Le titre peut sembler osé pour certains. Pourtant, c’est bien l’objectif affiché par Houston après une intersaison pour le moins agitée. Après une saison marquée par le retour de ses Rockets aux sommets de l’Ouest (3ème, 55 victoires), Daryl Morey souhaite poursuivre l’ascension. Pour cela, le GM n’a pas fait dans la demi mesure cet été. Car quelques jours seulement avant l’ouverture de la Free Agency, Houston a mis la main sur l’un, si ce n’est l’agent libre le plus courtisé : Chris Paul.
Mais revenons tout de même à ce qui s’est passé la saison passée. Exit Dwight Howard, dont les relations avec le vestiaire s’étaient sérieusement dégradées. Son entente avec James Harden n’a jamais vraiment fonctionné, et les Rockets ont décidé de passer à autre chose. Exit Bickerstaff également, et arrivée de Mike D’Antoni au coaching. Du Run and Gun à Houston? Absolument, et pour coller parfaitement à cette philosophie, les dirigeants ont mis le paquet sur les snipers. Harden à la mène, la renaissance d’Eric Gordon dans un rôle de 6ème homme (de l’année d’ailleurs), et une saison pleine qui s’est achevée face aux Spurs au second tour des Playoffs (Con los besos d’El Manu).
Mais les promesses d’un bel avenir sont là. Alors forcément, le front office a vu grand, très grand, et est parvenu à attirer CP3 dans ses filets. Le début d’une histoire d’amour entre Paul et Harden ? En tout cas, les deux souhaitaient jouer ensemble et ont tout fait pour, et dans les règles de l’art s’il vous plait. Houston a donc sacrifié une bonne partie de son roster pour récupérer le meneur dans le cadre d’un sign-and-trade. Beverley, Dekker, mais aussi Lou Williams et Montrezl Harrell, entre autres. Pas une mince contrepartie donc, mais le coup est retentissant et surtout inattendu.
Seulement, les dirigeants ne se sont pas contentés de ce mouvement. Également actifs lors de la free agency, les Rockets ont obtenu les signatures de Luc Mbah A Moute (en provenance… des Clippers), P.J. Tucker, ou encore Tarik Black. De très bons coups donc, notamment sur le plan défensif, qui pouvait faire défaut à Houston l’an passé.
Enfin, la franchise a réaffirmé sa confiance en James Harden, second aux votes du MVP, qui a prolongé son contrat pour un montant proprement hallucinant de 228 millions de dollars sur 6 ans (la dernière année de son contrat + une extension monstrueuse). Leur star verrouillée et Chris Paul arrivé, les dirigeants doivent désormais faire des choix de riche, en sacrifiant certains hommes pour boucler leur effectif.
1- Le roster et les finances
PG : Chris Paul – Demetrius Jackson – Isaiah Taylor
SG : James Harden – Eric Gordon – Tim Quarterman
SF : Trevor Ariza – P.J. Tucker – Troy Williams
PF : Ryan Anderson – Luc Mbah A Moute – Shawn Long – Qi Zhou
C : Clint Capela – Luis Nenê – Chinanu Onuaku – Tarik Black
Du changement donc dans le roster des Rockets, mais les racines sont toujours là. Harden prolongé, Gordon, Capela, et Anderson ont été conservés. Mais surtout, les dirigeants sont parvenus à ne pas inclure Trevor Ariza dans le trade pour Chris Paul. Maillon essentiel de l’effectif texan grâce à son profil de 3&D, l’ailier sera bien présent à la reprise des Rockets. Avec les arrivées de Luc Mbah A Moute et de P.J. Tucker, Houston a ajouté un peu de shoot et surtout de la viande sur ses ailes. Le poste 4 sera toujours occupé par Ryan Anderson. Le sniper, officieusement devenu indésirable à cause de son contrat (17M par an, 3 saisons restantes), n’a pas encore été refilé dans le cadre d’un trade. Souvent cité dans les rumeurs liées à Melo, il va donc finalement rester dans l’effectif suite au trade de ce dernier. Pour occuper la raquette, Capela sera toujours le pivot titulaire. Dissuasion et décollage au plafond sont au programme pour Clint, qui sera secondé par Nenê. Un profil toujours utile en sortie de banc pour amener du bois.
Mais comment ne pas évoquer le backcourt? L’arrivée de Chris Paul évidemment, la prolongation d’Harden déjà mentionnée, et bien sur la présence de Gordon. Suffisant pour assurer la rotation sur la base arrière? Parce que derrière… C’est plus ou moins le désert. On est au Texas, logique. Quoiqu’il en soit, la venue de CP3 amène de nouvelles dimensions et surtout de nombreuses possibilités à Mike D’Antoni. On attend forcément beaucoup de son association avec le barbu sur les lignes arrières. Paul est une superstar, le meilleur meneur de la Ligue pour beaucoup, et sa signature ne peut qu’amener un plus à cette équipe. Cependant, il est essentiel de préciser que le contrat du meneur ne court que sur un an, suite à sa prolongation dans le cadre du sign-and-trade avec les Clippers. A l’issue de cette saison, CP3 pourrait donc déjà lever l’ancre, si d’aventures la sauce ne prenait pas avec son copain barbu.
