Ça commence à devenir une sale habitude à Los Angeles… pour la quatrième saison consécutive, les Lakers ont manqué les play-offs. Du jamais vu pour la franchise californienne. Avec Lonzo Ball comme nouvelle figure de proue, les Angelenos peuvent-ils tirer leur épingle du jeu dans une Conférence Ouest toujours plus dense ?
A kind of Magic
Drivée depuis 2000 par Mitch Kupchak, la franchise démarre un nouveau cycle en février dernier, en nommant Magic Johnson président des opérations basket. La légende des Lakers intronise aussitôt Rob Pelinka comme GM. Le duo paraît complémentaire : Magic est une vitrine, un atout marketing inestimable pour le business. L’ancien agent de Kobe, lui, a un immense carnet d’adresses et est rompu aux joutes de la négociation.
Alors que la deadline des transferts approche, les deux hommes ont le temps de conclure deux moves avec les Rockets. Le premier envoie Lou Williams jouer l’artilleur dans la second unit texane en échange de Corey Brewer et d’un premier tour de draft ; le second concerne Marcelinho Huertas et Tyler Ennis. Alors que l’on pressent un buyout pour l’un des deux transfuges, ils sont conservés dans le roster de Luke Walton.
Au coude-à-coude avec Phoenix pour la dernière place de la conférence, les Purple & Gold choisissent une autre stratégie que leurs rivaux. Refusant de tanker, ils terminent la saison régulière sur un rush de 5 victoires. Leur honneur est sauf, mais c’est leur pick qu’ils mettent en danger. Celui-ci promet de tomber dans les mains des Sixers s’il sort du Top 3, une conséquence du trade autour de Steve Nash en 2012. Finalement, la lottery sourit une nouvelle fois à LA, qui hérite du 2nd pick pour la troisième année consécutive.
Big Baller Draft
Rapidement, les rumeurs enflent du côté du Staples Center… et si le choix de draft était utilisé pour récupérer une star ? Déjà envisagée lors des trois dernières intersaisons, cette hypothèse ne s’est pas encore réalisée, Randle, Russell puis Ingram intégrant successivement le roster californien. Seulement Los Angeles est un gros marché, dirigé par Magic Johnson, notoirement attiré par le strass et les paillettes. De plus, un nouveau facteur vient renforcer cette possibilité : Paul George veut jouer pour les Lakers, et le plus vite possible.
Mais un élément ne doit pas être perdu de vue : PG est free agent en 2018. Alors pourquoi sacrifier ses jeunes pousses pour lui s’il est prêt à venir dans un an ? Les Lakers, s’ils entament des discussions avec le front-office d’Indiana, semblent prêts à attendre. Toutefois, il leur faut libérer du cap space. Magic et Pelinka ont hérité des contrats toxiques offerts à Deng et Mozgov, et cherchent une franchise pour les absorber. Le plan se dessine de plus en plus clairement : plus enclins à miser sur Lonzo Ball que sur D’Angelo Russell, les Angelenos veulent profiter de la bonne côte de l’ancien d’Ohio State pour monter un package avec Deng et/ou Mozgov et récupérer un contrat expirant et/ou un choix de draft. La solution est offerte par les Brooklyn Nets, qui acceptent de récupérer D-Lo et le pivot russe contre Brook Lopez et le 27ème choix de la draft 2017. Un deal gagnant-gagnant, qui offre aux Lakers l’un des meilleurs stretch-fives de la NBA à qui il ne reste qu’un an de contrat, tout en se débarrassant du contrat boulet de Mozgov – 3 années restantes – et d’un meneur certes prometteur, mais pas indispensable en raison de la très probable arrivée de Ball.
Alors que le soir de la draft approche, les insiders sont de plus en plus optimistes concernant la draft de Lonzo Ball en deuxième position. Les Sixers, détenteurs du 1st pick, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils sélectionneraient Markelle Fultz. Les Lakers, en préférant Brandon Ingram à D’Angelo Russell, ont envoyé un signal sur leurs intentions : ils drafteront un meneur, pas un ailier. Surtout que Paul George peut toujours débarquer dans un an. La seule petite incertitude réside dans le nom du meneur. Si Ball demeure le favori, on évoque aussi De’Aaron Fox, voire même Dennis Smith Jr. Il n’en sera rien : conformément aux pronostics et à sa volonté, c’est Lonzo Ball qui est appelé par Adam Silver à le rejoindre sur l’estrade. Après son 2nd pick, la franchise californienne dispose encore du choix n°27 des Nets et du choix n°28. Ce dernier est finalement échangé contre les choix n°30 et n°42 appartenant au Jazz. Avec ces trois picks, le front-office pourpre et or sélectionne Kyle Kuzma, Josh Hart et Thomas Bryant.
