Nous ne sommes pas tous égaux devant la Draft NBA. Aujourd’hui, les meilleurs exemples sont probablement les Spurs (qui en ont visiblement fait un sport à part entière) et les Warriors qui se sont construits en grande partie par ce moyen. Chez QI Basket, on s’est dit qu’il serait intéressant de recenser les plus beaux steals de l’histoire de la Draft, ces joueurs sélectionnés bien plus bas que leur carrière ne le laisse supposer. Premier opus de cette série, consacré aux années 70 et 80.
Petite précision : la notion de steal étant assez subjective, il n’y a pas de critère fixe pour figurer dans les listes à venir. Est-ce que Jordan, sélectionné en 3ème position, est un steal ? Non, mais le coup mérite d’être mentionné. Globalement, les joueurs draftés dans le top 15 ne seront pas présents. Sauf cas méritant une attention particulière…
Les 70’s, du Hall of Famer à tour de bras… Mais beaucoup de ABA
Nous avons préféré ne pas remonter plus loin dans le temps. Plusieurs noms qui vont être cités ne parleront qu’à peu d’entre vous. Nous connaissons les stars de ces années, et la plupart ont été choisies haut dans la Draft. Rappelons qu’à cette époque, la sélection est illimitée et se déroule jusqu’à épuisement. En 1974, la NBA réduit le nombre de tours à 10.
En 1970, les Pistons choisissent Dan Issel à la 128ème place. Cependant, le joueur décide de rejoindre l’American Basketball Association, championnat parallèle, et ses cinq années de carrière passées chez les Colonels de Kentucky y sont pour beaucoup dans sa nomination au Hall of Fame. Une belle opportunité gâchée pour Detroit, la faute à pas de chance. D’autant qu’Issel fera les beaux jours des Nuggets par la suite. L’année suivante, un cas tout à fait similaire se produit avec Artis Gilmore, qui finira tout de même par atterrir chez les Bulls plusieurs années après sa Draft par les taureaux. Lors de cette même édition 71, ce sont les Buffalo Braves (ancêtres des Clippers) qui voient Spencer Haywood leur filer entre les doigts. Alors qu’il cartonne en ABA (MVP en 70), le joueur ne respecte pas les règles d’éligibilité de la Draft NBA… Et sera récupéré en dehors de celle-ci par les Sonics, qui ont d’ailleurs retiré son numéro.
La palme de la plus belle carotte revient tout de même aux Bucks, qui sélectionnent Julius Erving en 12ème place de la Draft 1972. Etant donné la carrière menée par Docteur J, on aurait pu qualifier ce choix de steal. Et pourtant, le joueur signe à Atlanta, avec qui il ne jouera pas. Milwaukee est dédommagé, le joueur n’a pas le droit de jouer avec les Hawks et file en ABA chez les Nets. Lorsque ceux-ci intègrent la NBA, Erving file aux Sixers, avec qui il deviendra une véritable légende.
Le reste de la décennie est marquée par les joueurs draftés mais restés en ABA avant la fusion avec la NBA en 1976, à l’image de Georges Gervin, monstre des Spurs, et que les malheureux Suns n’auront jamais eu la chance de voir évoluer sous leurs couleurs. Phoenix avait pourtant eu le nez creux en le choisissant en 40ème position. Un autre George introduit au Hall of Fame, McGinnis, eut un parcours similaire après sa draft un an plus tôt (22ème place, Sixers). En revanche, la Draft 1976 est un grand cru, et a donné deux beaux steals. Alors qu’Adrian Dantley et Robert Parish ont été choisis dans le top 10, Alex English et Dennis Johnson devront patienter au-delà de la 20ème place. Le premier attendra son transfert au Nuggets pour devenir une légende, tandis que Johnson fera le bonheur des Sonics, des Suns et enfin des Celtics.
