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Après des années à faire tenir contre vents et marées un mariage malgré tout bien compliqué, le divorce a finalement été prononcé ce 23 septembre 2017 entre Carmelo Anthony et les New York Knicks.
L’union entre Melo et la Big Apple avait tout du mariage parfait à l’origine: des fiançailles fastueuses (pas moins de 13 joueurs impliqués dans l’échange entre Knicks et Nuggets) et des noces célébrées en grande pompe (comment oublier la présentation de Melo lors de son premier match avec les Knicks ?) ressemblaient plus à un présage d’une vie longue et remplie de bonheur qu’à une histoire de “je t’aime moi non plus” et à un divorce aux faux airs de tragédie. En même temps, quand les beaux parents se nomment James Dolan et Phil Jackson (même si ce dernier est arrivé un peu plus tard), ça devient de suite assez compliqué.
Carmelo Anthony est donc enfin parti des Knicks. Triste fin pour une association qui s’annonçait glorieuse. Que vont devenir les Knicks ? Quid de l’énorme pari fait par Sam Presti cet été ? Melo peut-il renaître de ses cendres ? Pourra-t-on revoir l’incroyable scoreur de l’époque Nuggets ? Peut-il faire franchir un palier au Thunder ?
Tant de questions, aucune véritable réponse mais quelques éléments plus ou moins tangibles. Tâchons d’y voir plus clair.
1- Enfin une bonne décision du côté de Gotham ?
Le front office des Knicks espérait-il vraiment récupérer quelque chose d’intéressant en échange de Melo ? En refusant l’offre des Rockets, ils ont clairement fait comprendre qu’ils ne voulaient en aucun cas plomber le futur de la franchise avec de gros contrats.
Sommé de donner un plan B ET un plan C à sa franchise, l’ailier 10x All-Star a indiqué qu’à défaut de pouvoir aller à Houston, il accepterait de renoncer à sa clause de non-transfert pour aller soit à Cleveland soit à Oklahoma City et pas à Portland comme certains ont pu l’évoquer.
Cleveland ne proposait visiblement rien de bien intéressant (de ce qui a filtré, ils se contentaient de matcher les salaires avec un package autour de Frye-Shumpert) et c’est donc logiquement que New York a refusé.
En acceptant l’offre du Thunder, qui incluait donc Kanter, McDermott le second tour de draft des Bulls 2018, les Knicks ont vraisemblablement accepté l’offre la moins mauvaise.
Pour analyser ce trade même de manière brute, il faut constater deux choses simples: Le départ de Melo était inéluctable, et pour que les Knicks puissent repartir sur de nouvelles bases et enfin tourner la page, il fallait vraiment qu’il parte. Certes Enes Kanter a une player option à 18M pour l’année prochaine (qu’il va probablement activer) et il va falloir payer McDermott.. Mais dans l’immédiat les Knicks n’ont aucun objectif. La reconstruction demandera plusieurs années et rien dans l’offre du Thunder ne risque d’empêcher le front office des Knicks de manœuvrer. Bien que la contrepartie soit en apparence dérisoire, les Knicks ont fait le bon choix.. Bien que le moins qu’on puisse dire c’est que ça ne se pressait pas au portillon pour tenter de récupérer la désormais ex-star des Knicks… qui sera en contract year l’année prochaine ! Couplée à l’arrivée de Paul George, lui aussi en contract year, du côté du Thunder ce move ne s’apparente-t-il pas à un véritable tapis de la part de Sam Presti ?
2- All-in de la dernière chance ou prise de risques inconsidérée ?
Paul George, Carmelo Anthony, Russell Westbrook (pour l’instant). Les noms des joueurs en contract year sont pour le moins hyper flashy du côté du Thunder. Dans l’absolu, le Thunder peut se retrouver complètement à poil l’année prochaine… Mais c’est quand même nettement à relativiser.
