L’exercice 2016/2017 des Nuggets aura été comme une saison de The Walking Dead. Inégale, parfois brillante, et un brin frustrante à la fin. Parce que dans le fond, tout avait bien démarré. L’équipe n’avait que peu d’attentes sur les épaules, et le fond de jeu n’était clairement pas ridicule. En dépit de bonnes intentions, et de matchs bien maîtrisés, le groupe s’écroulait généralement dans les 4eme quarts temps, alors que les matchs apparaissaient pourtant comme déjà plié à l’orée de ces derniers. Évidemment, la seule faute ne revenait pas au seul manque de sang-froid des joueurs, mais aussi à un système offensif qui ne fonctionnait pas. En alignant Emmanuel Mudiay en meneur, et la paire Jokic/Nurkic dans la raquette, l’équipe manquait trop souvent de spacing. La compatibilité entre le meneur et le bosniaque était désastreuse, la raison était simple : la principale qualité du PG est le jeu en pénétration, celle du pivot de jouer sous le cercle. En raison de la mauvaise gestion de la balle de Mudiay et l’incapacité de Nurkic à s’écarter, l’équipe se trouvait trop souvent à s’engager dans des attaques sans savoir comment les terminer, poussant le meneur à prendre des tirs compliqués à mi-distance, domaine dans lequel… il pêche au mieux. En outre, souvent bousculés en défense car friables de ce côté du terrain, le groupe cédait souvent à la panique et lâchait des matchs au grand dam des fans.
Persuadé que sa connexion avec Nurkic était la cause de ce marasme, Nikola Jokic proposa de sortir du banc : résultat, l’équipe devenait médiocre et enchainait les défaites. Jusqu’à janvier, jusqu’à ce que la franchise débarque en Europe pour le Global Game de Londres. Alors opposés aux Pacers, les Nuggets affichent un look différent – exit Emmanuel Mudiay et Jusuf Nurkic – Jameer Nelson prend la mène tandis que le jeu s’organise autour et est organisé par Nikola Jokic. Résultat, la franchise devient soudain une des meilleures attaques de la ligue, et le jeune Serbe explose aux yeux de la NBA par son incroyable talent de passeur, et ses mains sûres que ce soit près du cercle, comme derrière la ligne des 3 pts.
Longtemps en course pour le dernier spot pour les Playoffs, les Nuggets vont cependant à nouveau se montrer fragiles en fin de saison, et chuter face aux Blazers, d’un certains Jusuf Nurkic, transféré lors de la trade deadline en raison de ses nombreux états d’âme depuis sa sortie de la rotation.
En dépit de cet échec, les Nuggets aborderont le cru 2017/2018 avec des ambitions revues à la hausse, en voici les raisons.
1 – Le roster & les finances
Meneurs : Emmanuel Mudiay – Jameer Nelson
Arrières : Gary Harris – Jamal Murray – Malik Beasley
Ailiers : Wilson Chandler – Will Barton – Juancho Hernangomez
Ailiers Forts : Paul Millsap – Kenneth Faried – Trey Lyles – Darrell Arthur – Tyler Lydon
Pivot : Nikola Jokic – Mason Plumlee
Cet été, dans le sprint des premières journées de la Free Agency, les Nuggets ne sont pas restés tacites. Loin s’en faut même, puisqu’après avoir été dans plusieurs rumeurs pour acquérir Kevin Love dans un potentiel échange entre les Cavs et les Pacers, la franchise a du abandonner le dossier. Elle a ainsi repris son long travail de drague avec Millsap, qui a finalement choisi les Rocheuses comme destination finale. En signant Paul, l’équipe a renforcé un secteur intérieur, et a enfin comblé le manque de titulaire en puissance sur son poste 4, une bénédiction pour les fans, encore plus compte tenu du fait que Millsap semble être le complément parfait de Nikola Jokic. Défenseur mobile et polyvalent, il pourra aider un Joker encore trop lent et pas assez intelligent dans ses placements pour jouer le rôle d’intimidateur, dont le statut de pivot titulaire lui lègue comme devoir.
Dans le même temps, Danilo Gallinari, agent libre, prit lui, la décision de faire ses valises. Arrivé dans l’échange de Carmelo Anthony, il avait séduit les fans par ses qualités de scoreur, son sang froid dans les fins de match et pour avoir été un des cadres de la très belle saison 2012/2013. Si beaucoup auraient aimé le voir revenir, ses problèmes de blessures récurrentes et l’arrivée de Millsap destiné à lui prendre du temps de jeu sur le poste 4 a eu raison des velléités de l’équipe quant à la conservation du joueur. Non désireux de lui donner plus de 20M par an, les Nuggets ont vu l’Italien faire ses valises pour Los Angeles.
