Âgé de tout juste 18 ans, « Cam » Reddish est le dernier des prodiges issus du lycée de Westtown, près de Philadelphie. Alors qu’il sera éligible à la Draft NBA en 2019, il a donné son accord pour rejoindre le Duke de Coach K la saison prochaine. Portrait d’un joueur qui fait parler de lui depuis quelques temps déjà, et qui fera probablement encore plus de bruit dans les années à venir.
Après plus de 30 ans à la tête des Blue Devils de Duke, Mike Krzyzewski a décidé de prendre un tournant dans sa politique de formation et de construction de ses équipes. Exit les groupes de seniors qui grandissent ensemble à Durham, les Jon Scheyer, Nolan Smith et autres Kyle Singler, pour ne citer qu’eux, les grands artisans du titre national remporté en 2010 (Scheyer et Smith sont désormais tous les deux présents dans le coaching staff de Coach K, tandis que Kyle Singler est toujours actif, jouant encore à Oklahoma City, en NBA). C’est désormais à travers d’énormes coups de recrutement sur le marché des one&done, à la manière d’un John Calipari, que Coach K construit ses équipes. Si la réussite du procédé reste encore un peu aléatoire, il reste à l’origine d’une lignée de joueurs impressionnants, notamment au poste d’ailier, sur lequel les Devils ont vu passer, ces dernières années, des swingmen prodiges année après année, avec d’abord Jabari Parker de Chicago, puis Justise Winslow de Houston, Brandon Ingram de Kinston, Jayson Tatum de Saint Louis, et l’an prochain, le petit dernier, Cameron Reddish de Philadelphie.
Ces joueurs ont de nombreuses choses en commun, ce sont tous des one&done, draftés dans le Top 10, et même tous dans le Top 3 si on enlève Justise Winslow. Ce sont des ailiers complets et versatiles, modernes donc, qui s’adaptent parfaitement aux nouveaux standards qu’on observe dans le jeu actuel. Du haut de ses plus de deux mètres, avec des qualités athlétiques et une envergure hors du commun, et surtout un talent et une qualité technique rarissimes pour son âge, Cam Reddish ne fait pas exception à la règle.
A cette liste des recrues du Top 25 des lycées qui ont rejoint Duke depuis 2013, on peut désormais rajouter RJ Barrett, Tre Jones (le petit frère de Tyus) et donc Cameron Reddish, les trois premiers joueurs à s’être déjà engagés avec les Devils pour la rentrée 2018. (Source : ESPN)
A l’instar des Jahlil Okafor, Harry Giles ou Marvin Bagley III, Reddish est un talent précoce. Ses premières mixtapes ont commencé à apparaitre sur YouTube quand il n’avait que 13 ans. Fils de père basketteur, comme beaucoup de prodiges (son père Robert a notamment joué à VCU à la fin des années 80), il apprend à toucher la balle orange en même temps qu’il effectue ses premiers pas.
Dominant dans toutes les catégories d’âge, il est, en 2014, appelé pour la première fois à rejoindre Colorado Springs, le camp de base de Team USA, pour participer à l’un des camps d’entrainement que la fédération met régulièrement en place pour les jeunes. Face à lui, un ailier plus vieux, plus costaud, plus fort, il vient de Géorgie, il va rejoindre l’Université de California à Berkeley, il s’appelle Jaylen Brown. Face à celui qui est maintenant titulaire dans l’équipe au meilleur bilan de la NBA, les Boston Celtics, Reddish prend une leçon de basket.
Trois ans après, le temps a fait son effet, Reddish a pris des centimètres et des kilos, il a changé de lycée, quittant la Haverford School pour rejoindre un programme plus prestigieux, celui du lycée de Westtown, dans la banlieue de Philly. Le niveau y est tout autre, il y fréquente des futurs joueurs de NCAA Division I, et même de NBA, puisqu’il a pour coéquipier Mohamed Bamba, l’actuel joueur de Texas, attendu dans les cinq premiers choix de la Draft NBA 2018, mais aussi Brandon Randolph, freshman à Arizona cette saison, et Anthony Ochefu (frère de Daniel, passé par Villanova) qui a rejoint Stony Brook.
Seth Berger, le coach de Westtown, avait donc à sa disposition un groupe infiniment talentueux, mais sans meneur de jeu. Il s’agissait donc de trouver un joueur pour alimenter toutes ces stars. Oui, vous avez bien deviné, Cameron Reddish devient meneur de jeu, avec ses deux mètres de hauteur. Cette taille lui permet de voir au dessus de son défenseur, il devient un playmaker, fait parler sa qualité de passe. Défensivement, la longueur de ses bras en fait un cauchemar pour son vis à vis. Au lycée, il continue de développer ses skills, son QI basket. Il met tout cela en pratique dans les camps et ligues d’été comme la Nike EYBL (Elite Youth Basketball League), le Stephen Curry Select Camp (organisé par Under Armour), et lors des camps de Team USA. Il dispute l’été dernier la Coupe du Monde U19 en Egypte, ou il inscrit plus de 10 points par match, mais ne peut empêcher les siens de s’incliner face au Canada en demi-finale. Une première vraie expérience FIBA au milieu d’un été chargé, qu’il boucle en annonçant son commitment à Duke, via un article sur The Players’ Tribune, le 2 septembre dernier. A Durham, il sait qu’il retrouvera son poste d’ailier, puisque les Devils avaient déjà vu s’engager le meneur Tre Jones de Minneapolis, le petit frère de Tyus, ancien de Duke, champion et MOP du Final Four en 2015.
Comparé par certains scouts à Paul George ou encore Jimmy Butler, Reddish tente de s’inspirer des meilleurs. S’il se compare plutôt à Kevin Durant, ce bosseur acharné veut prendre le meilleur chez chaque grand joueur qu’il observe, ou qu’il rencontre, puisqu’il a déjà eu la chance de discuter avec certains d’entre eux, comme le « King » LeBron James.
Si les Blue Devils de Duke sont les immenses favoris au titre national cette saison, avec un groupe de freshmen ultra talentueux pour entourer le capitaine Grayson Allen, il ne devrait plus rester grand monde l’an prochain. Dans ce contexte, les défis seront nombreux pour les nouveaux arrivants. Devenir tout de suite un leader technique et vocal, être performant sur le terrain et en classe, c’est le challenge que Cam Reddish s’est lancé.