Une intersaison sacrifiée
Alea jacta ouest. Les dés sont jetés. Les Los Angeles Lakers ont désigné Lonzo Ball comme le nouveau visage de la franchise aux 16 titres. Un aveu d’échec par rapport à D’Angelo Russell, drafté lui aussi en deuxième position ? Oui, sans doute. Néanmoins, cela faisait longtemps que les Lakers n’avaient pas été dans une situation aussi favorable. C’est le même refrain chaque année ? Oui, c’est vrai aussi. La reconstruction se poursuit lentement, mais sûrement. Au sein de l’impitoyable Conférence Ouest, il est difficile de mesurer les progrès des jeunes équipes et, hélas pour les Lakers, il le sera encore la saison prochaine. Mis à part Utah et les Clippers qui ont vu filer leur franchise player, toutes les équipes se sont renforcées depuis le début de l’intersaison. Et ces deux équipes sont toujours supérieures aux Lakers sur le papier. Faisons d’ailleurs le point sur le roster.
PG : Lonzo Ball
SG : Jordan Clarkson, David Nwaba, Josh Hart
SF : Brandon Ingram, Corey Brewer, Kyle Kuzma
PF : Julius Randle, Larry Nance Jr., Luol Deng
C : Brook Lopez, Ivica Zubac
Depuis le début de la free agency, les Lakers se sont séparé de :
– Tarik Black (C), dont le contrat à $6,6M devenait garanti s’il n’était pas coupé avant le 4/07
– Nick Young (SG), free agent non protégé
– Metta World Peace (SF), free agent non protégé
– Tyler Ennis (PG), free agent non protégé
– Thomas Robinson (PF), free agent non protégé
– Thomas Bryant (C), rookie non signé
Un roster jeune et déséquilibré…
En regardant ce roster, une chose saute aux yeux : il est déséquilibré. En l’espace de quelques mois, les Lakers ont perdu D’Angelo Russell (29 mpg), Nick Young (26 mpg) et Lou Williams (24 mpg). Trois de leurs principales rotations extérieures. Si Lonzo Ball sera le titulaire à la mène, on sait que Luke Walton aimerait faire de Clarkson le leader de la second unit. D’où l’importance de l’arrivée d’un arrière titulaire, et d’un back-up solide pour Ball. Le frontcourt, en revanche, est plutôt bien garni. La signature immédiate d’une star étant impossible, nul besoin d’y apporter des changements. Si Thomas Bryant pourrait avoir sa chance au cours de la saison, les vétérans World Peace et Robinson n’ont aucune chance de revenir en terres californiennes. La seule opportunité pour ce dernier ? Un départ de Luol Deng. Mais les Lakers se sont fait une raison : il portera encore leur maillot en octobre.
Avec encore $17,3M à dépenser, les Lakers doivent se concentrer uniquement sur leur backcourt mais ont l’intention de ne proposer que des contrats d’un an. David Nwaba, révélation de la fin de saison, a vu sa team option à $1,3M être activée. Tyler Ennis pourrait sûrement revenir à moindre coût mais le profil recherché est plus celui d’un mentor pour le jeune Ball. La priorité était George Hill, mais celui-ci a préféré signé un contrat plus long à Sacramento. La piste Rajon Rondo a alors été activée, et serait toujours d’actualité même si les Knicks discutent aussi avec lui. Sur le poste 2, les cibles se nommaient Dion Waiters, Ben McLemore et Kentavious Caldwell-Pope. Le premier cité est resté fidèle à la franchise qui l’a relancé, tandis que McLemore a préféré signer à Memphis. KCP, lui, n’a pas encore trouvé chaussure à son pied mais il va falloir batailler avec les Nets, également sur le dossier. Andre Iguodala, ancien client de Rob Pelinka, a été contacté mais le contrat de 3 saisons offert par les Warriors l’a convaincu de resigner. A l’inverse, Jamal Crawford se voyait bien signer mais les Angelenos, pas intéressés par ses services, l’ont laissé filer chez les Wolves. Les seules options encore envisageables pour les Lakers sont donc Rajon Rondo et Kentavious Caldwell-Pope, et il n’y aura pas la place de les signer tous les deux… Le choix de ne proposer que des contrats d’un an risque de ne pas être payant à court terme, mais que dira-t-on en si les Lakers signent Paul George et DeMarcus Cousins en juillet 2018 ? Magic Johnson et Pelinka sont confiants sur l’attractivité de la franchise, et ne doutent pas de leur capacité à attirer des gros poissons. Wait & see.
… mais taillé pour Walton ?
