Si l’on devait imager la saison 2016-2017 des Wizards, on pourrait la comparer à ce que les fans du foot aiment appeler « La Remontada ». En effet, Washington a connu un début de saison catastrophique et n’a jamais fini de progresser et rattraper son retard : 14ème en Novembre avec 6 défaites pour 2 victoires, 12ème en Décembre avec un bilan presque équilibré (17 victoires, 19 défaites), puis 5ème en Janvier avec un bilan tout juste positif, 3ème au break du All Star weekend, et enfin 4ème à la fin de l’année avec un bilan honorable de 49 victoires pour 33 victoires. Scott Brooks et son équipe ont, durant cette saison 2016-2017, montré à l’ensemble de la conférence Est qu’ils étaient enfin prêts à faire partie des meilleures équipes de la conférence. Et ceci, ils l’ont encore plus prouvé durant les playoffs. Il est vrai, malgré la défaite et l’élimination en demi-finales de conférence face aux Celtics, les Wizards ont montré de très belles choses. Dès lors, pour cette saison 2017-2018, l’objectif des joueurs de la capitale est clair : Atteindre enfin les finales de conférence et confirmer leur statut de premiers outsiders derrière les deux favoris que sont Boston et Cleveland. Mais auront-ils l’équipe qu’il faut pour y accéder ? Le banc, qui a été le gros défaut de la saison dernière a-t-il été renforcé ?
1 – Le roster & l’état des finances
Cet été, le président des opérations basket de Washington Ernie Grunfeld a décidé de ne pas tout chambouler et simplement ajuster l’équipe avec de petits changements. Au total, on compte 6 départs pour 6 arrivées. Tout d’abord, on note les départs de Bojan Bogdanovic (direction les Pacers pour un contrat de 2 ans), Marcus Thornton, Andrew Nicholson (Trail-Blazers), Danuel House J.R et les deux meneurs de jeu Trey Burke et Brandon Jennings. Les départs de Burke, Jennings et Bogdanovic ne sont pas négligeables. En effet, Bogdanovic a été très utile dans la rotation des Wizards avec près de 12.7 points en sortie de banc. Son adresse à trois points manquera beaucoup à ce banc, qui sera la clé de la confirmation (ou non) des Wizards. Quant à Trey Burke, lui qui devait être le back-up idoine de John Wall s’est révélé être un fiasco total. Il est passé de 10.6 points de moyenne avec Utah à 5 petits points en 12 minutes de jeu. Il n’a pas réussi à s’intégrer dans le roster. De plus, Brandon Jennings, meneur back-up de Wall également, a jonglé entre le correct et le médiocre. Il s’en va en Chine alors qu’à 27 ans, même si sa saison a été compliquée, il aurait pu être utile à plusieurs équipes NBA comme les Suns par exemple qui ont perdu Brandon Knight pour la saison. Bref, quand on regarde ces départs, on se dit que Washington ne perd aucun joueur majeur mais laisse partir des joueurs importants du banc, notamment Bogdanovic. Toutefois, les fans des Wizards devaient sûrement penser, au début de l’été, que les recrues de qualité allaient s’enchaîner. Et bien brisons le suspens tout de suite : Non. En effet, les arrivées estivales ne font pas vraiment rêver mais sont plutôt intelligentes.
