On peut dire qu’en NBA, il existait différents types d’équipes. On trouvait d’abord les prétendants aux titres, les quelques unes qui pouvaient se hisser jusqu’en finale et arracher le Graal, le titre NBA. Celui qui donne à la franchise, aux joueurs, aux coaches un tout nouveau statut dans la ligue. Dans ces équipes, on trouvait celles qui à la manière des Spurs, savaient se renouveler et rester dans ce groupe fermé sur plusieurs décennies, et puis les paris qui se constituaient pour une courte période. Des rassemblements qui lutteraient pour 2/3 ans avant que l’âge, les salaires, la construction de l’équipe ne permette plus de continuer, et lance un nouveau cycle. Ensuite venait un groupe qui comprenait plusieurs types d’équipes. Ce groupe, c’était un peu le second train, avec des franchises solides qui sont là tous les ans comme un contender, grâce une équipe équilibrée et dense mais en manque d’un visage pour les porter tout en haut, puis les jeunes franchises émergentes et les vieilles équipes en déclin. Celle qu’on attend parfois au tournant en se disant “sur un malentendu, ça peut passer”. Un peu à l’image des Raptors, des Grizzlies. Des équipes à qui il manque un petit quelque chose pour titiller les meilleures équipes. Puis venait le groupe à la dérive, avec dans le lot, quelques équipes qui faisaient appel au tanking pour passer du statut de lanterne rouge de la NBA, à potentiel futur “monstre” de la ligue.
Toutefois, ces dernières années, il y a eu 2 tendances larges qui ont semble-t-il changé les règles du jeu. Pour faciliter la vision sur ce phénomène, nous allons y donner 2 visages. Le premier, sera celui de Sam Hinkie.
Pour rappel, Hinkie est l’ancien General Manager des Sixers, celui qui a démoli l’effectif de son équipe, et lancé une opération tanking assumée et sans pareille dans l’histoire de la ligue, au point qu’il ait pu créer un sentiment de malaise. Un malaise parce qu’une équipe NBA a aligné plusieurs saisons un roster de D-League, parce que la franchise a été un nuisible au spectacle NBA , mais surtout, parce qu’il se pourrait bien que sa stratégie ait réussie. Et c’est probablement là le plus grand drame. Employer cette méthode et la pousser à son paroxysme, pourrait bien avoir permis à Philadephie (bien qu’on attende confirmation sur le terrain), de réunir un vivier de talents absolument effrayant. Rappelons que la draft devait permettre aux équipes trop mauvaises malgré elles de se renforcer à moyen/long termes. Or, ok le tanking pouvait s’orchestrer sur 1 saison, et ça restait acceptable, mais en faire un outil de développement sur plusieurs années devient dangereux. Cela devient dangereux car si cela fonctionne, cela peut devenir un modèle pour un grand nombre d’équipes. A partir de là, il y a forcément risque de dérives. Qu’une équipe en marge joue les extrémistes, c’est un soucis. Si cela devient 6 équipes, soit 1/5 de la ligue, là on va se retrouver dans un système pernicieux. Et justement, l’émergence des Sixers pourrait être suivi par un tanking similaire de la part d’équipes perdues dans le bas/milieu de tableau. Et cela aidera très certainement l’autre phénomène : celui du rassemblement de star.
Car l’autre modèle a 2 visages : les Golden State Warriors et Kevin Durant. Sans refaire le topo, lorsque l’équipe qui bat le record de victoire des Bulls en saison régulière, se retrouve grâce à des salaires avantageux et une hausse brutale de cap en position de récupérer un MVP en plein prime pour se renforcer, on assiste peut être au groupe le plus injouable de tous les temps. Cette hyper domination engendre 2 phénomènes : la décision d’entrer dans un cycle de tanking si vous ne pouvez pas lutter, et par conséquence, l’évacuation de joueurs importants permet aux équipes qui se sentent en mission et de profiter des meilleures années de joueurs hors norme (Russell Westbrook, James Harden par exeple), de faire leur propre rassemblement de star pour lutter.
Le résultat, c’est une NBA à 2 vitesses. Des équipes beaucoup trop fortes d’un côté, des équipes volontairement beaucoup trop faible de l’autre. Dans ces conditions, il devient compliqué de jouer le jeu de la compétitivité, de la bonne foi en cherchant à construire quelque chose. Ainsi, les franchises comme le Jazz, les Grizzlies, les Raptors, les Wizards qui cherchent à faire basculer les mastodontes de la ligue auront de plus en plus de mal à exister, et risquent d’imploser. Hélas, ce modèle devrait s’installer. Mais jusqu’à quand ? Est-ce la nouvelle NBA, où un épi-phénomène ?
La main invisible… de la NBA ?
Le système construit historiquement par la NBA, et régulièrement révisé n’a pas connu de réformes majeures depuis longtemps. Néanmoins, peut-être est-ce parce qu’il est régit par une main invisible qui tend à déconstruire les anomalies de manières assez rapide.
En effet, si la situation devrait durer jusqu’à ce qu’on juge de la réussite ou non du projet Sixers, et la fin du cycle de domination des Warriors, nous pourrions bien “revenir à la normale” d’ici quelques saisons. Tout simplement parce que ce qui fait la durabilité, c’est la différence. Le flair des Spurs leur a permis de continuer à trôner en NBA depuis 1997, soit 20 ans désormais. En revanche, monter une équipe comme les Warriors l’ont fait sera impossible jusqu’à nouvelle augmentation du salary cap à priori, et la nécessité de combattre les Warriors deviendra inutile à partir du moment où des joueurs majeurs quitteront le roster, vieilliront, se blesseront ou que le groupe implosera pour X ou Y raisons. Par ailleurs, on peut espérer qu’à la prochaine renégociation du salary cap, la NBA sera cette fois prête à réguler et protéger son système qui en théorie permet une équité sans pareille dans le sport professionnel. Et surtout, si trop de franchises emploient le même modèle, sa réalisabilité devient beaucoup plus faible – jusqu’à ce que le risque pour le taux de réussite du projet ne le rende plus viable.
Côté Tanking, ce système fonctionne tant que vous êtes peu à le pratiquer, mais est-ce qu’il ne viendra pas un moment ou saccager une saison pour obtenir un pick 7/8 ne va pas devenir complètement ridicule ? En effet, plus vous êtes à tanker, plus le pourcentage de chance d’être dans les 3 premiers à choisir se réduit. A partir de là, il faudra revenir vers un système plus compétitif, et plus “digne” pour le spectateur.
En somme, la NBA est faite de cycle, et nous reviendrons plus en détails sur ces différentes méthodes de construction. Toujours est-il, qu’il va falloir s’habituer à cette NBA un peu biaisée pour encore quelques années. Jusqu’à un nouvel éclatement. Jusqu’à ce que les 2 modèles majeurs deviennent sur-utiliser, et donc perdent en taux de réussite.