Après une large défaite 113-91 au Game 1 des Finals, Cleveland va devoir se reprendre pour tenter de récupérer l’avantage du terrain lors du deuxième match à l’Oracle Arena. La tâche s’annonce compliquée face une équipe de Golden State plus dangereuse que jamais, à Tyronn Lue de faire les bons ajustements.
Rééquilibrage défensif
On l’a vu lors du premier match, en voulant empêcher Golden State de déclencher une pluie de trois points, Cleveland s’est exposé dans la raquette et Kevin Durant a pu dunker à volonté (6 dunks avant même la mi-temps). Tyronn Lue doit tenter d’équilibrer sa défense quitte à laisser un peu plus d’espace aux shooteurs, cela paraît plus que risqué lorsque l’on a face à soi Klay Thompson et Stephen Curry mais il ne faut laisser passer aucun layup facile, encore moins des dunks ouverts.
Autre casse-tête pour le coach de Cleveland : la défense sur Kevin Durant. L’ancien joueur d’Oklahoma a terminé la rencontre avec 38 points, 8 rebonds, 8 passes décisives et aucune perte de balle, une performance énorme qui a largement compensé le manque d’adresse d’un Klay Thompson d’une solidité impressionnante en défense. Même si défendre sur Kevin Durant est une mission presque impossible, Cleveland doit faire mieux au Game 2. Avec ses 2m13 de taille et des bras à rallonge (226,6 cm d’envergure) Durantula est presque impossible à contrer, son shoot est plus que fiable, il peut driver au panier et est plus que rapide malgré sa taille. Autant dire que la tâche s’annonce compliquée, LeBron ne peut pas défendre à plein temps sur Kevin Durant tout en portant l’attaque de Cleveland et en jouant le rôle du coordinateur défensif de l’équipe. En effet, c’est assez difficile d’aider vos coéquipiers à se placer correctement quand vous avez en face de vous l’un si ce n’est l’attaquant le plus complet de la ligue.
Lors du premier match, Kevin Love a bien tenté de prendre le relais sur Durant, sans succès, c’est bien normal quand on connait l’explosivité latérale de l’ancien franchise player des Timberwolves. Lors des prises à deux, KD a réussi à trouver le coéquipier ouvert. Mieux vaut tenter de changer de défenseur régulièrement avec notamment Iman Shumpert et Richard Jefferson. Malgré ces ajustements, il suffira d’un changement sur un écran à Golden State pour obtenir un mismatch puisque l’équipe de Steve Kerr profite des picks de Kevin Durant pour Steph Curry et inversement. Si les défenseurs ne switchent pas, c’est simple, Curry et Durant vous sanctionnent par un shoot en sortie d’écran. De toute façon, il faut le dire, défendre Golden State est un enfer.
Une équipe immense
Les américains ont l’habitude d’utiliser l’adage « pick your poison » lorsqu’il est question de défendre contre une grande équipe puisque celle-ci aura toujours des arguments pour scorer. Les Spurs avaient par exemple choisi de laisser à LeBron shooter à mi-distance en 2013 plutôt que de lui laisser la possibilité d’aller au panier pour scorer ou ressortir la balle sur un coéquipier ouvert en cas d’aide. Cette année, le calcul est encore plus complexe puisque Golden State, qui a battu le record des Bulls en saison régulière l’année dernière (73 victoires pour seulement 9 défaites) a ajouté à son effectif un attaquant ultra complet et ancien MVP en la personne de Kevin Durant (et oui, encore lui).
Pour résumer, l’équipe est composée d’un (déjà) des meilleurs shooteurs de l’histoire avec Steph Curry, deux autres des meilleurs shooteurs de la ligue avec Durant et Thompson sachant que le second fait aussi figure de défenseur plus que solide. Draymond Green devrait d’ailleurs être élu défenseur de l’année cette saison, si ce n’est pas le cas, il sera à coup sûr dans le top 3. Heureusement, le cinq de départ est complété par Zaza Pachulia, un pivot rugueux mais assez limité, malgré tout, c’est déjà énorme… Sur le banc, on retrouve Shaun Livingston, un des meilleurs back up de la ligue à la mène, Andre Iguodala, défenseur très correct et couteau suisse offensif, David West, vétéran à la recherche d’une bague au jeu complet et Javale McGee, efficace lorsqu’il est encadré et qu’il s’en tient à ce qu’il sait faire. Autant passer sous silence la présence dans l’effectif de Matt Barnes, Ian Clark ou McCaw tant le roster de Golden State est déjà plus que complet.
Une attaque limitée
Le coach de Cleveland est considéré par beaucoup de fans comme un entraineur (au mieux) moyen même s’il a eu ses coups d’éclats et a activement participé au titre de l’année dernière. IL va toutefois devoir faire beaucoup mieux pour arracher la victoire face à un adversaire revanchard sur les bases d’un record de victoires en playoffs (13-0). Offensivement, la balle doit circuler. Malheureusement, il est un peu tard pour développer de nouveaux systèmes et donner un vrai style à cette équipe. Les isolations pour Kyrie Irving ne sont pas une solution fiable face à la défense de Golden State malgré tout le talent du joueur. Certains relativisent probablement en avançant l’argument du raté offensif de Kevin Love lors du match 1 pour expliquer la défaite, sauf que David West et Draymond Green seront encore là pour défendre sur lui et que surtout, de l’autre côté, Klay Thompson a terminé la rencontre à 3 sur 16 (ce qui a bien moins de chances de se reproduire).
Offensivement, Cleveland doit surtout prendre soin de la balle. À la mi-temps du premier match, LeBron était déjà à 7 pertes de balle. Au final, l’équipe de l’Ohio a terminé à 20 turnrvers contre 4 pour Golden State. Il faut à tout prix empêcher la franchise californienne de développer son jeu rapide et limiter le nombre de paniers faciles marqués en contre-attaque. Si Cleveland ne progresse pas sur ce point, l’issue de la série risque fort de déplaire à coach Lue.
Autre facteur important, les role players doivent hausser leur niveau de jeu. Voir Tristan Thompson à 4 rebonds, J.R Smith à 3 points ou Kyle Korver à 0-3 n’est clairement pas bon signe pour Cleveland. LeBron James aura besoin de coéquipiers prêts et efficaces pour pouvoir espérer faire une différence. Le Big Three des Cavs ne peut pas à lui seul porter l’équipe face à pareille armada.
L’espoir persiste
Vous l’aurez compris, la tâche s’annonce difficile pour Cleveland. Pour autant, il n’y a pas encore lieu de s’alarmer outre mesure. Rappelons que cette équipe a remporté le titre l’année dernière en ayant été menée 3-1, déjà contre Golden State (sans Kevin Durant) qui avait gagné le premier match de 15 points (pas 22, certes…). Revenir dans l’Ohio en étant mené 2-0 n’est pas nécessairement synonyme de défaite et l’espoir est toujours permis.
Si les playoffs sont en général passionnants, c’est justement dû aux ajustements mis en place par les coachs entre chaque match pour tenter d’inverser la tendance. Attendons donc de voir ce que va faire Tyronn Lue pour essayer de réaliser un back to back historique face à l’une des meilleures équipes de ces dernières années. Courage Tyronn, tu t’es déjà fait marcher dessus par Allen Iverson en 2001, tu es capable de te relever, porter ta franchise à la victoire par contre… À voir.