Malgré le marasme basketballistique dans lequel la ville de Sacramento est plongé depuis désormais plus d’une décennie, elle possédait en son sein une pépite. Cette pépite portait le nom de DeMarcus Cousins et en dépit de ses dérapages fréquents et de sa réputation sulfureuse notamment auprès du corps arbitral, ce dernier avait donné toute sa loyauté aux Kings. Si ce dernier a souvent été à l’origine de conflits au sein de la franchise, on ne peut aussi lui imputer tous les désastres dans les tentatives de reconstruction de la franchise, tant la gestion du propriétaire et le manque de liberté des GMs, mais aussi des coaches qui se sont succédés ne furent pas optimaux. Bref, rien n’allait depuis trop longtemps, et finalement Vlade Divac a décidé de frapper quelques jours avant la trade deadline en envoyant leur pivot, en compagnie de Omri Casspi chez les Pelicans. En retour, ils recevaient Tyreke Evans, ex-pensionnaire, Buddy Hield, principale pièce du trade ainsi que Langston Galloway et les 1er et 2nd tours de draft de New-Orleans. Là encore rien ne fut optimisé, puisqu’au lendemain de l’échange, le General Manager expliquait avoir eu de meilleures offres quelques jours plus tôt, mais que son propriétaire n’était alors pas enclin à donner son feu vert pour concrétiser les opportunités.
Sur cette ultime boulette de l’ère DMC, il était donc tant de repartir sur des bases saines, et si les arrivées de Tyreke Evans et Langston Galloway qui ne devaient pas s’éterniser a pu laisser un goût amer, toujours est-il que la franchise a quelques prospects sous la main pour repartir sur des bases qui espérons-le, seront saines cette fois-ci. Toutefois, quelles sont les options à court termes pour démarrer cette reconstruction ? Qu’attendre des Managers ? Qu’espérer des jeunes joueurs draftés ?
La draft 2017 – leur jeunesse
Les Kings ont débarqué cette saison avec 2 tours de draft au 1er tour. En 5eme position, ils ont fait l’acquisition de De’Aaron Fox. Le meneur supersonique, comparé à John Wall pour sa vitesse et son style de jeu était le choix idéal. Désireux depuis des années d’acquérir un meneur de haut rang, ils prennent donc un jeune prospect attendu à ce poste pour enfin se relancer. Avec ce dernier et Buddy Hield en poste 2, ils souhaitent donc continuer à se repeupler de jeunesse. La 2eme lacune à éliminer était le poste 3. Malheureusement, à la 10eme position les seuls Ailiers attendus comme de futurs titulaires incontournables en NBA (Josh Jackson et Jayson Tatum) étaient déjà sélectionnés. Plutôt que de choisir par dépit un joueur qui ne correspondait pas à leurs besoins, ils ont préféré échanger ce 10eme pick contre les 15 & 20eme de Portland. Avec ces derniers, ils font 2 choix logiques : en 15eme position ils choisissent Justin Jackson un Ailier scoreur, qui s’il ne sera pas le titulaire attendu pourrait apporter du scoring sur les ailes, tandis qu’en 20eme position, ils tentent un pari risqué mais acceptable à ce niveau de la draft avec Harry Giles. En effet, l’Ailier Fort était considéré comme le meilleur jeune de sa classe grâce à une intensité physique énorme, des qualités de rebondeur et défenseur hors norme. Malheureusement, après 3 opérations au genou à 19ans seulement, une carrière NBA semble compliquée. Si la tentative s’avérait toutefois payante, alors attention aux yeux. Enfin, au 2eme tour ils ajoutaient Frank Mason, arrière susceptible de se développer.
Ainsi, ils ont comblé des besoins aux postes 1 et 3, et ajouter des potentiels NBAers, alors qu’ils possédaient Willy-Cauley Stein, pivot longiligne aux qualités athlétiques hors norme, ainsi que Skal Labissiere Ailier Fort offensif capable d’exploser au vu de sa fin de saison avec les Kings.
A ce jour, il n’y a peut-être pas encore le Franchise Player en puissance que l’on peut espérer lorsqu’on est fan de la franchise, mais il y a de quoi commencer à bosser sereinement, et ce avec Dave Joerger au coaching, et ça c’est une bonne nouvelle.
Qu’attendre des Managers ?
Maintenant que les troubles sont passés, que la franchise a bazardé son meilleur joueur, il faut à tout prix gérer au mieux les relations avec leurs joueurs, donner une impression de maîtrise et de continuité qui font cruellement défaut aux Kings depuis plusieurs saisons. Envoyer ce signe, c’est mettre les joueurs et les jeunes en condition de progresser plus rapidement, mais c’est aussi envoyer un signe aux agents libres pour les années à venir : “on vous mettra dans de bonnes conditions”. Pour cela, donner les pouvoirs à Vlade Divac et ne pas le mettre en porte-à-faux comme ce fut souvent le cas est crucial. De même, donner du pouvoir au coach, notamment dans les décisions concernant les joueurs dont il pourrait avoir besoin pour construire le roster. Enfin, et point déterminant, tout faire pour trouver ce joueur-leader, mais surtout ne pas redonner le pouvoir à un joueur trop à fleur-de-peau et instable comme l’a été DeMarcus Cousins, au point parfois qu’on ait pu perdre de vu l’incroyable joueur qu’il était. En somme, il va convenir de donner l’impression d’un virage à 180° qui soit durable. Et cela va passer par un été sobre et efficace, parce que Sacramento a les armes pour faire quelques coups intéressants.
