Durant les playoffs 2016-2017, les Toronto Raptors n’ont connu aucun moment de répit. Dès le premier tour, les coéquipiers de Derozan sont tombés sur les vaillants Bucks de Milwaukee notamment sur le grec Giannis Antetokounmpo. Menés 2-1, les canadiens ont réussi à sortir de ce piège mais pour aller s’engouffrer ensuite dans un autre piège bien plus imposant, les Cavs de LeBron James. Battus et sweepés par Cleveland, les Raptors ont terminé leur saison avec une sensation de déception, un goût amer, comme chaque année depuis 3 ans. A l’aube de cette nouvelle saison, les Raptors ne font plus aussi peur qu’il y a quelques années. Pourtant, leur objectif est toujours le même : Battre Lebron et accéder aux finales NBA. Mais les dinosaures du Nord ont-ils encore les crocs pour enfin espérer atteindre les finales de conférence ?
1 – Le roster et l’état des finances
Toronto a décidé de ne pas bouleverser son effectif mais plutôt d’ajouter des petits éléments pour renforcer l’équipe via la draft, les jeunes joueurs disponibles et les agents libres. Avant d’attaquer les arrivées, il est important de noter les départs de l’été, qui ne sont pas à négliger. D’abord, agent libre, Patrick Patterson a rejoint le Thunder. L’ailier fort n’a pas réussi à montrer toutes ses qualités avec les Raptors. Puis, c’est le meneur Cory Joseph qui est en partance pour Indiana. Ce départ n’est pas à sous-estimer. Il était entré dans la rotation depuis deux ans comme le back-up de Lowry et proposait de belles choses en tant que dynamiteur du banc. Enfin, Toronto a décidé de laisser partir DeMarre Carroll chez les Nets. Arrivé en 2015, il devait être l’ailier titulaire qui allait faire passer un cap à cette équipe en montrant toute ses qualités défensives. Malheureusement pour les canadiens, le passage de Carroll a été un flop total. Dès lors, son départ est un soulagement, notamment financier. Avec ses 15M de dollars annuels, le voir partir chez les Nets est une libération pour le comptable de Toronto. Son départ a donné espoir aux fans canadiens et permet à l’équipe de retrouver de l’espace dans ses comptes et pouvoir attirer quelques bons agents libres.
Ensuite, concernant les arrivées estivales, Toronto est d’abord passé par la draft. Avec le 23ème choix du premier tour, les Raptors ont sélectionné OG Anunoby. L’ailier polyvalent des Hoosiers d’Indiana s’était déjà fait remarqué en 2016 lors de la March Madness en battant Kentucky, mené par Jamal Murray. Toutefois, une rupture du ligament croisé du genou l’a écarté des terrains durant de nombreux mois, ce qui lui fit perdre quelques places lors des mock drafts. Ensuite, Toronto a tenté un coup de poker avec Anunoby car c’est un joueur talentueux, athlétique, pouvant jouer sur les postes 3 et 4 avec sa grande envergure (218cm pour 2m03 et 98kg). Un physique taillé pour la NBA couplé avec de belles qualités défensives et un shoot très correct. En revanche, malgré un potentiel certain, ses genoux posent vraiment problème. Il sera donc intéressant de voir OG cette saison. Il pourrait s’avérer un bel atout pour les Raptors s’il est en bonne santé, ou un coup de poker raté si ses genoux lâchent. Sans seconds tours de draft, Anunoby est donc le seul rookie cette saison du côté de Toronto. Les Raptors ont décidé d’aller chercher des jeunes joueurs non draftés et/ou agents libres. On peut noter les arrivées de deux joueurs qui feront partie des nouveaux Two-way contrats, à savoir Lorenzo Brown (26 ans, combo 1-2 en provenance de Chine, qui est passé par Phily et Minnesota sans laisser de traces) et Malcolm Miller (ailier de 24 ans qui a toujours évolué en G-League du côté des Red Claws du Maine, l’équipe des Celtics). Puis, ils ont signé un joueur connu en NBA, KJ McDaniels, l’arrière des Nets. Une recrue qui ne change pas l’image des Raptors, mais qui entrera dans la rotation sans brocher. On observe également les arrivées de Kyle Wiltjer (ailier fort de 24 ans en provenance de Houston), Kennedy Meeks, pivot non drafté en 2017, qui a effectué ses quatre ans de fac à North Carolina, et Alfonzo Mckinnie. Ces trois joueurs n’ont pas encore de contrats 100% garantis. Ils seront sûrement dans le roster de G-League. Enfin, l’arrivée la plus “clinquante” de l’été : C.J Miles. L’ancien ailier d’Indiana est bon joueur NBA, plutôt complet, bon défenseur et maintenant capable de shooter longue distance de temps en temps. Il compense numériquement le départ de P.J Tucker cet hiver.