En l’état, on ne va pas se mentir : Les Lakers ne peuvent pas viser les play-offs cette saison. A l’ouest, mis à part les Suns, aucune équipe ne paraît aussi faible que celle de Coach Walton. Comme susmentionné, les Lakers ont amélioré leur roster, mais dans des proportions moins large que la concurrence. On ira plus loin, en disant que Brook Lopez est la seule valeur sûre de la NBA en leur sein, n’ayant aucune garantie sur la forme actuelle d’un Deng ou d’un Brewer. Présenter un bilan positif sur 82 matches dans la Western Conference semble utopique avec de si jeunes joueurs. Comme on n’est jamais à l’abri d’une surprise, on peut tenter de nuancer. Luke Walton, le coach sophomore, dispose d’un roster qui lui ressemble.
L’ancien assistant de Steve Kerr entend pratiquer un jeu up-tempo et létal en transition. Lonzo Ball et Brook Lopez apportent une plus-value considérable à la réalisation de cet objectif. Le prodige de Chino Hills est un excellent gestionnaire et rend ses coéquipiers meilleurs. De plus, son envie de faire circuler la balle est contagieuse. On a pu le constater à UCLA et déjà en Summer League. Il fluidifiera à coup sûr le jeu des Lakers. Alors que D’Angelo Russell était efficace sur demi-terrain, son successeur excelle en transition, et est donc plus susceptible de s’épanouir dans le système de Walton. Même chose pour Brook Lopez, un poste 5 moderne aux antipodes de Mozgov. Du haut de ses 2m13, il reste sur un exercice à 35% derrière l’arc. De quoi écarter l’attaque et ainsi créer des espaces pour les extérieurs. Ça va courir vite, ça va shooter de loin. Ça correspond tout à fait aux standards de la NBA actuelle. L’ombre au tableau, et c’est une constante depuis le départ de Phil Jackson, c’est la défense. Si Ball a montré d’assez bonnes dispositions en NCAA, il va devoir confirmer face à de meilleurs attaquants. La paire qu’il va former avec Jordan Clarkson n’est pas des plus intimidantes. Défenseur médiocre, Russell était l’an passé associé à Nick Young, qui a sans doute sorti sa plus belle saison de ce côté du terrain. Une perte. Plutôt bon défenseur, Brandon Ingram va devoir se frotter au gratin des ailiers dans une Conférence qui compte Kevin Durant, Kawhi Leonard, Paul George ou Jimmy Butler…
Enfin, si la raquette Randle – Lopez est talentueuse offensivement, elle n’offre pas beaucoup de garanties défensives. On attend toujours les progrès de l’alier fort dans ce domaine depuis son arrivée dans la grande ligue. En revanche, il est une machine à double-double et pourra soulager Lopez, moyen dans cet exercice. Le jumeau de Robin n’est pas un grand défenseur sur l’homme mais est plutôt performant pour protéger le cercle. Sa production est sans doute sous-estimée et de toute façon, il ne peut que faire mieux que Roy Hibbert et Mozgov, qui en plus de ne rien apporter en attaque, n’ont jamais fait honneur à leur réputation de rim protector à LA. La second unit pourrait, elle, se montrer à son avantage. Manquant cruellement de talent, elle présente des bons défenseurs comme Nwaba, Brewer, Nance Jr. et Zubac. Un guard doit absolument venir garnir les rangs angelenos, pour permettre à Luke Walton de reléguer Jordan Clarkson en sortie de banc et s’assurer un scoring régulier. C’est la clé de la saison des Los Angeles Lakers.
La free agency 2018 en ligne de mire
Ils y pensent déjà, et ça risque de les obséder : la prochaine free agency promet d’être bouillante dans la Cité des Anges. Pêle-mêle, un petit florilège des noms qui risquent d’alimenter la colonne rumeurs dans les mois à venir : LeBron James, Paul George, DeMarcus Cousins, DeAndre Jordan, Carmelo Anthony, LaMarcus Aldridge, Russell Westbrook ou encore Isaiah Thomas. On ne doute pas que les trois premiers seront ardemment courtisés du côté du Staples Center. Les Lakers auront une enveloppe conséquente et, délestés du contrat de Brook Lopez- $22,6M cette saison – ils auront les moyens de s’offrir deux superstars. Gardons en tête que Julius Randle, qui arrive au terme de son contrat rookie, sera free agent protégé. Pas certain qu’il soit retenu si les offres reçues contraignaient les Lakers à devoir renoncer à l’une de leurs cibles. Aujourd’hui, seuls Lonzo Ball et Brandon Ingram sont intouchables mais d’ici un an, la situation pourrait évoluer pour le second. Quoi qu’en disent Magic Johnson et Rob Pelinka, le longiligne ailier sera-t-il indispensable si Paul George et/ou LeBron James désirent rallier Hollywood ? N’oublions pas, enfin, que Paul George va passer la saison avec un certain Russell Westbrook. Si le premier convainc le second de le suivre à Long Beach, Lonzo Ball sera-t-il toujours l’avenir de la franchise ? L’avenir nous le dira…