En effet, pour pallier les départs de Jennings et Burke, les Wizards ont recruté Tim Frazier en provenance des Pelicans. John Wall qui voulait absolument un back-up est servi. Le meneur de 26 ans sort de deux saisons plutôt satisfaisantes avec les Pelicans dont une très belle saison 2015-2016 (13.1 points et 7.5 passes). Frazier semble donc être le remplacement tant attendu par “Jean Mur”. Du moins on l’espère pour les Wizards. Avec un contrat de 2 millions de dollars la saison, le pari en vaut la chandelle. A noter également l’arrivée de Donald Sloan à la mène, au cas où Frazier ne fit pas totalement avec sa nouvelle équipe ou en cas de blessure de ce dernier. Ensuite, les Wizards ont signé le vétéran Jodie Meeks. A 30 ans, le shooteur passé par les Lakers, le Magic ou encore les Pistons semble être une bonne recrue sur le papier. S’il est en bonne forme, il peut apporter son expérience, sa belle adresse à trois points mais aussi sa vista défensive. Par contre, il y a de fortes chances que son physique lui fasse défaut et l’écarte des terrains, comme trop souvent. En effet, l’an passé, il a raté près de 46 matchs. Ça fait beaucoup. Mais là aussi, à 3 millions de dollars cette saison, le pari est peu risqué. Toujours dans la volonté de recruter des joueurs expérimentés, on note l’arrivée du Hawk, Mike Scott. Après une saison très compliquée avec 2,5 points l’an passé, il vient se relancer à la capitale. Il pourra jongler entre les postes 3 et 4 en fonction des besoins de l’équipe. Ensuite, les Wizards ont recruté de jeunes agents libres, non draftés lors de la draft 2017, car cette saison Washington n’avait pas de choix de draft. Washington a donc décidé de signé Devin Robinson (Ailier de 2m03 en provenance de Florida) et Mike Young (ailier polyvalent de 2m06). Ces deux jeunes seront les deux joueurs signés sous les Two-way contracts, et feront donc des allers-retours entre la NBA et la G-League. On voit bien que les arrivées estivales n’ont pas été flamboyantes mais pourront aider l’effectif actuel à s’étoffer et à entrevoir un banc correct, bien qu’encore limité.
Effectif actuel :
MJ : John Wall, Tim Frazier, Donald Sloan
A : Bradley Beal, Jodie Meeks, Thomas Satoransky, Sheldon McLellan
AI : Otto Porter J.R, Kelly Oubre, Daniel Ochefu
AF : Markieff Morris, Jason Smith, Mike Scott, Chris McCullough
P : Marcin Gortat, Ian Mahinmi
Il faudra donc rajouter Mike Young et Devin Robinson qui pourront aider le roster principal en cas de blessures. Au total, on dénombre 16 joueurs signés pour un total salarial assez conséquent de 126.7 millions de dollars. Cela fait de Washington la 3ème masse salariale la plus élevée de la saison, juste derrière les Cavs et les Warriors. En effet, les Wizards possèdent de très gros contrats : Porter à 24.7M, Beal à 23.7M, Wall à 18M (pas si cher que cela finalement pour un tel joueur) et Mahinmi à 16.6M. Ajouter à cela les 12M de Gortat et cela fait 6 joueurs à plus de 12 millions de dollars. Les Wizards dépassent la luxury tax et de loin puisque cette dernière s’élève à 119 millions cette année. Washington n’aura donc que très peu de marge voir aucune pour remodeler son équipe cette saison, à l’exception de potentiels trades bien sûr.
2 – Coaching
Cette saison, les Wizards n’auront pas le droit à l’erreur et ne devront pas reproduire leur début de saison catastrophique l’an passé. Dès le premier match de saison régulière, les joueurs de Scott Brooks devront se donner à fond et prouver le plus rapidement possible qu’ils sont bien installés dans la cour des grands.
