lui sera rendu au sein de sa fac, où plus de 11.000 personnes seront présentes. Des funérailles dignes d’une star nationale, pour celui qui n’était encore qu’un gamin de 22 ans.
L’imaginaire
Stoppée en plein rêve, la carrière de Len Bias laisse place aux plus grandes suppositions. Son potentiel et son niveau de jeu pour un jeune joueur était évident, et son impact en NBA continue de susciter bien des fantasmes.
Le sentiment d’injustice qui occupait Donnie Walsh avait toutes les raisons d’exister. Len Bias était doté de qualités qui en faisaient, déjà, un joueur à part. Il était destiné à jouer au sein d’une équipe qui était composée de Larry Bird, Kevin McHale, Danny Ainge, Robert Parish, avec une culture de la victoire unique et qui était championne en titre pour couronner le tout. En 1987 les Celtics iront de nouveau en Finales NBA, s’inclinant contre les Lakers de Magic en 6 matchs. Puis au fil du temps, ils s’effaceront de la scène NBA, pour ne renouer avec le succès qu’en 2008, après une très longue traversée du désert. Tout laisse à penser qu’avec Len Bias dans leur roster, les Celtics auraient pu avoir un tout autre futur.
Michael Wilbon d’ESPN ira encore plus loin :
« Sa mort a changé l’histoire de la NBA. Parce que s’il joue, il n’y a pas les Bad Boys des Pistons et qui aurait pu deviner quand les Bulls auraient enfin gagné quelque chose ? Bird et McHale n’auraient pas eu à jouer toutes ces minutes. Les Celtics auraient continué à gagner. »
Coach K partagera le sentiment commun à tous qu’avec Bias, les Celtics auraient pris une dimension encore plus effrayante :
« Vous mettez un athlète comme lui avec Larry Bird et il aurait pu faire usage de toutes ses qualités. Bird ne l’aurait pas vu comme une menace, mais comme un trésor. ».
Tout laisse à penser en effet qu’au sein des Celtics, la concurrence n’aurait pas viré au mélodrame. Bias aurait pu apprendre au contact des plus grands pendant ses premières années, et contre les plus grands également en se mesurant aux Bulls de Jordan, aux Lakers de Magic, … Puis enfin, il aurait pu dominer à son tour : il avait le jeu pour performer en NBA, et le potentiel d’un All-Star. Avec lui, c’est peut-être plus de 20 bannières que les Celtics auraient au plafond du Garden aujourd’hui.
Ce qui suscite le plus de fantasmes évidemment, ce sont les confrontations qu’il y aurait pu avoir entre Bias et Jordan. Quand on s’intéresse à la carrière de Jordan, on voit beaucoup revenir l’argument qu’il n’a jamais eu à affronter un rival à sa hauteur. Un rival à sa hauteur ? C’est tout ce qu’incarnait Len Bias aux yeux de ceux qui ont pu le voir jouer ou qui avaient flairé son potentiel. Un même style, un meilleur shoot pour Bias mais une meilleure aisance pour aller au cercle chez MJ, un physique hors-norme des deux côtés, … : tous les ingrédients semblaient réunis.
Beaucoup parlent d’une potentielle rivalité à la hauteur de celle opposant Bird et Magic, tant les deux joueurs étaient dominants. D’autres, convaincus que Bias était un meilleur jouer que Jordan, n’hésitent pas à dire qu’en foulant les parquets NBA, c’est de lui qu’on parlerait aujourd’hui et non de Jordan, et que le logo sur les chaussures des fans aurait pu être tout à fait différent à l’heure actuelle.
Peut-être que Jordan n’aurait pas 6 titres, peut-être que si. Peut-être que Larry Bird aurait duré plus longtemps dans la Ligue, que les Celtics auraient dominé les années 90, que les duels entre Jordan et Bias auraient été monumentaux, peut-être. Toutefois, la réalité est toute autre et le dénouement tragique de cette soirée du 19 juin 1986, on peut l’affirmer, a privé les fans de bien belles années de plaisir.
Michael Jordan face à Len Bias en 1984. Pas mal, le geste et la hauteur du jumpshoot.