Écartons de suite le dossier Westbrook: il n’a pas encore signé sa super extension (Environ 220M de dollars sur 5 ans) et bien que cela ne devrait vraisemblablement pas tarder ce n’est pas le sujet dans le cas d’espèce.
En revanche, pour ce qui est de PG et Melo, les deux n’ont strictement aucune attache à Oklahoma City et peuvent parfaitement aller voir ailleurs à la fin de cette saison. Les deux ont une player option qu’ils peuvent décliner. Celle de PG n’est que de 20M (donc peu intéressante au vu du marché) mais celle de Melo se monte à 28M… Somme qu’il n’aura très vraisemblablement jamais ailleurs. Cela ne semble être qu’un détail, mais c’est là que Sam Presti démontre toute son habileté: en ayant une offre démentielle à proposer à Westbrook plus la possibilité de continuer à forger sa legacy et même de remporter une bague, une player option intéressante pour Carmelo Anthony… Cela permet non seulement de jouer le titre dès cette année mais en plus à moyen terme d’envoyer un signal à Paul George en lui garantissant de manière quasi certaine une grosse équipe pour quelques années.
Le GM du Thunder prend évidemment un gros risque en ayant toutes ses stars libres en 2018, mais non seulement ce risque est calculé comme expliqué plus haut… Mais en plus il n’a vraiment rien coûté ! Paul George et Carmelo Anthony contre Serge Ibaka en contract year (contrepartie d’Oladipo-Sabonis qui ont été envoyés à Indiana), Enes Kanter et Doug McDermott… Même si George comme Anthony sont en contract year, le coût est tellement dérisoire qu’il en est même carrément indécent ! Ah et tiens, les deux sont venus via trade. Ce qui signifie que le Thunder pourra dépasser le cap pour resigner ses 3 stars (grâce aux Bird rights). Dans le plus grand des calmes. Le moins qu’on puisse dire c’est que le nom du futur Executive of the Year est déjà connu.
Il n’y a pas grand chose à ajouter sur ces considérations purement contractuelles. Passons maintenant au gros du dossier: la potentielle renaissance de Carmelo Anthony… Et des Knicks ?
3- Melo à la conquête de l’Ouest !
Rapidement sur les Knicks: la page est enfin tournée et l’addition des salaires d’Enes Kanter et Doug McDermott se monte à plus de 20M de dollars. Avec ce transfert, Kristaps Porzingis devient officiellement le visage de la franchise et le front office aura un peu de marge cet été pour pouvoir mieux l’entourer. La reconstruction peut enfin commencer pour de bon du côté de New York. Un nouveau départ sur des bases saines, cela faisait bien des années que cela n’était pas arrivé à Gotham.
Parlons maintenant de l’ancien chouchou du Madison Square Garden et de sa nouvelle équipe.
On a souvent dit de l’ex star des Knicks que ce n’est pas un franchise player, qu’il n’a pas la mentalité d’un leader, que son destin est celui d’un soliste magnifique et non d’un vainqueur qui accumule les triomphes… Le débat est ouvert entre les fans mais sur le terrain il est aujourd’hui clos. Pour une raison simple: Carmelo sera la 3e option offensive du côté du Thunder.
Déchargé de la création, associé à deux joueurs en plein dans leur prime qui vont attirer l’attention des défenses tels deux énormes aimants… Pourquoi ne pas imaginer qu’on ait droit à d’énormes cartons de la part de l’ancienne star des Knicks ? Voire à quelques flashbacks de ses plus belles années ?
Là où ça devient très intéressant, c’est qu’il est notoire, notamment via tout ce qu’on a vu avec Team USA que Melo n’est jamais si dangereux que quand il est bien entouré et qu’il a des espaces. Le Thunder n’est en aucun cas Team USA, c’est certain, mais quand même, le moins qu’on puisse dire c’est que dans un rôle de pur finisseur ou de démolisseur de banc adverse il y a de très fortes chances que l’on assiste à un véritable carnage.
