Pendant que le peuple continue de s’arracher les cheveux (ahaha LeBron, cheveux, vous l’avez?) sur qui est meilleur entre Michael Jordan et LeBron James, je me suis rendu compte en lisant les arguments et surtout les contre arguments qu’on avait finalement jamais vraiment donné la parole aux haters de LeBron.
Certains le savent, mais je suis un assidu supporter des Cavs et par extension de LeBron, donc vous imaginez bien le bordel qu’il doit y avoir dans ma tête pour me dire un beau matin : “Tiens si j’écrivais sur les haters de LeBron”. Plutôt que de sortir l’averaging de ce qu’on peut lire sur le net sur le sujet, j’ai lancé un morceau de viande imbibé du sang du King sur la place public Twitter en essayant d’appâter le vilain rageux dans mes filets. Pour se faire j’ai demandé à une dizaine de ces braves de répondre à un petit questionnaire pour tenter de comprendre pourquoi il détestait le 23 de l’Ohio ainsi que quelques questions sur leurs profils de fans de basket. Voici le questionnaire qu’ils ont rempli (si vous voulez vous exprimer dans les commentaires, allez-y!)
- A combien noterais-tu sur 10 ta haine envers LeBron ?
- Il y a-t-il un moment précis qui t’as fait prendre conscience de ta haine envers lui ? En gros, quand est-ce que ça a commencé ?
- Quel est le moment où LeBron t’as le plus énervé ?
- LeBron est-il plus énervant sur le terrain ou en dehors ? Ou les deux ? Dans tous les cas, peux-tu développer ta réponse ?
- Il y a-t-il un autre joueur que tu détestes et pourquoi lui ?
- Où situes-tu LeBron dans les meilleurs joueurs all-time ?
- Quelle est la plus grande qualité de LeBron sur et en dehors des terrains ?
- Quel est le pire défaut de LeBron sur et en dehors des terrains ?
Ton profil de passionné de basket :
- Quelle franchise supportes-tu ?
- Quel est ton joueur préféré all-time ou actuel ?
- Ton âge ?
- Depuis quand suis-tu la NBA ?
Avant que je rentre plus en profondeur dans le sujet à proprement parlé, vous me direz que 10 personnes, ce n’est pas représentatif d’une communauté. C’est vrai, mais d’une certaine façon, vous allez voir que c’est déjà pas mal pour une raison assez simple.
1 ) Les familles de haters :
Oui car devant le pouvoir obscur de la Force, on est pas tous égaux et on est pas tous venus pour les mêmes raisons. Alors, qui déteste LeBron ?
- Les fans des Warriors : oui on y pense assez souvent en premier puisque c’est la raison la plus fraîche. Après le sacre de 2016 et les plaisirs de 2015 et 2017, celui qui symbolise le mieux les Cavs c’est bien sur LeBron. Pas Kyrie qui planta pourtant le Larry O’Brien en plein coeur de la Baie avec son célèbre 3pts sur Curry. On le considère comme le sympathique petit meneur fantasque vegan de James, qui lui est bien le vrai méchant. En gros, pas le gars qui fait peur quand ça va partir en baston l’Oncle Drew. Bien entendu il est tout naturel pour les fans des Warriors de vouloir mettre le cyborg à terre, lui faire plier le genou, lui faire dire “J’ai perdu, ils sont plus fort que moi”. Rien que de le lire, certains ont sûrement dû avoir un frisson de plaisir.
- The Decision : On va pas se mentir c’est la cause numéro 1 chez beaucoup et si film il y a sur la vie de LeBron, ce sera un passage à ne manquer sous aucun prétexte. Alors on va pas revenir encore et encore sur l’été 2010 où le King monte carrément une émission de TV pour expliquer où il jouera l’année d’après et tous les déçus qui pensaient l’accueillir dans leurs équipes (oui, une partie des haters a été créée ce soir-là non pas pour le principe, mais pour la non-venue dans leur franchise). Fait intéressant, pas mal des gens qui m’ont répondu ne suivaient pas la NBA au moment des faits… C’est tout de même assez fou de constater que le moment où LeBron les a le plus énervé ou a commencé à le faire n’existe dans leurs têtes que via des infos qu’ils ont eu après coup. Vous me direz que ça ne change pas grand chose, mais cela ne tient pas la route quand même. Souvenez-vous tous d’un événement marquant (que ce soit basket ou pas) que vous avez vécu en direct: le souvenir est toujours beaucoup plus marquant que si on vous l’a raconté non ?
