Alors que la saison 2016-2017 touche à sa fin, et en attendant de savoir qui sera le nouveau champion NBA, QIBasket a décidé de dresser le bilan de chaque franchise depuis l’année 2000. Parcours, décisions importantes : analyse des évolutions au cours des dix-sept dernières années. Direction l’Arizona et ses cactus, avec les Phoenix Suns.
Nous sommes en 2000. Charles Barkley prend sa retraite après 4 saisons passées chez les Rockets, et les Suns viennent d’aligner 12 saisons consécutives en atteignant les Playoffs. Au palmarès, deux finales de conférence avec Kevin Johnson à la mène, et ces Finals perdues en 93 face aux Bulls de Jordan (et John Paxson…) malgré un Sir Charles MVP de la régulière.
Un certain Steve Nash, drafté en 15ème position en 1996 et dont nous reparlerons peut-être plus loin, a été envoyé à Dallas après deux saisons en tant que remplaçant de Jason Kidd (oui, on reparle déjà de lui), arrivé quelques années plus tôt des Mavericks, mais n’ayant jamais fait passer un véritable cap à la franchise.
Dans cet échange, Phoenix a obtenu un tour de draft qui leur permettra de sélectionner Shawn Marion en 1999. Lors de cette même intersaison, les Suns ont récupéré Penny Hardaway en provenance du Magic pour l’associer à J-Kidd. Les deux arrières formaient alors le « backcourt 2000 » mais leurs blessures successives empêchent les Suns d’espérer plus que les demi-finales de conférence perdues face aux Lakers.
Les prémices d’un renouveau
Cependant, le rookie Marion a rapidement pris ses aises au poste d’ailier fort, emmenant la franchise en Playoffs au cours de sa saison sophomore, qu’il termine en double-double (17,3 points, 10,7 rebonds) et avec le meilleur Win Shares. Encore une fois, le parcours en Playoffs des Suns sera stoppé prématurément, cette fois par les Kings au 1er tour. Cet été 2001 marquera le départ de Jason Kidd pour les Nets, échangé contre Stephon Marbury (trade en partie dû au fait que Jason était visiblement moins soyeux avec Madame Kidd qu’avec la balle orange).
Par ailleurs, en février 2002, les Suns réalisent le très bon coup Joe Johnson, offert par les Celtics contre Rodney Rogers and Tony Delk (qui ça ?). Malheureusement, l’apport de Marbury et la progression de Marion ne permettront pas d’accrocher les Playoffs pour la première fois en 14 ans. Un mal pour un bien, c’est le moins que l’on puisse dire !
Grâce aux faveurs de la Lottery, les Suns draftent Amar’e Stoudemire en provenance de Cypress Creek. Première pierre à l’édifice. Celui-ci sera le premier joueur sortant de High School à obtenir le titre de Rookie of the Year en 2003 (avant un certain LeBron James, l’année suivante). Avec un Marbury All-Star, Phoenix retourne en Playoffs mais se fait sortir par les Spurs futurs champions au 1er tour.
Une nouvelle ère : Show devant !
Au cours d’une saison 2003-2004 écourtée par le lock-out, Marbury et Hardaway sont envoyés aux Knicks, et Mike D’Antoni remplace Frank Johnson en tant que Head Coach. Deuxième pierre d’un édifice en devenir. Et au terme de cette année pour le moins flinguée du côté de l’Arizona malgré le talent de l’effectif (13ème à l’Ouest), Steve Nash, alors agent libre non-restreint et qui vient de réaliser 4 saisons en constante progression chez les Mavs, est ramené à la maison par les dirigeants. Dernière pierre d’un édifice amené à entrer dans l’Histoire.
Avec un roster composé du duo Nash-Stoud entouré de Marion et de jeunes talents (Joe Johnson, Leandro Barbosa, Quentin Richardson) et coaché par D’Antoni, les Suns proposent un spectacle rarement vu depuis le showtime des Lakers de Magic. Tout pour l’attaque, la défense on oublie (même si le Stoud distribuait de belles crèpes à l’occasion). 7 secondes ou moins pour attaquer, voilà la volonté de Mike.
Run and Gun à outrance grâce à un jeu en transition de folie, mais aussi pick’n roll dévastateurs de Nash et Stoudemire, tout y passe pour faire rêver les fans. Le banc amène les points nécessaires dans un système exigeant physiquement. Les Suns ont réuni l’effectif idéal pour la tactique de leur coach, et ça se voit. Les joueurs s’éclatent, Nash régale par sa science du jeu et de la passe spectaculaire, Stoudemire est sublimé et met en avant ses qualités athlétiques hors normes et sa technique au-dessus de la moyenne. Grâce à son meneur, il devient inarrêtable, en attestent ses 795 passages sur la ligne des lancers sur l’exercice. Pénétrations, 3 points, passes dans tous les sens pour Nash ; démonstration de puissance et posters à foison pour le Stoud, et des role players qui se mettent au diapason.