De là à faire tomber les invincibles Warriors ?
Sur le Thunder en lui-même, si l’on fait abstraction de la toute fin de l’ère Durant et Westbrook… Eh bien on se rend compte que jamais au grand jamais le Thunder n’a eu un Big Three aussi mature, expérimenté et prêt à disputer d’énormes séries de playoffs. Le trio (qui aurait pu devenir légendaire) composé de Durant, Westbrook et Harden était beaucoup trop jeune pour affronter un LeBron James déchaîné et au sommet de son art il y a de cela déjà 5 ans. De plus, sur le plan des profils, un meneur unique en son genre comme le Brodie associé à un ailier capable de tout faire et à un des plus incroyables scoreurs de l’histoire de la NBA (même si évidemment vieillissant et ayant déjà 33ans).. OKC a quasiment l’assurance que les paniers vont pleuvoir. La seule véritable question sera comment faire tourner cette équipe collectivement et par ricochet comment faire tenir l’édifice en défense.
Par rapport aux Warriors, pour cette année ce sera sans doute quasi mission impossible car cela prend beaucoup de temps d’avoir la continuité et le jeu collectif très bien huilé qui caractérisent les hommes de Steve Kerr. Sur le talent brut, évidemment qu’on peut discuter, mais la conversation portera bien plus sur des espoirs de victoire que sur des chances de victoire… Quand bien même ils aient déjà été à un cheveu de les faire tomber il y a de cela deux ans. Car il ne faut pas oublier ce léger détail: les Warriors ont remplacé Barnes par Durant. Et pour faire tomber une équipe composée d’un top 3 meneur (minimum), le meilleur arrière de la ligue, le 2e meilleur ailier et l’un des meilleurs ailier fort.. Qui en plus compilent un titre de DPOY et 3 titres de MVP… Qui plus est jouant un basket quasi parfait avec un nombre de passes décisives jamais vu dans l’histoire NBA ? Et secondés par des role players parmi les meilleurs de la NBA comme Shaun Livingston et Andre Iguodala ? Il faut bien se rendre à l’évidence: ces Warriors sont pour le moment beaucoup, beaucoup, beaucoup trop loin, ce pour toutes les équipes de la ligue et à moins d’un exploit de la part d’équipes comme OKC, Houston ou Cleveland le trophée Larry O’Brien restera dans la Baie.
Sur le moyen terme en revanche, si Billy Donovan arrive à créer un vrai fond de jeu, à insuffler une âme à cette équipe, à trouver une vraie complémentarité entre ses 3 stars et à bien faire tourner la balle, là on pourra commencer à parler d’aller chercher les Warriors. Pour le moment c’est beaucoup trop tôt, surtout avec des joueurs clés dont la compatibilité sur le terrain est loin d’être évidente.
Finissons cette analyse avec le cas Carmelo Anthony. Le N°3 de la draft 2003 est à la croisée des chemins: S’il veut redorer son blason et conclure sa carrière avec panache (et peut-être une bague), il faut qu’il prouve qu’il peut faire franchir un palier au Thunder. Prouver que dans un rôle de pur finisseur où il n’a pas à être le leader, où il n’a plus qu’à laisser son immense talent de scoreur faire le travail, il peut encore faire mal. Et vu à quel point son passage aux Knicks a été décevant malgré des débuts de rêve, c’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Carmelo Anthony va regoûter aux Playoffs pour la première fois depuis… 2013. On lui souhaite que l’histoire soit différente cette fois-ci, car oui, Melo est un futur Hall of Famer qui mérite d’avoir une fin de carrière digne de ce nom et surtout digne de lui et du joueur qu’il a été.
Carrière relancée avec panache ou triste fin pour Carmelo Anthony ? Wait and see en attendant; car ce n’est que sur le terrain, a fortiori en playoffs, que tout sera révélé.