L’été 2017
Il va sans dire que le renouveau de la franchise passe par un sacré pactole à distribuer du côté de la franchise. En effet, l’équipe devait aborder l’été avec de l’argent, puisque le départ de Cousins avait pour principales contre-parties financières Tyreke Evans et Langston Galloway en fin de contrat. En plus de cette manne financière, la franchise s’est séparée il y a quelques jours d’Aaron Afflalo, à qui ils ne devront que 1,5M de dollars pour l’an prochain. De fait, ils débarquent sur la Free Agency avec 55M à dépenser, pour se renforcer s’ils le souhaitent.
En l’état, voici les contrats engagés de l’équipe :
Sacramento sera l’équipe avec le plus d’argent à dépenser, et augmentera probablement l’enveloppe déjà disponible en se séparant de Ben McLemore qui n’a jamais confirmé les attentes placées en lui. Mais que faire de toute cette o… Non. De tout cet argent.
La première priorité selon moi pour la franchise est de ne pas chercher à recruter à tout prix. Tenter quelques coups pour acquérir des joueurs qui pourraient être précieux pour l’avenir pourquoi pas, mais surtout, ne pas surpayer pour accrocher quelques victoires supplémentaires vainement. En l’état, les Kings ne seront jamais prétendant à quoi que ce soit à l’Ouest, donc acquérir du renfort à n’importe quel prix ne doit pas être la priorité. En effet, leur choix de draft 2019 partira à Philadelphie ou Boston… De fait ils doivent être en mesure d’obtenir un choix haut placé pour la draft 2018.
Que faire, donc, pour cet été ?
En premier lieu, il ne faut pas non plus rester inactif. A la manière des Nets, ils pourraient tout de même être intéressant d’essayer de mettre la main sur des joueurs dont la prolongation pourrait s’avérer compliquée avec leurs franchises. Des jeunes joueurs, qu’on s’entende. Pourquoi ne pas aller embêter Minnesota en essayant d’obtenir Shabazz Muhammad, qui peine à s’exprimer dans l’ombre d’Andrew Wiggins. Mieux, il pourrait être tentant d’aller offrir un contrat élevé à Otto Porter. Ce dernier progresse d’année en année, est très jeune et possède un profil idéal lorsque vous avez besoin de spacing. Les Wizards pourraient hésiter à le prolonger car leur salary cap en prendra un coup fatal en vu de s’améliorer.
L’important sera de ne pas se mettre en difficulté en proposant de gros contrat. Il faut cependant de l’expérience à cette équipe, et il va falloir trouver des vétérans pour encadrer cette jeune troupe. A l’heure actuelle, seul Garett Temple devenu la coqueluche des fans semble avoir son ticket pour faire parti de l’effectif, il va falloir emmener des vétérans, sans que la production de ceux-ci soit indispensable à la bonne marche du groupe, ou qu’ils attendent beaucoup de temps de jeu. On peut trouver quelques noms qui pourraient intéresser Sacramento pour mettre en place une mentalité, une identité qui corresponde au coach : Shelvin Mack à la mène, qui est une solide défenseur, ou Norris Cole qui pourrait tenter de se refaire un nom en NBA en back-up. A l’arrière, Tony Allen pourrait quitter Memphis en raison de difficultés financières, il pourrait vouloir rejouer pour son ex-coach. Toutefois, difficile de l’imaginer dans un rôle mineur. De fait, des joueurs tels que Thabo Sefolosha ou Justin Holiday pourraient être de meilleurs ressources pour l’équipe. D’autres opportunités sont disponibles à l’Ouest. Un retour d’Omri Casspi est envisageable, voir arriver Dante Cunningham également. Des joueurs moins côtés comme Luke Babbitt ou Reggie Bullock sont également à surveiller. Enfin, à l’intérieur, chercher des noms un peu plus ronflant serait de bon goût : Mason Plumlee, DeWayne Dedmon ou Aaron Baynes sont des profils qui pourraient intéresser Sac-Town.
Bref, il y a des opportunités, mais si des gros coups ne sont pas tentables (Otto Porter, Shabazz Muhammad, voire Kentavious Cadwell Pope !), alors autant utiliser cette année pour développer les jeunes, quitte à perdre beaucoup de match. Le but est de tester des joueurs, potentiellement en provenance de D-League ou d’Europe pour trouver quelques renforts supplémentaires pour l’avenir. Ne pas trop dépenser, jouer petit en espérant faire un meilleur coup après la draft 2018, date à laquelle de nouveaux Free-Agents arriveront, mais où beaucoup moins d’équipes disposeront d’un cap space aussi important que celui des Kings. D’ici là, on suivra les jeunes talents de l’équipe, en espérant que cette équipe que l’on voyait comme l’une des gagnantes de la draft, voit ses efforts récompensés.