Deux finales de conférence
La saison 2004-2005 s’achève sur un magnifique bilan de 62 victoires, soit 33 de plus que l’année précédente. Une telle ascension n’avait jamais été vue en NBA auparavant. Mais ce sont les statistiques offensives qui résument le mieux le renouveau de la franchise : 110,4 points de moyenne (presque 7 de plus que les Kings, seconds dans ce domaine), et 115 points d’offensive rating. Une orgie d’attaque, un véritable rouleau compresseur. Les Suns terminent leaders de la Ligue, et leur génie canadien, meilleur passeur de la saison (11,5 passes de moyenne), est élu MVP. Mike D’Antoni est récompensé avec le titre de Coach of the Year, et Phoenix aborde les Playoffs avec enthousiasme.
Ils balayent les Grizzlies au 1er tour, avant de sortir en 6 matchs les valeureux Mavs de Nowitzki (qui ne sont pas en reste en termes de qualité de jeu). Mais en finales de conférence, ce sont les Spurs et leur jeu diamétralement opposé qui se dressent devant eux. Une défense de fer, et une attaque organisée sur du demi-terrain autour de leur Big Three emmené par Tim Duncan. San Antonio remportera nettement le premier match à Phoenix, et arrachera également le second. Les Suns iront bien forcer un Game 5, mais seront à nouveau défaits chez eux. Malgré un Stoudemire hallucinant à 37 points de moyenne sur la série et un Nash meilleur passeur, le run and gun de D’Antoni s’est fait surclasser par le demi-terrain et l’utilisation de l’horloge de Gregg Popovich. Ah ce Pop, un cauchemar pour Mike, et ce n’est pas fini…
L’été 2005 est mouvementé, Joe Johnson réclamant un sign-and-trade pour Atlanta, mais permettant à Phoenix de récupérer Boris Diaw, futur MIP de la saison 2005-2006. Quentin Richardson est lui envoyé aux Knicks. Malgré la perte de plusieurs joueurs et surtout la blessure du Stoud qui ne jouera que 3 matchs lors de cette saison, les Suns réalisent tout de même un beau parcours, finissant 2ème à l’Ouest derrière les champions en titre. Nash, à nouveau meilleur passeur de la Ligue, réalise le back-to-back pour le titre de MVP. Si le bilan (54-28) et les statistiques offensives sont en légère baisse, le jeu reste spectaculaire et l’arrivée des Playoffs ne fait que renforcer les attentes des fans.
Après 4 matchs ultra serrés pendant le 1er tour, les Suns sont menés 3-1 par les Lakers. On se dit alors que l’espoir est mince pour les cactus, qui remporteront pourtant le Game 5 chez eux, et forceront un Game 7 au terme d’un match magnifique au Staples Center. La suite appartient à Leandro Barbosa, auteur d’une performance remarquable en sortie de banc (26 points) permettant à ses Suns de passer au tour suivant. Opposés aux Clippers, c’est à nouveau en 7 matchs que se joue la série, face à un Elton Brand en grande forme. Shawn Marion lui répond au scoring, et Nash continue de mener cette équipe. Mais en finales de conférence, Dallas prendra sa revanche. 2-2 dans cette série plutôt équilibrée, jusqu’à ce Game 5 dans l’Arizona, et la boucherie orchestrée par un homme : Dirk Nowitzki. 50 points, 12 rebonds (à 54% au tir, dont 83% à 3pts avec 5 tirs primés inscrits, s’il vous plait). Les Mavs finiront le boulot à la maison, et les Suns échouent à nouveau aux portes des Finals. Ils n’y retourneront plus pendant 4 ans.
Si près, et pourtant si loin: des sommets à l’annonce du déclin
Au cours de la saison 2006-2007, on assiste à un épisode qui poursuit à merveille les finales de conférence qui ont opposé les deux franchises. Au mois de mars, les Mavs ont trois victoires d’avance sur les Suns, et Dirk et Steve se disputent le titre de MVP. Après deux prolongations, les Suns remportent la victoire, mais Dallas finira la saison en tête, et l’Allemand sera nommé MVP devant Nash. Phoenix reste la meilleure équipe aux points inscrits, mais le manque de défense, déjà préjudiciable lors des précédentes post-seasons, commence à montrer ses limites. L’équipe est également dépendante de sa réussite à trois points, étant la plus performante de la Ligue dans ce domaine, notamment avec Raja Bell.
