L’Alchimie a longtemps été une recherche, une quête bien loin du terme tel qu’on l’entend aujourd’hui. On ne voyageait alors pas dans le monde la chimie, celle qui lie des composés, traduite dans l’inconscient collectif comme de multiples vapeurs qui s’entrelacent. Le terme a longtemps trouvé sa signification autour d’une recherche, dont l’objectif serait de trouver une nouvelle manière de fusionner les métaux, dans l’optique de créer une pierre philosophale aux vertus nombreuses. Dans le monde moderne, et en NBA, puisque c’est ce qui nous intéressé ici, son sens à un contour tout autre.
D’ailleurs, comment peut-on la définir ? Très certainement, qu’on se trouve entre 2, entre une réaction chimique, conservant un côté mystique, car rien n’explique parfaitement les relations humaines et ce qu’elles peuvent générer. Dans le monde du sport et par conséquent de la balle orange, nous sommes face à une sorte d’esprit-collectif qui se forme d’une essence propre au groupe, de connexions entre humains qui soudainement font que 1+1 n’est plus égal à 2, mais comme dirait JCVD fait 11. Lorsqu’un alignement des planètes entre basketteur se forme, et que tout d’un coup, la totalité d’un groupe avance dans la même direction. Nous ne parlons pas ici d’équilibre entre les postes, complémentarité des joueurs, ou d’une équipe suffisamment forte dans ses individualités pour prétendre à tout écraser – après tout, il n’y a pas besoin de victoires pour valider une alchimie, elle sont justes nécessaires pour que la réaction éclate aux yeux de tous.
Justement, en ce début de saison, la notion d’alchimie prend tout son sens du côté de New-York. Non pas que les Knicks marchent sur la concurrence, loin de là, à vrai dire puisqu’à l’heure actuelle, ils affichent un modeste mais non moins surprenant bilan de 10 victoires pour 7 défaites. Mais plus que l’aspect comptable, c’est la manière qui plaît, avec une véritable envie de jouer, gagner. L’énergie que dégage ce jeune groupe est prodigieuse, et de nombreuses séquences transpirent l’envie. Autour du Letton Kristaps Porzingis qui enfile le statut de héro soir après soir, une belle brochette de joueurs prennent le relais. Certains diront que Kristaps baisse en régime depuis quelques rencontres, et que toute l’équipe va en pâtir, mais il continue d’être le leader indétrônable, autour de qui tout s’organise, et nul doute que ce que l’on voit actuellement va faire émerger d’autres joueurs pour le soutenir. Après tout, Tim Hardaway Jr n’est pas le seul susceptible d’avoir des accès de folie.
La sensation que l’on a finalement, malgré leurs erreurs de jeunesse, en dépit de matchs lâchés alors qu’ils les tenaient, c’est que ce groupe vient pour se battre tous les soirs. Et si leur bilan n’est pas bien impressionnant, et que les Knicks de l’an passé avaient aussi bien débuté leur saison pour la suite que l’on sait, l’impression est différente. Ils ne gagnent pas grâce à un surplus de talents et d’individualités, ils arrachent des rencontres par un supplément d’âme.
Les raisons de ces bons matchs pour la franchise New-Yorkaise sont nombreuses, rien qu’en apparence, et sûrement qu’elles sont encore plus nombreuses, invisibles, à les pousser dans le dos. L’une des satisfactions évidentes, est l’esprit combattif de Frank Ntilikina, pas encore au niveau NBA offensivement mais qui donne un élan défensif à toute l’équipe. Alors qu’il avait raté le début de saison, résultant sur 3 défaites, il a participé à un vent nouveau dès son retour, un fait d’arme intéressant et hautement symbolique pour un rookie. En outre, l’équipe peut compter sur des vétérans qui savent mettre leur égo de côté et rester à la place dont l’équipe a besoin. C’est le cas de Jarett Jack depuis son retour, mais également de Courtney Lee qui pourrait être bougon à l’idée de jouer à son âge dans une équipe en reconstruction, mais qui au contraire apparaît enthousiaste au milieu de cette joyeuse troupe.
Alors déjà, tout le monde paraît trouver sa place, et c’est une bonne chose. Mais finalement, la clé semble tout bonnement le plaisir. Dans la continuité des bonnes nouvelles pour les dirigeants, on trouve des déclarations comme celles d’Enes Kanter et Doug McDermott. D’un côté, un ex-Jazz et Thunder, de l’autre un ex-Bull et Thunder. 2 joueurs qui ont pourtant joué dans des équipes à succès sur le terrain, notamment Kanter qui avait un rôle clé chez un prétendant au titre et semblait vivre une grande histoire d’amour avec Steven Adams, autoproclamés “stashbrothers”. Pourtant, peu après un transfert à l’orée d’une saison qui s’annonçait prometteuse à OKC, Kanter apparaît tout sourire sur le terrain, sur le banc ou dans les interviews d’après-match. L’ailier va plus loin et le dit : il ne s’est jamais autant amusé dans une équipe, et mieux, il n’a jamais rien connu de tel depuis son arrivée dans la grande ligue, notamment car l’équipe et extrêmement soudée. C’est dit.
Il est vrai, ce groupe a une fougue certaine, et ce n’est pas leur seul atout, puisque, qui dit bonne ambiance, dit solidarité. En effet, on sent que les joueurs se soutiennent, et on en a eu la preuve avec la bataille médiatique qui a opposé LeBron James à toute l’équipe des Knicks, après que ce dernier voulant égratigner Phil Jackson, ait pris le jeune Frank Ntilikina dans un dommage collatéral annonçant que Dennis Smith Jr aurait du être un Knicks. Réponse dans les médias de Kristaps Porzingis, soutenant l’attachement au frenchie, réponse médiatique et sur les terrains d’Enes Kanter, encore lui, qui prend parti pour son jeune coéquipier après un accrochage avec le King. On est bien loin des joueurs qui laissaient leurs coéquipiers seuls dans la tourmente l’an passé. Une bouffée d’air frais pour le Madison Square Garden qui a défaut d’avoir un prétendant au titre, à une équipe.
En somme, ces Knicks ont su redonner envie à un collectif de jouer ensemble, en leur rendant le plaisir de jouer au basket. Et si finalement, la vraie notion d’Alchimie dans le sport, c’était mettre un groupe dans une situation où un jeu, reste vraiment un jeu ?