Concernant le plan de jeu, Brooks va surement reproduire une bonne partie de son jeu de l’an passé : Tout d’abord, faire confiance à John Wall. Le meneur de 26 ans a réalisé sa meilleure saison à la fois statistique (23.1 points, 10.7 passes) que visuelle où il a montré de la facilité et du leadership. Sa vitesse et sa vision de jeu lui ont permis d’entrer dans les discussions autour du meilleur meneur de la conférence Est et des meilleurs de la ligue à son poste. Toutefois, il a parfois montré des signes de faiblesses, notamment dans les grands rendez-vous en playoffs. A lui maintenant de confirmer sa bonne saison. Pour cela, il pourra se reposer sur Bradley Beal. Lui aussi a réalisé une saison de très haute qualité avec 23.1 points à 40% à trois points. Sans ses problèmes de blessures à répétition, il est tout simplement l’un des meilleurs arrières de la ligue, voir le meilleur avec Klay Thompson (et James Harden bien sûr, qui repassera arrière cette saison). Ce duo d’arrière de luxe est la clé de voute de cette équipe. C’est le moteur des Wizards. Ajoutez à cela un fort défenseur sur le poste 3 avec Otto Porter, un ailier polyvalent sur le poste 4 en la personne de Markieff Morris (qui a cruellement manqué en playoffs face aux Celtics) et un pivot qui tient la route, à savoir Marcin Gortat et vous avez un cinq équilibré et de qualité. Cependant, ce qui rend les Wizards encore trop justes pour aller titiller les Cavs et les Celtics, c’est le banc : Si l’équipe reste comme elle est, le banc serait le suivant : Frazier – Meeks – Oubre – Smith – Mahinmi. Entre la fragilité physique de Meeks et Mahinmi, un Oubre encore trop jeune et trop fougueux, un Jason Smith qui n’a jamais été un joueur flamboyant et un Tim Frazier qui doit encore s’intégrer à cette équipe… le banc des Wizards ne semblent pas s’être vraiment renforcé cet été, et ceci va poser problème. On l’a bien vu en playoffs, quand le cinq majeur n’arrivait pas à revenir au score ou était trop fatigué, le banc n’a pas suffi à redonner de l’aplomb et un second souffle. Scott Brooks doit donc croiser les doigts pour que les pépins physiques ne soient plus aussi présents car dans le fond, les joueurs du banc ont des qualités et peuvent apporter énormément à cette équipe. Les préparateurs physiques des Wizards vont donc avoir du pain sur la planche.
Tactiquement, le jeu des Wizards reposera toujours sur le duo d’arrière Wall – Beal qui prendra la grande majorité des shoots. L’an passé, ils ont tous les deux pris près de 35 tirs sur un total de 85 tentatives par match pour l’ensemble de l’équipe. Cela représente donc plus de 40% des tirs ! On voit donc ici la sur-domination de ces deux joueurs dans cette équipe. De plus, le seul joueur du banc à prendre ses responsabilités au shoot était Bogdanovic avec plus de 9 tirs par match. Sans lui, les ballons devront être partagés entre Otto Porter (qui est devenu très régulier au shoot), Markieff Morris et les nouveaux joueurs du banc Frazier et Meeks. Bon honnêtement, que ce soit Frazier ou Meeks, aucun des deux n’aura vraiment beaucoup de ballons. Otto Porter par contre devra et voudra prendre encore plus ses responsabilités. Avec 10 tirs par match en saison régulière et 8 seulement en playoffs, il est temps pour Porter de devenir le 3ème homme derrière Wall et Beal. C’est lui qui doit la capacité de se sublimer quand l’un des deux arrières n’est pas dans sa meilleure forme. Mais, à l’heure actuelle, il y a encore un trop gros fossé entre Wall/Beal et Porter. Cette saison, Scott Brooks devrait donc peut-être faire davantage à confiance à Otto Porter car avec le temps, il s’impose comme un ailier polyvalent, solide en défense, très adroit à longue distance et à mi-distance. L’heure est venue de transformer le duo Wall – Beal en big Three Wall – Beal – Porter. Si ce dernier prend un peu plus de shoots et continue ses efforts défensifs, Washington aura un ligne arrière de très grande qualité, qui pourra rivaliser avec les plus grands trio de la ligue. Quand on sait que Porter et Beal n’ont que 24 et John Wall 27 ans, l’avenir est radieux du côté de la capitale.
Du côté du secteur intérieur, l’avenir est un petit peu moins flamboyant. Gortat, à 33 ans, commence à avoir du mal à scorer régulièrement et efficacement et à tenir la cadence défensivement. Heureusement pour les Wizards, Ian Mahinmi prend de plus en plus ses marques à Washington, mais doit encore s’occuper de ses blessures récurrentes. Le poste 5 est donc, en plus du manque de profondeur de banc, un point faible qu’il ne faudra pas négliger tout au long de la saison. Toutefois, le poste 5 est aussi un problème dans beaucoup d’équipes comme Boston, le nouveau rival.