Pour compléter le roster, des joueurs de complément sur tous les postes. Les Rockets comptent d’ailleurs 17 joueurs à ce jour, deux de trop donc.
2- Le coaching/style de jeu
C’est bien là que se trouve la plus grande interrogation. L’association Paul-Harden, sur le papier, ça a de quoi faire baver. Mais sur le parquet? Comment harmoniser le duo, d’autant plus au sortir d’une saison dans le rôle de meneur pour le Barbu, avec un succès étincelant? Avec la balle en main et le tempo ultra rapide de coach D’Antoni, il a franchi la barre des 11 passes de moyenne, surpassant de près de 4 unités sa meilleure marque jusqu’alors. Il fut au passage le meilleur passeur NBA. Dès lors, comment faire cohabiter ces deux excellents passeurs ? On connait également la tendance d’Harden à perdre des ballons en masse (5.7 par match, plus mauvaise moyenne NBA). Des mots absents du vocabulaire de CP3. Réputé pour sa propreté et sa gestion du tempo, l’ancien Clipper devrait porter la balle, et Harden jouera sûrement plus de catch and shoot. A priori, le n°13 aura de toute façon des séquences au poste de meneur, étant donné le manque de profondeur d’effectif sur la ligne arrière, dont Eric Gordon sera le 3ème larron. Quoiqu’il en soit, les deux hommes vont devoir partager la gonfle. Imaginez si Melo avait débarqué dans le Texas.
Finalement, c’est le seul véritable point de réflexion pour Mike D’Antoni. Car pour le reste, on garde les mêmes bases. Du shoot, de la vitesse, et de la viande à l’intérieur. Gordon, Ariza, Anderson, le parking est plein comme un jour de soldes. La perte d’Harrell est compensée par la venue d’Mbah A Moute amène également de la défense, en offrant la possibilité de relayer Anderson au besoin. D’autant que la défense des Rockets n’était pas ridicule (17ème au defensive rating). Ils ont certes perdu Pat Beverley, mais Chris Paul est un solide défenseur. Il devrait même être possible de continuer à cacher Harden entre CP3 et Ariza. Attention cependant au manque de shoot à mi-distance, préjudiciable la saison dernière. Lorsque l’adresse n’est pas là, Houston ne peut compter que sur les drives au cercle, menés principalement par Harden. Paul devrait permettre une amélioration sur ce point, suffisant? Étonnement, les Rockets semblent avoir équilibré leur effectif, et se sont armés d’une superstar, tout en collant à la philosophie D’Antoni. Le secteur intérieur est fourni, même si les atouts ne sont pas là. Pas de mains soyeuses et de toucher, mais Capela doit saliver depuis juillet en s’imaginant écrabouiller les arceaux avec toutes les passes aériennes de Paul et Harden.
Du jeu rapide, du shoot et une défense honnête, voilà les ingrédients dont les Rockets auront besoin pour mener leur barque à l’Ouest.
3- Les perspectives
Si tout va bien
L’association Paul-Harden fait des merveilles, et cohabite à la perfection. Les autres joueurs se régalent de leurs caviars et des espaces offerts pour sanctionner du parking, et les grands font les poubelles avec efficacité. L’adresse est au rendez-vous, la défense tient, et les Rockets surpassent leurs concurrents à l’Ouest. Ils passent devant les Spurs, ont besoin de moins de temps d’adaptation que les Wolves et leurs voisins de l’Oklahoma, et se prennent à rêver de taper les Warriors.
Si tout va mal
L’arrivée de CP3 impacte lourdement le rendement du barbu. Le duo ne fonctionne pas, ne s’entend pas sur le parquet, et c’est tout le collectif texan qui est pénalisé. Le ballon tourne mal, les shooteurs sont bridés, et le rythme élevé perméabilise la défense. Houston échoue au pied du podium ou pire, perdant au passage l’avantage du terrain à l’heure d’attaquer les Playoffs. Surtout, Chris Paul arrive en fin de contrat et ne souhaite pas prolonger l’aventure. L’idée de rejoindre ses potes du Banana Boat devient réalisable, et le meneur repart comme il est venu, laissant les Rockets dans un sacré bordel.
Pronostic: 4eme à l’Ouest, et un bilan de 53 à 58 victoires.
Chez QiBasket, on fait donc confiance à CP3 et Harden pour s’entendre et former un duo explosif et quasi indéfendable, et atteindre les sommets de l’Ouest sans trop de problèmes. Attention tout de même aux autres écuries, mais l’association de ces deux joueurs de génie, intelligents et collectifs ne peut que fonctionner selon nous.
L’avis de @RocketsnationFr