Au 1er tour des Playoffs 2007, Phoenix se débarrasse sans difficulté de Lakers au bout du rouleau, avant de retrouver les Spurs en demi-finales. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la série fait polémique. Nous sommes au Game 4 à San Antonio, qui mène 2-1 dans la série. A 10 secondes du terme, alors que les Suns sont devant, Robert Horry sabre Nash d’un coup d’épaule-coude sur transition. Début de barfight, Babac et le Stoud, sur le banc à ce moment, entrent sur l’aire de jeu. Résultat : une suspension scandaleuse sévère pour le Game 5, remporté de 3 points par les Spurs à Phoenix pour mener 3-2 et finir la série dans le Texas. Avant de démolir les Cavs en Finals, mais ça c’est une histoire qu’on vous racontera plus tard.
Mélange de déception et frustration ultime pour les Suns de D’Antoni, qui attaquent la saison 2007-2008 avec l’envie de dépasser enfin ce dernier cap en Playoffs. A noter l’arrivée de Steve Kerr au poste de GM et président des opérations basket, fait important dans la suite de notre voyage en Arizona. Car outre l’arrivée d’un Grant Hill sur le déclin mais toujours utile, l’actuel gourou des Warriors a réalisé une autre opération d’envergure : envoyer Shawn Marion au Heat contre le Shaq. A sa décharge, Marion avait demandé son transfert dès le mois de septembre, vexé que sa franchise ait envisagé de l’inclure dans un échange avec Boston pour récupérer Kevin Garnett.
L’arrivée du Big Diesel marque le début de la fin pour le système D’Antoni, auquel correspondait parfaitement Marion. Les Suns restent efficaces, mais moins spectaculaire, avec des stats offensives en baisse mais un bilan toujours intéressant. Ils ne terminent que 6ème à l’Ouest, et le coach des cactus se fera à nouveau éliminer par son pire cauchemar Pop au 1er tour des Playoffs. Il quitte son poste pour filer à New York, se perdre chez les Knicks. Terry Porter le remplace.
Lors de la draft 2008, Phoenix récupère Robin Lopez (grâce au pick d’Atlanta récupéré lors du transfert de Johnson) et Goran Dragic, sélectionné par les Spurs mais envoyé dans l’Arizona le soir même (toute petite revanche, on le verra). Porter est rapidement remercié, Alvin Gentry lui succède. La franchise veut revenir au jeu up-tempo qui a fait son succès, mais malheureusement, malgré l’arrivée de Jason Richardson et son apport au scoring, Phoenix n’accrochera pas les Playoffs au cours de cette saison difficile.
Un bref retour en finales de conférence
Le Shaq quitte l’Arizona pour poursuivre son trip pré-retraite, et la saison 2009-2010 peut repartir sur de belles bases de jeu. L’attaque repart, mais Gentry met un peu plus l’accent sur la défense. Avec un jeu plus équilibré et la prise de responsabilité de Dragic en complément de Nash (qui retrouve son titre de meilleur passeur avec 11 offrandes de moyenne sur la saison), les Suns retrouvent les Playoffs. Plus étonnant, les progrès en défense (passant de 112 à 110 points de defensive rating) n’empêchent pas Phoenix de retrouver son attaque de feu (116 points d’offensive rating, et la place de leader au nombre de points de moyenne pour la 5ème fois en 6 ans).
La franchise termine la saison à la 3ème place de l’Ouest, derrière les Mavs et les Lakers, et se défait sans trop de problème de Portland (4-2). En demi-finales de conférence, ce sont à nouveau les retrouvailles avec les Spurs qui attendent les cactus. Et quelles retrouvailles ! Un bon sweep bien violent, et voilà leur revanche prise par nos Suns. Dommage, ce n’est pas Mike D’Antoni qui peut la savourer. Le duo Nash-Stoudemire continue d’étinceler, bien accompagné par J-Richardson et l’apport précieux du banc au scoring, mené par Dragic et la recrue Channing Frye.
Phoenix retrouve les finales de conférence 4 ans après les dernières, et doit se mesurer à des Lakers revenus à leur meilleur niveau avec notamment l’arrivée de Pau Gasol. 2-2 après que chacun ait fait le boulot à domicile, et un game 5 au Staples Center plus serré que jamais. Nash et Kobe se rendent coups pour coups, et 101-98 en faveur de LA à 6 secondes du terme. Balle aux Suns, Richardson manque son 3 pts, mais Channing Frye prend le rebond offensif, et redonne à J-Rich. Ficelle du parking, égalisation à 3,5 secondes de la fin. Sur la remise en jeu en sortie de temps mort, la gonfle arrive évidemment dans les mains de Kobe, qui envoie une belle brique. Ron Artest (qui n’a pas encore décidé de changer de nom) prend le rebond et termine au buzzer. Game winner dans un match 5 de finales de conférence, voilà qui n’allait pas amener la paix entre Suns et Lakers. Ces derniers boucleront la série au match suivant dans l’Arizona, avec un Kobe à 37 pions. La route des Suns s’arrête une nouvelle fois avant les Finals. Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est qu’ils ne retrouveront plus les Playoffs après cet échec.