Les dernières éditions des années 70 sont plutôt calmes, en dépit de quelques cas intéressants à signaler. La sélection de Larry Bird en 6ème place de la Draft 1978. Citer les joueurs passés avant lui serait un affront. On parle quand même du meilleur ailier de tous les temps pour beaucoup de fans, et pas seulement chez les Celtes. Enfin, en 1979, deux joueurs ont dû attendre un très long moment avant d’entendre leur nom : Bill Laimbeer, et Mark Eaton. En réalité, c’est une nouvelle mésaventure qui attend les Suns, qui choisissent ce dernier en 107ème position. Eaton souhaite finalement poursuivre un cursus universitaire et prend la direction d’UCLA. Nous en reparlerons plus tard… Bill Laimbeer passe lui une année à Brescia en Italie après sa draft par les Cavs (65ème, 3ème tour), puis arrive à Cleveland. Après deux saisons banales, le bonhomme est envoyé à Detroit. La suite, on la connait. Un membre clé des Bad Boys deux fois champions, et un défenseur émérite.
Les années 80, les spéciales ” milieu de premier tour “
Cette décennie est marquée par les changements notables opérés sur la Draft. De 10 tours, elle passe à 7 en 1985, puis à 3 en 1988. Enfin, le système actuel à deux tours fait son entrée en 1989. En 1981, Larry Nance (géniteur de l’homme responsable de la terrible mise sur poster de Brook Lopez cette saison) est sélectionné par les Suns à la 20ème place, alors que Danny Ainge rejoint les Celtics à la 31ème position. Nance sera All-Star avec Phoenix puis les Cavs, doublé d’un bon défenseur et d’un grand dunkeur. Aigne sera lui champion à deux reprises avec les Celtics, et convié au match des étoiles en 1988. On peut également ajouter que son passage à Boston a favorisé son retour en tant que GM, avec tout ce que ça implique en ce moment. Un double steal, en somme. Et en 1982, il est l’heure de retrouver Mark Eaton ! Cette fois sélectionné par le Jazz en 72ème position, le pivot a acquis de l’expérience à UCLA et passera sa carrière entière dans l’Utah, où il sera nommé deux fois NBA Defensive Player of the Year.
Les années 1983 et 1984… Deux années intéressantes pour cet article, mais également deux belles cuvées, la seconde étant restée comme une des plus légendaires. En 1983, alors que le premier pick se nomme Ralph Sampson (Houston Rockets), un certain Clyde Drexler doit attendre la 14ème place pour être choisi par Portland. Ironie du sort, l’arrière est originaire d’Houston, qu’il rejoindra quelques années plus tard. Légende des deux franchises, il intègrera évidemment le Hall of Fame, contrairement aux 12 joueurs sélectionnés entre Sampson et lui. Lors de cette édition, Doc Rivers est également drafté chez les Hawks en 31ème position, et sera All-Star à Atlanta.
L’année suivante, la Draft 1984 nous offre quatre Hall of Famers. Hakeem Olajuwon et Charles Barkley évidemment, mais comment ne pas mentionner le « steal » Michael Jordan. Car oui, le meilleur joueur de tous les temps (à la quasi-unanimité) en 3ème position derrière Sam Bowie, on peut quand même le mentionner dans ce papier. Mais surtout, le meilleur passeur et intercepteur all-time n’a entendu son nom qu’après 15 choix. John Stockton deviendra par la suite une légende, un des meilleurs meneurs de tous les temps, en passant l’intégralité de sa carrière au Jazz. Enfin, une petite anecdote sur cette Draft 1984 décidément pas comme les autres. En réalité, ce ne sont pas quatre mais cinq Hall of Famers qui sont issus de cette cuvée. Oscar Schmidt, sélectionné à la 131ème place par les Nets, ne foulera jamais les parquets NBA, préférant se consacrer à la sélection brésilienne, mais sera intronisé au Hall of Fame pour son œuvre globale en FIBA.