- Ceux qui lisent les interviews : LeBron James adore ça, répondre aux questions des journalistes. Il en joue et aime faire passer une tonne de messages au travers de celles-ci. C’est d’ailleurs assez étonnant de trouver si peu de travaux sur le net traitant de ce sujet. La communication de LeBron : pour pas mal des haters interviewés c’est son pire défaut, celui qui entretient la flamme du brasier qui brûle de rage pour lui. Manipulation de la ligue, tentative de déstabilisation, règlement de compte, il a tout fait en calculant chaque mot pour qu’ils résonnent de manière assourdissantes dans les murs de celui, celle ou ceux qu’ils concernent. Une façon de tenter de dominer avant d’arriver sur place. Bien sûr, et même pour ses plus grands fans, cela doit être énervant à la longue de le voir donner son avis sur tout ce qui se passe dans la ligue. Ce comportement de capo de mafia qui juge et surveille tout en permanence est du pain béni pour les journalistes et très tôt James a dû faire face à des micros et caméras. C’est sans doute pour cela aussi qu’il maîtrise si bien sa communication et que l’on parle pendant une semaine d’une simple phrase de Bronbron. Dans son langage verbal et non-verbal, je mets aussi sa façon de jouer avec le trio arbitral soir après soir. Replaçons quelques vérités avant de démarrer: avec son jeu, sa stature, sa vitesse, LeBron prend énormément de fautes (sifflées et non-sifflées) mais au-delà de sa verve à râler sur chaque contact ou ses “and one” qui fusent avant même d’absorber le premier choc, c’est son attitude non-verbale avec les refs qui est simplement dingue. LeBron encourage le trio avec des regards plein d’amour, il les désapprouve avec le même regard que vous utilisez lorsque vous découvrez une bêtise que votre chiot vient de faire et enfin il leur lancent des regards lourds quand ils dépassent les bornes, quand ils doivent faire mieux. Il traite les arbitres comme ses coéquipiers, comme des membres de son équipe. Ce qui est génial tactiquement et horripilant tout court. Mais les faits sont là : la prochaine fois que vous verrez LeBron en match, pensez à regarder son comportement non-verbal avec ses coéquipiers et le corps arbital. Un régal pour un comportementaliste.
- Les fans de Kobe : Autre joueur et autre période dominée par un joueur emblématique. C’est sans doute la catégorie que je comprend le moins. Est ce que leur champion a été remplacé dans le coeur des fans par LeBron? Est ce parce que les joueurs se sont côtoyés de près sur les parquets? Est ce que ça a nuit à la carrière du Black Mamba? On ne sait pas surtout qu’il n’y a jamais eu de confrontation importante en carrière. Une finale perdue, j’aurais pu comprendre mais là c’est le mystère.
- Ceux qui le voient partout, tout le temps : oui en plus de ne pas l’aimer, LeBron est partout! Tout le monde parle de lui, tout le monde relaye les infos le concernant, tout le monde regarde les highlights ou les top 10 dans lesquels il figure souvent et ça aussi, ça énerve beaucoup les gens. Mais en même temps, comment faire autrement à l’heure des réseaux sociaux qui sont en pleine bourre? N’importe qui peut ouvrir une chaine Youtube demain et avec un minimum de connaissance en logiciel et matériel (de plus en plus intégrés à la plateforme directement) et faire des mixtapes, des vidéos analyses, des hymnes à la haine,… et pour que ça marche, qui on prend? Ben oui James. C’est la 1ère superstar (genre top 10 all-time hein) à vivre la majorité de sa carrière et surtout son prime en pleine ère des réseaux sociaux. Avant, on avait les organes de presse majeures et quelques TV pour voir nos idoles et la rareté fait qu’on avait simplement pas le temps ou l’envie d’être saoulé par leurs présences. On était bien trop content de pouvoir les voir. Là, on a 5/10 matchs par soir, toutes les interviews, les analyses de pros et amateurs, des rediffs, des résumés, l’actualité en temps réel quasiment à la seconde… Pour le fan, c’est évidemment formidable, mais tout cela a un solide revers de médaille : on sait tout, tout le temps et sur tout le monde. Votre jeu est passé comme jamais à la loupe par les dizaines de caméras ET milliers de smartphones qui gravitent autour des joueurs en permanence. Ce qui devait être une avancée, sera peut être un jour un fléau, qui sait…
- Ceux qui l’aiment pas mais bon il est quand même fort : La 5ème des 7 étapes du deuil est la résignation. On sent chez certains un agacement bien vivace, et puis chez d’autres une perte au fil des années. On fini par admettre que le gars est quand même un super casse-couille mais aussi un super joueur. On est devant les lignes de stats en carrière et petit à petit, on va de temps en temps voir sur le NBA Store pour voir s’il n’y a pas une promo qui traine sur un maillot de LeBron, au cas où. On attend l’étape 6 du deuil de sa haine : l’acceptation. Là où on va se dire dans 5/10 ans “Putain LeBron c’était quand même cool d’avoir pu le voir jouer en vrai” et on finira probablement sur la 7ème et dernière étape : la reconstruction. Cette caste de gens ne sont pas vraiment des haters mais plus des gens qui ont un problème avec ce que LeBron peut être dans ses excès.
- Ceux qui ont un soucis avec les fanboys : probablement la plus grande guerre que j’ai connu dans ma vie après l’époque Super Nintendo vs Megadrive des années 90. On a l’aveuglement comme point commun pour les deux camps et on s’insulte en boucle sans que ça fasse avancer le débat plus loin que ça. James n’est pas le seul responsable de ses haters, il y aussi ceux qui le défendent bêtement sans réfléchir. Il y a des choses à reconnaître dans les travers de LeBron et tant que cette fange de sa communauté ne le comprendra pas, les rangs de l’ennemi grandiront encore et toujours pour respecter l’équilibre dans l’univers entre le “bien” et le “mal”
- Les die hard : je n’en avais qu’un seul dans mon cheptel. Là, il s’agit du trou noir qui aspire tout le positif pour en faire du rien. Si LeBron trouve le remède contre le cancer demain, pour lui ce sera toujours le même connard qu’hier. Pas de changement à l’horizon, il est le ying du yang des fanboys tout en les détestant.
