Installés à la première place de l’Ouest, les Houston Rockets font plus que répondre aux attentes placées en eux avant le début de la saison. Emmenés par un James Harden éblouissant et un collectif parfaitement huilé, les Texans marchent sur la concurrence en respectant leur identité de jeu. Zoom sur une franchise en pleine lumière, et qui mérite qu’on s’attarde sur elle.
Certains nous ont fustigés pour avoir mis les Rockets 4èmes à l’Ouest dans nos pronostics d’avant-saison. Avant le trade de Carmelo Anthony au Thunder, nous les voyions 2èmes ou 3èmes, à la lutte avec les Spurs. Mais pendant qu’OKC peine à trouver son rythme et à construire une vraie dynamique autour de son Big Three, les Rockets déroulent et impressionnent. Les Spurs, dans le même temps, sont privés de Tony Parker et surtout de leur franchise player, Kawhi Leonard : pas une mince affaire à gérer donc pour les voisins texans. Reste tout de même les champions en titre venant de Golden State niveau concurrence. Pourtant, à ce stade de la saison, c’est bel et bien Houston qui caracole en tête de la conférence Ouest. Alors que les Warriors ont laissé passer quelques matchs en début de saison et semblent parfois jouer en dilettante, les hommes de Mike D’Antoni ont décidé de rouler sur la NBA.
L’arme choisie ? Une attaque de feu, organisée autour d’un génie et de joueurs intelligents, capables de démolir leurs adversaires à coups de tirs assassins. Beaucoup d’adjectifs destructeurs ? Oui, car c’est bien ce que font subir les Rockets à leurs opposants. Si certaines franchises comme les Grizzlies (à deux reprises), les Sixers et les Raptors se sont offertes le luxe de battre Houston, toutes les autres équipes ont subi la dure loi des Rockets. Tout a commencé lors du match d’ouverture, bien sûr, et cette superbe victoire sur Golden State, par la plus petite des marges (122-121).
La blessure de Chris Paul? Pas un problème.
Pourtant, les coéquipiers d’Harden ne partaient pas sur les meilleures bases avec la blessure de CP3. Touché à l’épaule suite à un contact avec Mario Chalmers, le meneur n’était pas à 100% lors du premier match, avant de tenir le banc face aux Kings, pour enfin être écarté des terrains pour plusieurs semaines à cause d’une blessure au genou. L’ancien Clipper vient seulement de revenir à la compétition – nous y reviendrons plus loin. L’indisponibilité de Paul n’a pas perturbé les Rockets, c’est le moins que l’on puisse dire. Pendant son absence, c’est Eric Gordon qui a pris la place de titulaire, laissant évidemment la mène à un certain barbu. Sans lui, ce sont 10 victoires pour 4 défaites et des statistiques offensives dingues qu’affiche Houston. Depuis son retour? 2 victoires en autant de matchs.
Attardons nous quelques instants sur les statistiques de la franchise texane. Houston est la seule équipe, et de loin, à prendre plus de tirs derrière la ligne à 3pts que de tirs à 2pts : 53,3% des shoots tentés par les Rockets le sont du parking. Pour info, les Mavs, seconds, sont à 40,1%. Impressionnant, inconscient même. Et comme on pouvait le prévoir, le mi-distance n’entre pas dans le vocabulaire des joueurs puisque seulement 4% des points sont inscrits dans cette zone. Malgré seulement 35% de réussite du parking (19ème marque de la NBA), les Rockets écrasent tout de même leurs adversaires, car le volume de tir pris derrière l’arc est tellement supérieur que même de moins bons pourcentages ne viennent pas ternir les totaux de points de la franchise, bien au contraire.
Et alors quand ça rentre… On assiste à une boucherie. Comme celle subie par les Suns, qui ont encaissé 90 points en une mi-temps il y a quelques jours. Une telle démolition en première mi-temps, orchestrée par The Beard et ses coéquipiers, la NBA n’en avait jamais vu hormis par… les Suns de 1991, emmenés par Kevin Johnson, Dan Majerle et Tom Chambers. Mais lorsqu’on vous dit que les Rockets dominent nettement leurs adversaires, c’est vrai. La preuve, la franchise présente un +/- global de 8,6, soit le deuxième meilleur chiffre de la NBA, derrière les intouchables Warriors. Si cette statistique peut être expliquée par l’attaque ultra-prolifique des Texans, elle démontre également que leur défense a nettement progressé.
Cette saison, ils détiennent la 9ème Defensive Rating de la ligue (102,6), derrière des équipes réputées pour leurs qualités de ce côté du terrain. Mieux, les Rockets n’encaissent que 104 points de moyenne (12ème meilleure performance) malgré cette attaque de folie. Couplée à la 2ème Offensive Rating (111,3) et à la seconde meilleure moyenne de points (112,6), cela donne une équipe quasi-injouable pour n’importe quelle franchise. Les Grizzlies sont parvenus à les étouffer défensivement à deux reprises en début de saison, mais ont été enfin battus par Harden et ses potes.