En somme, on remarque bien que l’été des Raptors a été plus que calme. Outre le très bon coup des Raptors de s’être délesté du contrat faramineux de DeMarre Carroll, en fin de compte, aucun des joueurs arrivés cet été ne semblent pouvoir aider réellement l’équipe à retrouver son niveau, à part peut-être C.J Miles qui apportera la dureté défensive que Carroll n’a jamais réussi à montrer sous les couleurs canadiennes. Mais pour les fans des Raptors, c’est une intersaison quel que peu décevante. Il est vrai que le cinq majeur reste un cinq très solide, de très bonne qualité. Mais, on aurait pu imaginer l’arrivée d’un autre nom un peu ronflant sur le poste 1, ou 3/4 comme Brandon Jennings, Shabazz Muhammad ou Nikola Mirotic.
L’effectif des Raptors sera donc quasiment le même que l’an passé :
MJ : Kyle Lowry, Delon Wright, Fred VanVleet,
A : DeMar DeRozan, Norman Powell, K.J McDaniels
AI : CJ Miles, Bruno Caboclo, OG Anunoby
AF : Serge Ibaka, Pascal Siakam, Kyle Wiltjer
P : Jonas Valanciunas, Jakob Poeltl, Lucas Noguera
Cet effectif compte 15 joueurs avec une moyenne d’âge de 24.7 ans. Il faudra donc ajouter jusqu’à 2 joueurs maximum entre Lorenzo Brown, Kennedy Meeks, Malcolm Miller et Alfonzo McKinnie, et/ou potentiellement d’autres recrues futures.
Officiellement, Toronto possède un salary cap total de 117,2M de dollars sur le salary cap général de 99M, soit la 10ème masse salariale de la NBA. Cela s’explique logiquement par les gros contrats de Lowry (28,7M), DeRozan (27,7M), Ibaka (20M) et celui un peu moins élevé, de Valanciunas (15,4M). Les Raptors sont très proches de la luxury tax qui s’élève à 119.2M de dollars. Toronto n’aura donc que très peu de possibilité de recruter de vrais bons joueurs, à moins bien sûr de ne pas prendre en compte la luxury tax, mais cela semble peu probable.
2 – Coaching
L’objectif des Raptors est simple cette saison : Battre Lebron James et accéder aux finales NBA. Masai Ujiri, le président des Raptors, ne se cache pas de cette volonté ultime de vouloir affronter et battre Lebron : « Notre job, c’est de battre ce gars. Nous devons trouver un moyen. Sinon, autant aller jouer en Grèce, leur donner le titre tout de suite. C’est notre boulot de trouver des solutions pour battre ces gars-là ». La volonté de Toronto d’être un prétendant aux finales de conférence est encore là. Et pour que l’espoir devienne réalité, il va y avoir du travail, notamment au niveau du head coach car on se pose vraiment la question suivante : Dwyane Casey est-il l’homme de la situation ?
Sur le papier, le cinq majeur est compétitif : Le duo Lowry – DeRozan reste l’un des meilleurs duos de la conférence Est, Ibaka et Valanciunas forment un duo d’intérieurs plus que correct, et CJ Miles sur le poste 3 semble pouvoir apporter de la dureté défensive. Dès lors, cette équipe semble avoir les armes pour prétendre à accéder aux finales de conférence à l’est. Toutefois, on sait bien qu’il y a de nombreux problèmes dans cette équipe. Casey n’a jamais réussi à instaurer une vraie philosophie de jeu. Quand on regarde jouer les Raptors, on ne voit qu’une succession d’iso avec Derozan ou Lowry, aucun jeu de passe. Pour preuve, Toronto est l’équipe qui a réalisé le moins de passes décisives l’an passé avec seulement 18.5 passes, juste derrière Phoenix et Utah. Cela montre la faiblesse de fond de jeu instauré par Casey. Mais, pour être l’avocat du diable, Derozan et Lowry ont la fâcheuse tendance à jouer les solistes pour revenir au score ou creuser un écart, ce qui est très souvent un mauvais choix. Il faut donc pour cette nouvelle saison trouver un collectif, une volonté de vouloir se passer le ballon et ne pas tomber dans la facilité de donner la gonfle à Lowry ou à Derozan. De plus, là où Casey fait une erreur, c’est avec Valanciunas. Le pivot lituanien est sous utilisé par le coach : Seulement 25 minutes de jeu, moins de 9 shoots par match… Lorsqu’on a un pivot de 25 ans aussi talentueux, c’est vraiment dommageable de ne pas l’utiliser plus, pour étoffer ses possibilités. Quand Lowry ou Derozan passent à côté, il faut faire confiance à Valanciunas qui n’attend que ça. Il est capital que Casey ait confiance en Valanciunas, lui donne plus de ballons.