En somme, même si l’effectif est de qualité, il ne semble pas plus fort que l’an passé, surtout avec les départs des joueurs majeurs du banc, qui n’ont été que numériquement remplacés et pas forcement qualitativement. Scott devrait donc reproduire son plan de jeu de l’an passé, en se tournant presque exclusivement avec son duo d’arrière Wall – Beal. Toutefois, l’ascension d’Otto Porter et la confirmation de Markieff Morris est un très bon présage pour cette saison et pourrait être le petit “plus” qui permettra aux Wizards d’atteindre les finales de conférence.
3 – Perspectives
Si tout va bien…
Les Wizards peuvent largement prétendre au podium dans la conférence Est. Le meilleur scénario possible pour Washington serait le suivant : Les blessures à répétition pour Jodie Meeks et Ian Mahinmi ne sont plus d’actualité et ont enfin retrouvé leurs meilleurs niveaux respectifs. Grâce à eux et à la bonne et rapide intégration de Tim Frazier à la mène, le banc des Wizards répond aux critiques de la meilleure des manières en épaulant au mieux le cinq majeur qui lui aussi déroule. John Wall et Bradley Beal surfent sur la conférence Est avec des stats similaires à la saison précédente (+ de 23 points de moyenne chacun). Otto Porter confirme son ascension fulgurante et devient un poste 3 confirmé et reconnu dans la conférence Est. Markieff Morris et Marcin Gortat font le travail à l’intérieur pour protéger la raquette. Tout cela fait des Wizards une équipe redoutée de toute la conférence Est. Leur objectif de terminer sur le podium est plus qu’accompli puisqu’ils réussissent à terminer sur la seconde marche du podium. La question restera de savoir si cette belle alchimie trouvée en saison régulière continuera durant la playoffs.
Si tout va mal
A l’inverse, la pire saison possible serait celle-ci : Les Wizards n’arrivent pas à reproduire leur magnifique saison 2016-2017. Même si John Wall surfe sur la conférence avec des stats exceptionnelles, Bradley Beal replonge dans les blessures et manquent près d’un tiers de la saison. Derrière lui, Jodie Meeks se retrouve lui aussi en difficulté avec son physique et ne peut prendre la relève. Gortat voit le poids de l’âge atténuer ses performances. Le banc n’arrive toujours pas à prendre le relais et à s’imposer quand le cinq majeur n’est pas au mieux. Entre blessures à répétitions et défaites surprenantes, les Wizards finissent 5ème. Les playoffs sont à l’image de leur saison. Même si les Wizards arrivent à passer le premier tour de la conférence, les exploits de John Wall ne suffisent pas à passer en demi-finales de conférence.
Pronostic : 3ème place (48-52 victoires) : Dans la continuité de la saison dernière, Washington devrait, encore une fois, obtenir l’avantage du terrain. John Wall en patron qui fait des Wizards une des équipes phares de la conférence Est.
En somme, au-delà de ces deux scénarii, les Wizards possèdent un effectif suffisamment solide pour réaliser une belle saison régulière et terminer sur le podium de la conférence Est. En revanche, à l’image de la campagne de playoffs de l’an passé, le banc semble encore trop faible en comparaison de ceux des Cavs et des Celtics pour espérer passer en finale de conférence.
L’avis de @WizardsFrance
Quelles étaient vos attentes cet été ?
Qu’attendez-vous pour la saison prochaine ?
On attend une belle saison régulière, avec un 5 qui tourne bien, un banc qui fait mieux le taf, et un Ian qui se blesse pas trop. On espère que Porter/Oubre continueront à progresser, que Sato aura du temps de jeu, que les renforts apporteront quelque chose, et que Wall continue d’être beau à voir jouer, et nous mène en demie voire en finale de conf’.
Où pensez-vous vous situer dans votre conférence ?
Les Cavs et les C’s sont un cran au-dessus de nous, c’est indiscutable. Il devrait avoir une belle bataille pour la 3e place, entre les Raptors et Nous, et pour ça va falloir se situer entre 46 et 50 victoires. En tout cas on te le souhaite.