Cette nuit, OKC se rend au Amway Center d’Orlando pour y affronter le Magic. Une équipe que le coach du Thunder, Billy Donovan, aurait dû rejoindre il y a de cela 10 ans, à l’intersaison 2007. Retour sur une histoire rocambolesque.
La saison 2006-2007 s’achève sur un bilan mitigé pour le Magic d’Orlando. Éliminés des Playoffs par les Pistons sur un sweep dès le premier tour – et après 4 ans d’absence en postseason – les floridiens ont également présenté un bilan négatif (40-42) durant la saison régulière, décrochant leur 8ème place dans une conférence faible. Le jeu pratiqué par le Magic n’a rien de spectaculaire, et la franchise, malgré les quelques talents dont elle dispose – Dwight Howard, entre autres -, est dans l’incapacité de franchir un véritable palier pour devenir un solide contender à l’Est.
Dans le même temps, l’équipe universitaire de l’Etat, les Florida Gators, vient de réaliser un superbe back-to-back en remportant les deux premiers titres NCAA de son histoire. Articulée autour d’un noyau de potes avant d’être coéquipiers, elle est alors dirigée par Billy Donovan, qui sort de sa 11ème saison à la tête de l’équipe. En emmenant les Gators en March Madness de 1998 à 2007, le coach détient la plus longue série de présence à ce niveau de l’université, et la 6ème de l’histoire NCAA. Sous son aile, le Oh-Fours composé de Joakim Noah, Al Horford, Corey Brewer et Taurean Green a réalisé deux saisons 2005-2007 magnifiques et couronnées de succès.
A 41 ans, Donovan devient alors le troisième plus jeune entraineur à remporter deux titres NCAA (derrière Bob Knight à Indiana et Phil Woolpert à San Francisco). Sa côte est en hausse, car il a réussi à créer une véritable émulsion entre ces jeunes joueurs. Pas les plus talentueux, mais les plus solidaires et unis, c’est que l’Histoire retient de ces Gators aussi sympathiques que rafraichissants.
La possibilité d’un mariage entre l’icône locale et le Magic apparait alors comme une évidence. Orlando dispose de quelques jeunes talentueux – Howard, Nelson, Reddick et Ariza – et peut prétendre à une place solide à l’Est dans un futur proche. Donovan est aux sommets universitaires, aboutissement d’une décennie de dévouement à Florida. Il aurait d’ailleurs refusé une offre de Kentucky University – il explique qu’il n’y a jamais eu de « contacts officiels » avec les dirigeants – au cours de la saison 2006-2007. Mais après la conquête du second titre, c’est le Magic qui décide de lui offrir un contrat de 27.5 millions de dollars sur 5 ans. Billy Donovan cède aux sirènes de la NBA, et accepte cette proposition. Selon ses dires, le Magic est la meilleure opportunité, alliant le challenge NBA et la proximité géographique. Les Gators sondent un de ses anciens assistants, Anthony Grant, coach à la Virginia Commonwealth University, afin de lui succéder. Pourtant, le rendez-vous prévu entre Grant et Jeremy Foley, directeur des sports à Florida, n’aura jamais lieu.
Le 1er juin 2007, Donovan paraphe son contrat et fait son entrée officielle en NBA. Dans la foulée de sa signature, une conférence de presse est organisée, l’intronisant au poste de Head Coach du Magic. Le début d’une longue et belle idylle, peut-on supposer. Pourtant, cette histoire ne durera que quelques jours, une semaine tout au plus. Officiellement. Car dans les faits, l’aventure de Donovan au Magic s’est achevée le matin du 2 juin 2007. Oui, dès le lendemain de sa signature, l’ancien coach des Gators annonce à ses nouveaux dirigeants qu’il regrette sa décision, et souhaite résilier son contrat. Un incroyable revirement de situation dont la cause n’a jamais été vraiment confirmée.