L’année 1985 est également riche en bons coups. Chris Mullin (7ème) chez les Warriors, et surtout Karl Malone (13ème) au Jazz. Deux Hall of Famers, et un palmarès individuel large comme ses bras pour le Facteur. Deux fois MVP, 14 fois All-Star, 16 fois nommé dans une All-NBA team (un record), et on va s’arrêter là parce que sinon demain on y est encore. Derrière lui, le Gentleman Joe Dumars atterrit aux Pistons avec la 18èmechoix. Pilier de l’équipe des Bad Boys, 6 fois All-Star, MVP des Finals, sa réputation n’est plus à faire, et il a lui aussi intégré le Hall of Fame sans discussion. Parmi les joueurs draftés ensuite et ayant été convié au moins une fois au match des étoiles, on peut évidemment citer A.C. Green, trois fois champion avec sa franchise d’origine les Lakers, mais aussi Terry Porter, sélectionné par Portland.
Lors de la Draft 1986 (extrêmement pauvre), seul le premier choix Brad Daugherty a connu le All-Star Game parmi le top 20. Derrière, un cas particulier est à noter, celui d’Arvydas Sabonis. Déjà sélectionné en 77ème position l’année passée par les Hawks, le joueur avait été recalé car ne respectant pas les règles d’éligibilité. Ses droits atterrissent donc chez les Blazers avec la 24ème place. Si le joueur passera ensuite près de dix ans en Europe, son impact lors de sa véritable arrivée en 1995 a marqué les esprits. Et lui a valu une entrée au Hall of Fame, tout comme le joueur suivant. Trois spots plus loin (27ème place), Dennis Rodman est choisi par les Pistons. Devenu une véritable légende avec les Bad Boys puis à Chicago aux côtés de Jordan, The Worm est un des plus beaux steals de la décennie. Mention honorable à Jeff Hornacek, qui fut sélectionné en 46ème position de cette cuvée 1986 par les Suns.
En 1987, alors que Scottie Pippen est par exemple sélectionné par les Bulls en 5ème place après trois joueurs jamais All-Star (le n°1 étant l’Amiral David Robinson), certains bons coups sont tout de même à signaler. Le choix des Pacers, qui se porte sur Reggie Miller avec leur 11ème pick, est indiscutable. Devenu une véritable icône, le Hall of Famer a vendu du rêve dans l’Indiana. Derrière lui, seuls Mark Jackson et Reggie Lewis comptent des sélections aux All-Star Game. L’année 1988 est désespérément creuse, la seule anecdote concernant la sélection de Steve Kerr en 50ème position. Jamais All-Star et peu mis en valeur avant son arrivée à Chicago en 1993, il ne peut pas être considéré comme un bon coup réalisé par Phoenix.
Enfin, la Draft 1989 est nettement plus intéressante pour clôturer ce premier volume sur les bons coups lors de la Grande Messe des jeunes basketteurs. Avec le 14ème choix (après le fabuleux Nick Anderson par exemple), les Warriors sélectionnent Tim Hardaway, maitre du crossover et membre du fabuleux Run TMC de Don Nelson. A la 17ème place, Shawn Kemp est choisi par les Sonics et deviendra un membre important de l’escouade de Gary Payton. Excellent dunkeur et défenseur, l’ailier fort a fait les beaux jours de la franchise de Seattle. Mentionnons également B.J. Armstrong et Vlade Divac, choisis plus loin mais ayant eu de belles carrières NBA.
Le jeu de la Draft est souvent à double tranchant. De nombreux joueurs n’ont jamais répondu aux attentes placées en eux, d’autres ont largement dépassé celles sous-entendues par leur lointaine place dans la sélection. Chaque année ou presque, certaines franchises flairent le bon coup et choisissent un futur All-Star en fin de premier tour, tandis que d’autres se jettent sur des jeunes qui ne seront jamais que des joueurs de complément. Lors du prochain volume, place aux années 90 !