- Divers : il y a des choses plus exotiques aussi, comme son dunk sur le joueur de l’Angola, les supporters des Spurs (Dieu merci c’est Ray Allen qui a pris le shoot miraculeux), les défenseurs de Kevin Durant qui remettent les superteams sur LeBron, et quelques autres joyeusetés.
2) Les qualités de LeBron que reconnaissent ses haters
- Sur le terrain : sa combativité, sa capacité à jouer chaque poste, son QI basket, sa capacité à impliquer tout le monde.
- En dehors : sa communication (paradoxe quand tu nous tiens), ses engagements politiques, son implication dans la communauté.
LeBron est un joueur qui touche à tout sur et en-dehors des terrains. Si ça en énerve plus d’un, paradoxalement on retrouve d’un hater à l’autre des points communs entre ce qui énerve et ce qu’on lui reconnait comme qualité. James a réussi à créer ce paradoxe en multipliant ses rôles dans différents domaines et sujets. A l’instar de ce qu’il fait sur un terrain, sa communication en est sortie grandie au point d’être saluée par ses détracteurs, du moins en partie.
Je parlais plus haut du fait que certains haters ne suivaient pas la NBA au moment où se sont déroulés les événements qui les ont poussés à détester LeBron, c’est en grande partie dû aussi à cette communication qui laisse des traces dans la presse et aux sites spécialisés qui rabattent pour certains sans arrêt la même machine à preuve que LeBron est comme-ci ou comme-ça, ressortant sans arrêt ses déclarations, parfois hors de leurs contextes initiaux. On a même des exemples de personnes qui analysent la NBA et qui sont des haters de LeBron assumé : on peut se demander si ce genre de comportement ne déforce pas la crédibilité des propos ou encore à quel point cela influence l’esprit de certains lecteurs ou auditeurs, non pas pour des idées et goûts personnels, mais pour faire comme le gars qu’on aime bien “à la TV”.
3) Fun fact
Dans les autres joueurs que les haters de LeBron détestent, devinez qui on retrouve? Westbrook et Durant. Si le second est facile à comprendre de part la similarité avec LeBron dans sa quête assoiffée d’une bague, le premier marque là-aussi un joueur qui a dominé de la tête et des épaules les stats la saison passée comme LeBron a pu le faire, et le fait encore aujourd’hui pas si mal que ça. Il représente aussi le type de joueur qui tire la couverture sur lui. Russell l’a fait sur la terrain, James en déclaration. Mais au fond pourquoi tant de haine vis-à-vis de ceux qui brillent? Pendant que l’Amérique glorifie la réussite, pourquoi cherchons-nous à lui latter la tronche?
4) Conclusion
L’un des haters a pris en exemple d’autres grands sportifs pour expliquer que ceux-ci se comportaient mieux que LeBron. Pourtant, eux aussi tirent derrière eux des charrettes de haineux. Prendre cela en exemple est un bon moyen de se rendre compte du problème fondamental du hater : aimer simplement voir le plus fort chuter. Le voir se rendre compte qu’il n’est pas aussi fort qu’il le croit. David contre Goliath. On cherche en permanence à assassiner le roi (au sens figuré bien entendu). On aime voir le gars plein de confiance se ramasser la tronche comme le dernier des losers.
C’est humain de vouloir se dire que tout le monde est humain, qu’il n’y a pas de super-pouvoir et que ceux qui sont amenés à monter tout en haut sont priés de redescendre tout en bas le plus vite possible afin de rejoindre le rang. C’est tout aussi humain de vénérer sans tenir compte d’un autre paramètre que l’amour que l’on porte à son idole. Tout ça est humain et donc comme bien souvent con. Con parce que le monde a besoin de ces êtres exceptionnels pour nous faire voir qu’un simple humain peut réaliser de grandes choses et que nous ne sommes pas bêtement destinés à errer sur Terre une septantaine d’années avant de disparaître dans l’anonymat le plus total.
Au final, je ne sais pas si le pur hater l’est même à 100% car une partie de lui sait quand LeBron prend sa battue des 2 pas (bon parfois 3) qu’il va vivre un petit moment de bien-être que chaque fan d’un sport ressent, un petit feu d’artifice, une mini-apothéose d’un mouvement parfait qui atteint son paroxysme. Et même s’il ne l’aime pas, un gros tomar de LeBron c’est toujours bon à prendre.
Je ne vais pas finir avec un message “aimez-vous les uns les autres” parce que ça ne servira à rien mais juste en remerciant ceux qui ont eu le cran et pris le temps de m’aider à co-écrire cet article : mes lect-haters. Allez, viens copain, on va boire une bière et tu vas encore me raconter pourquoi LeBron c’est un connard.