En somme, Casey doit travailler sur le côté collectif des Raptors. L’effectif ayant peu bougé, il est plus simple pour lui d’instaurer un jeu plus collectif, car les joueurs se connaissent déjà et ont pour la plupart des automatismes. Aux joueurs aussi de vouloir faire l’effort de jouer ensemble. Lowry, DeRozan, Powell, Ibaka… cela fait beaucoup de joueur qui aiment avoir le ballon et dégainer. Cela ne sera donc pas facile mais le basket est un sport collectif, où la circulation et le mouvement du ballon sont primordiaux. Donner plus de ballon à l’intérieur avec Valanciunas notamment sera aussi un élément clé pour progresser et espérer gêner les Cavaliers. En effet, si le but ultime de Toronto est de battre les Cavs, ce n’est pas C.J Miles qui pourra freiner LeBron. Par contre, la raquette pourra très certainement poser des problèmes à la paire Love/Thompson et ouvrir de nouveaux champs afin de déstabiliser la défense de Cleveland.
3 – Perspectives
Si tout va bien
Une saison réussie sera synonyme de finales de conférence. En effet, on imagine que dans une saison parfaite Toronto réalise une très belle saison régulière avec de grosses stats de Derozan (plus de 28 points) et Lowry (plus de 23 points). Casey aurait enfin trouvé une alchimie d’équipe avec un Ibaka qui aurait trouvé le juste milieu entre son jeu intérieur et extérieur, un Valanciunas enfin considéré à sa réelle valeur, un Norman Powell qui continuerait sur sa belle lancée de l’an passé et un CJ Miles qui se serait très bien intégré. Malgré un banc peu connu et inexpérimenté, cela suffit à surprendre tout le monde et à finir 2ème de la conférence Est, devant les Celtics mais derrière les Cavs. En retrouvant Boston, Washington ou autre en demi-finales de conférence, DeRozan et Lowry, qui ont toujours raté leurs campagnes de playoffs, répondent enfin aux attentes et éliminent leurs opposants. Leur objectif serait accompli : atteindre les finales de conférence et affronter James et sa bande. Même si les Raptors montrent de belles choses, les Cavs restent encore trop forts pour eux et perdent face à Cleveland. Malgré cette défaite, la saison serait plus que réussit dans ce cas de figure.
Si tout va mal
En revanche, une saison ratée serait celle où aucune évolution serait apparente par rapport à la saison passée. Derozan et Lowry jouent toujours seuls, pas de jeu collectif, Ibaka qui force avec ses shoots longue distance, un Valanciunas trop peu utilisé et qui perd de la confiance, et, un CJ Miles qui n’arrive à avoir un réel impact dans sa nouvelle équipe. Dès lors, avec la confirmation des Wizards et des Bucks, et la surprise des Hornets, les Raptors finiraient 6ème de la conférence Est. Éliminés dès le 1er tour des playoffs, voilà un cas de figure pas totalement improbable et synonyme de grosse, très grosse déception.
Pronostic : 4ème place (45-49 victoires) : Dans la continuité des dernières saisons, les Raptors devraient conserver leur place dans le top 4 de la conférence Est.
En fin de compte, les Raptors possèdent un effectif assez compétitif pour terminer dans le top 4 de la conférence Est et espérer atteindre au minimum les demi-finales de conférence. Si le jeu devient davantage collectif, et que Valanciunas gagne la confiance de son coach, les Raptors pourraient être une équipe difficile à battre. Ils ont les cartes en main pour battre les Wizards et les Bucks, mais ont-ils encore l’envie d’aller chercher les finales de conférence et titiller les plus gros ?
L’avis de @Raptors_Fr
Quelles étaient vos attentes cet été ?
Qu’attendez-vous pour la saison prochaine ?
Pour la saison prochaine, on attend au moins les play-offs. Durant la saison, on espère challenger les Celtics et les Cavs même si ça sera dur. L’équipe va devoir montrer des choses, on peut trouver des Raptors très bons et très forts mais le contraire aussi donc il va falloir avoir beaucoup d’espoirs mais aussi beaucoup d’humilité pour aller loin cette année.
Où pensez-vous vous situer dans votre conférence ?
Enfin pour le pronostic, j’espère le top 3 minimum. On peut le faire et notre effectif reste tout de même complet. Les Bucks sont encore jeunes et les Wizards sont largement à notre portée. Les Celtics et les Cavs seront peut être un cran au dessus. Pour l’instant, c’est beaucoup d’espérances mais aussi beaucoup d’incertitudes donc on va voir avec le temps en espérant être surpris dans le bon sens !