Les conséquences
Les conséquences autour du décès de Len Bias ont été monumentales.
Tout d’abord, on va vouloir chercher un coupable à cette tragédie. L’un de ses coéquipiers, Brian Tribble, ayant pris de la cocaïne avec Len Bias ce soir-là est le principal suspect, mais il sera acquitté des charges plus tard. Alors, on va essayer de faire payer les circonstances de la mort de Bias à l’université même. Dick Dull, le directeur sportif, sera le premier à payer et contraint à démissionner. De même, après 17 ans de bons et loyaux services, le coach Lefty Driessel doit démissionner de son poste.
Mais plus encore que tout cela, le fait que Bias meure à cause de la cocaïne va avoir des répercussions au-delà de la sphère basketballistique.
A cette époque, à la fin des années 80, les dangers de la cocaïne ne sont pas connus comme ils le sont aujourd’hui. Cette drogue est une inconnue pour les pouvoirs publics américains, qui vont alors réagir fortement à la suite du décès de Bias. Ainsi, le Congrès américain va prendre des mesures radicales en adoptant des lois anti-drogue : 5 grammes de cocaïne engendreront désormais 5 ans de prison, a minima.
Mais ces lois vont avoir des conséquences plus que désastreuses : les jeunes afro-américains vont devenir les premières victimes de ce nouveau système, on va se concentrer sur les petits dealers des rues pour tenter de stopper la progression de la cocaïne sur le territoire. Ce n’est que plus tard que les pouvoirs publics se rendront compte de leur erreur, eux qui se sont basés sur des doses très minimes de cocaïne pour établir ces lois. Mais le mal est déjà fait : la population carcérale augmente de manière considérable et l’on trouve emprisonnés, parfois pour des peines à perpétuité incompressibles, de simples dealers de rues, pour la plupart de jeunes afro-américains, au détriment de gros trafiquants. Les inégalités sociales résultant de cette loi de même que la surpopulation carcérale qu’elle entraine ne seront reconnues que bien plus (trop) tard.
En dehors du cadre légal, la tragédie qui entoure le décès de Len Bias va être l’occasion d’une prise de conscience collective, notamment autour des dangers potentiels qui peuvent guetter les jeunes joueurs à la sortie de l’université, lorsque ceux-ci s’apprêtent à effectuer le grand saut vers la NBA. Le Rookie Transition Program voit ainsi le jour en 1986, l’année de la disparition de Len Bias. Conséquence ou non de l’accident, ce programme arrive à un moment « opportun ». Avec lui, durant une semaine, les jeunes joueurs tout juste draftés suivent un stage les préparant aux dangers de la vie de joueur NBA. Au cours de celui-ci, d’anciennes légendes de la NBA mais également des stars déchues viennent témoigner de leur expérience et les mettre en garde contre le rythme de vie qui va s’offrir à eux. La prévention avant tout.
On comprend ainsi mieux les conséquences majeures qu’a eu le décès de Len Bias. A tous les niveaux, cet événement tragique aura changé des choses. Beaucoup pensent que consécutivement à cet événement, la prise de conscience autour des dangers qu’implique l’usage de drogue a été tel que son décès a sauvé la vie de beaucoup de gens. Si tel est véritablement le cas, Len Bias aura eu indirectement un impact sur la vie de nombreux américains, mais on ne peut que regretter, par égard au talent du jeune joueur qu’il était, que le décor ne celui-ci ne fut pas celui d’un terrain de basket.
Pour conclure cet article sur la trop courte vie de Len Bias, rien de mieux qu’un peu de musique. MC Longshot et sa chanson « Len Bias », pour vous servir.
« Above the rim, the boy would fly
Man it’s so sad when the young greats die
I said controlling the game, he made him a name
This the story of the best that never became »
Une ch'tite coquille : '"Si bien que les comparaisons avec Michael Jordan font se faire de plus en plus présentes dans le débat.". Vont et pas font.
Merci, c'est corrigé 😉
T'as pas oublié aussi le mot "Vie" dans la dernière phrase ?