Quand le maître-mot est “Instabilité”
L’été 2010 est très mouvementé dans l’Arizona. Steve Kerr a quitté son poste de GM, remplacé par Lance Blanks. Le contrat proposé à Amar’e Stoudemire est seulement en partie garanti (sous conditions de bonne santé physique). Il filera au Knicks pour 100 millions sur 5 ans. L’argent « économisé » est misé sur d’autres joueurs, notamment Hedo Turkoglu. A cours de la saison, Richardson est transféré à Orlando en compagnie d’Earl Clark et ce même Turkoglu, contre Vince Carter, Mickaël Piétrus, et Marcin Gortat. Goran Dragic est lui cédé aux Rockets avec un tour de draft (lotterie protégée) pour récupérer Aaron Brooks. Oui, le management et les décisions partent clairement en vrille.
D’autant que les tours de Draft suivant ne sont qu’en fin de lotterie, ne permettant pas de sélectionner de bons prospects. Phoenix vit deux saisons compliquées entre 2010 et 2012 : pas de playoffs, bouleversements incessants et incohérents du roster, avec une reconstruction par la Draft impossible ; l’avenir s’assombrit pour les Suns d’un Nash vieillissant. Toujours rayonnant à la passe, son impact au scoring diminue significativement, et à l’été 2012, les Suns décident d’envoyer leur légende aux Lakers. Ils récupèrent 4 tours de draft dans l’affaire (premiers tours 2013 et 2015, deuxièmes tours 2013 et 2014).
Pour leur première saison sans le génial meneur, la franchise enregistre le deuxième plus mauvais bilan de leur histoire (25 victoires). L’effectif change en permanence, Channing Frye manque l’intégralité de la saison et Dragic est revenu d’Houston. Décidément, on aime faire revenir les meneurs à la maison chez les Suns. Au cours de la draft 2013, ils utilisent leur 5ème choix pour sélectionner Alex Len (coucou Giannis, coucou Rudy).
Un tout petit bol d’air frais
Cependant, après un remaniement important de l’effectif, les Suns réalisent une bonne saison 2013-2014. Jeff Hornacek a remplacé Gentry. Sous l’impulsion de Bledsoe arrivé récemment des Clippers et surtout de Dragic qui effectue une superbe saison à la mène, Phoenix est à la lutte pour les Playoffs. Frye est revenu, les deux frères Morris et Miles Plumlee amènent de la dureté. Dans cette course avec Memphis et Dallas, les trois franchises se croisent et les cactus s’écroulent complètement face à leurs rivaux. Terminant à la 9ème place, la frustration est énorme, malgré un titre de MIP et une place dans la All NBA Third Team pour Dragic.
TJ Warren (draft 2014) et Isaiah Thomas (sign-and-trade en provenance des Kings) viennent renforcer le roster, Bledsoe signe une extension de contrat, et les Suns repartent pour une saison moyenne. Lors de la trade deadline 2015, ils réalisent alors une quantité de transferts tous plus foireux les uns que les autres ! Dragic est envoyé au Heat dans un trade qui voit débarquer Danny Granger, Norris Cole, Shawne Williams, Justin Hamilton et deux tours de draft à Phoenix. Dans le même temps, Isaiah Thomas part dans un échange à 4 équipes, qui permet à Brandon Knight d’atterrir, en provenance de Milwaukee.
Un avenir ensoleillé ?
Et depuis ? Deux saisons dramatiques, à 23 et 24 victoires, le remplacement d’Hornacek par Earl Watson, mais un avenir qui laisse place à l’espoir pour les fans de la franchise. Tout d’abord parce que les dirigeants ont de nouveau eu de l’inspiration en draftant Devin Booker à la 13ème position en 2015. Le futur de la franchise, c’est lui. Scoreur racé, capable de cartons monumentaux (#Boston), il faudra désormais l’entourer correctement pour retrouver des Playoffs ratés depuis sept longues années. La Draft 2016 a permis aux Suns de récupérer des jeunes talents (Dragan Bender, Marquese Chriss, Tyler Ulis), mais les questions tournent plus autour de la mène, avec un Bledsoe que l’on sait excellent mais aussi fragile et irrégulier.
La route vers les sommets sera sinueuse, malgré le talent des jeunes Suns. Dernier malheur en date pour nos cactus, le sort défavorable de la Lottery, qui les fait reculer de la 2ème à la 4ème place. L’occasion de sélectionner un futur grand meneur est-elle passée ? Pourront-ils acquérir Josh Jackson ? Réponse le 22 juin . En attendant, les espoirs sont permis dans l’Arizona, mais le retour au premier plan passera par la patience et la stabilité.