Suite à ces mouvements, ce fut le calme plat. Si Denver s’est positionné sur le dossier Kyrie Irving en vain, sinon, pas de signature à signaler. Le dossier Mason Plumlee s’est finalement débloqué, et laisse un léger goût amer en raison des 41M/3 ans qu’il a négocié. Le poste de meneur est resté, lui, dénué de renforts pourtant nécessaire. On verra plus tard ce qui a pu expliquer ce désert, mais à ce jour, le roster ne possède qu’Emmanuel Mudiay encore trop tendre et pleins de défauts rédhibitoire pour tenir la mène d’une équipe, et Jameer Nelson, qui, bien qu’élément de la bonne période de fin d’année reste très décevant dans les fins de matchs en dépit son statut de vétéran. Entre un débutant encore trop brut et un joueur de 36 ans passés, personne au relais pour palier à d’éventuelles blessures. Enfin, l’effectif semble un brin déséquilibré. S’il y a beaucoup de monde sur le poste 4, notamment en raison d’un échange de leur 13eme pick contre Trey Lyles et un choix plus bas ayant débouché sur l’arrivée de Tyler Lydon, il aurait pu être préférable d’adjoindre du renfort sur le poste 3, notamment en raison des problèmes de blessures dont a été victime Wilson Chandler les saison précédentes.
A priori, Denver devrait débuter la saison 2017 avec un roster, comme à l’accoutumée, très riche, mais qui laisse cette fois-ci poindre quelques lacunes.
2 – Le Coaching / Style de jeu
Après avoir proposé un jeu très classique en début de saison, les Nuggets ont changé de registre en faisant de Nikola Jokic le patron du roster. En raison des qualités rares de leur pivot, doté d’une vision de jeu hors norme, d’une capacité souvent considérée comme l’apanage de Manu Ginobili, à savoir être capable de visualiser les situations avant qu’elle ne se déroule, ainsi qu’un jeu au poste complet et une capacité de tir longue distance prisée dans la NBA moderne – les Nuggets se sont mis à jouer un basket sans véritable équivalent en NBA. En effet, ce ne sont pas les extérieurs qui sont les principaux créateurs à Denver, mais les pivots avec Nikola Jokic qui distribue en tête de raquette, profitant des nombreuses coupes de ses extérieurs (voire intérieurs avec un joueur mobile comme Faried). C’est simple, avec Jokic sur le terrain, tous les joueurs de l’effectif voient leur note offensive augmenter. Cette envie de faire briller les autres instille une frénésie de la passe contagieuse aux Nuggets qui ont proposé une des attaques les plus intenables de la ligue. Et lorsque Jokic sort, Mason Plumlee a prouvé une capacité réelle à prendre son relais.
L’idée du jeu de Denver est simple, la balle est confiée au pivot qui va jouer entre la tête de peinture et la ligue à 3points. Les coéquipiers créent sans ballon en coupant ou en se démarquant. Si le vis à vis de Jokic n’aide pas, les courses peuvent facilement être fatale dans le dos de la défense. Si le vis à vis aide, Jokic peut alors punir – soit de loin, soit en allant l’enfoncer au poste. La défense doit chercher à limiter les dégâts plutôt que de complètement stopper l’adversaire.
La création des Nuggets vient donc de l’intérieur, et la bonne nouvelle, c’est que Paul Millsap fraîchement débarqué va permettre de perpétrer ce style de jeu qui s’est montré mortel pour les défenses adversaires. En effet, l’Ailier Fort est lui aussi un des intérieurs les plus polyvalents de la ligue, et peut trouver ses coéquipiers, tout en étant une menace au scoring, que ce soit prêt du cercle ou en s’écartant. La franchise ayant conservé Plumlee, elle possède un trio capable de faire briller les extérieurs.
Les extérieurs, justement, devraient avoir à peu près le même rythme que la saison précédente. Mais on pourrait avoir une particularité. En effet, Denver pourrait jouer sans meneur de métier dans son 5 de départ. Avec un jeu drivé par le secteur intérieur, il est moins nécessaire d’avoir un joueur qui sache donner le tempo dans le 5. Aussi, Jamal Murray qui a séduit la saison passée, pourrait être amené à débuter les rencontres. Combo guard, il peut porter la balle par séquence, et laisser parler son talent de scoreur aux côtés de Gary Harris, qui s’est affirmé comme un des arrières les plus solides de la ligue l’an passé. A leur côté, en espérant qu’il reste en forme, Chandler apportera sa densité physique et tentera de confirmer sa très bonne saison précédente.
Concernant le banc, il y a fort à parier que la franchise donnera une dernière saison à Emmanuel Mudiay pour prouver qu’il a sa place en NBA. Médiocre aux côtés de Nurkic, il a prouvé en fin de saison dernière que lorsqu’il était délesté de la création, il peut contribuer comme dynamiteur. Formidable athlète, il est souvent freiné par son handle. En revanche, lorsqu’il s’agit de couper, et de profiter de celles de ses coéquipiers pour foncer vers le cercle, il peut faire de véritables cartons. Avec des joueurs comme Will Barton, Juancho Hernangomez, Kenneth Faried, Darrell Arthur et Mason Plumlee pour l’entourer, il aura diverses options à la création. Enfin s’il y arrive.