En fin de journée du 1er juin, après sa conférence de presse pour le Magic, Billy Donovan est retourné à Florida University pour y effectuer une autre conférence, d’adieu cette fois ci. C’est après cet événement que le coach aurait décidé de revenir sur son engagement avec Orlando. La franchise est mise au courant et annonce la situation à la presse :
« Alors que Central Florida, le Magic d’Orlando et Billy Donovan étaient excités par l’annonce de sa signature de contrat vendredi, nous savons qu’il y a un ressenti différent à Gainesville, et que les gens là-bas le tiraillent en ce moment. Billy est perturbé par ces émotions et l’opportunité que représente le Magic et la NBA. Nous avons eu plusieurs conversations et nous nous sommes rendus personnellement à Gainesville au cours des dernières 48h, et nous avons son engagement quant à la poursuite du dialogue entre nous. »
Et lors de ces échanges, la position de Donovan n’a absolument pas changé. Convaincu qu’un retour à Florida State est la meilleure solution pour la suite de sa carrière, le coach ne veut plus abandonner un programme qu’il a largement contribué à développer pendant des années. Certains y voient la peur d’affronter la NBA et de sortir de sa zone de confort, mais nous n’aurons jamais la version « réelle ».
Andy Staples, alors journaliste pour The Tampa Tribune, revient sur un entretien que lui et Dave Curtis (Orlando Sentinel) ont obtenu avec Billy Donovan. Alors qu’ils ont déjà échangé quelques mots avec l’entraineur quelques heures après sa décision de demander la résiliation de son contrat, ils sont invités à diner quelques jours plus tard par Donovan lui-même. Extraits :
« A ce moment – lors du diner -, il (Donovan) nous a raconté l’histoire avec beaucoup plus de détails que lors de sa conférence de presse annonçant son retour à Florida. Comment son ventre bouillonnait sur le retour d’Orlando à Gainesville. Qu’il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il avait foiré quelque chose. Comment les avocats du Magic l’ont effrayé en le menaçant de le mettre sur la paille. Donovan semblait vraiment soulagé d’enfin revenir dans le programme qu’il menait depuis 1996. »
Billy Donovan a donc eu un déclic tel qu’aucun argument n’a pu le faire revenir en arrière – enfin, après être déjà revenu en arrière, vous voyez. Pourtant, les avocats y ont semble-t-il mis les moyens. Il ne signera jamais avec le Magic, et c’est Stan Van Gundy qui prendra les rênes d’Orlando. Pour le succès que l’on connait, avec l’accession aux Finales NBA en 2009 et aux finales de Conférence en 2010. Et surtout, un jeu agréable à regarder. Nul ne sait ce qu’aurait accompli Donovan à la tête de la franchise, mais l’histoire s’annonçait belle entre le coach local et triomphant sur la scène universitaire, et une franchise à potentiel.
Lors de la résiliation de contrat à l’amiable entre les deux parties, Donovan s’est logiquement vu imposé une clause de non concurrence, c’est-à-dire l’impossibilité de rejoindre une autre franchise NBA sous 5 ans. Il restera même 5 ans à Florida State, avant de faire enfin le grand saut en rejoignant le Thunder, en 2015. Malgré des performances moins brillantes après son « retour », Donovan aura incroyablement développé le programme, et contribué à la réputation nationale des Gators.
Le lapin de Billy Donovan au Magic, c’est finalement une histoire peu connue des fans NBA. Pourtant, une telle anecdote est rare. Ce soir, OKC se rend à Orlando, et c’est bien sur le banc du Thunder que Donovan sera assis. Depuis deux ans, il y connait un certain succès. Finales de conférence – et choke – en 2016, un premier tour de Playoffs seulement l’an passé – merci Kevin -, et des performances attendues cette année mais encore mitigées. De son côté, le Magic rame depuis plusieurs saisons. Alors, Billy a-t-il fait le bon choix ?