“Ses potes”, c’est aussi un terme qui explique ce début de saison à Houston. Le groupe vit bien, et ça se sent. Personne ne tire la couverture à lui, Harden se comporte en leader incontestable et incontesté – on y reviendra -, et les rotations fonctionnent. Les temps de jeu sont équilibrés (8 joueurs à + de 25 minutes et 7 joueurs à + de 10 pts), même si les blessures ont réduit les rotations de Mike D’Antoni. Tout le monde touche la gonfle et l’attaque est partagée entre tempo élevé et demi-terrain, car Houston y est tout aussi à l’aise grâce à l’intelligence de déplacement de ses joueurs. En défense, même si ce n’est pas ce qui se fait de mieux, on est loin de la passoire chez ces Rockets-là. En même temps, il y a du monde sur les ailes avec Ariza, Tucker et Mbah A Moute, tandis que Capela a encore progressé dans sa capacité à défendre le cercle et à intimider dans la raquette. Avec 13.3 points, 11.5 rebonds et 1.8 contres, le pivot a de nouveau amélioré ses stats individuelles et semble s’éclater dans le collectif texan.
James Harden en mode MVP
L’arrière à la célèbre barbe semble avoir passer un nouveau cap cet été. Non content d’avoir terminé deuxième dans la course au MVP la saison dernière, James Harden a remis le couvert cette année avec plus d’application encore. Toujours capable de prendre feu, il apparaît encore plus gestionnaire et patron du jeu des Rockets. Plus précis, plus juste dans ses choix, The Beard régale par son sens du jeu et de la passe. Il est aujourd’hui – oui, nous ne sommes qu’à quelques semaines de compétition – en avance sur ses concurrents pour le titre de MVP, et domine la ligue avec une superbe ligne statistiques (31,6 points – 4,8 rbds – 9,9 passes). Moins que la saison dernière, notamment au rebond, c’est vrai. Mais que l’impression visuelle est encore plus agréable, et c’est tout le collectif des Rockets qui en bénéficie. En point d’orgue, deux performances fabuleuses face aux Pacers et au Jazz.
Contre Indiana, Harden a accompli un match de coéquipier parfait, notamment en première mi-temps. En régulant le jeu des siens, il n’a effectué que des bons choix pour mener Houston à la victoire. Face à Utah, c’est une prestation historique que nous a offert le bonhomme : 56 points à 19/25 au tir, 7/8 de loin, 11/12 aux lancers, 13 passes, et record de points en carrière. Qu’ajouter de plus ? Si ce n’est qu’une telle performance (en 50-10 à + de 75% au tir) n’a été réalisé que par Wilt Chamberlain ? Ou que ce bon James, pourtant à 1 petit point du record de points all-time des Rockets (détenu par Calvin Murphy) à 8 minutes du terme, n’avait absolument aucun état d’âme à rentrer se reposer sur le banc de touche. Quand on vous dit qu’Harden a évolué… Et si l’arrière continue sur ses standards, c’est tout Houston qui va se mettre à rêver d’une 1ère place à l’Ouest et d’une lutte victorieuse face aux Warriors en mai.
Le retour de Chris Paul et d’un effectif au complet
Depuis deux rencontres, Mike D’Antoni dispose enfin de toutes ses armes. Surtout, il a vu revenir son meneur star, dont on espère enfin voir le rayonnement aux côtés de James Harden. Si son temps de jeu est évidemment réduit pour le moment (21 puis 24 minutes), CP3 a fait une bonne rentrée sur les parquets NBA. 11 points et 10 passes face aux Suns pour préchauffer, 17 points et 11 caviars lors de la victoire contre Memphis, Mr. Propre revient tranquillement.
Alors, redistribution des cartes au sein des Rockets ? Certainement, car le temps de jeu des autres joueurs va forcément en être diminué. Mais qu’importe, tous semblent disposés à accepter leur rôle pour le bien du collectif, et la perspective de voir Paul soulager Harden par moment ne peut être que réjouissante. Une répartition de l’organisation du jeu, et même plus de scoring pour le Barbu, voilà ce que peuvent espérer les fans, de même qu’une meilleure défense car Chris Paul est réputé pour ses aptitudes de ce côté du terrain, notamment par sa concentration permanente et sa capacité à couper les lignes de passe. Un leader rejoint par un autre, que demander de plus pour les Rockets ?
Cerise sur le gâteau, le calendrier est plutôt favorable à Houston, dans les jours qui arrivent, avec des rencontres abordables et une absence de back-to-back jusqu’au… 15 et 16 décembre. La voie est libre pour les Rockets, à eux de poursuivre sur leur lancée et de continuer à squatter le sommet de la NBA. En tout cas, ils ont les armes pour flinguer la concurrence.