Vous l’aurez compris, une fois de plus l’attaque ne devrait pas faire défaut à Denver. Le vrai défi pour eux, c’est de sortir de leur médiocrité défensive. En effet, la franchise trônait à la 29eme place de la ligue en termes d’efficacité défensive avec 112,7 pts encaissés par rencontre (si on regarde le classement ajusté pour 100 possessions et en fonction du niveau adverse, ils sont alors 30eme). Une déconvenue terrible pour une équipe qui souhaite prétendre aux Playoffs, et dont le coach est réputé pour avoir une vocation défensive. Les raisons de cette faiblesse ? Un manque de communication évident en défense, des joueurs qui bien qu’athlétiques sont de mauvais défenseurs, on pense notamment à Mudiay, Faried ou Barton dans une moindre mesure. D’autres, et c’est notamment le cas de leur leader, ont tendance à se laisser dépasser de ce côté du terrain. Alors que Jokic ne dissuade pas assez, malgré une défense sur l’homme honorable, Jamal Murray lui n’a pas les qualités physiques pour tenir ses vis-à-vis bien qu’il s’applique au maximum. Bref il y a un véritable challenge pour Denver, car en devenant une défense dans la moyenne de la ligue, soit en encaissant 4/5 points de moins par rencontres, les Nuggets deviendraient une véritable plaie pour les adversaires, puisqu’ils sont capables d’outscorer n’importe qui.
Dans ce sens, l’arrivée de Paul Millsap réputé bon défenseur et capable d’apporter un leadership nécessaire à une meilleure coordination défensive sera un pas. Pour le reste, Jokic cherche à travailler sur son physique pour gagner en mobilité latérale et devenir plus efficace sur les aides. Néanmoins, le challenge doit être relevé collectivement, en s’appliquant plus. Il n’y aura a priori pas de miracle à attendre de ce roster, bien qu’il soit très jeune et devrait progresser avec les années. Si toute l’équipe se met en tête d’être plus dure, alors Denver progressera sensiblement. De là à les voir dans les hautes sphères de ce côté du terrain, il y a un monde qu’on ne franchira pas.
3 – Les perspectives
Si tout va bien…
Dans le meilleur des mondes, l’intégration de Millsap se fait de suite, et l’équipe reste loin des blessures. L’attaque tourne comme celle de l’an passé, mais pas de janvier à avril – toute la saison. Jokic confirme son statut de future star et Mudiay voit enfin le bout du tunnel. L’ensemble continue à progresser – et justement, réalise une amélioration notable en défense. L’équipe devient la meilleure attaque de la NBA aux côtés des Warriors et rentre dans le top 15 en défense. Finalement, les Nuggets évitent les grosses cylindrées pour avoir une chance de briller au premier tour des Playoffs…. pour une fois.
Si tout va mal…
Une grosse blessure de Jokic, et tout le jeu de l’équipe se voit détraquée pendant un gros nombre de match. A son retour, l’attaque reprend de son allant mais la défense reste dans les bas fonds de la NBA. La franchise se retrouve à nouveau prise dans la lutte pour la post-saison, et connaît à nouveau la frustration d’échouer à quelques journées de la fin de la saison.
Pronostic :
Les Nuggets se sont donnés les armes pour effectuer un retour de premier plan en NBA. Eux qui semblaient condamnés à une reconstruction bancale il y a encore 2 ans, ont vu la lumière d’un joueur drafté en 41eme position. Les fans de la franchise espèrent revoir l’équipe de l’an passé en attaque, le tout en se montrant plus consistants de l’autre côté du terrain, mais aussi dans les matchs serrés qui comme pour beaucoup d’équipes très jeunes, sont en général mal gérés. Il faudra aussi pour la franchise continuer à développer ses jeunes. Mudiay, Harris, Beasley, Hernangomez, Murray sont autant de joueurs qu’il va falloir responsabiliser au haut niveau. Quoi qu’il en soit, les voyants semblent aux verts, et l’équipe se créé une identité. Pour coach Malone, il va falloir en revanche planter sa patte. Considéré comme un excellent meneur d’homme, au bout de 2 ans, on attend toujours de voir son empreinte, celle du coach défensif qu’il est supposé être.
L’avis de @NuggetsFR
Quelles étaient vos attentes cet été ?
Nos attentes cet été étaient la signature de Millsap en priorité et on l’a eu, notre seul déception est de ne pas avoir chopé un meneur de gros calibre (je pleure encore parce qu’on a pas Teodosic ou Dragic).
Qu’attendez-vous pour la saison prochaine ?
Où pensez-vous vous situer dans votre conférence ?
Pour notre position je nous vois bien entre les 8e et 5e spot. C’est pas farfelu de nous imaginer là.